jeudi 28 avril 2016

LES ENQUÊTES DU DÉPARTEMENT V - DÉLIVRANCE


Policier/Drame/Thriller/Une nouvelle enquête glauque et réussie

Réalisé par Hans Petter Moland
Avec Nikolaj Lie Kaas, Fares Fares, Johanne Louise Schmidt, Jakob Oftebro, Pål Sverre Valheim Hagen, Soren Pilmark, Lotte Andersen, Jakob Ulrik Lohmann...

Long-métrage Danois
Titre original : Flaskepost fra P 
Durée: 01h52mn
Année de production: 2016
Distributeur: Wild Bunch Distribution 

Date de sortie sur les écrans danois : 3 mars 2016
Date de sortie en e-Cinéma en France : 5 mai 2016
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Résumé : Une bouteille jetée à la mer, repêchée et oubliée dans un commissariat des Highlands. A l’intérieur, un appel au secours écrit en lettres de sang et en danois. Lorsque le message échoue au Département V de la police de Copenhague, chargé des dossiers non élucidés, les années ont passé... L’imprévisible Carl Mørck, Assad, son assistant syrien au flair infaillible, et Rose, leur secrétaire, vont-ils prendre au sérieux ce SOS ?

Bande annonce (VOSTFR) présentée en prime par l’acteur Nikolaj Lie Kaas, alias l’inspecteur Carl Mørck !



Extrait #1 - VOSTFR - Une première visite difficile…



DÉLIVRANCE - Sur le Tournage (VOSTFR)


Ce que j'en ai pensé : Les films LES ENQUÊTES DU DÉPARTEMENT V sont adaptés des best-seller du danois Jussi Adler-Olsen. Après MISÉRICORDE et PROFANATION, l'inspecteur Carl Mørck, interprété par Nikolaj Lie Kaas, et Assad, son assistant, interprété par Fares Fares, reviennent pour une nouvelle enquête glauque et angoissante, comme on les aime. La réalisation d'Hans Petter Moland est fidèle aux deux premiers opus. Avec de magnifiques paysages danois baignés dans des couleurs froides, le cadre inquiétant et l'atmosphère étouffante sont mises en place immédiatement.
L'enquête part d'une preuve pour le moins fine et il paraît peu probable que cela puisse mener à un résultat. Mais c'est sans compter sur l’opiniâtreté et l'instinct de Carl et Assad. Il est très intéressant de les regarder remonter la piste d'un meurtrier inquiétant qui nous donne froid dans le dos (remarquablement interprété par Pål Sverre Valheim Hagen). J'ai eu beaucoup de plaisir à retrouver le duo Carl/Assad. Ils continuent à apprendre à se connaître, en même temps que nous, et à se taper sur les nerfs par la même occasion. Ils sont très complémentaires mais leurs points de vue totalement différents sur la vie sont autant de points de friction. J'apprécie tout particulièrement cette équipe car ils s'admirent et se respectent professionnellement et cela passe avant tout le reste.


Nikolaj Lie Kaas est toujours aussi excellent dans le rôle de Carl Mørck, flic austère, bougon et asocial, toujours à la limite de l'implosion, mais doté d'une intelligence fine et d'un instinct acéré.



Fares Fares, qui interprète Assad, est parfait en policier efficace, ouvert aux autres, tolérant et patient. Assad maintient Carl à flot, il l'aide à garder une ouverture sur le monde.



DÉLIVRANCE se révèle être une enquête haletante, qui permet de faire encore un peu plus connaissance de Carl et Assad. Je vous le conseille absolument, au même titre que les deux premiers opus d'ailleurs, pour une très bonne soirée thriller. Maintenant j'attends avec impatience la prochaine enquête du Département V !

A propos du e-CINÉMA   

Les Enquêtes du Département V : DÉLIVRANCE sera disponible en e-Cinéma le 5 Mai sur la majorité des services de vidéo à la demande.
Ceci permettra au film d’être disponible via l’ensemble des fournisseurs d’accès, ainsi que sur la majorité des terminaux OTT (TV connectées, tablettes, ordinateurs, consoles de jeux…), le rendant ainsi accessible à plus de 80% des foyers français.
Le film sera proposé en première exclusivité pendant 6 semaines, au prix généralement constaté de 6,99€ (HD).
Avec la formidable croissance et la facilité d’accès de la vidéo à la demande, et face à l’encombrement des salles, Wild Bunch souhaite désormais offrir à de vrais films de cinéma un modèle de distribution alternatif, avec l’objectif d’en faire de véritables évènements et de les amener au plus large public possible.


NOTES DE PRODUCTION 
(A ne lire qu'après avoir vu le film pour éviter les spoilers !)

Entretien avec HANS PETTER MOLAND (réalisateur)  

La franchise LES ENQUÊTES DU DÉPARTEMENT V est très populaire au Danemark. À votre avis, qu’est-ce que les gens aiment tant ? 
C’est une bonne question. D’abord, Nikolaj Lie Kaas est une grande star au Danemark. Comme Fares Fares d’ailleurs. Il y a une bonne alchimie entre eux deux. Et puis n’oublions pas bien sûr que les livres (écrits par Jussi Adler-Olsen, dont ces films sont adaptés, ndlr) sont très populaires au Danemark. Les gens étaient donc forcément curieux des éventuelles adaptations. L’effet boule de neige a fait que même ceux qui n’avaient pas lu les romans sont allés vers les films. Je crois que la moitié des gens qui se sont rendus en salles pour voir les deux premiers films n’avaient pas lu les livres.

Les fans de Jussi Adler-Olsen et de ses romans affectionnent particulièrement le troisième livre. L’avez-vous lu ou au contraire, vous êtes-vous simplement fié au scénario que Nikolaj Arcel en a tiré ? 
J’ai commencé par lire le scénario car c’était pour ainsi dire la réalité de ce qu’on m’avait confié. Ensuite, j’ai lu le roman. Sans dénigrer l’importance du roman, le script a été ma porte d’entrée sur ce projet. C’est ce qui est financé en tant que proposition de cinéma.

Les autres livres, vous les avez lus ? Vous qui êtes norvégien, c’est aussi populaire dans votre pays ? 
Je ne les ai pas lus, mais je sais qu’ils sont assez connus en Norvège, oui. Après, nous avons Jo Nesbø… (rires).

Nikolaj Arcel est un scénariste brillant et très convoité. Quels sont les atouts de ses scripts, selon vous ?
C’est un grand raconteur d’histoires et il aime réellement le genre thriller. Il a un vrai sens du suspense qui colle les gens à leur siège, et maîtrise parfaitement la mécanique narrative de l’intrigue.

Vous avez débarqué dans LES ENQUÊTES DU DÉPARTEMENT V alors que cet univers de cinéma avait été créé par Mikkel Norgaard, qui a dirigé les deux premiers volets. Comment vous êtes-vous approprié le film ? 
J’ai dit aux producteurs (Louise Vesth et Peter Albaek, ndlr) que je ne pouvais pas faire le film d’un autre et que je devais le faire à ma façon. Il y a forcément des changements quand un nouveau réalisateur arrive sur un film. J’ai eu aussi des conversations très productives avec Nikolaj Arcel à propos du scénario sur des points qu’il me semblait constructif de changer. Dans le scénario, il était dit que l’histoire devait être tournée à l’automne, comme les deux premiers films. Les arbres sans feuilles, une dominante de marron et de gris… Or, nous tournions au printemps. Cela affecterait l’histoire forcément. J’ai décidé de foncer au lieu de contourner ces ‘problèmes’ : j’ai pensé qu’il serait intéressant de créer un contraste entre la campagne printanière et magnifique et les horribles crimes qui se déroulaient sous ce beau vernis. Il y avait dans le script des références à des ‘campagnes reculées’ et j’ai trouvé ça étrange car j’avais cette idée un peu préconçue qu’au Danemark, petit pays, rien n’était vraiment isolé ; on vivait forcément dans une ville ou une banlieue. Quand j’étais petit et que j’allais au Danemark, je trouvais ça désuet et impeccable : ça manquait de nature. Lors de nos premières conversations, mon production designer Søren Schwartzberg m’a expliqué que la campagne danoise était en fait en piteux état ; les priorités du gouvernement ont paupérisé des villages entiers, les terrains ont perdu tellement de valeurs que leurs propriétaires ne trouvaient plus d’acheteurs. Il n’est pas rare que les écoles ferment… La situation est assez triste. À partir de ce postulat, on s’est dit que si une communauté voyait son école fermer et qu’elle pouvait faire en sorte que l’instituteur continue d’enseigner au sein de l’église, alors le dilemme des parents serait de savoir s’ils laissaient leurs enfants aller dans cette nouvelle école "privée". Les gens de DÉLIVRANCE sont très religieux. Ils sont très pieux, ce n’est pas une espèce de secte de dingos. Voilà comment je me suis approprié l’histoire.

Louise Vesth, productrice de la franchise pour Zentropa, voulait à la base changer de réalisateur à chaque film pour que chacun puisse amener sa propre personnalité. Aviez-vous une certaine liberté ou la franchise est-elle soumise à des codes très précis ?  
Le chef opérateur, le réalisateur et le production designer sont différents. Peter Albaek (producteur et cofondateur de Zentropa, ndlr) et Louise Vesth ont été clairs sur le fait que ce film n’était pas "le troisième de la saga", mais qu’il devait se tenir en lui-même. Et qu’il fallait que je fasse le meilleur film possible sans me soucier des précédents. Ils ne voulaient pas surfer sur le succès des deux premiers mais avoir un nouveau point de vue sur la franchise.

C’est facile de renouveler un genre aussi codifié que le "scandinoir" ? 
DÉLIVRANCE est un film de genre, d’accord. Mais c’est d’abord un film sur deux policiers qui ont une relation de travail sans avoir une réelle connaissance intime de la vie privée de chacun. La problématique de la foi s’immisce dans cette relation et elle peut éventuellement la détruire. En Scandinavie, la foi, c’est quelque chose d’extrêmement personnel. On ne dit pas pour qui on vote ni quelle est notre rapport à la religion ! Dans le cas présent, la foi force chacun à réévaluer son partenaire. Il faut déterminer si cela crée une vraie tension dans la collaboration ou si on peut passer outre cette crispation. C’est en tout cas difficile de rester neutre. Je voulais donc que le public se demande si la relation entre Assad et Carl pourrait survivre à cela.

On pourrait croire que Fares et Nikolaj sont les gardiens de leurs personnages. Que finalement, ils les connaissent mieux que vous. Pourtant, vous trouvez là le moyen de travailler avec eux profondément sur Assad et Carl.  
Aucun acteur, ni aucun auteur ou réalisateur n’a le monopole d’un personnage. J’adore le travail avec les acteurs. Et j’aime avoir justement ces discussions sur la manière dont un personnage réagirait à une situation précise. DÉLIVRANCE démarre alors que Carl traverse une crise existentielle sérieuse. Assad le force littéralement à revenir dans la vie. Dans les deux premiers films, même si Carl est cassé ou dévoré par le remords, il était toujours « le chef », celui qui est responsable. Là, il ne peut plus faire son travail. Assad ne peut pas le voir comme ça et doit agir. Il sait qu’il faut sortir Carl de sa léthargie et de chez lui.
 
Il y a d’ailleurs chez Carl un cynisme qui confère au film une sorte d’humour noir. 
C’est un nihiliste. Il n’a plus aucun désir de participer à la vie. Au début, c’est juste un aveugle aidé de son chien guide. Assad serait comme un parent qui amène son fils malade au travail, parce qu’il ne peut pas le laisser à la garderie. Ça change la dynamique de la relation entre Carl et Assad. C’est Assad qui prend les commandes. Je ne voulais pas qu’Assad soit juste le sidekick de Carl ou qu’il nettoie après lui : il a un esprit très indépendant et il force Carl à réviser son point de vue sur le monde. Dans les deux premiers films, il était la touche bienveillante, presque féminine. Dans DÉLIVRANCE, c’est à Assad de tuer la bête au bout du compte !

Vous avez ramené avec vous, sur DÉLIVRANCE, deux acteurs norvégiens que vous aviez déjà dirigés, notamment dans REFROIDIS : Jakob Oftebro (qui interprète Pasgård) et Pål Sverre Hagen, qui joue Johannes…   
Il y a beaucoup d’acteurs danois avec qui j’avais très envie de travailler et que je voulais caster dans le rôle de Johannes. Certains d’entre eux n’étaient pas libres, et finalement, j’ai demandé à mes producteurs si Johannes devait absolument être danois. C’est un missionnaire, après tout : il pouvait être suédois, norvégien, américain, peu importe. Le rôle n’était ainsi plus réservé à un Danois. Ce n’est pas rien, ceci-dit, de caster un Norvégien dans un film danois. Il y a des préjugés en jeu… (Rires.) Pål fait vraiment un ennemi formidable. Intelligent et vraiment effrayant. Il est celui dont le film avait besoin.

En France, le grand public connaît peu Jakob et Pål. Ce n’est pas le cas en Norvège où ils sont de véritables stars, n’est-ce pas ? 
Oui. À part quand il tourne pour moi, Pål joue toujours des hommes héroïques en Norvège, comme dans KON-TIKI (nommé à l’Oscar du meilleur film étranger en 2013, ndlr). Et Jakob est l’un des jeunes, beaux et talentueux leading men que compte le pays. En plus d’être des acteurs formidables, ce sont de gros bosseurs. Et des êtres humains très généreux.

Ce DÉLIVRANCE est plus spectaculaire que les deux premiers films. Y a-t-il eu des challenges techniques particuliers ? 
Il est peut-être plus spectaculaire, mais le budget n’a pas augmenté ! (Rires.) D’ailleurs, on nous a fait un super compliment une fois : on nous a dit que le film a l’air plus cher que les 6 millions d’euros qu’il a coûtés. Je crois que c’est l’un de nos points forts, à nous Scandinaves, c’est de mettre vraiment sur l’écran l’argent qui nous est alloué. Travailler avec un train, un hélicoptère et des voitures simultanément soulève non seulement des problèmes de sécurité, mais aussi des problématiques de mise en scène de l’action. Niveau logistique, on bloque 20 ou 30 km de voie ferrée. Forcément, refaire les prises est un processus assez lourd.

Zentropa est l’une des plus grosses sociétés de production en Scandinavie et même en Europe. Ils ont de grandes ambitions. Y a-t-il un plaisir particulier à travailler avec eux ? 
Ça a été une expérience merveilleuse de travailler avec Zentropa. Ça fait 20 ans que je connais Peter Albaek. Pouvoir enfin collaborer avec lui a été très cool. Il est une institution à lui tout seul en Scandinavie. Il prend de grandes décisions et les assume. Louise Vesth est une productrice extrêmement dévouée et c’est une sparring partner de haut niveau. J’ai particulièrement apprécié nos discussions sur la foi, la religion, et tous les autres aspects de l’histoire de DÉLIVRANCE. Elle est très préparée et s’attache aux détails. Et ce sont des gens qui bossent très dur. Zentropa donne leur chance à de jeunes gens afin qu’ils se confrontent aux réalités de la production cinématographique. Ces jeunes deviennent compétents très vite. L’équipe de postproduction de Zentropa m’a vraiment agréablement surpris notamment. C’est au-delà du boulot : ils font preuve d’une grande passion pour que vous arriviez au bout de votre projet.
 
Entretien reproduit avec l’aimable autorisation du magazine CinemaTeaser 

Crédit photo © Hendrik Ohsten
© 2016 Wild Bunch Distribution

 
#DepartementV

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