Aventure/Action/Un bon moment d'évasion
Réalisé par David Yates
Avec Alexander Skarsgård, Margot Robbie, Christoph Waltz, Samuel L. Jackson, Djimon Hounsou, Ella Purnell, Jim Broadbent, Casper Crump...
Long-métrage Américain
Titre original : The Legend of Tarzan
Durée: 01h50mn
Année de production: 2016
Distributeur: Warner Bros. France
Date de sortie sur les écrans américains : 1er juillet 2016
Date de sortie sur nos écrans : 6 juillet 2016
Résumé : Après avoir grandi dans la jungle africaine, Tarzan a renoué avec ses origines aristocratiques, répondant désormais au nom de John Clayton, Lord Greystoke. Il mène une vie paisible auprès de son épouse Jane jusqu'au jour où il est convié au Congo en tant qu'émissaire du Commerce. Mais il est loin de se douter du piège qui l'attend. Car le redoutable belge Leon Rom est bien décidé à l'utiliser pour assouvir sa soif de vengeance et sa cupidité…
Réalisé par David Yates
Avec Alexander Skarsgård, Margot Robbie, Christoph Waltz, Samuel L. Jackson, Djimon Hounsou, Ella Purnell, Jim Broadbent, Casper Crump...
Long-métrage Américain
Titre original : The Legend of Tarzan
Durée: 01h50mn
Année de production: 2016
Distributeur: Warner Bros. France
Date de sortie sur les écrans américains : 1er juillet 2016
Date de sortie sur nos écrans : 6 juillet 2016
Bande annonce (VOSTFR)
Ce que j'en ai pensé : Je dois avouer qu'au départ, je n'étais pas hyper enthousiaste à l'idée d'un nouveau film sur Tarzan. Finalement, cette version se révèle être une bonne surprise. Tout d'abord, c'est un vrai film d'aventure en parfait accord avec son personnage principal. Ensuite, le scénario adopte une thématique de fond dramatique aussi inattendue qu'intéressante. Le réalisateur, David Yates, nous offre de magnifiques images de paysages africains - mises superbement en valeur par la 3D - qui nous font voyager. L'humour et les références aux idées préconçues sur l'histoire de Tarzan ne sont pas oubliés, cela m'a beaucoup plu. Enfin, le casting est impeccable. Toutes ses raisons font que j'ai passé un très bon moment en regardant ce film.
Je suis moins positive sur la seconde partie de ce long-métrage en ce qui concerne le scénario. Il rejoint des chemins trop empruntés dans ce genre d'histoire et perd donc en originalité. De plus, la fin donne la sensation d'être emballée un peu vite. Cependant, le plaisir de voir un film d'aventure prenant reste entier.
Dans le rôle de John Clayton, Lord Greystoke/Tarzan, Alexander Skarsgård réussit à être aussi convaincant lorsqu'il fait ressortir son instinct animal que lorsqu'il interprète le Lord gentleman.
Margot Robbie assure dans le rôle de Jane, une femme amoureuse qui n'a pas froid aux yeux. Elle offre un parfait équilibre à son interprétation, permettant à son héroïne d'être à la fois touchante et charmante.
Christoph Waltz sait, comme toujours, rendre parfaitement détestable son personnage. Le Capitaine Rom est un homme froid qui ne laisse planer aucun doute sur ses minables intentions.
BANDE ORIGINALE
La bande-originale de TARZAN, éditée par WaterTower Music, comprend la chanson originale "Better Love", spécialement écrite pour le film par l'auteur et interprète Hozier (alias Andrew Hozier-Byrne), cité au Grammy et plusieurs fois disque de platine : le single sera également disponible chez Columbia Records avec le clip correspondant. C'est la première fois que le musicien d'origine irlandaise compose une chanson spécialement pour un long métrage. La B.O. réunit également la partition signée Rupert Gregson-Williams.
La bande-originale de TARZAN est disponible sur iTunes.
"Better Love" est aussi disponible sur http://smarturl.it/BetterLove; sur Apple Music http://po.st/BetterLove26; Spotify http://po.st/BetterLoveSpotify; Amazon http://smarturl.it/BetterLoveAmz; et sur Google Play http://smarturl.it/BetterLoveGP.
Le clip - Hozier - Better Love (From The Legend of Tarzan - Single Version)
Alors que Hozier était à Los Angeles pour un repos bien mérité après avoir participé à la promotion de son single "Cherry Wine" – et effectué une tournée mondiale de deux ans à guichets fermés avec son premier album, "Hozier" – , on lui a proposé d'assister à la projection de TARZAN dans le but d'écrire une chanson pour le film. "J'étais très heureux de relever le défi de composer une chanson pour ce projet", confie-t-il. "Après avoir visionné un premier montage, j'ai été frappé par le thème de l'endurance – et de l'endurance de l'amour dans un environnement des plus hostiles. Je voulais que la chanson évoque les mots doux qu'on dit à l'être aimé pour le rassurer – des mots qu'on prononce dans les moments de souffrance ou de doute".
Après la projection, Hozier s'est attelé au travail et une simple mélodie jouée au piano est devenue une chanson enregistrée aux studios d'Abbey Road de Londres accompagnée d'un orchestre. Résultat : la formidable chanson "Better Love", écrite et interprétée par Hozier, et produite par Hozier et Rob Kirwan.
La partition de Gregson-Williams met en valeur les scènes d'action, la beauté et les dangers de la jungle, et les difficultés liées à la survie dans un tel environnement. "Il était essentiel qu'on ressente l'attirance émotionnelle de Tarzan pour l'Afrique", signale le musicien. "Tarzan se caractérise à la fois par le courage et la sensibilité, et j'ai aussi composé un thème d'amour pour Tarzan et Jane. Il leur permet de rester liés l'un à l'autre à travers la jungle".
NOTES DE PRODUCTION
(A ne lire qu'après avoir vu le film pour éviter les spoilers !)
L'HOMME CONTRE LA NATURE
Le gentleman convoqué au
10 Downing Street par le Premier ministre anglais n’est autre que John Clayton
III, cinquième comte de Greystoke, et membre de la Chambre des Lords. Mais à
l'autre bout du monde, à une époque qui semble révolue, il était connu sous un
nom devenu légendaire : Tarzan. Après avoir signé les quatre derniers films de
la saga HARRY POTTER, David Yates espérait trouver un projet "d'envergure,
ponctué de scènes d'action spectaculaires".
Il ajoute : "C'est
alors que j'ai reçu ce scénario qui m'a immédiatement accroché : il abordait
une figure mythique sous un angle très original". "J'ai été
complètement bluffé par le scénario", acquiesce Alexander Skarsgård, qui
tient le rôle-titre. "S'il ménage des tas de rebondissements comme on les
aime, les personnages, magnifiquement campés, y ont de la densité et leurs
rapports sont passionnants. J'adore les grosses productions qui font preuve
d'humour, dans lesquels on s'attache aux personnages et à leurs
péripéties".
Le producteur David
Barron observe que le film explore le personnage bien au-delà du mythe
populaire. "Tarzan est l'un des tout premiers super-héros. Mais ce film va
surprendre toux ceux qui pensent connaître cette histoire. L'homme a grandi
dans la jungle, où il a été élevé par des singes, et il possède donc une force
et des sens d'une acuité remarquables".
Dans cette toute nouvelle
aventure, Tarzan est confronté à un ennemi redoutable qui menace de détruire
son univers et ses êtres chers. Mais après avoir passé plusieurs années au sein
de la bonne société britannique, il se retrouve aussi face à un terrible danger
en retournant en Afrique, où des adversaires ancestraux l'attendent de pied
ferme. Au début du film, "le roi Léopold II de Belgique invite John à
revenir au Congo, sous prétexte de constater tous les projets bénéfiques à la
région que le souverain a mis en œuvre, même si ce geste de bonté n'est en fait
qu'un leurre et un piège", explique Yates. "En réalité, il est incité
à s'y rendre par l’émissaire du roi, Léon Rom, qui est un traître et compte
capturer Tarzan et le livrer à un vieil ennemi en échange de diamants".
"John a grandi parmi
les primates mais cela fait presque dix ans qu’il a quitté leur univers, et il
hésite donc à y retourner", intervient Skarsgård. "Au Congo, il a
toujours des ennemis et on sent qu'il a un lourd passé. Je trouve surtout
intéressant de voir qu’il redoute l’homme qu’il était, si bien que son retour
aux sources est une perspective qui l'effraie". La situation devient
encore plus risquée quand son épouse adorée, Jane, insiste pour l’accompagner
en Afrique, où elle se sent chez elle. Et à son corps défendant, John cède.
Margot Robbie, qui campe Jane, a apprécié le regard moderne du film sur ce
couple. "L’histoire se déroule au XIXe siècle mais elle est très actuelle
car elle aborde des thèmes universels et qu'elle raconte aussi, et surtout, une
merveilleuse histoire d’amour", dit-elle. "Ce qui m'a séduite, c'est
qu’on ne reparte pas de l’histoire originelle, autour de la rencontre entre
Tarzan et Jane dans la jungle. Leur relation est plus riche à l'époque où se
déroule le film". Le scénario de TARZAN a été écrit par Adam Cozad et
Craig Brewer, qui se sont inspirés de leur propre récit.
"Ce qui me tenait à
cœur ainsi qu’à David Yates, c'est la grande histoire d’amour entre John, alias
Tarzan, et Jane", révèle Cozad. "J’ai adoré les livres [de
Burroughs]", se souvient Brewer, "et je trouvais donc primordial de
mettre en scène certains personnages et certaines situations qui se trouvent
dans ses ouvrages, à commencer par Tarzan et Jane, bien sûr. Mais nous voulions
ancrer l’histoire dans un contexte historique lié à la colonisation du Congo
par le roi Léopold II. C’était donc intéressant de leur faire rencontrer des
personnages ayant existé à cette époque et s’étant rendus sur place". Bien
que Tarzan et Jane soient fictifs, ils côtoient deux personnages librement
inspirés de la réalité : George Washington Williams, courageux soldat conscient
des questions humanitaires de l'époque, incarné par Samuel L. Jackson ; et
l’ennemi principal, Léon Rom, campé par Christoph Waltz. "L’histoire se
déroule dans le Congo de l’époque, ce que j’ai trouvé captivant", signale
le réalisateur. "Les thèmes abordés m’ont aussi intrigué, sans parler de
ce personnage en perpétuelle quête d’identité qui cherche à trouver sa place
dans le monde. Et surtout, quand j’ai découvert le scénario, j’ai senti que
j’avais déniché un projet réellement palpitant et humain".
"Le tournage de ce
film a été une sacrée aventure, mais David Yates nous a menés à bon port",
commente Alan Riche, producteur aux côtés de son associé Tony Ludwig.
"C'est grâce aux nombreux talents de David, conjugués à ceux de nos
acteurs et techniciens, que ce grand spectacle cinématographique a pu se
faire". "David s’est servi de son expérience sur les films d’HARRY
POTTER pour TARZAN", explique David Barron, qui a déjà collaboré avec
Yates sur les quatre derniers films de la saga. "Les projets dont le casting
et les décors sont aussi spectaculaires que les cascades lui réussissent et il
maîtrise les effets visuels élaborés. C’est exactement ce qu’il faut sur un tel
film. C’est aussi le type le plus adorable au monde – il a du goût et une
grande intégrité – même si ce côté avenant cache un caractère bien trempé. Il a
un vrai point de vue et il sait précisément ce qu’il veut et qu'il ne veut pas.
Il écoute attentivement les autres et il est toujours disposé à suivre un
conseil… quand il est bon".
"David avait une
idée très précise en tête mais il s’est montré réceptif à mes suggestions, si
bien que c’était extrêmement gratifiant d’avoir l’impression d’être
écouté", indique Christoph Waltz. "Il a eu la lourde tâche de
transformer l’écheveau de cette production en une œuvre puissante, et j’ai donc
voulu faire tout mon possible pour l’aider. C’est le type le plus doux qu’on
puisse imaginer. Du coup, il obtient tout ce qu'il veut". "Dans ce
film, il est surtout question des relations, pas seulement entre nos personnages
mais aussi de leurs rapports à la terre, aux tribus, aux animaux et à tout ce
qui les entoure", ajoute Samuel L. Jackson.
"David y a été très
attentif, de façon à ce que les spectateurs puissent se reconnaître aussi bien
dans les rapports humains et leur impact émotionnel que dans l’aventure qui se
déroule à l'écran". "David est un visionnaire incroyable et
travailler avec lui restera un souvenir merveilleux", déclare Margot
Robbie. "L’ambiance sur un tournage dépend du réalisateur et c’était un plaisir
d’être sur notre plateau. Tout ça, c'était vraiment grâce à David qui est d’une
grande douceur". Le producteur Jerry Weintraub, disparu en juillet 2015, a
lui aussi joué un rôle-clé sur ce tournage : l'homme a marqué tous ceux qui ont
eu l'occasion de collaborer avec lui. Les acteurs et les producteurs
considèrent qu’ils ont eu de la chance de pouvoir travailler avec l’un des 6
géants du cinéma.
"J’ai été
particulièrement emballé par ce projet en apprenant que Jerry Weintraub le
produisait", confirme Skarsgård. "C’était un producteur remarquable
doublé d’une personnalité fantastique. C’était tout simplement quelqu’un
d’adorable". "Jerry savait se montrer gentil mais dur, perspicace,
drôle – en somme, un vrai pro", analyse le réalisateur. "Il faisait
entièrement confiance aux gens avec lesquels il choisissait de travailler, ce
qui ne manquait pas de leur donner des ailes. C’était un ardent défenseur de
TARZAN, projet qu’il portait depuis déjà quelques années. Ça a été un privilège
pour nous tous de mener à bien un film dans lequel il s'était autant investi.
Il nous manque terriblement". "L’expression 'figure imposante' est
souvent utilisée mais dans le cas de Jerry Weintraub, elle lui correspond
parfaitement", déclare Barron.
"C’était quelqu’un
d’exceptionnel : passionné, clair et précis, attentionné, érudit et drôle. Il
était toujours d’un grand enthousiasme, surtout pour TARZAN, et je sais qu’il
aurait été fier du résultat. J’ai apprécié notre collaboration achevée
prématurément et je regrette qu'on ne puisse renouveler l'expérience".
Le
film a réuni Yates, Barron et plusieurs de leurs collaborateurs de la saga
HARRY POTTER, comme le chef décorateur Stuart Craig, le chef monteur Mark Day
et le superviseur des effets visuels Tim Burke. L’équipe artistique comprend
également le directeur de la photographie Henry Braham, la chef costumière Ruth
Myers et le compositeur Rupert GregsonWilliams. C'est grâce à leurs talents,
leur expérience et leur esprit d'équipe que le film a pu être finalisé. Ce
TARZAN inédit est le résultat d’une fusion extraordinaire entre, d'une part,
des décors naturels d’exception, des prises de vue aériennes innovantes et des
effets visuels de pointe et, d'autre part, un tournage quasi intégralement
circonscrit aux studios de Leavesden, en Angleterre. Et même si les personnages
ont des scènes avec plusieurs espèces animales d’Afrique, aucun animal vivant
n’a été utilisé sur le tournage.
La totalité des bêtes – des gorilles aux lions
et aux éléphants – sont des créations numériques d’un réalisme époustouflant,
mises au point grâce à une technologie de pointe. Pendant la préparation, Josh
Ponte, qui a consacré ces quinze dernières années à tenter de préserver les
ressources naturelles et la faune du Gabon, a réussi à se procurer un
hélicoptère de l’armée pour faire découvrir à David Yates les splendeurs du
pays, des forêts luxuriantes aux falaises, rivières et cascades. Pendant quatre
jours, le réalisateur a pu admirer la beauté du paysage qui se déroulait à ses
pieds et a compris qu’il avait trouvé son décor. Ces paysages reculés – au
final filmés en six semaines après le tournage en studio – ont fourni aux
décors de Stuart Craig, dans lesquels ils ont été intégrés, toute la richesse
et la diversité géographique des arrière-plans. Après avoir servi de guide
pendant la première phase de repérage au Gabon, Ponte a poursuivi sa
collaboration en tant que conseiller technique "Afrique" sur le
tournage, devenant indispensable à l'ensemble des équipes. "C'était
formidable d’avoir Josh à nos côtés", confirme Barron.
"Il a passé
énormément de temps en Afrique, notamment au Gabon, et il en sait vraiment
beaucoup sur le contexte historique de notre récit, sur la culture des
habitants et les animaux". "TARZAN nous entraîne dans une aventure
aux confins de l’Afrique, dont l'exotisme et la beauté majestueuse soutiennent
la comparaison avec n'importe quelle région du monde", poursuit le
réalisateur. "On a voulu faire un film palpitant tout en abordant les
thèmes de la famille, de la communauté et de la préservation de la nature. Il
rend hommage à ces paysages grandioses, à la dignité et à l'élégance des
habitants et à ces animaux merveilleux. Les différentes facettes de l’histoire
devraient en faire une expérience d’autant plus riche et exaltante pour le spectateur".
LE CASTING
Au début du film,
"John a renoncé à l'époque où il se faisait appeler Tarzan et a endossé
son statut de Lord Greystoke, avec sa femme Jane à ses côtés" propose
Yates. Pourtant, bien qu’il ait déjà vécu plusieurs années dans la société victorienne,
"John ne se sent toujours pas à sa place en Angleterre", fait
remarquer Skarsgård. "Pendant tout ce
temps, il a réussi à étouffer une partie de sa personnalité et, pour bien
cerner le personnage, c’était important à comprendre. La dichotomie entre
l’homme et la bête m’a toujours fasciné et, quand on accepte un personnage
comme celui de John, cette dichotomie est vraiment extrême. On le découvre
d’abord en lord anglais tiré à quatre épingles puis, petit à petit, il se
débarrasse du vernis de la bonne société pour redevenir Tarzan. C'était
formidable d'interpréter une telle métamorphose !"
Le réalisateur raconte
que Skarsgård correspondait parfaitement au rôle pour plusieurs raisons :
"Il avait tout ce qu’il fallait, à commencer par le fait qu'il est
vraiment talentueux. Bien sûr, il possédait la stature et les qualités idéales
pour incarner Tarzan mais il a aussi été capable de puiser en lui pour saisir
sa fragilité et sa vulnérabilité. Grâce à ce mélange, il s'en est tiré à
merveille, d'autant plus que notre Tarzan est en fait un être assez complexe,
qui a plusieurs facettes. Alex a su exprimer toutes ces nuances". Le choix
d'Alexander Skarsgård et Margot Robbie reposait sur une qualité essentielle :
l’alchimie entre les deux acteurs. "Il était crucial de ressentir
immédiatement l’amour que se portent John et Jane", affirme Yates,
"parce qu’ils sont séparés presque dès leur arrivée en Afrique. Même s’ils
sont loin l’un de l’autre pendant assez longtemps, le public doit croire que le
lien qui les unit est indestructible."
"Je trouve que leur
histoire d’amour pousse le spectateur à s’attacher à eux et à se demander ce
qui va leur arriver", précise l’actrice principale, "parce qu’en fin
de compte, on veut qu’ils se retrouvent. Je raffole des belles histoires
d’amour et le simple fait de savoir que Tarzan est prêt à tout pour retrouver
Jane à de quoi donner des vapeurs, surtout quand il s’agit d'Alexander
Skarsgård", dit-elle en souriant. "Il possède une forte présence et
s’est énormément investi dans son rôle. Mais au-delà de ça, c’est tout
simplement le type le plus gentil qui soit et c’est un bonheur de travailler
avec lui". C’est un sentiment réciproque.
"Margot est
absolument adorable et débordante de vie", répond Skarsgård. "On
s'est éclatés tous les deux. C’est aussi une Australienne au caractère bien
trempé et on sent qu’elle s’en est servi pour interpréter le personnage de
Jane". Le réalisateur indique que la force de caractère naturelle de
Margot Robbie est l’une des raisons qui l’ont incité à l'engager : "Jane
doit avoir un tempérament de feu et être passionnée. Ce n’est pas une pauvre
petite chose fragile attendant d’être sauvée : elle sait se défendre toute
seule. Margot est non seulement une merveilleuse comédienne mais elle a aussi
du cran et j’adore ça. Elle fait de Jane une femme étonnante et moderne".
L’actrice affirme que
cette approche correspond à sa propre conception du personnage : "Je n’ai
jamais voulu jouer la pauvre femme fragile, car Jane n’est pas comme ça. David
[Yates] et moi étions tous les deux du même avis : elle devait être perçue
comme une femme de caractère et impétueuse, et ça m’a beaucoup plu. Elle est
capable de se défendre, ce qui nourrit aussi une formidable dynamique entre
elle et le personnage de Christoph Waltz, le salaud absolu de l’histoire. Entre
eux, il s’agit surtout d’une joute psychologique, ce qui est intéressant car,
au moment où de vraies batailles se jouent, eux s'affrontent
intellectuellement".
Waltz campe Léon Rom,
émissaire de la Couronne belge qui passe un marché diabolique : la vie de
Tarzan en échange de diamants valant une fortune et permettant de remplir les
coffres vides du roi Léopold II. Rom prépare son guet-apens en proposant à Lord
Greystoke de retourner au Congo. Or, il n’avait pas prévu qu'il allait capturer
Jane. Toutefois, après coup, il se rend compte qu'elle représente un précieux
pion sur son échiquier mortel… ou plutôt, un appât pour son piège. "Rom
est un personnage terrifiant et c’est assez intimidant pour Jane de l’affronter",
reconnaît l’actrice. "Et je dois dire que la perspective de donner la
réplique à Christoph a été elle aussi très intimidante au début. Je suis restée
sur le qui-vive, ce qui a donné lieu à des situations très drôles".
"Margot est l’une des personnes les plus adorables au monde et c’est tout
simplement un bonheur de travailler avec elle", souligne Waltz.
Bien qu'il s'agisse d'un
personnage fictif, Léon Rom s'inspire en partie d'une personne qui a réellement
vécu à cette époque. "Cela ancre le film dans la réalité historique et on
ne s’y attend pas pour un film d’aventure de cette ampleur", note Waltz.
"Et ici, c’est plutôt fait avec élégance". "On a énormément
travaillé avec Christoph pour mettre au point son personnage et il y a beaucoup
contribué, ce dont nous lui sommes reconnaissants", se souvient Yates.
"Son instinct lui a servi pour son personnage et bien plus encore : il
s’investit toujours dans l’histoire et son contexte, ce qui fait de lui un
partenaire à part entière. On a eu des conversations particulièrement profondes
et, dans la foulée, on a découvert un Rom qui nous a tous les deux
intrigués".
Barron partage cet avis :
"Dès que Christoph apparaît à l’écran, on est hypnotisé. Rom est sans
pitié, c’est flagrant, mais il insuffle de l’humour au rôle de façon
surprenante. Christoph est un homme d’une très grande intelligence et
gentillesse, sans oublier qu’il a totalement l’esprit d’équipe. Que demander de
plus ?" Rom n’est pas le seul à souhaiter le retour de Tarzan en Afrique.
Lorsque John Clayton refuse l’invitation du roi Léopold II, un Américain
répondant au nom de George Washington Williams l’incite à accepter, même si ses
motivations sont différentes de celles de Rom. Samuel L. Jackson joue un
personnage librement inspiré d’un homme ayant vécu à cette époque. "George
a besoin que Tarzan se rende au Congo pour qu’il puisse l’y accompagner",
note l’acteur. "Il cherche à rassembler des preuves pour étayer ses
présomptions : contrairement aux discours officiels, l’esclavagisme y règne bel
et bien".
Il faut noter que Jackson
a récemment découvert que ses ancêtres avaient des racines au Gabon.
"Cette révélation m’a fourni une matière émotionnelle et, sur un plan
artistique, elle m’a permis de cerner mon personnage", assure-t-il.
"George Washington Williams a en réalité été l’un des premiers
Afro-américains à se rendre au Congo après que le roi Léopold II a revendiqué
ce pays comme territoire belge. Il est heureusement né [au milieu du XIXe
siècle], sans quoi il aurait très bien pu être capturé et réduit en esclavage.
Dans le film, c’est un phénomène qui le touche personnellement et cela m’a
permis de le comprendre intimement".
Sur le plan physique,
George, qui n’a pas la moindre idée de ce qui l’attend, n’est pas du tout
préparé aux exigences d’une aventure dans la jungle aux côtés de Tarzan. C'est
à la fois source de tension et de légèreté. "Il ne connaît pas du tout le
terrain, et John le prévient donc qu'il ne pourra pas suivre le rythme",
précise Skarsgård. "Mais George est pourtant toujours là, à quelques
mètres derrière lui … tâchant de reprendre son souffle", lance-t-il en
riant. "Avec le temps, ils commencent à se connaître et à
s'apprécier", intervient le réalisateur.
"J’ai toujours voulu que ce
soit Sam qui tienne le rôle de George, car, pour moi, c’est l’un des meilleurs
acteurs au monde. Un point c’est tout. Il a apporté au personnage de
l’assurance, de la dignité, de l'autorité, mais aussi de l’humour". Léon
Rom a passé un marché avec un vieil ennemi de Tarzan : Mbonga, chef de la tribu
Mbolonga qui règne sur la région d’Opar, dont le sous-sol est riche en
minerais, et notamment en diamants. Choisi pour le rôle, Djimon Hounsou
souligne que, "Mbonga sait que son pays regorge de richesses mais il ne
comprend sans doute pas que si elles tombent entre de mauvaises mains, la
situation peut prendre un tour terrible. C’est un personnage puissant mais, sur
le plan émotionnel, il porte les stigmates d’un traumatisme passé qui concerne
Tarzan. Au bout de tant d'années, il a laissé sa colère grandir et même le
dominer. Il passe un marché avec Léon Rom pour attirer Tarzan en Afrique mais
il est aveuglé par sa soif de vengeance et ne se rend pas compte pas qu’il
conclut un pacte avec le diable".
D’origine africaine,
Hounsou poursuit sa réflexion : "J’ai toujours admiré la beauté de
l’Afrique. Malheureusement c’est un continent qui était sans 'porte-parole' et
c’est encore le cas à bien des égards. Du coup, bien que ce soit une fiction,
certains thèmes de l’histoire sont encore d’actualité". "Djimon est
magnifique", déclare le réalisateur. "Je tenais vraiment à ce qu’il
incarne Mbonga et j’ai été heureux qu’il accepte. J’avais besoin d’un acteur
qui réunisse densité, élégance et force, et qui possède une grande sensibilité.
Djimon était l'homme de la situation". À leur arrivée en Afrique, John et
Jane retrouvent leur famille d’adoption, la tribu des Kuba qui accueille leur
retour dans la joie et la musique. Les chants, comme l'essentiel des dialogues
des membres de la tribu – et des deux acteurs principaux –, sont en lingala
[langue bantoue principalement parlée au Congo, NdT].
"Parler lingala est
de loin ce qui s’est avéré le plus difficile pour moi", révèle Margot
Robbie. "Dans une scène, Jane a un long dialogue en lingala et il y avait
une réplique en particulier que je n’arrivais pas à prononcer. Après quelques
tentatives, ça en est même devenu drôle et tout le monde rigolait, ce qui
n’arrangeait rien. C’était hilarant". "Je ne sais pas si le lingala
était parlé par les vrais Kuba dans les années 1890. J’imagine qu’ils avaient
leur propre dialecte", analyse Ponte. "Mais il y a environ 50 langues
différentes dans cette région, si bien qu'il fallait en choisir une et ça a été
le lingala. On a fait appel à un spécialiste de ce dialecte pour entraîner les
acteurs".
Expert en histoire
africaine du XIXe siècle, Ponte a animé des ateliers pour les acteurs et les
figurants d'origine anglaise. Il a également participé à l’arrangement de
certains chants entendus dans le village en se servant de ses connaissances et
de son expérience. Mais il a compris qu'on n'a pas besoin de tout expliquer...
"J’ai commencé à leur jouer un chant fait d’appels et de réponses que
j’avais enregistré et ils l’ont immédiatement assimilé. J’ai dit à David
[Yates], 'Tu dois simplement les laisser faire'. Au Gabon, ont dit que 'les
esprits sont au rendez-vous'. Les esprits étaient bien au rendez-vous".
"Dans ce film, on a
voulu souligner l’importance de la communauté", commente Yates, "et
c’est une dimension particulièrement forte chez les Kuba. Du coup, on a passé
énormément de temps à réunir les membres de notre tribu. Grâce aux acteurs,
l'atmosphère était très chaleureuse. Leur énergie était palpable. Dès qu’on
pénétrait dans le village reconstitué en studio, on était immédiatement
transporté ailleurs".
LE RÈGNE ANIMAL
Les humains ne sont pas
les seuls concernés par ces retrouvailles. TARZAN met en scène tout un éventail
de magnifiques créatures. Cependant, aucun animal vivant n’a été utilisé pour
le tournage. "On n’aurait jamais utilisé de vrais animaux, car c’est très
compliqué de faire faire à des animaux sauvages, comme des fauves, des
éléphants ou des grands singes, ce que vous voulez qu’ils fassent, tout en les
traitant comme ils devraient l’être", insiste David Barron.
"Et grâce aux
avancées technologiques actuelles, ce n’est pas nécessaire. Les créatures
infographiques font exactement ce que vous voulez, au moment où vous le
souhaitez, ce qui est génial". Le superviseur des effets visuels Tim Burke
a collaboré avec plusieurs sociétés d’effets visuels, notamment Framestore CFC,
MPC et Rodeo FX, pour créer toute une ménagerie avec un réalisme saisissant.
Pour chaque animal, l'ensemble des équipes a commencé par visionner des
documentaires en étudiant le comportement des différentes espèces dans leur
habitat naturel. Certains se sont même rendus dans des zoos pour les observer
de près, remarquant que les comportements diffèrent en captivité et en liberté.
À partir de ces travaux de recherche, les infographistes ont fidèlement recréé
la faune que l’on aperçoit dans le film : gorilles, lions, éléphants, gazelles,
zèbres, hippopotames, autruches, gnous et crocodiles. La diversité des espèces
a rendu la tâche plus ardue pour les équipes d’effets visuels.
"Des techniques ont
été mises au point pour créer la fourrure, les plumes et la peau, mais cela
devient très compliqué quand il faut gérer un projet de cette ampleur, ne
serait-ce que pour être capable de restituer la quantité impressionnante
d’éléments présents dans un tel nombre de plans", explique Burke.
"Ce
n’est que depuis ces dernières années qu’on s’aventure à entreprendre un projet
de cette envergure en sachant qu'il est réalisable. Les limites sont sans cesse
repoussées si bien qu'il faut suivre le mouvement". La barre a été mise encore
plus haut lorsque les animaux sont en contact direct avec Tarzan, qu’il frotte
son nez contre le cou d’une lionne, qu’il admire la noblesse de port des
éléphants ou qu’il retrouve les gorilles Mangani, qu’il considérait autrefois
comme les siens. "Ce que j’adore chez Tarzan, c'est qu'il puisse
communiquer avec les animaux", avance Yates. "Je crois que c’est l’un
des aspects les plus magiques du film".
Dans ces séquences, un
cascadeur en combinaison grise a servi de doublure à l’animal pour permettre à
Skarsgård et à l’équipe d’effets visuels d’avoir des points de repère dans
l’espace. Il s'agit notamment du combat entre Tarzan et son frère gorille,
Akut. "On a mis au point une imposante combinaison rembourrée ainsi qu’un
casque transparent qui donnait au cascadeur les dimensions générales
d’Akut", raconte Burke. "C’était très important qu'Alex ait un
partenaire face à lui, d'une taille et d'une silhouette comparables à celles
d'Akut, pour qu'il puisse réagir à ses gestes. Sinon, on aurait eu toutes sortes
de problèmes par la suite : Alex risquait de passer ses bras à travers le corps
d’Akut ou bien certaines parties de leurs corps pouvaient se superposer alors
qu'elles n'étaient pas censées le faire. On ne s’est pas servi de la motion
capture : ce camouflage servait seulement de repère aux acteurs et aux
infographistes et ça les a beaucoup aidés".
En tant que points de
repères, il était non seulement important que les cascadeurs fassent à peu près
la taille des gorilles mais aussi qu’ils reproduisent leurs mouvements. Sous la
direction du chef cascadeur Buster Reeves, l’équipe de cascadeurs a donc fini
par collaborer avec le chorégraphe Wayne McGregor. "Ils ne devaient pas se
mouvoir exactement comme des gorilles", clarifie McGregor, "mais ils
devaient incarner un gorille dans son identité même. Cette discipline les
obligeait à ne plus réfléchir comme des humains. On a donc organisé plusieurs
ateliers pour mieux en comprendre les enjeux : Comment se tenir sachant que
vous ne faites pas du tout la même taille ? Comment faire pour se déplacer
d'abord à quatre pattes puis comme un bipède ? Comment cette évolution
affecte-t-elle les mouvements de votre tête, de vos épaules, de vos bras et de
vos jambes ? Que signifient tous ces différents gestes ?"
"Wayne et moi avons
vraiment travaillé en étroite collaboration pour tirer le meilleur parti de
l’action", ajoute Reeves. "Le plus dur pour mes gars a été de ne pas
suivre leur penchant naturel à jouer comme des humains, surtout dans une scène
de combat où on a tendance à se déplacer comme un homme. S'obliger à
fonctionner comme des animaux a été le plus grand défi". Cependant,
Skarsgård a eu une tâche encore plus ardue : gérer le fossé qui s’amenuise sans
cesse entre ses deux identités, John Clayton et Tarzan. "Une bonne part du
travail a consisté à résoudre cette ambivalence", atteste l’acteur,
"en partant de ce lord anglais tiré à quatre épingles, puis en laissant
lentement sa part animale prendre le dessus. David, Wayne et moi avons beaucoup
parlé de cette transition. Au début du film, quand il est à Londres, son
attitude est un peu étrange et, au cours de son périple, sa posture et sa
gestuelle évoluent".
"Wayne a suggéré une
idée très originale pour exploiter le physique de Tarzan", reprend Yates.
"Il n’arrêtait pas de faire des propositions surprenantes pour Alex qui
ont énormément contribué à la conception du personnage". Pour se préparer
au rôle, Skarsgård s’est lancé dans un entraînement intensif spécialement
calibré pour son personnage, comme l'explique le coach Magnus Lydgback.
"On a commencé avec de la musculation et de la cardio et on avait une
salle de sport sur le plateau. Mais si on joue un personnage comme Tarzan, qui
doit être assez émacié et se déplacer dans la jungle comme une panthère, on ne
peut pas passer son temps à faire de la gym. On a donc alterné avec de la
natation, de la course, de la boxe et différents types d’arts martiaux".
Le réalisateur s'est dit
impressionné par l'investissement personnel de son acteur vedette. "Alex
ne s’arrêtait jamais. Il faisait de la musculation pendant deux heures le matin
puis il remettait ça en fin de journée. Il a tout fait pour camper Tarzan à la
perfection. Et à mes yeux, il y est parvenu". Bien entendu, Tarzan a une
manière de se déplacer dans la jungle qui défie la pesanteur. "On ne peut
pas imaginer un film sur Tarzan sans qu'on voie celui-ci sauter d’une liane à
une autre mais on voulait rendre ces cascades encore plus spectaculaires",
précise le réalisateur. Burke souligne que la seule manière d’atteindre la distance,
la vitesse et la fluidité de déplacement voulues était de recourir au
numérique. "Pour les scènes où Tarzan se balance d'un arbre à l'autre et
saute d’une falaise, on a décidé de créer un personnage entièrement numérique
pour nous donner assez de liberté de mouvement". Un trapéziste du Cirque
du Soleil a servi de modèle aux infographistes, illustrant la silhouette et les
mouvements appropriés. Toutefois, le visage de ce double numérique est bien
celui de Skarsgård.
"Pour ce projet, on
a mis au point une méthode intéressante de filmer son visage", analyse
Burke. "On a construit une large plate-forme circulaire montée de 16
caméras avec capteurs RED DRAGON pour filmer en temps réel les expressions du
visage d’Alex pendant qu’il joue. À partir de là, on a pu générer en temps réel
une image géométrique de son visage, une mise à plat de ses traits convertis en
surfaces illuminées, que l’on a ensuite intégrées à ce personnage numérique.
Grâce à cette méthode, c'est bien son interprétation et ses expressions de
visage qu'on a pu saisir, puis on les a éclairées différemment pour
correspondre à chaque scène. Du coup, même si le corps est généré en
infographie, on voit vraiment le visage d’Alex".
L’AFRIQUE EN ANGLETERRE
Dans une plus large
mesure, la production s'est avérée innovante en utilisant de petites caméras
RED DRAGON à capteurs de résolution 6K pour filmer les fabuleux paysages du
Gabon, qui allaient servir de décor principal à l'histoire. Plusieurs mois
avant le début du tournage, Josh Ponte est parvenu à emprunter l'hélicoptère du
Président de la République gabonaise pour emmener Yates en vol de
reconnaissance pour les repérages. "David était comme un enfant dans un
magasin de bonbons, le nez écrasé contre le hublot de l’hélicoptère", se
rappelle Ponte. "Il découvrait des lieux qu'il n’avait fait qu’imaginer.
On a tous une idée plus ou moins précise de l'univers de Tarzan mais tout à
coup, elle se concrétisait".
Néanmoins, il aurait été
infaisable au niveau logistique – et dommageable pour l'environnement –
d'envoyer une équipe de tournage au grand complet au beau milieu de la nature
sauvage et des fauves du Gabon pour tourner l’essentiel du film. Par
conséquent, les producteurs ont eu l'idée de saisir la beauté du pays depuis
les airs. Ils ont fait fabriquer un dispositif à six caméras, arrimé à un
portant construit par Shotover, société spécialisée dans les systèmes de prises
de vue aériennes pour le cinéma. Le portant, constitué de deux rangées de trois
caméras, a ensuite été monté sur le nez de l’hélicoptère, permettant au
directeur de la photographie Henry Braham de filmer en détail les différents
types de paysage du Gabon.
"Ça m'a complètement
changé la vie de filmer moi-même ces sites, car je savais exactement quelle
lumière et quel paysage il me fallait pour chaque scène et je pouvais tourner
les arrière-plans pour qu'ils coïncident parfaitement, ce qui est un sacré défi
dans un environnement tropical en constante évolution", reconnaît Braham.
"On a aussi filmé des paysage supplémentaires pour donner au film une
dimension visuelle d’une plus grande envergure". Pour certaines scènes,
comme la descente d'une rivière ou l'exploration de la jungle, l'équipe a
utilisé une technique particulière, dite "de la pêche à la ligne qui
consiste en un portant suspendu à un câble de 15 mètres de long, permettant aux
caméras de filmer des endroits inaccessibles depuis le sol. Les six semaines de
tournage en décors naturels ont fourni à Burke et son équipe d'effets visuels
des arrière-plans vierges [sans acteurs, NdT] qui se superposaient et qui,
réunis, ont permis de composer une image en mouvement plus large.
"Grâce à ces six
caméras, on a obtenu un champ visuel de plus de 180 degrés", précise
Burke, "mais on a ensuite fait un travelling avant, un arrière puis un passage
en diagonale, ce qui nous a effectivement donné un balayage à 360 degrés qui
était visuellement réaliste et qui pouvait être incorporé à n'importe quel
plan. Le résultat était magnifique, car on a des scènes d'action en prises de
vue réelles mêlées à d'autres scènes d'action en prises de vue réelles. Ça
donne donc une l'impression de réalisme et de fluidité que l’on cherchait à
obtenir. Je dirais qu'on a repoussé les limites de cette technique. Je sais que
je n'avais jamais entrepris de tournage aussi innovant ou audacieux avant
ça".
Pendant le tournage,
Braham a aussi utilisé ces caméras pour faire ce qu'il décrit comme
"l'exact contraire de ce qu'on a fait en hélicoptère". Il s'explique
: "Pour l’esthétique du film, David [Yates] voulait tourner pas mal de
plans rapprochés pour offrir un contrepoint à l’envergure des décors et ajouter
une dimension émotionnelle plus intime, que nous avons travaillée tout au long
du tournage. Pour atteindre la flexibilité nécessaire, on a collaboré avec la
société RED pour adapter leur toute nouvelle camera 6K à ces contraintes. Les
outils technologiques légers et peu encombrants alliés à une vaste quantité
d’images ont permis de produire des images époustouflantes. TARZAN est l'un des
premiers films à être tournés grâce à cette technologie".
Yates, qui faisait équipe
avec Braham pour la première fois, ne tarit pas d'éloges sur lui : "Henry
était une force de la nature. Il a tout fait : régler les éclairages, porter la
Steadicam, courir partout avec la caméra à l'épaule… Après quatre jours à ce
rythme, je l'ai pris à part pour lui dire, 'Henry, c'est génial. Le résultat
est fantastique. Mais le tournage va être long, du coup pourquoi est-ce que tu
ne laisserais pas quelqu'un d'autre manier la Steadicam ou la caméra ?' Mais il
m'a répondu, 'David, ça va aller', et à la fin du tournage, il était encore en
forme. Il a énormément contribué à l'esthétique du film. Il a été un partenaire
à part entière". Avec TARZAN, c'est la cinquième fois que Yates collabore
avec le chef décorateur Stuart Craig, ce qui a totalement conforté le
réalisateur dans la possibilité de transposer l'Afrique à Leavesden.
"Après toutes ces
années passées ensemble sur HARRY POTTER, je savais qu'il pourrait concrétiser
cet univers. On voulait y sentir ce que nous avions éprouvé en Afrique mais
dans une version luxuriante et romantique, réellement exacerbée, pour accentuer
l’impression d'assister à un grand spectacle d’aventure. Tout est donc parti de
Stuart et de ses décors que nous avons ensuite fusionnés avec des extensions
numériques du Gabon. Du coup, nous avons totalement pu maîtriser
l’environnement du film".
Supervisant deux plateaux
entiers, Craig et son équipe ont "fait pousser" des forêts entières
qui devaient sans cesse être aménagées à mesure que les personnages y
évoluaient. "En un mot, il y avait sept versions des décors de la jungle pour
que le public n’ait pas l’impression de faire du sur-place", détaille
Craig. "C’est une mission considérable pour un département artistique de
reproduire la nature à une telle échelle et le paysage en constante mutation a
encore accentué la difficulté". "Grâce à Stuart, et à son directeur
artistique James Hambidge, on a pu réinventer une jungle qui évolue en fonction
de l’histoire", propose le réalisateur. "Au départ, on se demandait
si ça fonctionnerait mais Stuart a assuré. Il a su repenser les espaces pour
qu’ils donnent l’impression d'évoluer alors qu’en réalité, on tournait sur le
même plateau".
La décoratrice de plateau
Anna Pinnock et la responsable de la végétation Lucinda McLean se sont rendues
en Hollande pour y acheter les nombreuses plantes exotiques nécessaires à leur
forêt tropicale. Des éclairages spéciaux et un système d’irrigation ont été
installés pour le bien des plantes, transformant les plateaux en véritables
serres. Au milieu des véritables plantes, le département artistique a ajouté
une variété d’arbres qu’ils ont fabriqués, semblables à "de vraies
sculptures", explique Craig. "Au cours du processus, on a appris
qu’il ne fallait pas enfouir les arbres sous les feuillages mais placer le
feuillage en arrière-plan pour faire ressortir les arbres. C’est comme un
arrangement floral mais à grande échelle", dit-il en riant.
Les effets visuels ont
aussi contribué à l’élaboration de la jungle et d’autres décors, encore plus
vastes, pour les prolonger jusqu’à l’horizon. À Leavesden, le plateau a
accueilli plusieurs décors, comme le village Kuba, avec ses cases et le repaire
de Mbonga, cerné de falaises abruptes. Les gigantesques formations rocheuses ont
été élaborées à partir de grands moules conçus d’après des empreintes prises
dans une carrière d’ardoise du pays de Galles. Le paysage montagneux en
arrière-plan du décor a été filmé dans les Dolomites, au nord de l'Italie. Le
décor le plus complexe a été la cascade de la montagne.
"Il a fallu beaucoup
de recherche et de développement pour obtenir ce rendu réaliste et qu’on ait
pas l’impression que l’eau coulait simplement du haut du décor", indique
le superviseur des effets spéciaux David Watkins. "On a utilisé une rangée
d’énormes pompes à injection, vaporisant l’eau sur des plaque et faisant dévier
la masse liquide en l’éparpillant pour lui donner relief et épaisseur". "Il
y avait essentiellement deux cascades se déversant d’une falaise de 30 mètres
de haut", ajoute Craig. "Ça faisait un gigantesque volume d’eau et le
résultat a été plus spectaculaire que ce que j’attendais. Et contrairement à
une chute d’eau naturelle, on pouvait l'arrêter, ce qui était un énorme
avantage". Les acteurs ont eux aussi été impressionnés.
"Les décors étaient
hallucinants", déclare Skarsgård. "Je n’ai jamais rien vu de pareil.
On avait vraiment le sentiment d'être plongés dans ce milieu". Waltz
acquiesce : "[C’est incroyable] d’avoir des décors de cinéma aussi vastes,
avec des cascades, des rivières et des jungles… Ils étaient d'une envergure
sidérante et tout y était magnifique". L’équipe des effets spéciaux a
également travaillé avec le département artistique pour la construction de la
grande jetée en bois dressée au bord du bassin de Leavesden avant d’être
détruite au cours d'une scène mémorable. "La structure était très grande –
30 mètres de long sur 12 mètres de haut – et elle a été presque entièrement
détruite, ce qui n’a pas été simple", détaille Watkins.
"Il a fallu beaucoup
de préparation car au départ c’était bien un élément fonctionnel du décor sur
lequel les acteurs et l’équipe technique devaient pouvoir travailler en
sécurité. On a ensuite enlevé tous les renforts de sécurité pour la faire
s’effondrer au bon moment". Plusieurs scènes se déroulent à bord du bateau
à roues à aubes de Léon Rom, qui était en fait une véritable embarcation
flottante. "On l’a construite sur des pontons flottants typiques de
l’armée", constate le directeur artistique Christian Huband, spécialiste
des bateaux.
"On a créé une
superstructure pour supporter le poids des ponts, des cabines et les moteurs en
fonctionnement qui semblent propulser la roue à aubes. Le bateau était en fait
contrôlé par des moteurs hors-bords, actionnés à l’abri des regards autour du
vaisseau. Il n’y avait pas de coque en tant que telle mais des flancs se
prolongeant de quelques centimètres sous l’eau". Le bateau a d’abord été
utilisé sur les eaux de Virginia Water Lake [lac artificiel, NdT] dans le sud
de Windsor Great Park avant d’être démonté et transporté à Leavesden, où il a
été remonté dans le bassin. Le tournage s'est aussi déroulé dans d'autres lieux
du Royaume-Uni, et plus particulièrement à Kedleston Hall, imposante doublure
de Greystoke Manor. Ce manoir du XVIIIe siècle dans le Derbyshire est
aujourd'hui la propriété du National Trust [association britannique vouée à la
conservation du patrimoine, NdT.]. Aux yeux des producteurs, il possédait
toutes les qualités requises pour représenter la maison ancestrale des Clayton.
"C’est une immense
demeure qui possède d’énormes colonnes : c'est un très bel exemple
d'architecture néo-classique", confirme Craig. "Elle est austère, et
c'était un détail important, car on voulait qu’elle ait un air menaçant, ce qui
joue sur notre perception de John Clayton". Le superbe cèdre à l'ombre
duquel John et Jane partagent un moment de complicité amoureuse a été choisi en
raison de ses larges branches horizontales. Il a été découvert sur le domaine
de Highclere Castle, rendu célèbre par la série télévisée DOWNTON ABBEY. Les
tenues d’Alexander Skarsgård, confectionnées par Ruth Myers, reflètent elles
aussi l’état d’esprit du personnage : elles évoluent en effet de manière
subtile mais notable au fur et à mesure que John redécouvre son identité
d'origine. "Il était primordial que les vêtements londoniens de John
Clayton aient l’air de vraiment le serrer et de l’empêcher de respirer",
intervient Ruth Myers, "et du coup, même s’ils sont magnifiquement coupés,
ils semblent l’étouffer d'emblée. Ensuite, bien sûr, plus le temps passe, plus
ses vêtements deviennent déstructurés et patinés au point de lui donner une
allure totalement naturelle quand ils se salissent et sont tachés de
boue". De même, la garde-robe de Jane est au départ plus stricte, bien
que, tout en vivant à Londres, elle montre des signes de rébellion contre la
mode de l’époque. "La première fois qu’on la voit, on voulait sentir que
l’Angleterre l’oppresse, car elle a grandi en Afrique dans un sentiment de
totale liberté", poursuit la chef costumière.
"Ses tenues ont donc
été conçues en ayant à l’esprit les codes de l’époque mais elles ne sont pas
entièrement représentatives. Jane ne porte jamais de jupon, ce que n'aurait
jamais osé faire une femme de la bonne société victorienne. Elle donne
l’impression d’être un peu rebelle". Margot Robbie a particulièrement
apprécié que Jane se débarrasse de son corset à la première occasion : "Ça
m’a fait vraiment très plaisir, car c’était tout simplement horrible de penser
qu’il allait falloir porter un corset pendant des mois, surtout pour courir. Du
coup, je me suis sentie totalement en phase avec cette décision. Et je pense
que c'est parfaitement cohérent avec le tempérament du personnage. Elle se
moque de l'élégance imposée par la mode anglaise et elle ne se voit
certainement pas aller dans la jungle en corset, car ce n’est pas du tout
pratique".
Les couleurs ont aussi
leur importance. "Margot apparaît d’abord dans une robe bleue, dans
laquelle elle est magnifique, mais cette couleur reflétait l’idée qu’il faisait
froid à Londres", note Ruth Myers. "Puis, quand elle arrive en
Afrique, elle retrouve la lumière". Léon Rom est presque entièrement vêtu
de blanc, car "c’est un maniaque", poursuit la costumière. "À
chaque fois que son costume est sali, il en passe un propre". "Bien
que les tenues reflètent l'esprit de l’époque, David et moi étions d’accord
pour qu’ils ne soient pas foncièrement authentiques", suggère-t-elle.
"On a un petit peu
triché mais on pouvait se le permettre, car on voulait que notre univers ait
une réalité sublimée". "Ruth m'a galvanisé", indique Yates.
"Elle a insufflé beaucoup de passion et d’enthousiasme à son travail et ce
qu’elle a accompli est phénoménal". La chef costumière a surtout apprécié
de pouvoir donner libre cours à sa créativité pour les tenues tribales,
principalement s'agissant de la tenue de guerre en léopard portée par Djimon
Hounsou … qui n’était en réalité pas faite de léopard. "C'était un projet
d'envergure", détaille-t-elle.
"On a pris énormément
de temps pour fabriquer sa coiffe et les griffes. David Yates et moi avons
passé des heures à envisager toutes sortes de prototypes avant d’obtenir
l’allure définitive. Le costume lui-même était très imposant avec ses grosses
épaulettes et sa coiffe : il était conçu pour être effrayant". Hounsou
confirme que le costume a produit l’effet escompté : "D’un point de vue
culturel pour les Africains, si on doit imiter un animal, on doit devenir cet
animal. Mbonga porte donc les griffes, la peau et le crâne d’un léopard pour
incarner littéralement un léopard. Je dois dire que son allure est assez
impressionnante. Tout indique qu’il possède une force avec laquelle il faut
compter. Quand j’ai enfilé le costume, je me suis senti comme un guerrier… J'ai
vraiment eu la sensation que je pouvais me déplacer comme un léopard".
Les thèmes africains sont
aussi présents dans la musique du film, composée par Rupert Gregson-Williams.
"C’était essentiel de sentir l’attrait émotionnel que l’Afrique exerce sur
Tarzan", affirme-t-il. "Le film s’ouvre avec l’appel de la
merveilleuse voix de Zoe Mthiyane. J’ai utilisé plusieurs instruments :
beaucoup de tambours, bien sûr, et de flûtes d’Afrique de l’Ouest aussi".
Le compositeur a également écrit un thème musical pour chacun des personnages.
"Le thème de Tarzan reflète à la fois son courage et ses émotions",
dévoile-t-il. "J’ai aussi composé un thème amoureux pour Tarzan et Jane.
Tarzan veut à tout prix arracher Jane aux griffes du capitaine Rom, et la
mélodie les lie l'un à l'autre donc à travers la jungle".
"Il s’agit d’une
musique orchestrale mais elle est aussi très tonale et atmosphérique,
incorporant des éléments venus d’Afrique", déclare Yates. "Elle n’est
pas simplement illustrative, mais elle est beaucoup plus profonde que ça. Je
voulais que la musique nous accompagne dans notre découverte des personnages
tout au long de l’aventure". "Ce qui est merveilleux quand on fait
des films, c'est de faire voyager les spectateurs dans des lieux mythiques
comme l'Afrique. C'est fabuleux. Ils n’ont pas besoin de prendre l'avion : ils
n'ont qu'à aller au cinéma pour être transportés à une autre époque et dans un
autre monde qu'ils n'auraient peut-être jamais envisagé de découvrir. C'est un
grand privilège quand on est cinéaste", conclut le réalisateur.
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