samedi 29 avril 2017

GET OUT


Thriller/Horrible avec des touches d'humour, le film fait mouche

Réalisé par Jordan Peele
Avec Daniel Kaluuya, Allison Williams, Catherine Keener, Bradley Whitford, Caleb Landry Jones, Marcus Henderson, Betty Gabriel, Lakeith Stanfield, Stephen Root...

Long-métrage Américain
Durée: 01h44mn
Année de production: 2017
Distributeur: Universal Pictures International France 

Interdit aux moins de 12 ans

Date de sortie sur les écrans américains : 24 février 2017
Date de sortie sur nos écrans : 3 mai 2017 


Résumé : Couple mixte, Chris et sa petite amie Rose filent le parfait amour. Le moment est donc venu de rencontrer la belle famille, Missy et Dean lors d’un week-end sur leur domaine dans le nord de l’État. Chris commence par penser que l’atmosphère tendue est liée à leur différence de couleur de peau, mais très vite une série d’incidents de plus en plus inquiétants lui permet de découvrir l’inimaginable.

Bande annonce (VOSTFR)


Extrait - "Georgina" (VOSTFR)


Extrait - "Quelque chose ne tourne pas rond" (VOSTFR)


Extrait - "Qu'il est beau" (VOSTFR)


Extrait - "Rencontre avec les Beaux parents" (VOSTFR)


Extrait - "Vos Papiers" (VOSTFR)


Ce que j'en ai pensé : Jordan Peele, le réalisateur de GET OUT (c'est son premier long-métrage en tant que réalisateur) est inconnu en France, mais aux Etats-Unis, c'est un humoriste célèbre notamment grâce, notamment, à une série tv humoristique à base de sketchs.

Jordan Peele, le réalisateur
Avec ce petit film horrifique, il met à profit son esprit satirique pour explorer une situation monstrueuse de façon jusqu’au-boutiste avec ce scénario dont il est l'auteur. Son intrigue part sur la volonté de tordre le cou aux idées reçues de tous côtés et au racisme ordinaire, puis nous entraîne sur un registre très glauque qu'il traite avec efficacité. Il maîtrise très bien la construction de son atmosphère inquiétante, qu'il étaye de petits moments d'humour. C'est d'autant plus réussi qu'on se met à la place du personnage principal et qu'on ressent son malaise, ainsi que son inquiétude grandissante. Certains moments sont vraiment angoissants.

Même si à un moment la mise en place de la situation de fond est un peu longue puisqu'on la comprend assez vite et qu'il la fait durer, en tout cas, on reste toujours sur nos gardes parce qu'il réussit à nous surprendre.

Sa mise en scène est vraiment intéressante, il nous permet de visualiser le ressenti de son héros, Chris, impeccablement interprété par Daniel Kaluuya, ce qui nous rapproche de lui parce qu'on comprend ce qu'il vit.



Les acteurs sont tous supers. Allison Williams est très convaincante dans le rôle de Rose Armitage.





Catherine Keener et Bradley Whitford interprètent respectivement Missy et Dean Armitage, ils savent parfaitement jouer sur tous les registres.



Caleb Landry Jones interprète un très inquiétant et effrayant Jeremy Armitage.
Betty Gabriel nous fait dresser les cheveux sur la tête avec son interprétation de Georgina et Marcus Henderson n'est pas moins inquiétant dans son interprétation de Walter.



Lakeith Stanfield interprète Andrew Logan King et il est tout de suite attachant.


Lil Rel Howery interprète pour sa part le sympathique et drôle Rod, un très bon ami.


GET OUT atteint son but. Il dénonce des idées préconçues et nous fait flipper autour d'une intrigue monstrueuse. Dans son genre, il est tout à fait réussi.

Crédit photos : Justin Lubin & Universal Pictures

NOTES DE PRODUCTION 
(Á ne lire qu'après avoir vu le film pour éviter les spoilers !)

UNE TARE AMÉRICAINE : LA GENÈSE DE GET OUT

La plupart des spectateurs associent le nom de Jordan Peele au célèbre duo d’humoristes « Key and Peele », et à la vedette du film KEANU. Connu tout autant pour les sketchs qu’il écrit que pour ses talents de comédien au cinéma comme à la télévision, Peele a également fait ses preuves dans le domaine du doublage et des imitations. Mais ce que la plupart des gens ignorent, c’est que ce génie de l’humour lauréat d’un Emmy Award est friand d’expériences radicalement différentes. 

Il fait aujourd’hui ses débuts de réalisateur avec Universal Pictures, studio qui a réinventé le cinéma d’épouvante, et Blumhouse Productions, société de Jason Blum, spécialiste de films d’horreur. Jordan Peele, qui a fait ses débuts d’acteur et de scénariste sur MADtv, a toujours été amateur de ce genre de films : il est convaincu que l’humour et l’épouvante puisent dans la même source d’inspiration… et sont ancrés dans notre besoin d’appréhender l’absurdité de la condition humaine. Il considère que nous faisons face à nos problèmes et à nos peurs par le biais de l’expérience cathartique viscérale du rire ou de l’abandon à la peur. En somme, en maîtrisant nos émotions, nous sommes capables de surmonter n’importe quel traumatisme. 

Le cinéaste suggère que cette tension et ce lâcher-prise sont profondément satisfaisants pour le spectateur  : «Dans un cas on essaye de faire rire, dans l’autre de faire peur. C’était un défi passionnant pour moi que de mettre tout ce que j’ai appris en tant qu’humoriste au profit de mon domaine de prédilection : le thriller », dit-il. 

Habitué à explorer la dimension absurde de l’existence, Jordan Peele a commencé par esquisser une histoire qui ménage autant de place à l’épouvante qu’à la critique sociale. Résultat : GET OUT, thriller audacieux qui mêle humour, satire, et horreur… et qui n’hésite pas à aborder de front l’état des relations inter-communautaires aux États-Unis à l’heure actuelle. 

« L’idée m’est venue parce que je voulais faire quelque chose à mi-chemin entre thriller et film d’horreur, mais qui me soit propre », explique-t-il. « Lorsque je parle de relations interraciales, ça me ramène à un domaine que je connais bien : l’humour. C’est un film qui reflète certaines de mes peurs, et certains problèmes auxquels j’ai été confronté ». 

Jordan Peele a imaginé un personnage du nom de Chris, photographe et artiste noir vivant à New York, qui passe à l’étape supérieure de sa relation avec sa petite amie blanche : en effet, il s’apprête à rencontrer ses parents à l’occasion d’un week-end prolongé. Dès son arrivée dans la maison familiale isolée du nord de l’État de New York, il commence à se douter qu’il se trame quelque chose. Lorsqu’il apprend qu’un certain nombre de jeunes hommes noirs ont disparu dans les environs, ses soupçons s’avèrent être bien plus que de la paranoïa. Ce qui s’annonçait comme un banal week-end de rigueur dégénère peu à peu pour culminer en un dénouement totalement inattendu, atroce, palpitant, terrifiant, mais aussi très drôle. 

Le réalisateur reconnaît qu’il aime jouer avec les attentes des spectateurs en proposant un renversement de situation radical. « Le point de départ de GET OUT, c’est cette jeune fille blanche qui ramène son petit ami noir à la maison sans avoir réfléchi à tous les tenants et aboutissants de la situation », suggère Peele. « Elle imagine que ses parents n’y trouveront rien à redire. Et c’est bien le cas, sauf qu’il se trame quelque chose de plus complexe dont on commence à entrevoir quelques aspects bien plus alarmants ». 

Toute une série d’événements un peu étranges lui mettent la puce à l’oreille. Le jeune homme s’étonne du comportement curieux des employés de la famille Armitage, et a l’impression d’être entré dans un monde parallèle lors de la commémoration annuelle du décès du grand-père. Mais il se rend compte que ce n’est pas lui qui perd la raison. « Le plus important, c’était de faire en sorte qu’il ne se passe rien de trop surprenant trop vite, sinon il deviendrait absurde que les personnages acceptent la situation telle qu’elle est », explique Peele. « Le premier élément qui commence à inquiéter Chris, c’est sa rencontre avec les employés, qui ont l’air un peu à côté de la plaque. Il n’a jamais rencontré des gens comme eux ». 

Pourtant, le scénariste et réalisateur fait remarquer qu’il était crucial que le héros n’entreprenne rien que le spectateur ne ferait lui-même dans pareille situation. « C’est tout ce que je déteste dans un film », déclare Peele en riant. « En particulier dans un thriller, quand on se demande pourquoi le personnage n’appelle pas tout simplement les flics avant de décamper. C’est la raison pour laquelle j’ai fait de Chris un type intelligent et réfléchi : c’est beaucoup plus intéressant ». 

Comme dans les films d’horreur les plus ambitieux (de ZOMBIE de George Romero, qui s’attache à la période de la guerre du Vietnam, ou encore LA DERNIÈRE MAISON SUR LA GAUCHE de Wes Craven qui explore la nature foncièrement violente de l’être humain), GET OUT fait preuve d’une audace qui dépasse le simple divertissement. « Le film aborde beaucoup de sujets », relève Jordan Peele. 

« Il parle de la façon dont les États-Unis envisagent les relations interraciales, et de l’idée que le racisme est un phénomène abject, une plaie pour l’Amérique. Il parle aussi d’indifférence, et du fait que si on manque de vigilance, on peut laisser des atrocités se produire sans réagir ». Il s’est dit qu’il était grand temps d’innover dans ce domaine et d’évoquer l’impact de l’appartenance ethnique sur le film d’horreur. « C’est un aspect essentiel du débat ». 

Si la plupart s’attendaient sans doute à ce que l’homme aux multiples casquettes fasse ses débuts au cinéma avec une comédie légère, Peele savait qu’il voulait se lancer dans la réalisation avec GET OUT. « Il est plus simple d’être à la fois scénariste et réalisateur, que de se contenter d’un des deux rôles », explique-t-il. « Comme ce sont deux étapes successives, on n’assume jamais les deux en même temps. Le grand avantage, c’est qu’on peut se permettre de changer des choses au cours du tournage sans avoir l’impression de trahir le scénario ». 

Afin de porter l’histoire à l’écran, Peele et les producteurs chevronnés Sean McKittrick et Edward H. Hamm Jr. – qui ont accompagné plusieurs acteurs faisant leurs débuts de réalisateurs, comme Jason Bateman et son ingénieux BAD WORDS – ont sollicité Jason Blum, le maître de la production qui a réinventé le film d’horreur depuis qu’il a pris les commandes de PARANORMAL ACTIVITY et en a assuré le succès retentissant. Son dernier projet en date, SPLIT, de l’auteur, réalisateur et producteur M. Night Shyamalan, est resté en tête du box-office pendant trois semaines, et c’est le contrat de Jason Blum avec Universal qui a permis au film de Peele d’être distribué. 

Blum revient sur les raisons de sa collaboration avec Peele : «Jordan est quelqu’un d’à la fois extrêmement talentueux et qui sait travailler en équipe. Je vais voir tous les films d’épouvante, je lis tous les scénarios, et pourtant je n’ai jamais rien vu de pareil. Quant au changement de direction dans la carrière de Jordan, je me dis qu’il y a en fait beaucoup de points communs entre l’humour et l’épouvante : ce sont les deux genres qui provoquent des réactions physiques dans la salle. Le timing d’une blague ou d’un moment effrayant, et la façon dont ils se construisent dans un film, sont très semblables. J’étais prêt à parier sur ce film rien qu’à la façon dont Jordan en parlait. 

Sean McKittrick est entré en contact avec le scénariste et réalisateur par l’intermédiaire d’un ami commun : «Je remercie Keegan-Michael Key qui m’a présenté Jordan en raison de sa grande passion pour les films d’horreur. Il m’a résumé l’histoire de GET OUT, et ça m’a semblé tout à fait original. Que ce soit LES FEMMES DE STEPFORD ou ROSEMARY’S BABY, les meilleurs films d’horreur révèlent une satire de notre société. Je me suis tout de suite dit : ‘Il faut absolument qu’on fasse ce film’». 

Le producteur, qui a fait ses débuts dans le milieu avec le grand classique DONNIE DARKO, a été très impressionné par le talent de l’apprenti réalisateur. Sean McKittrick confie : «Ça a été l’une de mes meilleures expériences. Jordan travaille d’arrache-pied et sait exactement où il va. La frontière entre humour et épouvante est si poreuse qu’il maîtrisait parfaitement le sujet avant même de s’y mettre. C’est comme s’il avait passé sa vie à l’étudier ». 

Blum reconnaît volontiers qu’il est attiré par les films proposant autre chose qu’un itinéraire linéaire. « GET OUT maîtrise tous les rouages du film d’horreur, mais apporte aussi quelque chose de nouveau », note-t-il. « Ça m’a rappelé ce qu’on a fait avec AMERICAN NIGHTMARE, une saga de thrillers d’action et d’épouvante, mais qui disent quelque chose de notre société. GET OUT fonctionne de la même façon, parce qu’il propose tout ce qu’on attend d’un très bon film d’horreur, mais aussi une véritable critique sociale. Jordan a trouvé un excellent moyen de parler d’appartenance ethnique… et de pousser la question jusqu’au grotesque. L’histoire est particulièrement déconcertante parce qu’on est convaincu de savoir comment la situation va évoluer alors qu’il se produit exactement le contraire ».

« TU AS ÉTÉ CHOISI » LE CASTING

Pour que le choc culturel à l’œuvre dans GET OUT soit palpable, le réalisateur a effectué un très large casting. Qu’il s’agisse de comédiens plébiscités par la critique ou de jeunes talents à peine débutants, il a engagé des interprètes venant d’horizons extrêmement différents. D’ailleurs, Peele considère que sa propre expérience de comédien lui a été particulièrement utile dans sa direction d’acteur. 

« Il tourne dans les films des autres depuis si longtemps qu’il sait très bien ce que vivent les comédiens », estime McKittrick. « Il a réussi à les mettre tous à l’aise. Il maîtrise parfaitement le fonctionnement de chacun de ses personnages parce que c’est lui qui les a écrits. Chaque acteur a pu enrichir son personnage de son propre point de vue, démarche qu’encourage Jordan ». 

Protagoniste du film, Chris Washington est photographe en herbe et Rose est tombée amoureuse de lui. Peele explique que le personnage a un lourd passé : « Chris est un garçon extrêmement intelligent qui a subi un traumatisme affectif et qui exorcise sa souffrance à travers ses œuvres ». Pour le réalisateur, il était essentiel de choisir un comédien capable d’exprimer le trouble du personnage, qui craint l’accueil qu’une famille blanche risque de lui réserver. 

« Ce qui inquiète le plus Chris, c’est que Rose n’a pas prévenu ses parents qu’il était noir », relève Peele. « Il appréhende une situation des plus gênantes. À mes yeux, Chris a l’esprit particulièrement affûté. Il est amoureux mais il reste sur ses gardes ». Il fallait aussi que le personnage puisse apparaître comme un nouveau venu au visage affable qui demeure malgré tout un étranger dans cette famille. 

La production a confié le rôle à l’acteur anglais Daniel Kaluuya. « Daniel est une véritable star », indique Peele. « Il est extrêmement attachant et sa capacité à se glisser dans la peau de son personnage est sidérante. Je l’avais adoré dans BLACK MIRROR et SICARIO. Il porte le film sur ses épaules ». 

Si Chris tâche de lâcher prise et de profiter de son week-end, il commence pourtant à se dire qu’il devrait sans doute se fier à son intuition à l’égard des Armitage. Surtout en ce qui concerne la mère de Rose, Missy. Psychiatre, elle insiste auprès de Chris pour qu’il se prête à sa nouvelle méthode de thérapie. Bien que le jeune homme compte arrêter de fumer, il n’est pas pressé. Pour autant, Missy ne se montre pas moins insistante. « Chris voit bien que la mère de Rose est spéciale », explique Kaluuya, « et qu’il s’agit d’une femme du genre agressif qui obtient ce qu’elle veut sans même s’en donner la peine. Il se retrouve donc en pleine nuit, sous hypnose, dans son bureau ». 

Rose n’a pas choisi ce week-end au hasard pour présenter son nouveau petit ami à ses parents. En effet, c’est à cette date qu’a lieu la traditionnelle garden-party annuelle de son grand-père aujourd’hui disparu. Au départ, Chris trouve l’ambiance de cette fête réunissant amis et proches chaleureuse, d’autant plus qu’il a perdu sa mère très jeune et qu’il a dû se débrouiller seul presque toute sa vie. 

« Pour l’essentiel, ce film parle d’un garçon qui appréhende ce qui risque de se passer », commente Kaluuya. « Chris remarque que cette fête est un peu bizarre et il ressent un fort racisme sous-jacent à son égard. Il a un échange avec quelqu’un qui lui prouve qu’il n’est pas à sa place et il veut s’en aller. Il se sent comme un intrus, ce qui le met mal à l’aise ». 

Peele a écrit le personnage de Rose comme la petite amie idéale du protagoniste. D’ailleurs, elle est tout aussi mortifiée par l’attitude de sa famille vis-à-vis de Chris que lui en est gêné. « Il était crucial que ce film reste avant tout une histoire d’amour », dit-il. « On s’inquiète constamment pour ce couple. Elle n’est pas parfaite, puisqu’elle n’a pas anticipé les difficultés liées à une relation avec un garçon noir, mais elle tente de comprendre ce que Chris doit subir. C’est une jeune femme compréhensive, drôle, et intelligente qui soutient son compagnon ». 

Pour camper Rose, la production a sollicité Allison Williams, repérée dans la série GIRLS et dans des comédies musicales. C’était aussi l’occasion pour Jason Blum de travailler avec une amie très proche. « Nous nous connaissons depuis très longtemps », racontet-il. « C’était donc une formidable opportunité de collaborer avec elle ». « Allison nous met en confiance et exprime tout l’amour qui, au fond, est au cœur du film », poursuit-il. « Grâce à elle, on s’attache à ce couple ». « Rose est une jeune fille accessible, progressiste et tendre », ajoute McKittrick. « Elle n’est pas forcément d’accord avec l’opinion de ses parents sur son petit ami noir, et on n’a jamais le sentiment qu’elle approuve les dysfonctionnements de sa famille. On croit vraiment qu’elle est du côté de Chris et qu’elle est sincèrement amoureuse de lui ». 

La comédienne a apprécié d’incarner une jeune femme dont les véritables intentions sont insoupçonnées. « Rose présente son petit copain noir à ses parents et on sent bien qu’il y a comme un malaise dès qu’ils arrivent », signale-t-elle. « Rose est déchirée entre sa loyauté envers sa famille et son nouvel amoureux mais elle sait que sa place est aux côtés de Chris. Elle est prête à ruer dans les brancards pour sauver son couple ». 

Allison Williams a été sensible au fait que le réalisateur ne se contente pas des conventions du film d’horreur : « Lorsque le metteur en scène est aussi le scénariste, c’est un véritable atout », affirmet-elle. « Il y a alors une vraie cohérence dans la vision du film, les intentions artistiques et le message ». Les deux jeunes interprètes sont de presque toutes les scènes de GET OUT et les producteurs ont été séduits par l’alchimie qu’ils dégagent. « Allison a été la première à s’engager dans l’aventure, même si Daniel avait répondu au casting depuis longtemps », intervient McKittrick. 

« Ce sont les deux piliers du film. Allison est une comédienne exceptionnelle. Et c’est un être merveilleux sur le plateau et dans la vie. Daniel, lui, est un acteur épatant qui travaille avec tout son corps. Je n’avais jamais rien vu de pareil. Il s’est tellement investi dans le rôle qu’il était épuisé entre les prises. La densité de son jeu a donné un véritable ancrage au film et c’était d’autant plus important que le spectateur a besoin de s’identifier à un protagoniste qui est un homme ordinaire ». 

S’agissant des parents de Rose – Dean, chirurgien à la retraite, et Missy, psychiatre –, la production a engagé deux comédiens aguerris. En choisissant Catherine Keener, deux fois citée à l’Oscar, aussi captivante dans DANS LA PEAU DE JOHN MALKOVICH et CAPITAINE PHILLIPS que dans 40 ANS, TOUJOURS PUCEAU, et Bradley Whitford, trois fois nommé au Golden Globe, aussi fascinant dans À LA MAISON BLANCHE et TRANSPARENT que dans LA CABANE DANS LES BOIS, la production savait qu’elle avait affaire à deux comédiens capables de camper des antagonistes qui n’avaient rien de caricatural. 

Pour Blum, les parents de Rose incarnent l’élite bien-pensante de gauche que Peele fustige dans son scénario. Si Rose n’a pas raconté à ses parents que Chris était noir, elle est pourtant certaine qu’ils n’y verront pas d’objection. Chris découvre que la réalité est tout autre. « Les parents de Rose commencent à tenir un discours à la limite du racisme », souligne le producteur. « Ils lui demandent s’il aime le golf… et puis, ils lui disent qu’ils sont très fans de Tiger Woods. Ils semblent appartenir typiquement à cette élite de bourgeois blancs progressistes, très sensibles à la problématique du racisme. En réalité, ils sont tout l’inverse ». 

Tout comme Allison Williams, Whitford était ravi de participer au film : « J’aime tellement ce que fait Jordan que j’aurais accepté de faire du ménage pour lui », plaisante le comédien. Il ajoute : « Je pense que le public va être déstabilisé par la révélation finale. Elle bouscule totalement les idées les plus répandues sur le genre ». Peele évoque les personnages et le travail des comédiens : « Bradley campe Dean Armitage, le prototype du père sympa et rigolo. Mais dans son cas, mieux vaut se méfier des apparences. Catherine est formidable dans le rôle de Missy, qui hypnotise Chris et le déstabilise totalement. Elle incarne la parfaite belle-mère en théorie, et puis à mesure qu’avance l’intrigue, on se dit qu’elle n’est pas claire ». 

Ultime membre de la famille de Rose : son frère cadet Jeremy qui cherche autant à provoquer Chris qu’à apprendre à le connaître. Il est interprété par Caleb Landry Jones, qui s’est fait connaître avec la série FRIDAY NIGHT LIGHTS, puis qui s’est imposé auprès du grand public sous les traits de l’inoubliable Banshee dans X-MEN : LE COMMENCEMENT. Grâce à l’acteur, Jeremy suscite un sentiment d’effroi inexplicable qui décontenance Chris dès l’instant où il fait sa connaissance. « Caleb réussit à se montrer véritablement inquiétant, même si c’est un vrai bonheur de l’observer au travail », s’enthousiasme le réalisateur. « Il donne le ton du film d’une certaine façon ». 

S’agissant des employés des Armitage, Betty Gabriel (AMERICAN NIGHTMARE 3 : ELECTIONS, GOOD GIRLS REVOLT) campe Georgina, gouvernante de la famille, et Marcus Henderson (DJANGO UNCHAINED, PETER ET ELLIOTT LE DRAGON) interprète Walter, le gardien de la propriété. Lorsque Chris les croise la première fois, il considère qu’ils sont emblématiques de l’attitude étrange des gens vivant à la campagne à l’égard des Noirs. Qu’il s’agisse du regard morne de Walter lors de sa course en pleine nuit ou de l’air hagard de Georgina s’observant dans un miroir, les deux employés de maison semblent étrangement absents. Tous les Noirs que Chris croise au cours du week-end déjouent totalement ses attentes. La situation dans laquelle le jeune homme se retrouve est tout aussi inconfortable pour lui que pour le spectateur. C’est en tout cas l’effet que Peele a souhaité obtenir dans le scénario : « Ce sont des domestiques noirs comme on en voit traditionnellement dans ce genre de contexte, et Chris débarque là comme s’il faisait partie de la famille », dit-il. « Avec Georgina et Walter, Chris ne réussit pas à instaurer le type de complicité entre Noirs qu’il recherche chez eux, ce qui l’aliène et l’isole de plus en plus ».

Alors que l’atmosphère semble parfaitement normale pour la famille Armitage, elle met leur hôte extrêmement mal à l’aise. « Chris trouve l’ambiance franchement bizarre », explique Kaluuya. « Les parents et le frère de Rose sont blancs et les employés sont noirs. C’est juste un peu étrange pour lui qui vit à New York, l’une des métropoles culturelles les plus modernes au monde ». Le charmant Chris constate souvent que Georgina le fusille du regard… ou qu’elle se dévisage dans la glace. « Georgina s’adore », affirme Betty Gabriel. « Elle aime son allure, si bien qu’elle se regarde dans la glace aussi souvent que possible ». La jeune femme commence à révéler son vrai visage lors de la réception annuelle chez les Armitage. « Cette fête est une tradition familiale destinée à rendre hommage aux grandsparents de Rose et à faire en sorte qu’on ne les oublie pas », note la comédienne. « C’est traumatisant pour Chris et tous les convives s’intéressent à sa présence… sans doute d’un peu trop près ». Chris a l’impression que le gardien veille aussi jalousement sur le secret des Armitage que Georgina. « Walter est le gardien des Armitage et il est très attaché à cette famille », ajoute Henderson. « Il y a quelque chose d’étrange chez lui et il semble venir d’une autre planète ». 

L’acteur a apprécié le fait que l’intrigue comporte de nombreuses zones d’ombre… jusqu’à l’explosion finale. « Mon personnage cache un énorme secret. Jordan m’a remis une note sur le plateau qui disait "Tu dissimules un secret que tu as vraiment envie de révéler mais tu ne peux pas le faire", et c’est ce qui a réveillé mon âme d’enfant de 5 ans ».

Georgina et Walter ne sont pas les seuls Noirs que Chris rencontre dans la propriété des parents de Rose essentiellement fréquentée par des Blancs. Lakeith Stanfield, remarqué pour son interprétation de Snoop Dogg dans N.W.A. – STRAIGHT OUTTA COMPTON, campe Logan King, jeune homme qui frappe par son accoutrement d’un autre âge, son discours et ses mimiques. Seul autre convive noir, Logan ne semble pas dans son élément au bras de son épouse blanche et âgée. « Logan connaît extrêmement bien la famille de Rose », détaille l›acteur. « Il les connaît depuis des années et il est heureux de participer à cet événement festif à leurs côtés ». Tout comme les autres, Logan cache bien son jeu. On s’en rend compte lorsqu’un flash du téléphone portable de Chris se déclenche et provoque chez lui une – apparente – crise d’épilepsie. Une crise qui le pousse à saisir Chris et à lui hurler de quitter la maison. « Il subit un changement terrifiant au cours du film », note Stanfield. « Au cours de cette transition, il devient un individu socialement différent de l’homme que tout le monde connaît ». 

McKittrick explique cette métamorphose soudaine : « Au moment où Chris prend une photo de Logan, le flash de son téléphone déclenche une pulsion chez le garçon et le pousse à agresser Chris. Il se met à saigner du nez et on comprend alors qu’il se passe quelque chose de grave. C’est Missy qui, en qualité de psychiatre, réussit à ramener Logan à son état antérieur ». Peele se déclare très fier des seconds rôles. « Betty est formidable dans le rôle de Georgina, tout comme Marcus dans celui de Walter », s’enthousiasme le réalisateur. « Lakeith campe un personnage hors du commun : son registre de jeu est impressionnant et il s’est investi à 100% dans son personnage ».

Dernier convive de la garden-party : Jim Hudson, interprété par l’inimitable Stephen Root. L’acteur s’est fait connaître pour ses nombreux doublages, ses rôles comiques (MÊME PAS MAL (DODGEBALL) ou 35 HEURES, C’EST DÉJÀ TROP) et dramatiques (BOARDWALK EMPIRE et DALTON TRUMBO). Il note : « Mon personnage est aveugle. Selon le point de vue qu’on adopte,il peut se révéler le genre d’homme avec lequel on n’a pas franchement envie de se fâcher ou un chic type qui vit en ville ». Il est crucial pour les comédiens, comme pour Peele et les producteurs, que le dénouement de GET OUT ne soit surtout pas dévoilé au spectateur. 

« Chris est un jeune homme charmant et tout le monde a envie de le rencontrer – mais pas forcément pour les mêmes raisons », précise le réalisateur. « Il faut constamment se méfier des apparences, y compris pendant la réception et parmi les convives. Le spectateur ne comprend ce qui se passe vraiment que tard dans le film ». 

L’ange-gardien du récit est ici un agent de la TSA (l’agence fédérale de sécurité dans les transports) qui n’est autre que le meilleur ami de Chris, Rod Williams. Interprété par Milton « Lil Rel » Howery, humoriste qui s’est illustré dans des émissions comme le « Carmichael Show », Rod incarne le point de vue du spectateur. Il précise : « C’est à travers lui que le public assistant à un film d’horreur a envie de crier "Sors de la maison ! Ne te retourne pas ! N’entre pas dans le placard !" Il discute souvent au téléphone avec Chris pendant le fameux week-end. Dans le même temps, Rod comprend ce qui se passe, tout en tirant de mauvaises conclusions. Il apporte un peu d’humour et de légèreté et incarne la voix de la raison ».

« QUELQUE CHOSE NE TOURNE PAS ROND » - LIEUX DE TOURNAGE ET DÉCORS

GET OUT a été tourné à Mobile, dans l’Alabama, et Peele a réuni le chef-décorateur Rusty Smith, le chef-opérateur Toby Oliver, le chef-monteur Gregory Plotkin, la chef-costumière Nadine Haders, le superviseur musical Christopher Mollere et le compositeur Michael Abels. La météo a alterné entre soleil et averses et la volonté de réaliser un film ambitieux a joué favorablement sur l’atmosphère générale.

Si l’équipe a dû relever de nombreux défis – comme celui de tourner dans les recoins les plus sombres de la propriété des Armitage en pleine nuit –, la scène la plus difficile a sans doute été celle de l’agression de Chris par Logan. Whitford s’explique : « Cette vente aux enchères est un événement très important. Il y a beaucoup de ventes de charité destinées à financer des traitements contre des maladies ou à secourir des victimes de tragédies, mais dans le cas du film, nous finançons une cause qui dépasse la maladie ». Nadine Haders a habillé les convives de la garden-party avec des costumes sur mesure très chics correspondant à l’élite du nord de l’État de New York. Smith a conçu un décor destiné à mettre chacun des invités à l’aise… à l’exception du convive qui est bien convaincu qu’il n’est pas à sa place. Chaque angle de prise de vue élaboré par Oliver était censé décupler cette impression éprouvée par le protagoniste. Bien que l’ensemble des convives se montrent affables et gentiment condescendants à son égard, le moindre plan laisse planer un sentiment de sourde menace – sans oublier les gros plans des invités fixant d’un œil méchant Chris lorsqu’ils pensent qu’il n’y prête pas attention. « Cette scène est très emblématique du film », note le réalisateur. « C’est une séquence à la fois terrifiante et drôle. En voyant l’expression sur le visage de Chris, on comprend bien son sentiment de grande solitude d’être le seul noir présent à la fête. Tous ceux qui discutent avec Rose et Chris évoquent leurs propres liens avec la communauté afro-américaine ». Ce passage du film a eu une forte résonance chez de nombreux acteurs. « Cela se passe souvent dans la vraie vie », souligne Peele.

« Aux yeux de tous, Chris est réduit à n’être que le bon Noir de service. Cette scène est représentative des événements horrifiques qui se déroulent de manière souterraine. À un moment donné, Chris aperçoit Logan. Il est soulagé de croiser un autre Noir mais quand Chris va le saluer, il est évident que le garçon n’est pas du tout dans le même esprit que lui. Il est totalement dans son élément parmi ces gens très lisses et il se sent plus proche des convives que de Chris ».

Après le tournage, la production évoque ses espoirs pour GET OUT. « Tout d’abord, j’aimerais que le spectateur ait le sentiment de s’embarquer dans une aventure pleine de péripéties », souligne McKittrick. « Ensuite, je souhaiterais qu’il discute du message sociétal du film sur les préjugés qu’on se forge dès la naissance en fonction du milieu dans lequel on grandit ». Pour Blum, GET OUT a remarquablement su mêler les genres. « S’il s’agit bien d’un film terrifiant, et pas d’une comédie horrifique, il est important que le cinéma d’horreur ménage des passages drôles », conclut-il. « Les moments de pure horreur sont d’autant plus efficaces lorsque le spectateur peut aussi rire de temps en temps. Cela le déstabilise et quand on cherche ensuite à le terrifier, il réagit d’autant mieux aux effets horrifiques ». Le mot de la fin revient au réalisateur : « Mon objectif premier, c’est de divertir le spectateur et j’espère donc que c’est ce qu’il ressentira pendant la projection. GET OUT est un film terrifiant, drôle et insolent – et j’ai vraiment envie que le public se marre ! Au-delà de ces objectifs, j’espère qu’il parlera du racisme et du cinéma d’horreur d’une manière inédite ».

 
#GetOut

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