mercredi 20 décembre 2017

WONDER


Drame/Famille/Un très joli film, touchant

Réalisé par Stephen Chbosky 
Avec Julia Roberts, Owen Wilson, Jacob Tremblay, Mandy Patinkin, Daveed Diggs, Izabela Vidovic, Noah Jupe...

Long-métrage Américain 
Durée : 01h53mn
Année de production : 2017
Distributeur : Metropolitan FilmExport

Date de sortie sur les écrans américains : 17 novembre 2017
Date de sortie sur nos écrans : 20 décembre 2017


Résumé : L'histoire de August Pullman, un petit garçon né avec une malformation du visage qui l'a empêché jusqu'à présent d'aller normalement à l'école. Aujourd'hui, il rentre en CM2 à l'école de son quartier. C'est le début d'une aventure humaine hors du commun. Chacun, dans sa famille, parmi ses nouveaux camarades de classe, et dans la ville tout entière, va être confronté à ses propres limites, à sa générosité de cœur ou à son étroitesse d'esprit. L'aventure d'Auggie finira par unir les gens autour de lui.

Bande annonce (VOSTFR)


Ce que j'en ai pensé : déjà avec LE MONDE DE CHARLIE (2012), l'habileté du réalisateur Stephen Chbosky pour raconter des histoires sensibles avec délicatesse était palpable. Il confirme ce talent avec WONDER. Il y raconte l'histoire d'un petit garçon, qui souffre de malformation faciale, tout en incluant également celle de sa famille et de ses amis. La narration est très fluide et la mise en scène de Stephen Chbosky est à la fois efficace et cohérente. Il explique et montre, sans juger ni sans tomber dans le larmoyant, les difficultés que cette maladie génère pour ceux qui la vivent et ceux qui les entourent. Il explore ainsi différent point de vue, ce qui confère à son film une dynamique et un intérêt inattendus. 

Il est aisé d'imaginer que le meilleur comme le pire des réactions des personnage est crédible et réaliste lorsque l'on est en dehors des critères de la norme sociétale. Certes, le scénario retombe parfois sur les sentiers classiques des bons sentiments, mais les personnages sont vraiment attachants et les événements s'inscrivent dans une vraie logique narrative - celle d'un chemin parcouru - du coup, on les accepte bien volontiers.

L'ensemble du casting est parfait pour donner un bel équilibre entre joies et larmes à cette histoire. Julia Roberts est magnifique dans son interprétation d'Isabel Pullman, une femme et mère au grand cœur et au caractère affirmé. Elle est le pilier de la famille et son intelligence se ressent à tous les niveaux.


Owen Wilson interprète Nate Pullman, le papa cool et lumineux. L'acteur est attachant dans ce rôle. 



Jacob Tremblay interprète Auggie Pullman, un petit garçon drôle, malin, brillant qui doit subir minute après minute le regard des autres. Ce jeune acteur est remarquable pour nous transmettre avec justesse les émotions qui transpercent son protagoniste.





WONDER est un film parfait à découvrir en cette saison. Il raconte une très jolie histoire de façon plus joyeuse et imaginative qu'on ne pourrait s'y attendre a priori. C'est une petite pépite qui réchauffe le cœur et nous donne envie de croire que la tolérance et la bonté ont encore une chance.


NOTES DE PRODUCTION
(Á ne lire/regarder qu'après avoir vu le film pour éviter les spoilers !)

LA MERVEILLE DES MERVEILLES
"On raconte que je suis sans doute l'une des merveilles créées par Dieu. Et personne n'a d'explication à fournir". Natalie Merchant, "Wonder"

Rares sont les livres qui ont le pouvoir de pousser les gens à agir, mais c'est pourtant le cas du roman "Wonder" de R.J. Palacio. Paru en 2013, cet ouvrage était d'une grande audace. En effet, les lecteurs étaient-ils prêts à s'attacher à un petit garçon qui, suite à une maladie génétique, était né avec une "malformation cranio-faciale" sévère susceptible d'attirer le regard ? Or, les lecteurs se sont réellement intéressés à Auggie Pullman. 

Le récit sans concession et ponctué d'humour de R.J. Palacio qui, par ailleurs, offre les différents points de vue de l'entourage du jeune héros, a touché un point sensible chez la plupart des gens : dans la société actuelle, on a tellement tendance à s'arrêter aux apparences qu'on en oublie ce que certains d'entre nous vivent en leur for intérieur. Si de nombreux romans plongent dans de terrifiants univers post-apocalyptiques, "Wonder" s'en démarque largement : le livre a ainsi prouvé qu'une histoire pouvait être captivante en parlant d'un sujet aussi simple que la bienveillance envers autrui. 

"J'ai toujours considéré que 'Wonder' était une méditation sur la bonté", souligne l'auteur. Grâce à un formidable bouche-a-oreille, le livre s'est vendu à plus de 5 millions d'exemplaires, mais a surtout initié le phénomène "Choose Kind" ["Choisir la bienveillance", NdT], campagne contre le harcèlement scolaire, et encouragé les lecteurs à raconter leur propre histoire. Le roman n'a pas tardé à intéresser Hollywood. Les producteurs Todd Lieberman et David Hoberman, chez Mandeville Films, ont lu le manuscrit le même soir et ont été emballés. 

"On s'est téléphoné et on était tous les deux en larmes – je ne suis pas gêné de le reconnaître", se souvient Lieberman. "On était tous les deux tombés sous le charme de cette magnifique histoire de compassion et d'amitié". Hoberman ajoute : "Ce récit nous a touchés parce qu'il aborde des sujets qui nous tiennent particulièrement à cœur. On a été très sensibles au fait que le livre adopte plusieurs points de vue et qu'il concerne tout un quartier des États-Unis, si bien que chacun peut se reconnaître dans l'un des personnages du récit. Surtout, ce qui nous a plu, c'est que ce livre évoque le fait qu'on a tous senti, à un moment ou à un autre, qu'on n'était pas à notre place et qu'il nous montre ce qui peut arriver quand on s'ouvre aux autres". 

Les deux producteurs avaient particulièrement à cœur d'aborder un type de personnage qu'on voit rarement à l'écran : un être qui bouscule totalement l'idée que nous sommes déterminés par notre apparence physique. Quand ils se sont entretenus avec l'auteur au téléphone, la complicité a été immédiate. R.J. Palacio leur a dit qu'elle avait toujours pensé qu'elle n'accepterait de céder les droits d'adaptation de son livre pour le cinéma qu'à une condition : le film devait respecter le style direct de l'ouvrage sans chercher à édulcorer le quotidien d'Auggie. 

"Quand j'ai écrit le livre, je n'ai pas cherché à créer un phénomène mondial", souligne l'écrivain. "Je l'ai écrit sans avoir la moindre attente : je ne me doutais même pas qu'il serait publié. J'avais juste envie d'écrire un petit livre comportant un simple message de bienveillance, si bien que je me suis dit qu'on devait adopter la même démarche pour le film. J'étais convaincue que Todd et David avaient la même vision que moi". Elle poursuit : "D'autres réalisateurs avaient envisagé de ne même pas représenter Auggie et j'estimais que c'était un manque de respect à l'égard des enfants souffrant de malformation cranio-faciale. Je ne voulais pas que le film minimise la gravité des lésions sur le visage d'Auggie parce qu'elles font partie intégrante de sa personnalité. Il était essentiel pour moi – tout comme pour Todd, David et Stephen Chbosky – de faire en sorte que le spectateur puisse regarder Auggie en face dès le début".

REGARDER LES CHOSES EN FACE 
"Quoi que vous pensiez, la réalité est sans doute pire". Auggie 

Ce qu'Augie appelle avec candeur "ce réflexe consistant à détourner les yeux" – ce moment humiliant où les gens évitent de croiser son regard – est précisément ce qui a inspiré son personnage. R.J. Palacio reconnaît volontiers qu'un jour de 2008 elle a elle-même évité un enfant pas comme les autres chez un marchand de glaces. Graphiste le jour, et écrivain en herbe la nuit, elle profitait d'un bon moment avec ses enfants lorsqu'elle a eu un geste qu'elle a sincèrement regretté. Elle reprend : "On était assis à côté d'un gamin qui souffrait de malformation cranio-faciale et qui ressemblait pas mal à Auggie". 

Mais l'anecdote ne s'arrête pas là. Remplie de honte, R.J. Palacio a souhaité renverser la situation en adoptant le point de vue le plus important qui soit – celui qui avait provoqué sa réaction sans le vouloir. Elle s'explique : "Je me suis mis à me demander ce qu'on pouvait ressentir lorsqu'on doit affronter un monde qui, au quotidien, a du mal à vous regarder en face. Ce soir-là, j'ai commencé à écrire le livre". 

C'est alors qu'est né Auggie Pullman, accompagné d'une galerie de personnages qui ont même surpris leur auteur. "Tous ces personnages qui jaillissaient sur le papier m'ont semblé tellement réels que j'ai eu envie de poursuivre", se souvient-elle. "J'ai eu peur que, si je n'allais pas au bout de cette histoire, personne ne les connaisse et j'avais vraiment envie que le monde les découvre". R.J. Palacio tenait à faire d'Auggie un élève de primaire qui s'apprête à faire sa première grande rentrée et qui se prépare à l'événement comme un astronaute débarquant dans un univers extraterrestre. 

"Cette période de la vie, entre 10 et 12 ans, est dévastatrice parce que les enfants ne se font pas de cadeau", dit-elle. "C'est l'âge où ils se cherchent et où ils se déterminent. Tout évolue dans leur monde : leur corps, leurs fréquentations, leurs centres d'intérêt, leurs rapports avec leurs parents. C'est un moment particulièrement propice pour qu'Auggie découvre le monde". 

Au départ, l'écrivain ne connaissait pas grand-chose aux malformations craniofaciales si bien qu'elle s'est plongée dans la littérature médicale et qu'elle a recueilli des témoignages au sein de sa propre famille. Elle a ainsi convenu qu'Auggie était probablement né avec le syndrome de Treacher-Collins qui, tout en étant provoqué par la mutation d'un seul gène, peut engendrer une malformation profonde des os du visage. Certains souffrent d'une forme tellement bénigne de la maladie qu'ils n'en ont même pas conscience. D'autres, au contraire, ont un visage totalement déformé : sont affectés sont comme tous ceux de leur âge : curieux, sensibles et courageux. Mais la plupart des familles ont du mal à accepter la réaction irréfléchie des autres. C'est ce constat qui a poussé l'auteur à explorer un autre aspect qu'elle souhaitait aborder depuis longtemps : les racines de la compassion ordinaire. 

"Tous les parents veulent que leurs enfants vivent dans un monde meilleur, mais ils oublient parfois que ce sont les choses les plus simples qui peuvent améliorer notre quotidien", reprend-elle. "C'est pour cela que j'ai voulu donner plusieurs exemples de l'importance qu'il y a à être bienveillant les uns envers les autres". Avec une telle approche, elle risquait de se fourvoyer en versant dans le sentimentalisme et la mièvrerie. Mais grâce à son style, elle a évité tout pathos. Au contraire, son écriture s'est révélée âpre, sincère et sans concession. À la sortie du livre, il a été salué par les personnes atteintes de maladies cranio-faciales, qui attendaient depuis longtemps qu'on évoque leur trajectoire dans une fiction, mais aussi par tous ceux dont la différence – quelle qu'elle soit – tend à les exclure de la société. 

Pour l'auteur, il faut avant tout se montrer bienveillant au quotidien. "Je crois sincèrement qu'au fond d'eux-mêmes les gens ont envie d'être bienveillants et, dès qu'ils en ont l'occasion, d'agir avec justesse. Mais nous devons tous nous y employer. C'est le moins qu'on puisse demander – que chacun fasse le maximum pour être quelqu'un de bien". C'est cette thématique qui a séduit Julia Roberts dans le roman. "Je pense que si on mettait en application les principes du livre – la justice et la compassion –, on vivrait dans un monde meilleur", dit-elle. "Pour moi, cet ouvrage m'a rappelé combien il est important de privilégier la bienveillance au sarcasme ou à la vision négative des choses".

L'ÉMERVEILLEMENT DE STEPHEN CHBOSKY 
"Vos bonnes actions sont vos monuments". Proverbe égyptien

Une fois que Lieberman et Hoberman ont obtenu l'approbation de l'auteur, les deux producteurs se sont mis en quête d'un réalisateur capable de conserver la sincérité et l'humour du livre. Ils ont immédiatement pensé à Stephen Chbosky, avec qui ils avaient travaillé sur l'adaptation en prises de vue réelles de LA BELLE ET LA BÊTE – et qui est aussi romancier. Ce dernier avait déjà porté à l'écran son propre ouvrage, "Pas raccord", sous le titre LE MONDE DE CHARLIE et remporté l'Independent Spirit Award du meilleur premier long métrage. 

"Ce qu'il nous fallait en tout premier, c'était une vraie capacité à faire surgir l'émotion sans être manipulateur ou manichéen", signale Lieberman. "Stephen possède une vraie intelligence émotionnelle, tout en sachant insuffler humour et légèreté à des thèmes d'une vraie gravité". Au départ, Chbosky a refusé la proposition, non seulement parce que sa femme venait d'accoucher et qu'il ne sentait pas prêt à affronter un tournage, mais aussi parce qu'il n'avait pas envie de réaliser un autre film se déroulant dans une école. Mais devant l'insistance de Hoberman, Lieberman et Lionsgate, il a fini par lire le livre – et par se rendre compte qu'il risquait de passer à côté d'un projet magnifique. 

Comme il le dit lui-même, il ne pouvait se permettre de tourner le dos à ce qu'il considère comme "un récit initiatique pour la génération actuelle". Il poursuit : "Quand mon fils Theodore est né, je me suis reconnu dans cette histoire et je me suis senti prêt à m'y plonger. Ce qui m'a frappé dans le roman, c'est qu'il montre que notre tempérament est le fruit de tous les choix qu'on fait dans la vie. On peut, seul, décider d'être un héros de sa propre vie – de se démarquer des autres, d'être soi-même et de puiser dans ce qu'il y a de meilleur au fond de soi". 

Au lieu de s'attacher uniquement à Auggie, il a pris en compte, dans sa propre adaptation, les différents points de vue qui s'expriment dans le livre. "Le courage d'Auggie se propage aux autres personnages", note le réalisateur, "et les différents points de vue permettent de comprendre qu'Auggie n'est pas le seul à souffrir. C'est comme cela que naît l'empathie". Progressivement, Chbosky et R.J. Palacio se sont liés d'amitié, d'autant plus que le réalisateur s'est associé à Jack Thorne et Steve Conrad pour adapter le roman. L'écrivain ne savait pas bien à quoi s'attendre mais a choisi de faire confiance à Chbosky. "Stephen a fait preuve de talent, mais aussi de respect pour le livre", dit-elle. 

"Tous ses choix scénaristiques étaient pertinents. J'espère que les lecteurs seront conscients que Stephen s'est donné beaucoup de mal pour restituer les personnages du livre, principaux et secondaires, et je les ai tous retrouvés dans le film tels que je les imaginais. Le film n'a pas transposé le roman dans ses moindres détails car on ne peut pas réaliser une adaptation littérale, mais Stephen y a insufflé un élément essentiel : ce sentiment que, dans le livre, j'ai surnommé 'le rire dans les larmes'". 

Pour l'auteur, savoir saisir cette dualité était fondamental. "Si le livre a touché autant de gens, c'est que la famille Pullman n'est pas triste – ce sont des gens joyeux qui sont heureux de leur sort", analyse-t-elle. "C'est le cas des vraies familles. J'ai été contente de voir que Stephen soit dans la retenue et fasse en sorte que ces personnages restent euxmêmes". "Le livre était notre meilleure référence, si bien qu'on ne s'en est pas beaucoup écartés", remarque Hoberman. L'auteur était constamment disponible pour apporter ses conseils. "Elle a été d'une aide précieuse, et nous a éclairés sur tous les aspects du film, du scénario au casting. Elle est l'un des auteurs du film à part entière".

AUGGIE 
"Chacun sur cette Terre mérite une standing ovation au moins au moins une fois dans sa vie". Auggie

Tandis que le développement du projet prenait forme, les auteurs se sont retrouvés face à une difficulté majeure : trouver l'interprète d'Auggie. Non seulement les nombreux lecteurs du livre s'étaient déjà représentés le petit garçon, mais il fallait dénicher un comédien de 10 ans capable d'incarner un enfant en butte à un monde souvent hostile. "Ce rôle est si complexe qu'il nous fallait un acteur extrêmement doué, pouvant aussi bien exprimer ses émotions par les non-dits que par le dialogue", note Lieberman. 

Les recherches se sont avérées un casse-tête jusqu'au jour où les producteurs ont découvert Jacob Tremblay dans ROOM où il campe la victime d'un enlèvement qui n'a jamais quitté la chambre dans laquelle il est enfermé. "Quand on a vu ROOM, on a compris qu'on avait trouvé le petit garçon qui pouvait interpréter Auggie", déclare Hoberman. "Jacob est doué pour un enfant de son âge, et même dans l'absolu. Lorsqu'on l'a rencontré, on a eu le sentiment d'être face à Auggie". Tremblay a également convaincu Chbosky : "Il ne fallait en aucun cas que WONDER semble austère et Jacob est plein d'humour, de curiosité et d'énergie dans le meilleur sens du terme", dit-il.

Étonnamment, Tremblay a accepté les longues séances de maquillage prosthétique sans sourciller : "Dès qu'il a été maquillé, Jacob s'est transformé psychologiquement, bien au-delà de sa métamorphose physique", affirme Lieberman. "Il s'est totalement approprié l'état d'esprit d'Auggie". 

 Le jeune acteur explique que s'il s'est facilement glissé dans la peau du personnage, c'est parce qu'il avait le sentiment qu'il était capital de raconter son histoire. "Ce qui m'a vraiment motivé, c'est d'interpréter un enfant qui voudrait contribuer à bâtir un monde meilleur", indique le jeune acteur de 9 ans. "J'ai trouvé le livre formidable et ma mère a pleuré en le lisant. Il parle du combat d'Auggie pour s'intégrer et il montre qu'on ne devrait pas être effrayé par un enfant comme lui". 

Tout comme n'importe quel comédien professionnel, Tremblay s'est plongé dans la documentation et a rencontré plusieurs enfants souffrant de la même malformation qu'Auggie pour entendre leur témoignage sur leur rapport à la différence. Il a même souhaité tenir un carnet où il conservait des lettres, des photos et des idées. "Je le consultais tous les jours, surtout avant de tourner une scène un peu difficile pour bien me préparer", explique-t-il. 

Pour l'auteur, il était indispensable que le jeune comédien soit aussi attentif à la justesse de son jeu. "Les efforts considérables que Jacob a fournis pour se documenter se retrouvent dans les nuances de sa prestation", dit-elle. "Il a saisi l'une des clés du personnage : Auggie accepte sa différence et il aimerait bien que tout le monde en fasse de même ! Il a aussi compris qu'Auggie est un garçon adorable, mais pas niais. C'est un farceur, et un dur à cuire qui a déjà subi 27 opérations". 

Tremblay partage la passion d'Auggie pour l'univers STAR WARS, ce qui lui a permis de mieux comprendre les fantasmes du personnage pour le cosmos. "Auggie est conscient que les gens ont besoin d'un peu de temps pour s'habituer à son visage", reprend-t-il. "À mon avis, c'est pour cela qu'il aime l'espace et qu'il préfère se balader en combinaison spatiale". Dans le livre, Auggie est d'autant plus attachant qu'il se livre facilement sur ses peurs, ses frustrations et ses rêves et Tremblay s'est reconnu dans cette attitude. 

"Jacob a parfaitement compris qu'Auggie a les problèmes d'un enfant de son âge", analyse Chbosky. "Auggie ne doit pas rester centré sur ses difficultés : il comprend que même s'il doit affronter des brutes et des regards de défiance, d'autres que lui ont aussi leurs problèmes et qu'il doit y être attentif. Il découvre que faire preuve de compassion pour les autres est une vraie force". 

Tremblay souligne que Chbosky a su créer une atmosphère où il pouvait prendre des risques. "Quand on s'est rencontrés, on a parlé de nos films préférés, et j'ai posé quelques question à Stephen sur les prothèses et j'ai trouvé son point de vue sur le livre vraiment chouette", se remémore le jeune comédien. "Par la suite, j'ai découvert que Stephen est l'un des types les plus gentils au monde. Le rôle du réalisateur est parfois ingrat, mais Stephen ne s'énerve jamais. Il est toujours de bonne humeur et c'est génial". 

Chemin faisant, Tremblay est devenu de plus en plus proche du personnage : "Quand j'ai vu le film, je me suis dit que même si je savais que Jacob jouait le rôle, ça ne se voyait pas. Pour moi, il s'est totalement coulé dans la peau d'Auggie", ajoute l'écrivain.

ISABEL ET NATE
"Ton visage m'a manqué, Auggie. Je sais que tu ne l'aimes pas toujours, mais il faut que tu saches… moi, je l'aime". Nate

Julia Roberts et Owen Wilson campent respectivement Isabel et Nate, les parents d'Auggie, qui tentent de concilier leur instinct protecteur avec la nécessité pour leur fils de trouver sa place dans le monde, quelles qu'en soient les difficultés. Parents d'un enfant différent des autres, ils doivent surmonter leurs angoisses et leur isolement, en cherchant à comprendre comment ce petit garçon qu'ils connaissent si bien peut susciter des réactions d'hostilité chez les autres. 

Les producteurs étaient enchantés par le casting. "Ce n'était pas un rôle de plus dans sa filmographie", souligne Hoberman en parlant de Julia Roberts avec qui il a travaillé sur PRETTY WOMAN. "Elle était convaincue par le bien-fondé de cette histoire et souhaitait vraiment que ce projet se concrétise". 

Lieberman ajoute : "Julia possède cette rare capacité à exprimer des émotions très fortes sans jamais verser dans le sentimentalisme. Elle a une telle élégance et un tel humour qu'on croit parfaitement à son personnage de mère". Julia Roberts évoque son regard sur le livre : "Il y a tout un éventail de personnages et j'ai adoré leurs différents points de vue, leur compassion et leur complexité. J'ai lu le roman avec mes enfants, qui l'ont beaucoup aimé, et c'est à ce moment-là que je me suis dit qu'il fallait en faire un film". 

Elle s'est aussitôt identifiée à la force maternelle d'Isabel, mais aussi aux conflits personnels de cette femme indépendante dont la vie et les ambitions ont été contrecarrées par une maternité particulièrement difficile. "Isabel est à la croisée des chemins", déclare la comédienne. "On vit tous un bouleversement total quand on devient parent – quand on devient responsable d'un autre être humain qui, soudain, est votre priorité absolue. Pour Isabel, être la maman d'Auggie a été très éprouvant. D'abord, parce que c'était déjà difficile de garder ce petit garçon en vie. Ensuite, parce qu'elle a dû abandonner tout ce qu'elle a cherché à construire sur un plan professionnel. Du coup, elle est partagée quand Auggie finit par aller à l'école. D'un côté, c'est la première fois qu'ils ne sont plus ensemble du matin au soir. Mais de l'autre, elle peut se consacrer à ce qu'elle faisait avant sa naissance. Il faut désormais qu'elle apprenne à lâcher prise". 

Toute l'équipe a été impressionnée par la proximité qui s'est nouée entre Julia Roberts et Jacob Tremblay. "Leur relation s'est construite de manière totalement naturelle", signale Lieberman. Tremblay ajoute : "Isabel est une mère géniale. Grâce à ses super-pouvoirs de maman, Auggie se sent mieux quand il est triste – et elle lui explique ce qui lui semble difficile à accepter dans la vie. Julia Roberts est une partenaire formidable. J'ai énormément appris à son contact". 

La comédienne souligne qu'elle a également beaucoup appris en côtoyant Tremblay, même si elle l'a peu connu puisque, comme elle constate elle-même, il s'était le plus souvent glissé dans la peau d'Auggie. "Je me souviens qu'à la fin du tournage, au moment où je disais au revoir à la mère de Jacob, elle m'a répondu, 'j'ai l'impression que tu es la mère d'Auggie et moi, la mère de Jacob', et c'était aussi mon sentiment". Julia Roberts sait gré à Chbosky d'avoir laissé ses comédiens s'approprier leurs personnages. 

"Stephen s'intéresse vraiment aux gens et à leurs rapports et il a un regard plein de tendresse sur la condition humaine", dit-elle. "Parfois, il se mettait même à pleurer quand il nous expliquait quelque chose qui lui tenait à cœur. Et il est d'une grande vivacité". Si c'est la première fois que Julia Roberts et Owen Wilson sont réunis à l'écran, leur complicité a été immédiate. 

"Nate est une sorte de clown enfantin et drôle, alors qu'Isabel drôle, mais il est émouvant dans le rôle de ce père qui cherche à sa façon à faire ce qu'il y a de mieux pour son fils". "On ne peut jamais savoir si l'alchimie va fonctionner entre deux comédiens qui campent un couple, mais dès que Julia et Owen se sont retrouvés sur le plateau, on ne s'est plus posé de question", acquiesce Hoberman. Lui-même père de deux enfants, Wilson a été particulièrement séduit par WONDER. 

"J'ai eu le sentiment qu'en jouant Nate, je contribuais à raconter une histoire au cinéma qui a ému énormément de gens", dit-il. "Mais c'est aussi la présence de Stephen Chbosky qui m'a intéressé. Avant le début du tournage, on a beaucoup parlé et j'ai trouvé que sa passion et son humanité étaient palpables : je savais que le film s'en ressentirait". Wilson a également été sensible au fait que Nate n'incarne pas l'autorité à la maison. "Je ne dirais pas de lui que c'est un adepte de la discipline", dit-il en souriant. 

"Il préfère jouer avec Auggie en faisant du karaté et du combat au sabre laser ! On pourrait croire que j'ai passé toute ma vie à me préparer à ce rôle car je suis très bon dans ces deux disciplines. J'ai grandi à Dallas et j'ai vécu dans une famille où régnait l'humour comme chez les Pullman. Certes, ils ont leur lot de problèmes, mais ils ne s'apitoient jamais sur leur sort". Owen Wilson était enchanté d'avoir Julia Roberts comme partenaire. "On ne rencontre pas souvent quelqu'un d'une telle vitalité", confie-t-il. "Elle est comme ça dans la vie et elle l'insuffle à son personnage". 

Pour Julia Roberts, la connivence entre eux a été instinctive. "Owen a improvisé pour s'approprier totalement Nate et il a été merveilleux", s'enthousiasme-t-elle. "Nous avons un sens de l'humour assez similaire, si bien qu'on s'est mutuellement entraînés dans ce ballet tragicomique". Jacob Tremblay a adoré nouer une relation avec Owen Wilson : "Owen est l'un des types les plus drôles au monde", déclare-t-il. "Dès qu'on le voit, on est mort de rire". 

D'autre part, Sonia Braga (LE BAISER DE LA FEMME ARAIGNÉE) campe la grand-mère de la famille. "Ce qui m'a donné envie de participer à ce projet, c'est qu'il aborde deux thèmes essentiels pour moi : l'amour familial et la lutte contre le harcèlement scolaire. Je me suis aussi sentie très proche du rôle parce que c'est ma grand-mère qui s'est occupée de moi. Toute ma vie, j'ai souhaité que ma grand-mère soit encore là, tout comme Via dans le film. La scène où j'interviens est toute en délicatesse et Stephen s'est montré d'une grande douceur".

VIA
"Comparé à ce qu'Auggie a enduré, même notre pire journée, notre pire mal de tête, notre pire blessure, notre pire crampe, ou notre pire souvenir ne sont rien". Via

Via, sœur adolescente d'Auggie, a sa propre trajectoire dans WONDER. En bonne santé, elle s'est consacrée au bien-être de son petit frère avec une patience totalement altruiste. Ce qui ne veut pas dire qu'elle l'a vécu facilement. Contrairement à Auggie, elle n'a jamais été au centre de l'attention de ses parents, et même si elle en comprend la raison, c'est un peu douloureux, surtout dans la période de chamboulement qu'elle traverse. 

Julia Roberts déclare : "La relation d'Auggie et Via est très belle et très complexe. Via est un personnage magnifique qui accepte de ne pas recevoir beaucoup d'attention et qui est consciente que cette situation ne changera pas".

'Auggie. Les producteurs ont trouvé un mélange de férocité et de tendresse chez Izabela Vidovic, 15 ans, qui a joué dans HOMEFRONT et la série ABOUT A BOY. "Nous avons auditionné pas mal de comédiennes et Izabela a décroché le rôle en étant ellemême", précise Hoberman. La jeune actrice éprouve une telle admiration pour Via qu'elle était enthousiaste à l'idée de l'interpréter. "Via est forte et altruiste et, au bout du compte, elle trouve sa propre manière de se démarquer", dit-elle. 

"Sa relation avec Auggie est incomparable : elle veut le protéger sans pour autant le dorloter comme le font ses parents. Elle souhaite qu'il soit capable de se battre et de se prendre en main". Le réalisateur a expliqué à la comédienne qu'il était capital d'exprimer ouvertement les difficultés, souvent tenues secrètes, auxquelles sont confrontés les frères et sœurs d'enfants souffrant de pathologies lourdes. 

"Il y a souvent des rivalités entre frères et sœurs, mais dans le cas du film, c'est un combat bien plus important pour Via", indique-t-il. "J'ai moi-même une petite sœur que j'adore et je suis bouleversé par la relation entre Via et Auggie". R.J. Palacio admire Via. "C'est l'un de mes personnages préférés", renchérit-elle. 

"Elle appelle un chat un chat et quand les gens sont cruels envers Aggie, elle est extrêmement remontée, bien plus que lui. Mais elle est aussi agacée par son petit frère. Ils ont donc une relation de frère et sœur tout à fait normale, même si elle est d'autant plus forte qu'elle l'a vu subir 27 opérations. Via n'a jamais perdu courage. J'adore ce personnage". Ultime membre de la famille, la chienne Daisy entoure les Pullman d'un amour inconditionnel. Et même si Chbosky est allergique aux chiens, il n'était pas prêt à supprimer ce "personnage" qui sert de confident silencieux aux membres de la famille en cas de coup dur. "Chacun d'entre eux aime Daisy à sa façon et elle leur permet de rester soudés", reconnaît-il.

LES CAMARADES DE CLASSE
"Ce que je voulais, c'est aller à l'école, mais seulement si je pouvais me retrouver dans la situation de n'importe quel enfant qui va à l'école". Auggie

Après avoir suivi sa scolarité à domicile, Auggie est encouragé par ses parents à faire sa rentrée en classe de CM2 à Beecher Prep. Il va devoir affronter les ragots, le harcèlement et les menaces, mais aussi découvrir les labos de sciences, les réussites personnelles et l'amitié. Grâce à ses camarades de classe, son point de vue sur sa vie évolue. Contrairement à sa famille, avec qui il a toujours vécu, ses copains apprennent à le connaître à travers leur propre expérience. 

"C'est toujours difficile de faire en sorte que les comédiens nouent une complicité à l'écran, et c'est encore plus compliqué avec des enfants de 10 ans", souligne Lieberman. "Il fallait qu'on trouve des enfants qui s'emboîtent comme les pièces d'un puzzle. On a rencontré des centaines de gamins dans plusieurs villes et on a essayé diverses combinaisons. Quand on les a tous trouvés, c'était extraordinaire". 

Petit florilège des enfants qui comptent le plus dans la vie d'Auggie.

Jack Will

Jack est le premier vrai copain d'Auggie à l'école ou, tout du moins, c'est ce que croit Auggie, jusqu'à ce qu'il comprenne qu'il joue la comédie au cours d'un triste incident. Jack doit alors choisir son camp. Noah Jupe, qu'on a vu dans THE TITAN et la série THE NIGHT MANAGER, campe le rôle. Lui-même un peu marginalisé – issu d'un milieu défavorisé et bénéficiaire d'une bourse –, Jack se sent des affinités immédiates avec Auggie, même s'il veut aussi être accepté par les jeunes les plus populaires de l'école. Noah Jupe a été séduit par le charme et le manque d'assurance du garçon. 

"Noah est un formidable jeune comédien anglais, immédiatement attachant", note Lieberman. Noah Jupe était fou de joie de décrocher le rôle : "J'ai adoré le livre", relève-t-il. Autant dire qu'il était très heureux de pouvoir rencontrer l'auteur. "Elle m'a dit que je correspondais parfaitement à son image de Jack Will, et on a vraiment parlé de ce que Jack pense et ressent – c'était génial !" "M. Tushman a un éclair de génie quand il désigne Jack pour guider Auggie", conclut R.J. Palacio. "Il voit bien que Jack ne perçoit pas à quel point il est extraordinaire et le place dans une situation où il peut révéler au monde toutes ses qualités… et Jack relève le défi".

Julian

"S'il y a bien un méchant dans WONDER, c'est Julian", estime Hoberman. Julian est le leader de la petite bande de CM2 qui commence par se moquer d'Auggie, puis qui finit par s'en prendre à lui physiquement. Originaire du Texas, Bryce Gheisar, aperçu dans MES VIES DE CHIEN et WALK THE PRANK, a décroché le rôle. 

"C'était très difficile de choisir l'interprète de Julian car on aurait pu, par facilité, engager quelqu'un d'effrayant", rapporte Lieberman. "Mais on voulait un acteur plus en nuances. Quand on a rencontré Bryce, on a vu qu'il représentait une sourde menace et qu'il inspirait une peur feutrée. Bryce a su l'interpréter comme un garçon charmant avec une colère rentrée qui ne s'est pas encore exprimée – et le spectateur s'en rend compte". 

Comme ses partenaires, Gheisar connaissait le roman, ce qui l'a poussé à fouiller les origines de la malveillance du personnage. "Ce qui m'a plu, c'est que ce livre a permis de rappeler que le harcèlement scolaire n'est pas acceptable", déclare-t-il. "J'avais vraiment envie de participer à ce projet". Pour l'auteur, Julian est un personnage essentiel dans WONDER. 

"Tous les gamins sont plus ou moins complexés", dit-elle. "Auggie est sans doute celui chez qui c'est le plus facilement perceptible à cause de son visage, mais ils ont tous quelque chose qu'ils aimeraient changer dans leur vie. Un garçon comme Julian est épouvanté par Auggie et comme il ne sait pas gérer ses émotions, il se moque de lui. Il essaie de se protéger mais le fait très maladroitement. En réalité, Julian a peur, et ses parents ne le soutiennent pas comme il en aurait besoin". 

Pour Gheishar, son personnage évolue tout au long du film. "Quand M. Tushman dit à Julian qu'Auggie ne peut pas changer son apparence, mais qu'on peut sans doute changer le regard des autres sur lui, j'ai le sentiment que cela lui ouvre l'esprit et qu'il se met à croire qu'il peut effectivement évoluer", dit-il.

Summer

Alors qu'Auggie se dit qu'il est seul à Beecher Prep, il voit débarquer Summer, une fille futée et timide qui semble vraiment l'apprécier. D'origine canadienne, Millie Davis, qu'on a vue dans ORPHAN BLACK et THE ODD SQUAD, campe la fillette qui redonne espoir à Auggie.

"Summer est d'une grande sagesse", indique R.J. Palacio. "Elle a compris qu'Auggie a besoin de quelqu'un qui le traite comme les autres. Elle ne supporte plus la méchanceté autour d'elle et elle se découvre une âme sœur chez Auggie". 

Millie Davis est elle aussi grande admiratrice du livre. "J'ai trouvé le livre très émouvant", dit-elle. "Il parle de l'acceptation des autres et c'est un thème génial". Parmi le groupe de copains d'Auggie, citons encore Charlotte Cody, jeune actrice en herbe, interprétée par la danseuse et comédienne débutante Elle McKinnon. 

"Charlotte Cody aime chanter, jouer la comédie, danser… comme moi", affirme Elle McKinnon. "C'est un moulin à paroles, ce qui lui donne un côté un peu décalé, mais elle est très drôle". Chbosky affirme : "Elle McKinnon était tellement naturelle qu'elle m'a bluffé. C'était pourtant son premier film. Et sa troisième audition. Je suis vraiment ravi que les spectateurs la découvrent grâce à WONDER". 

Trois acteurs canadiens composent le gang de Julian : Ty Consiglio dans le rôle d'Amos, Kyle Breitkopf dans celui de Miles et James A. Hughes dans celui d'Henry. "J'avais hâte de voir la scène où Amos, Miles et Henry viennent à son secours", note l'écrivain. "C'est un moment de complicité que beaucoup de gens adorent".

LES ENSEIGNANTS
"La grandeur d'esprit ne repose pas sur la force, mais sur l'usage que l'on en fait". Henry Ward Beecher

Deux enseignants jouent un rôle majeur pendant la première année scolaire d'Auggie : son professeur principal, M. Browne, et le proviseur M. Tushman, incarnés respectivement par deux immenses comédiens de théâtre, Daveed Diggs (lauréat du Tony Award et réputé pour avoir incarné Thomas Jefferson dans "Hamilton") et Mandy Patinkin (lauréat du Tony et de l'Emmy Award). 

Les producteurs étaient enchantés d'avoir pu obtenir l'accord de Diggs : "Daveed nous a tous époustouflés dans 'Hamilton'. Dans le film, il a su interpréter un prof drôle et humain très proche du personnage", s'enthousiasme Hoberman. Dès l'instant où il a lu le scénario, Diggs a su qu'il voulait participer au projet. "Je me suis dit que c'était formidable de jouer dans un film qui combat la haine", dit-il. "Je trouve aussi que raconter cette histoire à partir du parcours d'un enfant nous permet de bien cerner des thèmes importants. On ne peut pas faire preuve de cynisme en voyant WONDER". 

Il poursuit : "C'était mon premier film, si bien que cette expérience était doublement unique. Quand j'ai débarqué sur le plateau le premier jour entouré de tous ces gamins merveilleux, je me suis dit que si tous les tournages ressemblaient à ça, j'allais continuer dans cette voie !" Diggs a puisé dans ses souvenirs de ses profs préférés pour s'approprier le rôle : "Je me suis inspiré de deux ou trois enseignants qui ont radicalement changé ma vision du monde", explique-t-il. 

"Je voulais aussi transmettre l'idée selon laquelle, quand on enseigne, on est autant transformé par ses élèves qu'eux peuvent l'être par soi". Il adhérait totalement aux grands principes de M. Browne, inscrits sur le tableau noir : "À mon avis, M. Browne estime que si l'on applique ces préceptes au quotidien, ils peuvent vous permettre de mieux vous connaître. C'est très important à ses yeux", note Diggs. 

En s'inspirant d'un livre de Wayne Dyer, souvent surnommé "le père de la motivation", M. Browne initie ses élèves au "choix de la bienveillance" : "En écrivant le personnage de M. Browne, le choix de la bienveillance tel qu'il est professé par Dyer m'est immédiatement venu à l'esprit", indique l'auteur. 

"Je me suis dit qu'entendre cet enseignant inciter ses élèves à s'engager dans cette voie était une formidable manière de démarrer l'année scolaire et de rappeler aux enfants de quoi ils sont capables". Pour l'acteur, l'une des scènes les plus marquantes est celle de l'affrontement entre Julian et Jack Will. À ce moment-là, la fiction a été rattrapée par la réalité … "Alors que M. Browne tente de s'interposer dans la bagarre pour séparer les deux enfants, j'ai été saisi par une émotion intense", reconnaît-il. 

"C'est alors que Jack Will s'écroule et se met à pleurer dans mes bras. Je n'oublierai jamais cet instant". Dès le départ, R.J. Palacio avait souhaité que Patinkin interprète le proviseur : grande fan du comédien, elle n'a pas été déçue par sa prestation. "Mandy insuffle humanité et sagesse à ses personnages", dit-elle. "Il est doux et profond à la fois, ce qui correspond à mon image de M. Tushman". 

L'acteur s'est investi à 100% dans son rôle : "J'ai voulu participer au projet parce que j'ai été bouleversé par l'histoire", dit-il. "Dans notre monde contemporain, nous devons faire face au racisme, aux préjugés et à la xénophobie envers tous ceux qui sont différents de nous – et il est essentiel d'en parler". Bien entendu, la connotation du patronyme de M. Tushman [littéralement, "M. Fesses", NdT] n'a pas échappé à Patinkin ! (R.J. Palacio raconte qu'elle avait elle-même un prof d'université du nom de M. Butt ["M. Derrière", NdT], source d'inspiration du personnage). 

"Avec un tel nom de famille, il fallait que Tushman fasse preuve de pas mal d'autodérision, tout en incarnant l'autorité. Mandy était l'homme de la situation. Il est capable de raconter une blague dans une scène et d'être dans l'émotion la plus vive quelques minutes après", souligne Lieberman. En travaillant avec Tremblay, Patinkin indique qu'il a décelé une qualité très rare chez ses partenaires, quel que soit leur âge : "Il sait écouter. Il sait ce que la plupart des adultes ont oublié ou n'ont jamais appris", remarque-t-il. 

"Pour être comédien, il suffit de savoir écouter – et il le fait avec un grand naturel". La force du jeu de Patinkin a bouleversé Bryce Gheisar pendant la scène où Julian est exclu de l'école. "J'avais l'impression qu'on n'était plus en train de jouer car rien que d'entendre Mandy me faisait pleurer", confie le jeune comédien. "Et puis, entre deux prises, il m'a redonné le sourire en récitant ses répliques de PRINCESS BRIDE – 'Je m'appelle Inigo Montoya. Tu as tué mon père. Prépare-toi à mourir' Sa générosité m'a vraiment aidé parce que je voulais faire de mon mieux pour lui". 

La séquence de fin d'année des CM2 restera l'un des temps forts de Patinkin. L'écrivain et sa famille ont joué les figurants parmi l'assemblée des parents d'élèves : "C'était un moment très émouvant d'assister au discours de M. Tushman car le souvenir de l'écriture de cette scène reste gravé en moi", confie R.J. Palacio. "J'avais l'impression de regarder quelqu'un en train de me regarder alors que je regardais quelqu'un d'autre".

LES CAMARADES DE VIA 
"Parfois, on peut faire souffrir quelqu'un sans le vouloir". R.J. Palacio, "Wonder"

Tout comme Jacob a fait sa première rentrée à l'école, Via se prépare à vivre sa première année au lycée. Une année mouvementée où elle se forgera de nouvelles amitiés et connaîtra les affres du premier amour. Deux camarades de classe jouent un rôle central dans sa vie :

Miranda

Alors qu'avant l'été Miranda était encore la meilleure amie de Via, elle a radicalement changé : arborant une nouvelle couleur de cheveux, elle prend désormais ses distances avec Via. Un coup dur pour celle-ci au moment où elle a vraiment besoin de se confier à quelqu'un. Danielle Rose Russell, 17 ans, campe le rôle. 

"J'ai adoré l'histoire et je me souviens d'avoir envoyé un email à mon agent pour lui dire 'Il faut absolument que je décroche ce rôle'", raconte-t-elle. Elle a surtout été sensible au parcours de Miranda, autre personnage qui se sent incompris : fille de parents divorcés, elle tente de dissimuler son profond manque d'assurance en cherchant à se faire aimer coûte que coûte, au prix d'un terrible mensonge. 

"Miranda est une fille bien mais elle a fait fausse route et du coup, elle sent le besoin de se rebeller", indique la jeune comédienne. "Au début de l'année, elle a les cheveux teints en rose, des fringues hyper branchées et un anneau dans le nez – comme si elle avait besoin de porter un masque. Mais derrière cette façade, elle est en grande souffrance". 

C'est grâce à Auggie que Via et Miranda se réconcilient et repartent sur une relation plus sincère. "Les rapports de Miranda et Auggie sont très émouvants", note Danielle Rose Russell. "Elle l'appelle Major Tom en référence à la chanson de Bowie et c'est elle qui lui a offert le casque d'astronaute. Quand Auggie commence à lui manquer, elle comprend combien elle a perdu en prenant ses distances avec Via". Pour l'anecdote, elle a décroché le rôle en passant une audition depuis chez elle, dans le New Jersey, via Skype.

Justin

Quand Miranda décide de prendre ses distances avec Via, celle-ci se retrouve très seule au lycée. C'est alors qu'elle fait la connaissance de Justin, fan de théâtre et musicien, qui la convainc d'intégrer son club de théâtre. Dans le livre, le chapitre de Justin a été écrit sans ponctuation, ni lettres majuscules, pour exprimer l'approche organique de la vie qu'a le garçon – et les producteurs souhaitaient engager un acteur capable d'incarner physiquement cette dimension. 

Jeter, comédien, danseur et musicien originaire d'Atlanta, a longuement réfléchi aux points de convergence entre Justin et Via. "Justin est fils unique et il comprend la solitude de Via", dit-il. "Il voudrait qu'elle accepte le fait que ce n'est pas grave de se sentir blessé ou triste par moments, tant qu'on a quelqu'un pour être épaulé". 

La scène où Justin rencontre Auggie, dont l'existence même lui avait été cachée, a profondément marqué Jeter : "Quand il fait sa connaissance, il a un ressenti semblable aux autres mais il n'est pas du genre à le laisser paraître sur son visage", dit-il. "Il se retient. Et il comprend alors les difficultés que rencontre Via. Ce qui me plaît, c'est que Justin noue aussitôt une relation avec Auggie. Pour moi, la force du scénario vient du fait que certains personnages affichent leurs sentiments ouvertement et d'autres, au contraire, sont plus intériorisés". 

L'auteur a été touché par l'humanité que Jeter a insufflée à son personnage. "Dans le roman, Justin est un ado intello fan de théâtre, mais Nadji lui apporte une tout autre dimension", dit-elle. "Quand j'écrivais le personnage de Via, je voulais vraiment qu'elle ait quelqu'un qui soit là uniquement pour elle. Justin l'incarne à la perfection".

LE VISAGE D'AUGGIE
"J'aimerais bien que ce soit tous les jours Halloween. On porterait tous des masques. Comme ça, on pourrait prendre le temps d'apprendre à se connaître avant de dévoiler nos visages". Auggie

La "création" du visage d'Auggie, mêlant maquillage, prothèses et effets numériques, était fondamentale. "On a fait pas mal de recherches pour trouver le style qui convenait le mieux, en tenant compte des contraintes de temps car on travaillait avec un comédien enfant", signale Hoberman. "On voulait que le maquillage soit à la fois fort et réaliste et qu'on oublie l'apparence d'Auggie dès le début du film". 

Le réalisme du résultat final a impressionné les comédiens. "Le maquillage est extraordinaire parce qu'on ne dirait pas que c'est du maquillage", commente Daveed Diggs. "Comme ils ont réussi à conserver le regard expressif de Jacob, on en est bouleversé". Le maquilleur effets spéciaux Arjen Tuiten, qui a récemment métamorphosé Angelina Jolie dans MALÉFIQUE, a supervisé l'opération. 

Pour WONDER, Tuiten a d'abord étudié les symptômes de la maladie de Treacher-Collins : pommettes très aplaties, oreilles quasi absentes et yeux inclinés vers le bas. Tuiten a soumis le visage d'Auggie à une série de tests de maquillage, d'éclairage et d'effets visuels pour déterminer le juste équilibre de caractéristiques physiques, tout en laissant transparaître sa personnalité. Puis, il a appliqué ce dispositif au visage de Tremblay pour accélérer sa métamorphose. 

"Arjen est un petit génie du maquillage et il a réussi à réduire le processus de transformation quotidienne à 1h30", explique Lieberman. "Puis, son travail a été enrichi grâce au studio d'effets visuels LOLA qui a apporté les touches finales impossibles à obtenir de manière traditionnelle". 

Tremblay est resté constamment de bonne humeur, enjoué et curieux, tout au long des séances de maquillage, car il était conscient qu'il était capital d'obtenir le plus grand réalisme possible. "Une fois que c'était fait, j'avais l'impression d'être dans la peau d'Auggie", dit-il. "Sans le maquillage et les prothèses, j'aurais sans doute moins bien joué. Par moments, ça me grattait, mais j'essayais de ne pas trop y penser et j'avais alors l'impression d'avoir un cocon chaud et moelleux autour de la tête". 

Au cours des essais préalables au tournage, le directeur de la photo cité à l'Oscar Don Burgess (FORREST GUMP, SEUL AU MONDE) a mis au point une stratégie pour éclairer Auggie. "On a soigneusement étudié la forme du visage d'Auggie et la manière dont la lumière vient l'éclairer, et dont la peau reflète la lumière", analyse Burgess. 

"Notre but était d'adapter l'éclairage pour faire comprendre au spectateur les moments où il se sent très malheureux et ceux où il se sent beaucoup plus en forme". Chbosky a délibérément empêché les acteurs de voir Tremblay entièrement maquillé avant le début du tournage pour préserver la spontanéité de leurs réactions et les filmer.

L'ENTOURAGE D'AUGGIE
"Maman, papa et moi, nous sommes les planètes en orbite autour du Soleil. Le reste de la famille et nos amis sont comme des astéroïdes et des comètes, qui tournent autour des planètes qui gravitent elles-mêmes autour du Soleil". Via

Le style visuel de WONDER s'inspire avant tout du point de vue d'Auggie sur le monde extérieur qu'il découvre. Pour le mettre au point, Chbosky s'est entouré du directeur de la photo Don Burgess, de la chef-décoratrice Kalina Ivanov et de la chefcostumière Monique Prudhomme. Féru d'inventions, Burgess a constaté très en amont qu'il y avait matière à jouer visuellement sur la photographie. Il a ainsi décidé de tourner avec la caméra RED Weapon 6K qui, selon lui, offre une grande souplesse et un objectif capable de cerner les émotions à l'état brut du film. Pour identifier les différents points de vue exprimés dans l'histoire, le chefopérateur a adopté un style distinct pour chaque protagoniste. 

"Chaque trajectoire possède sa propre gamme chromatique, son propre éclairage et ses propres angles de vue", explique-t-il. "Le point de vue d'Auggie est caractérisé par sa propre esthétique, mais quand on revoit un événement le concernant à travers le regard de Via, par exemple, j'ai changé la vitesse de la caméra. Pour Auggie, j'ai choisi des objectifs à longue focale pour isoler le personnage et m'attarder davantage sur lui en tant qu'individu". La palette de couleurs change également. 

"Chez les Pullman, les couleurs sont assez chaudes", poursuit-il. "Mais à l'école, elles sont très froides car c'est un environnement nouveau où le garçon n'est pas à l'aise. Et à mesure qu'avance l'intrigue, les teintes sont plus chaudes". Par souci d'efficacité, Burgess a parfois travaillé avec quatre caméras à la fois. "Les enfants ne peuvent travailler qu'un nombre limité d'heures par jour et, dans certaines scènes, on a parfois jusqu'à neuf personnages dans le champ, si bien qu'on a décidé d'avoir recours à plusieurs caméras", dit-il encore. 

De son côté, Kalina Ivanov a essentiellement concentré ses efforts sur la maison des Pullman, dont plusieurs détails fantaisistes s'inspirent de la description du livre. Elle a supervisé la construction d'un appartement de deux étages grandeur nature, dans le pur style new-yorkais des "Brownstones", sur le plateau de Braid Street à New Westminster, en Colombie britannique. "L'histoire que raconte WONDER n'est pas strictement new-yorkaise", précise R.J. Palacio. 

"Elle pourrait se passer n'importe où dans le monde, à n'importe quelle époque. Kalina a créé un décor totalement universel". Le film commence dans la chambre d'Auggie – son sanctuaire. "Dans sa chambre, Auggie peut rêver et être lui-même sans craindre le jugement des autres", note Kalina Ivanov. 

"J'ai suggéré à Stephen que sa chambre pourrait représenter la nuit. L'idée lui a plu parce que la nuit fait penser à l'obscurité du cosmos, qui obsède Auggie. On ne voulait pas non plus que la pièce soit trop sombre : il y a de la fantaisie chez lui, si bien qu'on a peint chaque étagère de sa bibliothèque de couleurs différentes. On voulait faire ressentir à travers le décor que ce garçon dessine, rêve, a plusieurs centres d'intérêt et possède une âme d'une grande richesse". 

Dans la chambre d'Auggie, sa courbe de croissance, composée de 27 bracelets d'hôpital, raconte, d'une certaine façon, son parcours depuis sa naissance. "On a passé pas mal de temps à concevoir ces bracelets et à réfléchir à leur emplacement", poursuit la chef-décoratrice. "À un moment donné, Stephen a eu l'idée de les disposer sur une courbe de croissance. Après quelques essais, on s'est rendu compte que, pour des raisons de prises de vue, il valait mieux les disposer sur un tableau en liège rectangulaire. On a constamment cherché à donner l'impression que cette maison était habitée par une vraie famille". 

La pièce était décorée avec un tel soin du détail que Tremblay n'avait plus envie de s'en aller. "Il y avait des milliards d'accessoires géniaux que j'adore", dit-il. "Auggie a des Lego Star Wars, un plafond recouvert d'étoiles et un sabre laser. Il a même une X-Box dans sa chambre alors que la mienne est au sous-sol de la maison. J'adorerais l'avoir dans ma chambre !" La chambre d'Auggie est diamétralement opposée à celle de Via. "Tandis qu'Auggie a un ciel étoilé, Via a des murs recouverts d'un ciel bleu et de nuages", ajoute Kalina Ivanov. 

"On voulait suggérer l'idée que leur mère, qui a été illustratrice, a peint ces deux panneaux pour exprimer de manière émotionnelle la personnalité de ses enfants. Le moindre accessoire, et le moindre choix de couleur, a du sens, et comme Stephen est aussi écrivain, il fait attention à ce genre de choses". 

La chef-décoratrice était ravie d'avoir les conseils de R.J. Palacio : "Elle m'a renseigné sur les trajectoires des personnages qui ne figurent pas dans le livre", dit-elle. "Par exemple, elle m'a raconté qu'Isabel avait fait ses études à la Rhode Island School of Design et que Nate, qui était musicien, avait étudié à Brown. Par la suite, Nate a décidé de travailler dans la finance pour offrir à son fils la meilleure vie possible. C'était formidable d'avoir toutes ces informations. On voulait que leur maison soit aussi réaliste que possible, ni trop bien rangée, ni trop parfaite, et qu'elle donne l'impression qu'y vivent des gens qui traversent des moments de joie et de détresse". Pour Beecher Prep, Kalina Ivanov s'est inspirée de l'école de Brooklyn, datant du XIXème siècle, fréquentée par les enfants de R.J. Palacio. 

"Stephen m'a demandé de faire en sorte que le style du film soit atemporel", reprend-elle. "Du coup, on a évité d'utiliser les nouvelles technologies présentes dans pas mal d'établissements. Pour la salle de M. Browne, on a construit des tableaux verts traditionnels avec de jolis cadres en bois. Il aime ses élèves et on a donc fixé partout dans la salle des tas de petits mots personnels qu'il leur a écrits. Le décor de la pièce est très particulier et on l'a aménagé en fonction de l'avancement de l'année scolaire". 

Pour reconstituer le décor d'une fête de la science, le département artistique a rempli le gymnase d'authentiques projets glanés dans différentes écoles de la région. La production a construit la chambre noire d'Auggie et Jack Will. L'école Heritage Woods, en Colombie britannique, a accueilli près de 400 figurants pour la pièce à laquelle participe Via dans son lycée, tandis que Camp Howdy à Belcarra, également situé en Colombie britannique et fondé dans les années 40, a campé la Réserve naturelle de Broarwood où Auggie dort pour la première fois à la belle étoile. 

"C'était une formidable trouvaille et on a même vu un ours pendant nos repérages", s'amuse Kalina Ivanov. "Camp Howdy est ravissant, mais pas trop vaste, et correspondait parfaitement à nos besoins. Auggie passe l'essentiel de son temps à l'intérieur et c'est la première fois, dans cette scène, qu'il se retrouve dans la nature, si bien que c'était vraiment important que le camp soit beau sans être trop imposant". 

 La chef-costumière Monique Prudhomme a dû imaginer jusqu'à 45 tenues différentes pour certains personnages. Elle a commencé par Auggie : "On a créé un contraste entre la force de son vécu et la banalité de son style vestimentaire", dit-elle. "Il porte pas mal de joggings à capuche au début, et puis de moins en moins, à mesure qu'il se sent mieux dans sa peau". Malgré la simplicité de ses vêtements, il y avait quelques embûches. 

"On a dû faire en sorte de confectionner des tenues qu'il pouvait enfiler par la tête et qui dissimulaient les prothèses", confie-t-elle. La garde-robe de Via évolue également. "Via est comme une fleur qui s'épanouit", note Monique Prudhomme. "Au départ, elle est très réservée, si bien que j'ai privilégié des tenues sobres et jeunes. Mais quand elle rencontre Justin au lycée, elle affirme davantage sa féminité".

Pour Isabel et Nate, la chef-costumière s'est inspirée de leurs parcours. "Isabel était une artiste avant la naissance d'Auggie, si bien que je me suis dit qu'elle laissait libre cours à son imagination à travers ses vêtements et ses bijoux", poursuit-elle. "Il fallait néanmoins qu'elle ait l'air d'une vraie maman, avec un petit côté branché et funky. Quant à Nate, il fallait qu'il ait l'air un peu engoncé dans ses costumes, comme s'ils étaient un peu rêches pour reprendre le terme de Stephen. Il travaille dans la finance, mais pour bien montrer qu'il n'est pas à l'aise, je lui ai fait porter des tennis quand il part travailler". 

Le style d'Auggie tranche avec celui des enfants qu'il rencontre à l'école, et Charlotte en particulier. "Stephen voulait faire ressortir l'exubérance et l'élégance d'Elle, si bien qu'on lui a fait porter des motifs de papillon et des vêtements scintillants. Son look joyeux se démarque du style d'Auggie au départ, mais il se rapproche d'elle progressivement", conclut la chef-costumière.

LE CASQUE D'ASTRONAUTE ET CHEWBACCA
"Je n'ai pas détruit d'Étoile de la mort ou quoi que ce soit du genre, mais j'ai simplement survécu au CM2". Auggie

S'il y a bien un lieu où Auggie se sent en sécurité, c'est derrière son casque d'astronaute. Non seulement cet accessoire dissimule son visage, mais lui permet de pénétrer dans un monde cosmique féerique où il se sent libre et proche de l'état d'esprit courageux de ses héros : les astronautes d'Apollo 11 qui ont marché sur la lune. Il était essentiel de dénicher le bon casque. 

"Il s'agit de l'accessoire préféré d'Auggie et celui qu'on a utilisé a l'air authentique", confie Tremblay. "En appuyant sur un bouton, le viseur peut même se relever. Muni de son casque, Auggie se sent heureux et normal, sans avoir à se préoccuper d'être vu par les autres". Le département Accessoires a construit le casque, en l'adaptant à la taille du visage d'Auggie, mais pour ses rêves spatiaux, la production a loué une véritable combinaison de la NASA pour enfant. 

"On a eu la chance de trouver une société qui fabrique des combinaisons pour enfants", indique Monique Prudhomme. Pour les fantasmes intergalactiques du petit garçon, Chbosky et Burgess ont eu recours à des trucages. "On voulait qu'Auggie ressente la liberté absolue de l'apesanteur", constate Burgess. "Pour y parvenir, on a utilisé des caméras à très haute vitesse pour simuler des mouvements en apesanteur, si bien qu'il semble flotter. On a alors le sentiment que le petit Auggie dans sa petite combinaison est capable de surmonter l'apesanteur". 

Des créatures spatiales débarquent sur Terre lorsque Auggie voit Chewbacca, célèbre personnage de STAR WARS, errer dans les couloirs de Beecher Prep. "On a été très heureux que Lucasfilm et Disney soient sensibles à l'importance que représentent les personnages de STAR WARS pour Auggie, si bien qu'ils nous ont autorisés à utiliser Chewbacca dans notre film", rapporte Hoberman. 

"Tourner une scène avec Chewbacca restera parmi les dix trucs les plus géniaux que j'aurais fait dans un film", déclare Daveed Diggs. "Sérieusement, le petit garçon qui est en moi était en transes ! J'ai une scène avec Chewbacca et ça, c'est gravé dans ma tête pour toujours. Mieux encore : il est aussi cool qu'on se l'imagine !"

TOUS LES AUGGIE DE NOTRE MONDE
"En apparence, ils peuvent sembler différents de vous, mais ils ont les mêmes sentiments que vous. Ce n'est pas l'apparence qui compte, mais la personne qu'on est".
"Imagine This: A World Without Bullies", de la Children's Craniofacial Association

D'emblée, la production tenait à ce que les personnes atteintes de maladies cranio-faciales soient associées au film et que leur témoignage soit entendu. Elle a collaboré avec plusieurs organisations comme MyFace et la Children's Craniofacial Association (CCA). Pour ces deux institutions, le livre était une formidable occasion de sensibiliser l'opinion publique à cette pathologie et à la lutte contre les stigmates sociaux. Pour R.J. Palacio, l'amour pour son livre que lui ont témoigné les "Auggie" de ce monde s'est révélé aussi gratifiant que le succès populaire. 

"L'amitié que j'ai nouée avec des enfants souffrant de malformation cranio-faciale m'a touchée au cœur", dit-elle. "C'est bouleversant de voir à quel point 'Wonder' a eu des conséquences positives sur leur vie". Pour en savoir plus, la famille de Jacob Tremblay a assisté à la retraite familiale de la CCA. Une tradition initiée par la porte-parole de l'association, Cher. "J'ai sympathisé avec des tas de jeunes", dit-il. "C'était formidable. Tout en passant des moments géniaux, j'ai énormément appris sur les enfants souffrant de malformation cranio-faciale, ce qui m'a aidé à jouer le rôle avec plus de justesse". 

Une famille en particulier a largement influencé le projet du film : celle du petit Nathaniel Newman, 12 ans, devenu proche de R.J. Palacio. "Deux mois après la parution du livre, les parents de Nathaniel m'ont contactée et on a déjeuné ensemble", raconte-telle. "Alors que je ne le connaissais pas au moment où j'écrivais le livre, j'ai découvert que Nathaniel était l'incarnation même d'Auggie. Il souffre du syndrome de Treacher-Collins et m'évoque pas mal ma propre représentation d'Auggie, et parle comme lui. Il a des parents formidables et un frère qui, lui, ne souffre pas de la maladie. Il a dû subir de nombreuses opérations et affronter les mêmes problèmes qu'Auggie. Et tout comme mon personnage, il est adorable, drôle et courageux au-delà de l'imaginable". 

L'auteur a engagé Nathaniel – qui se remettait alors de sa 56ème opération – comme consultant. "Nathaniel nous a vraiment donné des indications très précises sur la vie d'un enfant comme Auggie", note Lieberman. "Et bien qu'Auggie soit un personnage fictif, j'ai eu le plaisir de rencontrer des gens formidables qui lui ressemblent". 

Plusieurs familles membres de la CCA sont venues sur le tournage à Vancouver : chacun des enfants de l'association a pu jouer avec le casque d'Auggie. R.J. Palacio espère que le public repartira de la projection avec une conviction : "Ce ne sont pas les gens atteints de malformation qui ont un problème", dit-elle, "ce sont ceux qui les regardent avec des préjugés".

LE CHOIX DE LA BIENVEILLANCE
"Si chacun d'entre nous, dans cette pièce, se fixait comme règle d'agir, où qu'il soit et quand il le peut, avec un peu plus de bienveillance que nécessaire, le monde serait meilleur". M. Tushman

Si "Wonder" a été un tel phénomène, c'est qu'il a encouragé les jeunes gens à combattre avec plus d'assurance les fléaux du harcèlement scolaire, du sectarisme et de l'ostracisme. "Le livre a initié des campagnes contre le harcèlement partout dans le monde", souligne Lieberman. 

"L'histoire évoque bien des manières dont les jeunes peuvent être harcelés. Le harcèlement moral est très important à mes yeux, et c'est l'une des raisons qui m'ont fait adhérer au message du livre. De tout temps, certaines personnes se sont mal comportées, mais avec les réseaux sociaux, certains harcèlent leurs victimes à bien plus grande échelle. Du coup, on n'a jamais eu autant besoin de ce genre d'histoires".

R.J. Palacio s'entretient désormais avec des jeunes, partout aux États-Unis, à travers la campagne Choose Kind lancée en réaction au livre : elle a convaincu des milliers de gens à signer la charte du mouvement. Elle rappelle à ces jeunes que leur attitude actuelle envers les autres les marquera à vie. "Quand je discute avec eux, je leur demande quel souvenir ils aimeraient qu'on garde d'eux dans 80 ans", témoigne-t-elle. 

"Voulez-vous qu'on se souvienne de vous comme quelqu'un de malveillant ? Ou comme celui qui a fait preuve de suffisamment de courage pour aller vers ce nouvel élève et devenir son copain ? C'est alors que les jeunes comprennent que même un geste qui peut sembler infime a un impact durable". Mais l'auteur affirme que même si son livre est un instrument utile dans la lutte contre le harcèlement, il ne suffit pas. Elle espère que le roman et le film pousseront chacun d'entre nous à agir et à ne pas hésiter à donner un coup de main à ceux qui en ont besoin autour de nous. 

"Parfois, il suffit de pas grand-chose pour faire un geste décisif", ajoute-t-elle. "Ce qu'il y a de formidable dans ces actes en apparence dérisoires, c'est qu'on ne peut jamais savoir si, peut-être, on contribue à sauver la vie de quelqu'un". Elle remarque que le mot-clé dans le nom de son mouvement est "Choose" [Choisir, NdT]. Une notion que Stephen Chbosky, ses techniciens et ses acteurs ont, selon elle, mise en avant dans le film. 

"La bienveillance ne se décrète pas vraiment", conclut-elle. "Ce qu'on peut faire en revanche, c'est encourager les gens à adopter le point de vue des autres.

  
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