mercredi 31 juillet 2013

Back to the present









Action/Comédie/Fantastique/Léger et rigolo

Réalisé par Robert Schwentke
Avec Jeff Bridges, Ryan Reynolds, Kevin Bacon, Mary-Louise Parker, Stephanie Szostak, James Hong, Marisa Miller, Robert Knepper...

Long-métrage Américain
Durée : 01h36mn
Année de production : 2013
Distributeur : Universal Pictures International France 
Titre original : R.I.P.D. 

Date de sortie sur les écrans U.S. : 19 juillet 2013
Date de sortie sur nos écrans : 31 juillet 2013 


Résumé : Dans le film d’aventures surnaturelles, R.I.P.D. Brigade Fantôme, Jeff Bridges et Ryan Reynolds jouent un tandem de flics d’un genre très spécial, puisque défunts, et envoyés par leur unitéde police, le R.I.P.D. (Rest in Peace Department), pour protéger notre planète d’une recrudescence de créatures néfastes qui refusent de passer tranquillement dans l’autre monde. Le shérif Roy Pulsifer est un vétéran de cette brigade dédiée à la traque d’âmes belliqueuses se faisant passer pour des citoyens ordinaires. Sa mission : appréhender les criminels qui tentent d’échapper au Jugement Dernier en se dissimulant parmi les vivants.
L’irascible et indiscipliné Roy se voit assigner comme nouveau coéquipier feu Nick Walker, un jeune policier de Boston récemment défunt. Les deux «hommes» vont devoir ravaler leur antipathie respective pour mener à bien leur mission. Quand ils découvrent un complot susceptible de mettre fin à la vie telle que nous l’avons toujours connue, les deux cracks du R.I.P.D. n’ont qu’une option : rétablir l’équilibre cosmique pour que le tunnel qui mène vers l’au-delà ne remplisse pas soudain la fonction inverse et ne précipite pas l’avènement des morts.

Bande annonce (VOSTFR)



Ce que j'en ai penséVoilà typiquement un film d'été qui vise à amuser un public plutôt jeune (ou des spectateurs dans mon genre qui apprécie les comédies fantastiques légères) avec des blagues à deux balles et des effets spéciaux parfois très bien réussis, parfois moins. 'R.I.P.D. Brigade Fantôme' est un film rigolo au casting sympathique. 
Ryan Reynolds, qui interprète Nick, et Jeff Bridges, qui interprète Roy, forment un duo inattendu mais au final assez marrant. Jeff Bridges a vraiment l'air de se régaler dans son rôle de texan à la langue bien pendue.




Le film a un rythme inégal mais je ne me suis pas ennuyée. La réalisation est, par moment, assez inventive et surprenante. Certaines scènes captent particulièrement l'attention avec de jolis effets. L'histoire et le contexte sont faciles à comprendre et bien expliqués. 
Les seconds rôles sont interprétés par des acteurs connus que le spectateur a plaisir à retrouver à l'écran, tels que Mary-Louise Parker, qui interprète Procter, 


Kevin Bacon, qui interprète Bobby Hayes 


ou encore Robert Knepper, qui interprète Stanley Nawlicki.


'R.I.P.D. Brigade Fantôme' est un divertissement avec de l'humour et du spectacle. La 3D est bien adaptée et agréable. J'espérais me changer les idées et passer un bon moment. Ce fût le cas. 


Notes de production
(A ne lire qu'après avoir vu le film pour éviter les spoilers !)

Une âme après l’autre :
la mise en œuvre de R.I.P.D. BRIGADE FANTÔME

Avant de devenir scénariste de séries aussi populaires que «24 heures chrono» (2005), «Les Experts : Manhattan» (2005-10) et «Hawaii 5-0» (2010-13), Peter M. Lenkov a flirté avec les histoires policières par le biais d’une série de bande dessinée intitulée R.I.P.D. et publiée chez Dark Horse Comics en 2003. Et depuis que le fondateur de la fameuse maison d’édition, Mike Richardson, a fait la connaissance de ces deux policiers d’un genre très spécial, il rêvait d’adapter la série au cinéma. Ayant déjà réussi le pari de transformer certaines de ses plus célèbres BD en films à succès, tels que THE MASK (Chuck Russell, 1994), HELLBOY et HELLBOY 2 : LES LÉGIONS D’OR MAUDITES (Guillermo del Toro, 2004 & 2008), Mike Richardson remarque : «Notre société couvre deux médias (la BD et le cinéma) avec des exigences distinctes. Un bon réalisateur doit savoir extrapoler le potentiel filmique d’une bande dessinée.» 

La série en quatre volumes de Peter Lenkov suit les péripéties d’officiers de police qui reprennent du service au sein d’une unité d’un genre unique, le R.I.P.D. (Rest in Peace Department). Les équipes constituant ce corps de police ont la capacité de passer de notre monde à celui de l’au-delà pour nous protéger des mauvaises âmes qui rôdent et garantir l’équilibre entre la vie et la mort, et rien de moins que le salut de l’humanité. 

Différentes adaptations ont été envisagées au cours de ces dix dernières années et certains scénarios ont failli aboutir, mais il fallut l’intervention d’Ori Marmur, cadre dans la société du célèbre producteur Neal H. Moritz, Original Film, pour que le projet prenne réellement son envol. Marmur, conquis par la bande dessinée, demanda à Richardson s’il pouvait la montrer au scénariste et réalisateur David Dobkin (SERIAL NOCEURS, 2005 ; ÉCHANGE STANDARD, 2011) pour recueillir ses impressions. Celui-ci se montra tout aussi enthousiaste et commença à développer le scénario de R.I.P.D. BRIGADE FANTÔME. Au final, le tandem de scénaristes Phil Hay et Matt Manfredi retravailla la version de Dobkin et les producteurs Mike Richardson et Neal Moritz donnèrent leur feu vert. Hay et Manfredi avaient déjà collaboré avec Original Film sur d’autres projets et leur style d’écriture enrichit à merveille le genre de films d’action dans lesquels Neal Moritz excelle, tels que les six (et bientôt sept) volets de la franchise FAST & FURIOUS (2001-14), 21 JUMP STREET (Phil Lord & Chris Miller, 2012) ou JE SUIS UNE LÉGENDE (Francis Lawrence, 2007). Ici, les scénaristes ont pu insuffler à cette histoire l’humour noir qu’ils chérissent tant. La richesse du matériel ravit Moritz autant que Richardson. Ce dernier déclare : «Le concept de R.I.P.D. est unique en son genre : une unité de police dont le seul rôle est de dénicher les fantômes qui se cachent parmi nous et de les soumettre au Jugement Dernier. Mais il correspond également à mes films préférés mettant en scène un duo de flics, tels que 48 HEURES (Walter Hill, 1982) et L’ARME FATALE (Richard Donner, 1987). La relation de ces deux types est géniale. Nous voulions faire un «buddy movie» (film de copains) avec des scènes d’action fortes et des enjeux de taille et ayant l’ampleur d’un blockbuster de l’été.» 

L’intention première des scénaristes était de garder les éléments fondamentaux de la bande dessinée tout en creusant la relation entre ces deux «hommes» foncièrement dissemblables : un officier de police décédé récemment et un ancien shérif du Far West qui vont devoir apprendre à travailler l’un avec l’autre. Le producteur Michael Fottrell, vétéran des films d’action, ayant inscrit son nom aux génériques de FAST & FURIOUS 4 et 5 (Justin Lin, 2009 & 2011) et de DIE HARD 4, RETOUR EN ENFER (Len Wiseman, 2007), rejoignit également l’équipe. Il déclare : «Ce que j’apprécie particulièrement dans le scénario de Phil et Matt, c’est cette facilité avec laquelle on entre dans le monde où évoluent Nick et Roy et qui nous apparaît tout aussi crédible que celui des humains. C’est un art délicat de marier la comédie à l’action et au spectaculaire que Phil et Matt maîtrisent à merveille.» 

Jeff Bridges, Ryan Reynolds et Robert Schwentke
rejoignent les rangs de la fine fleur de la police de Boston

Le public pénètre dans l’ordre divin de la police à travers le regard du lieutenant Nick Walker, un policier de Boston ambitieux et adroit qui a perdu la vie lors d’une descente dans un repère de dealers. Au moment du Jugement Dernier, ne sachant quel sort l’attend, Nick accepte de payer une pénitence de 100 ans au service du R.I.P.D. plutôt que de se livrer à une vie éternelle incertaine. Motivé par le désir de traquer son meurtrier et de rejoindre sa femme, et convaincu qu’il parviendra à enfreindre les règles strictes de sa nouvelle unité de police, Nick opte pour son affectation au R.I.P.D.. Ryan Reynolds accepta très tôt d’incarner le lieutenant décédé à qui l’au-delà réserve une surprise de taille, et son enthousiasme pour son rôle et pour le projet le poussa à participer activement au développement du film dont il est également producteur délégué. «J’adore la BD et notre scénario en reprend les fondements et l’intrigue, et les prolonge. Il y a des éléments tragiques et une histoire d’amour incorporés à un film délirant et drôle, ce qui n’est pas un équilibre évident à tenir», déclare l’acteur. Avec la confirmation de la participation de Ryan Reynolds dans un des deux rôles principaux, le cinéaste d’origine allemande Robert Schwentke, qui a récemment signé le blockbuster RED (2010), tiré de la bande dessinée du même nom, releva le défi de réaliser R.I.P.D. BRIGADE FANTÔME. Après avoir vu le premier long-métrage de Schwentke, TATTOO (2002), Neal Moritz souhaitait travailler avec lui. 

«Nous nous sommes rencontrés à plusieurs occasions, mais je n’étais jamais arrivé à le convaincre. Avec R.I.P.D. BRIGADE FANTÔME, j’avais un bon pressentiment. Son talent visuel est impressionnant, mais ce que j’apprécie avant tout, c’est sa perception de fond du film. Il a su créer des images incroyables et formidablement donner vie à la relation entre nos deux héros», se félicite le producteur. 

Le réalisateur se mit bientôt au travail avec les scénaristes pour fignoler les personnages et l’intrigue, qui, quand on flirte avec le surnaturel et le fantastique, n’est pas chose facile. Phil Hay se souvient : «On s’est enfermés tous les trois. Les scènes principales du film n’ont pas subi beaucoup de changements, mais Robert avait une appréhension si précise du film qu’il nous a aidés à pousser l’aspect mythologique beaucoup plus loin. Ses idées étaient géniales.» Et pour parfaire le tout, réalisateur, scénaristes et producteurs apprirent que Jeff Bridges, récompensé aux Oscars pour sa prestation dans CRAZY HEART (Scott Cooper, 2009), était intéressé par le rôle du shérif grisonnant Roycephus «Roy» Pulsifer. Ayant plusieurs fois déjà repris du service pour insubordination, Roy a l’attitude blasée du type qui a déjà tout vu. En dehors de son individualisme forcené et de son côté ergoteur, ce justicier est la crème de la crème du R.I.P.D. et connaît toutes les ficelles de l’univers cosmique. 

Le producteur Neal Moritz déclare : «Jeff est un de mes acteurs fétiches. Le film a failli se faire à plusieurs reprises, avec d’autres acteurs. Mais quand on s’est retrouvé sur le plateau à le regarder jouer, j’ai pensé, comment a-t-on pu envisager quelqu’un d’autre dans ce rôle ? Il rend son personnage tellement spirituel, sarcastique et attachant.» 

Tout juste sorti de son rôle dans TRUE GRIT (Ethan & Joel Coen, 2010) qui lui a valu une citation à l’Oscar, l’acteur ne tenait pas particulièrement à rejouer un cowboy si rapidement. Mais le subtil panache comique de Roy, qui n’est pas sans rappeler son personnage de Dude devenu mythique, dans THE BIG LEBOWKI (Ethan & Joel Coen, 1998), a piqué sa curiosité. Il rapporte simplement : «J’ai mis mon nom dans le chapeau et j’ai eu la chance d’être choisi. J’ai passé un très bon moment.» 

Acteur et réalisateur discutèrent longuement du personnage et Jeff Bridges déclare : «J’ai beaucoup aimé travailler avec Robert. C’est marrant, mais quand je me prépare pour un film, je me rends compte que je vois tout à travers mon rôle. Quand je travaille, je glane l’inspiration dans tout ce qui m’entoure, de la façon qu’a une personne de s’asseoir; au livre que je suis en train de lire. Robert m’a fait découvrir Jim Woodring, un dessinateur de BD qui a créé le célèbre personnage de Frank. C’est très surréaliste et ça m’a pas mal influencé pour Roy.» 

Le producteur Mike Richardson fut ravi de constater que les deux univers dans lesquels il évolue (la BD et le cinéma) était si étroitement mis en interaction : «Jeff dessinait des personnages créés par Jim Woodring durant ses temps morts sur le plateau. Ça m’a beaucoup plu et j’ai demandé à Jim de créer un dessin original de Frank pour Jeff. Jeff lui a fait le même honneur en lui signant un de ses propres dessins de Frank.» Même dans l’au-delà, Roy est toujours hanté par ses démons : il traîne les mêmes rancunes depuis des centaines d’années, tout particulièrement contre les coyotes qui lui ont rogné les os après qu’il se soit fait abattre. Malgré sa prétendue zénitude, Roy n’a toujours pas fait la paix avec son passé. Les accrochages constants entre les deux policiers mal assortis sont le moteur comique de tout le film. 

Et même si Roy sermonne Nick avec des leçons sur les femmes ou lui prêche la poétique de la vie, de l’amour et de la chasse aux «crevures» (des âmes belliqueuses qui refusent de passer dans l’au-delà), l’ancien permet néanmoins au novice d’ouvrir enfin les yeux. «De temps en temps, Roy livre un véritable secret de grand sage, mais généralement il sort des lapalissades», s’amuse Ryan Reynolds. «Il a quelques 200 ans d’expérience dans l’au-delà et il sait pertinemment qu’il est impossible d’entrer en contact avec ceux qu’on a quittés. Avec l’aide de Roy, Nick se rend compte qu’il effraye sa femme, plutôt qu’il ne la rassure.»

Coéquipier, patronne et avatars : les rôles secondaires

La participation de Jeff Bridges et Ryan Reynolds dans les rôles de Roy et Nick et leur complicité de jeu donnèrent le ton à la distribution, et les cinéastes se mirent à recruter les rôles secondaires qui allaient peupler une berge et l’autre du Styx. Le rôle du lieutenant Bobby Hayes, le coéquipier de Nick au sein de la police de Boston avant sa mort, revint à Kevin Bacon, récompensé aux Golden Globes pour sa performance dans le téléfilm «L’Honneur d’un Marine» (Ross Katz, 2009). L’acteur se souvient : «Quand j’ai appris que Ryan et Jeff allaient interpréter les deux rôles principaux, ça a piqué ma curiosité. Tous deux sont en pleine possession de leurs moyens. J’arrivais bien à visualiser leurs personnages qui tentent tant bien que mal de se comprendre, ce qui est pour moi la colonne vertébrale du film. Ils ont tous deux un grand talent comique, et sur le tournage, la magie a opéré.»

En recherchant son meurtrier, Nick va découvrir que son meilleur ami et coéquipier de longue date l’a doublé. Mais le réalisateur tenait fermement à ce que Bobby Hayes garde une facette comique et ne soit pas l’archétype du méchant, et Kevin Bacon livre une interprétation finement drôle de ce personnage sans scrupules. Pour l’acteur, «Hayes est un type aux moeurs douteuses. Son égocentrisme n’a d’égal que sa cupidité, et j’ai voulu lui donner un côté fantasque.» Mais Hayes cache un secret plus terrible encore que Nick ne découvrira que grâce au travail du R.I.P.D., avec à sa tête Proctor, dont le style années 60 jure avec l’attitude caustique. Elle est la première interlocutrice de Nick dans le service. Elle lui explique son nouvel emploi et le présente à Roy avec qui elle entretient des relations houleuses. Il lui revient aussi de donner à Nick un avis favorable le jour du Jugement Dernier et il ne lui faudra pas moins de 100 ans pour se faire une opinion. 

En parlant avec le réalisateur et la chef costumière Susan Lyall, l’actrice doublement récompensée aux Gloden Globes, Mary-Louise Parker, révéla avoir des idées très précises sur son personnage : une commissaire de police qui arbore étrangement des bottes blanches et une mini-jupe années 60. Pour l’actrice, le fait de déterminer le style vestimentaire, et avec ce style vestimentaire, le passé de celle qui dirige la troisième plus importante unité de cette brigade, était une tâche essentielle. «Le look de Proctor et ce qu’elle porte nous informent sur son passé. Comme on ne la voit que dans une seule tenue, il fallait frapper fort. Je suis passée par beaucoup d’idées et je me suis arrêtée sur cette image d’un garde forestier en 1968», s’amuse-t-elle à dire. 

L’actrice française Stéphanie Szostak, qui a tenu son premier rôle en anglais dans LE DIABLE S’HABILLE EN PRADA (David Frankel, 2006) et qu’on a plus récemment pu voir incarner le soldat Brandt dans IRON MAN 3 (Shane Black, 2013), interprète Julia, la veuve de Nick qui se retrouve impliquée contre son gré dans l’enquête que mènent feu son mari et son nouveau coéquipier dans l’au-delà. Quand Nick tente de contacter Julia, celle-ci ne voit que son avatar, un vieillard asiatique, et ceci grâce aux aimables efforts du programme universel de protection des témoins. L’histoire d’amour, mélangée à l’action et à la comédie, était attrayante pour la jeune actrice : «Nick n’accepte pas sa mort, et il a besoin de se racheter, alors il revient sans cesse auprès de Julia. Cette histoire motive une partie de l’intrigue et est assez touchante. La relation de Nick et Julia passe du mariage heureux à la séparation brutale, sans qu’ils aient eu la chance de se dire adieu.» 

Top model connu pour ses apparitions dans les pages du numéro spécial Maillots de bain du magazine Sports Illustrated, et jeune actrice prometteuse, Marisa Miller incarne l’avatar de Roy aux côtés de l’acteur de genre de légende James Hong (BLADE RUNNER, 1982 ; LES AVENTURES DE JACK BURTON DANS LES GRIFFES DU MANDARIN, 1986) qui joue celui de Nick. Comme les officiers de police du R.I.P.D. franchissent la frontière entre notre monde et l’au-delà, les vivants ne peuvent les voir que sous les traits de leur avatar. La juxtaposition de la plastique exceptionnelle de Marisa Miller et de l’allure quelque peu chétive de James Hong, et les disputes de Roy et Nick en public, ajoutent une bonne dose d’humour à l’histoire. Peut-être peut-on y voir une forme de sarcasme de la providence mais la beauté stupéfiante de la jeune femme est en contradiction totale avec la nature bourrue et irascible de Roy, autant que la silhouette mal assurée du vieillard l’est avec la virilité et l’aplomb de Nick sur Terre. 

Si on en croit les statistiques du R.I.P.D., plus de 150 000 personnes meurent chaque jour sur notre planète, mais un certain nombre de ces âmes se volatilisent avant de passer de l’autre côté. Et quand ces «crevures» demeurent sur Terre au-delà de leur date limite, leur âme commence à se putréfier et à empester. Parmi les crevures auxquelles Roy et Nick vont avoir affaire, on découvre le perfide Nawicki, interprété par Robert Knepper ; Elliot, l’indic fan des Red Sox, l’équipe de baseball de Boston, qu’incarne Mike O’Malley, et Pulaski, sorte d’Elvis mal dégrossi, joué par Devin Ratray.

Prêts pour le grand saut : les «crevures»

Les crevures n’apparaissent pas dans la bande dessinée et ont été imaginées par le réalisateur et les scénaristes afin de faire peser une nouvelle menace sur le genre humain, en plus des horribles démons figurant déjà dans la BD. Ce nouveau concept implique le passage d’un monde à l’autre, ajoutant une dimension supplémentaire à la mission du R.I.P.D. Les crevures ne sont autres que des âmes damnées qui refusent de marcher vers la lumière et choisissent de se cacher parmi les vivants aussi longtemps que possible. Matt Manfredi nous explique : «Nous souhaitions que les méchantes crevures ne diffèrent pas des humains pendant un certain temps.» Capables de se fondre parmi nous, leur âme commence néanmoins à pourrir et à dégager une odeur nauséabonde. Plus une âme tourmentée reste sur Terre, plus sa nature malfaisante pervertit son entourage et dérange l’équilibre cosmique. 

C’est alors que le R.I.P.D. intervient pour les capturer et les faire comparaître devant la justice divine. En corrigeant les glissements et en maintenant l’ordre entre les vivants et les morts, le R.I.P.D. garantit l’harmonie de l’univers. Mais Roy et Nick découvrent que les crevures ont réuni leurs forces et élaboré un complot diabolique qui pourrait faire basculer la stabilité du monde, et que seuls les agents du R.I.P.D. sont à même de prévenir le cataclysme. Le chef décorateur Alec Hammond, les concepteurs des créatures Crash McCreery et Eddie Yang et la productrice des effets visuels Juliette Yager ont ainsi créé des douzaines de crevures dont la véritable nature s’est finalement révélée. Avec les possibilités qu’offrent les images de synthèse, ils imaginèrent une multitude de créatures menaçantes et souvent drôles. La seule règle qu’ils s’imposèrent : une crevure «révélée» devait rappeler la personne qu’elle avait été dans le vie et exhiber exagérément les signes de ses crimes passés. Par exemple, si elle avait été voleur, les mains de la crevure deviendraient énormes une fois sa vraie nature «révélée». Quant à leur présence parmi nous, le chef décorateur déclare : «Ce peut aussi bien être le facteur qui distribue votre courrier que la personne qui vous sert un café au coin de la rue. Il fallait donner l’impression que ce pouvait être n’importe qui. Les crevures peuvent donner une légère impression de bizarrerie, mais elles se fondent néanmoins parmi nous, du moins au début.»

Au boulot : les décors

R.I.P.D. BRIGADE FANTÔME a été principalement filmé en décors naturels à Boston. Pendant la première moitié du tournage, l’équipe a navigué entre les rues âpres autour des quais d’East Boston, le quartier historique de Charlestown et la très chic Newbury Street dans le quartier de Back Bay. Elle s’est ensuite dirigée vers les studios pour filmer les scènes d’intérieur durant un des rigoureux hivers que connaît le Nouvelle-Angleterre. 

«Boston était la ville idéale pour tourner R.I.P.D. BRIGADE FANTÔME», déclare Alec Hammond. «C’est une ville dans laquelle on peut concevoir que quelqu’un se cache depuis 300 ans. On trouve côte à côte des immeubles de la fin du 18e siècle et des constructions des années 80. Il y a une quantité de coins et de recoins oubliés, surtout au centre de la ville. C’est un immense décor urbain à ciel ouvert.» La dichotomie entre le Boston historique et le Boston moderne était évidente et faisait écho au thème de l’éternité dont traite le film. Les rues du quartier financier allaient accueillir simultanément l’équipe principale et la deuxième équipe menée par le réalisateur de deuxième équipe et chef cascadeur, David R. Ellis (47 RONIN, 2013 ; MASTER AND COMMANDER : DE L’AUTRE CÔTÉ DU MONDE, 2003), qui s’est tristement éteint en janvier dernier. Ellis s’est ainsi attelé à la tâche de filmer les séquences en extérieur où figure le tunnel qui assure la séparation entre les deux mondes. Le producteur Michael Fottrell explique : «Les deux épiques tournaient en même temps à quelques pâtés de maisons de distance. La première, avec la distribution principale et les cascadeurs courant au milieu des explosions et des coups de feu dans des combinaisons grises servant à la capture de mouvement, et la deuxième chorégraphiant de complexes cascades de voiture.» 

La carcasse d’une ancienne fabrique de bateaux remorqueurs datant du 19e siècle et située dans le quartier d’East Boston allait servir de toile de fond pour la descente dans le labo de méthanphétamine où Nick trouve la mort. L’équipe des décors dut d’abord construire des plateformes et des escaliers montant jusqu’au toit du bâtiment, puis celle des effets spéciaux installa toutes sortes d’explosifs, de feux d’artifice et des centaines de pétards simulant les coups de feu, ceci au beau milieu d’un réseau compliqué de fils et de cordages servant à suspendre les cascadeurs dansles airs. Des douzaines de policiers de Boston furent recrutés comme silhouettes et servirent de consultants pour garantir le réalisme de cette scène de saisie de drogue si importante pour le reste du film. C’est en effet dans ce décor que Nick passe d’un monde à l’autre, et le chef décorateur explique : «Nous voulions que le public vive cette séquence à travers le yeux de Nick qui est en train de s’éteindre et pénètre dans un monde fantastique. C’est à ce moment que débute son voyage vers l’au-delà.» 

Des studios de tournage situés à une quinzaine de kilomètres au sud de Boston accueillirent de nombreux autres décors, dont celui de la séquence d’ouverture, le siège céleste du R.I.P.D., la maison de Nick et Julia à Charlestown, l’appartement en pagaille de Nawicki et la maison de Hayes. Afin de créer un certain équilibre entre les deux mondes décrits dans R.I.P.D. BRIGADE FANTÔME, la production souhaitait inclure, parallèlement aux effets visuels, des prises de vue réelles, comme pour la séquence d’éventrement de la maison de Hayes. Le chef décorateur collabora étroitement avec le superviseur des effets spéciaux Mark Hawker, et le décor de la maison fut construit sur un cadran hydraulique et harnaché de manière à pouvoir la faire trembler violemment et la fendre en deux. Des lattes du plancher à la toiture, en passant par les murs et les étages, la maison de Hayes se scinde littéralement en deux, et pour les acteurs, filmer cette séquence offrait un agréable changement au milieu du travail sur fond vert que nécessite souvent les plans avec effets visuels.

Mais aussi compliquée que cette séquence puisse paraître, le décor semblait minuscule comparé à celui des locaux du R.I.P.D. de Boston. Les précédentes collaborations d’Alec Hammond avec le réalisateur sur RED (2010) et FLIGHT PLAN (2005), ainsi que le pilote de la série «Lie to Me» (2009), s’avérèrent précieuses. Il déclare : «La manière dont Robert crée l’inattendu influence grandement mon travail. Tout au long du film, les spectateurs, mais aussi les personnages, croient savoir ce qui les attend, et se laissent totalement surprendre. Le film ne se prend jamais trop au sérieux, et il en va de même pour les décors. Ils ont beau être complexes et imposants, ils conservent une part de fun.» Ainsi, le plus grand décor du film, le siège du R.I.P.D. de Boston, flotte dans les cieux. Il est composé d’une bibliothèque spectrale, d’une zone de détention, d’un grand espace de bureaux ouvert sur plusieurs niveaux, d’une salle où sont emmagasinées toutes les pièces à conviction, du bureau de Spector et de galeries interstellaires qui relient ces différentes parties. Le R.I.P.D. est antérieur à toutes les technologies modernes et précède l’ère du numérique. Pour le chef décorateur, «cette unité de police fait partie d’une machinerie céleste coupée du monde extérieur. Nous avons utilisé cetteidée littéralement en y faisant figurer des équipements rustiques, des chaînes et des engrenages. Nous avons regardé l’évolution de la police à travers les âges et nous sommes concentrés sur les commissariats de la fin du 19e siècle à nos jours.» 

Les membres du R.I.P.D. n’ont pas besoin de dormir, boire, ni se nourrir et ils se passent du confort dont jouissent les vivants. Leur seule préoccupation est d’envoyer les crevures de l’autre côté et leur environnement professionnel devait refléter ça. Leurs bureaux ouverts sur plusieurs niveaux, avec la salle des pièces à conviction adjacente, constituent le plus volumineux décor du film couvrant quelques 1300 mètres carrés. 

Quant à l’aménagement de ces bureaux, il revint à la décoratrice Kathy Lucas, récompensée aux Emmy pour son travail sur la mini-série «John Adams» (2008), de donner une autre dimension à la notion d’iconographie policière et d’enrichir les créations du chef décorateur d’une multitude de détails. Tous les attributs d’un détective assidu (les tonnes de dossiers et de paperasserie amoncelés sur de gros bureaux métalliques, les téléphones, les fournitures de bureau, les chapeaux, les pardessus, les tasses à café) sont présents. Alec Hammond et Kathy Lucas s’amusent à dire qu’ils se sont arrêtés aux doughnuts, mais les beignets traditionnels ont bien failli être de la partie. Ryan Reynolds commente : «L’attention portée aux détails était impressionnante. On pouvait ouvrir n’importe quel tiroir de bureau et trouver un accessoire correspondant parfaitement au personnage qui y siégeait. Une fois j’ai pris un livre sur le bureau de Roy, c’était sa version d’un magazine porno : un livre entier de vieux clichés de chevilles de femmes !» 

Le chantier naval de Quincy, situé au sud de Boston, servit de toile de fond à l’affrontement final entre le R.I.P.D. et les crevures. Une toiture surélevée et entourée d’un écran vert allait permettre de mêler prises de vue réelles et images de synthèse. Cascadeurs et silhouettes vêtus de combinaisons et de cagoules grises passèrent des journées entières à répéter les mouvements de leur personnage en images de synthèse. Le directeur de la photo Alwin Küchler et le superviseur des effets visuels Michael J. Wassel travaillèrent étroitement avec le réalisateur et le chef décorateur pour garantir un ensemble parfaitement homogène.

Chacun son style : les costumes

R.I.P.D. BRIGADE FANTÔME marque la troisième collaboration de la chef costumière Susan Lyall avec Robert Schwentke, après RED (2010) et FLIGHT PLAN (2005). Pour ce film, elle eut non seulement le plaisir d’habiller les personnages contemporains, mais également le shérif du Far West qu’est Roy et une multitude d’agents de police venus d’époques différentes. En considérant que l’époque à laquelle le policier décède détermine la tenue qu’il ou elle portera pour l’éternité, producteurs et scénaristes s’amusèrent à ajouter leurs suggestions et à incorporer des références et des figures de policiers emblématiques. 

Susan Lyall déclare : «Chaque membre du R.I.P.D. fait référence à une époque ou une personnalité précises. Les spectateurs en reconnaitront certains d’emblée - Serpico (Al Pacino) dans le film éponyme (Sidney Lumet, 1973), Popeye Doyle (Gene Hackman) dans FRENCH CONNECTION (William Friedkin, 1971), Cagney et Lacey (Tyne Daly et Sharon Gless) dans la série du même nom (1981-88) – et tous les autres sont issus de recherches approfondies.» «Le fait de ne pas avoir à se cantonner à la police de Boston était assez libérateur. Nous pouvions choisir parmi les uniformes de police de tous les états et de toutes les époques. Nous avons dû créer certaines règles qui ne sont pas nécessairement apparentes à l’écran mais qui nous ont permis de garder une certaine cohérence, de limiter notre univers», explique-t-elle encore.

Si Nick allait demeurer dans sa tenue actuelle, les choses se compliquaient pour Roy. Susan Lyall a incorporé à son style vestimentaire des touches d’iconographie rock, des lunettes de soleil à la coupe de sa veste et de son long cache-poussière. Ce côté voyou est en lien avec l’esthétique de la BD et un indicateur de la longévité de Roy (pour l’agacement et le plaisir de Proctor), car ses multiples dérogations au règlement ne cessent de prolonger la durée de ses obligations envers le R.I.P.D.


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