vendredi 14 juillet 2017

COLOSSAL


Comédie/Science fiction/Action/Un film singulier, une surprenante découverte

Réalisé par Nacho Vigalondo
Avec Anne Hathaway, Jason Sudeikis, Dan Stevens, Tim Blake Nelson, Austin Stowell, Rukiya Bernard, Christine Lee X, Agam Darshi...

Long-métrage Espagnol/Canadien
Durée: 01h30mn
Année de production: 2016
Distributeur: TF1 Vidéo 

Date de sortie en e-Cinéma sur toutes les plateformes VOD : 27 juillet 2017


Résumé : Gloria est une jeune new-yorkaise sans histoire. Mais lorsqu’elle perd son travail et que son fiancé la quitte, elle est forcée de retourner dans sa ville natale où elle retrouve Oscar, un ami d’enfance.
Au même moment, à Séoul, une créature gigantesque détruit la ville, Gloria découvre que ses actes sont étrangement connectés à cette créature. Tout devient hors de contrôle, et Gloria va devoir comprendre comment sa petite existence peut avoir un effet si colossal à l’autre bout du monde…

Bande annonce (VOSTFR)


Ce que j'en ai penséCOLOSSAL fait partie de ces films indépendants qui font typiquement la joie des festivaliers à la recherche d'un cinéma à la fois atypique, touchant, étonnant et malin. 

Avec un petit budget, COLOSSAL impose une histoire dramatico-comico-fantastique métaphorique attachante. Sans lecture entre les lignes, il est assez difficile de comprendre le sens de l'intrigue développée par le réalisateur Nacho Vigalondo. Il y a un vrai fond dramatique à cette histoire qui ménage pourtant des moments d'humour à son développement. Étonnamment, pour une thématique un peu barrée, sa réalisation est très fluide et claire. Le fantastique s'imbrique parfaitement avec les scènes de vies de tous les jours. Les effets spéciaux sont tout à fait convaincants. On comprend l'interaction, le pourquoi et le comment. 

Il y a une volonté de passer un message sur la violence hommes-femmes, la prise en otage mentale de l'autre, la toxicité des esprits pervers et la conquête de son destin. Le film fait appel à l'intelligence du spectateur, car il déploie son histoire sans lui servir son sens sur un plateau. Tranquillement, on fait la connaissance des personnages, de leur vie et de leur vrai visage. Chaque sensibilité peut trouver une morale légèrement différente à ce film.

Anne Hataway est très juste dans le rôle de Gloria, une jeune femme qui a perdu de vue son chemin et qui à travers cette aventure va tenter de se trouver.



Jason Sudeikis est étonnant dans le rôle d'Oscar. Il joue habilement avec les facettes de son personnage.




COLOSSAL est un petit film surprenant qui titille la curiosité du spectateur et l'entraîne, sans en avoir l'air, sur des recoins parfois assez sombres de l'esprit humain. Il impose une singularité qui ne laisse pas indifférent.

NOTES DE PRODUCTION
(A ne lire qu'après avoir vu le film pour éviter les spoilers !)

NOTE DU RÉALISATEUR NACHO VIGALONDO

COLOSSAL est un film qui raconte une histoire universelle à travers un mélange de genres cinématographiques, à priori, impossible. D’un côté, il est le reflet du romantisme comique présent dans les films indépendants américains de ces trois dernières décennies, tels que SEXE, MENSONGE ET VIDEO, BEAUTIFUL GIRLS, BOOGIE NIGHT et beaucoup d’autres, comme les récents (500) JOURS ENSEMBLE, YOUNG ADULT et LITTLE MISS SUNSHINE. D’un autre côté, il fait référence aux films de monstres Kaiju japonais, de KING KONG à aujourd’hui, qui sont devenus des icônes du cinéma fantastique et catastrophe. La trame s’articule autour de l’effondrement financier d’une personne ayant perdu son travail ; une situation très actuelle et qui coïncide aussi avec la frustration et le désordre du passage à l’âge adulte après 30 ans. 

Anne Hathaway incarne le personnage de Gloria qui accumule les échecs sentimentaux et professionnels. Elle trouve refuge dans sa ville natale, une situation qui va la faire sombrer. Dans la première moitié du film, Gloria rencontre Oscar (Jason Sudeikis) un ami d’enfance qui devient un support financier et émotionnel. De nombreux spectateurs pourraient alors penser qu’il s’agit d’une romance. Mais Gloria et Oscar défient les attentes de leurs personnages et explorent des territoires qui vont surprendre leurs fans respectifs. Et c’est sans mentionner les monstres géants qui sont en train d’attaquer Séoul en Corée du Sud. Tout au long du film, l’histoire dramatique de Gloria et Oscar évolue tandis que le monde lutte contre les attaques de créatures géantes qui semblent venir d’un film complètement différent. 

Tout comme nous le faisons dans la vie, les personnages vont suivre ces événements à travers les chaines d’info et Internet. J’ai représenté cette histoire fantastique de la manière la plus réaliste possible. Je voulais montrer de façon crédible comment nous réagirions face à ces images diffusées sur CNN. Nous sommes à une époque où nous avons malheureusement l’habitude de suivre des catastrophes à la télévision. La réaction de Gloria et des autres personnages fait directement écho à notre propre expérience en tant que spectateur et consommateur de l’information. 

Cependant, le film n’est pas un essai sur notre relation aux médias de masse. A travers la relation de Gloria, Oscar et des créatures de Séoul, la vraie nature de cette histoire nous apparaît. COLOSSAL montre que la grandeur de nos actions ne correspond pas forcement à la grandeur des conséquences de celles-ci. Gloria apprend, de manière tragique et surprenante, l’importance de ses erreurs. Ainsi elle découvre que pour résoudre ses problèmes, elle doit grandir.  

ENTRETIEN AVEC NACHO VIGALONDO

Comment le projet est-il né ? 

J’avais un dossier avec un tas de notes contenant des idées pour de prochains films et tous étaient extravagants et décalés. Je n’ai pas développé la plupart de ces idées car je ne trouvais pas l’axe émotionnel des personnages principaux. Peu importe combien une idée est originale, s’il n’y a pas d’émotions, l’histoire ne sera pas centrée sur les personnages. Bien que COLOSSAL soit basé sur une idée originale, je voulais aussi parler de la nature d’autodestruction face celle purement destructive.

D’où viennent vos idées en général ?

Elles viennent des livres que je lis, des jeux vidéo auxquels je joue, autant que de ma propre vie et de la manière dont je m’observe moi-même et mes amis ou encore en écoutant des histoires autour de moi. Quelque chose comme ça.

Qui est Gloria selon vous ?

Gloria est une trentenaire qui, comme beaucoup de personne de cet âge, traverse plusieurs crises dans sa vie. La plus grande est de nature financière, mais celle-ci est liée à une crise personnelle et à ses nombreuses soirées. Tout ceci est un mauvais cocktail ! Cependant, ses problèmes ne sont pas exclusivement liés à sa génération, ils sont universels et correspondent aux ajustements que l’on doit faire lorsqu’on passe à la vie adulte. Une fois que l’on devient adulte, on réalise souvent que peu de choses sont stables dans notre vie, c’est l’opposé de ce qu’on a pu nous promettre dans notre jeunesse. Les gens comme Gloria ne se sentent pas adulte, ils sont toujours des adolescents dans leur tête. Elle n’a pas de maison, de voiture, ni d’enfants, elle est une épave. Je me souviens avoir vu la série GENERATION PUB lorsque j’étais enfant, j’espérais avoir à mes trente ans une maison avec une clôture de piquets blancs. Ma génération, et celle de Gloria, a découvert que nous ne n’aurions pas cela. Le grand point d’interrogation pour notre génération est de savoir quel est le sens de notre vie. Je voulais explorer ces différentes questions avec le personnage de Gloria.

Vous faites des films de genre, et celui-ci est un film de monstres. D’où vient votre intérêt pour les monstres et la destruction du monde ?

Mon amour pour les films de monstres remonte à ma jeunesse. J’aime l’anarchie que représentent les films classiques de Kaiju. J’aime les films catastrophes quand ces destructions forment  un  personnage de premier plan. L’un de mes films préférés est LA TOUR INFERNALE qui parle d’une destruction massive. Dans ce film, le monstre est le feu et d’une certaines manière, c’est une entité à proprement parlée. De plus, je suis intéressé par la difficulté de faire des films catastrophe qui se focalisent sur l’élément humain. Dans les films classiques de monstres que je regardais lorsque j’étais enfant, l’intrigue tournait autour du combat contre un ou deux monstres. La plupart du temps, l’élément humain est présent car cela serait impossible, pour des raisons budgétaires, d’avoir un combat entre deux monstres sur toute la durée du film. Les humains sont là pour faire en sorte que cela soit un long métrage, peu de spectateurs se soucient de leur sort. Tout le monde s’intéresse aux monstres ! Je voulais faire un film où je ne serais pas obligé de mettre constamment un monstre à l’écran. Je ne voulais pas que les vies humaines soient insignifiantes, comme si elles n’avaient aucune influence sur la confrontation physique entre les monstres. Dans COLOSSAL, je voulais que l’humain soit lié au monstre.

Êtes-vous d’accord pour dire que Gloria est d’une certaine manière un monstre ?

C’est la métaphore que le film semble suggérer dans la première partie, je suis donc d’accord pour dire qu’elle est un monstre. Lorsque vous racontez l’histoire d’une personne ordinaire qui possède un avatar géant capable de reproduire ses mouvements de l’autre coté du monde, surtout lorsqu’elle est saoule, il est impossible d’éviter de parler de ses démons intérieurs et de l’autodestruction. La métaphore autour du monstre est très claire là dessus. Cependant, pour moi, il serait injuste de considérer que le film n’est que cela. DR JEKYLL & MR. HYDE est le reflet de ce genre de monstres. Dr Jekyll vit à l’intérieur de Mr Hyde et inversement. Je voulais utiliser cette métaphore du monstre et la pousser à un degré supérieur. Avec Gloria, le monstre est à l’intérieur d’elle et à l’extérieur dans le monde.

A quel moment Anne Hathaway est arrivée sur le projet et pourquoi l’avez-vous choisi ?

Je n’aurais jamais espéré avoir un casting comme celui-ci lorsque j’ai écrit le scénario, je n’aurais jamais imaginé Anne Hathaway dans le rôle principal. La première version était en espagnol et je m’étais préparé à faire un film à petit budget en Espagne. Par l’intermédiaire de son agent, Anne a pu lire le scénario et exprimée son intérêt. C’est arrivé de nulle part et j’ai été stupéfait. Lorsque vous écrivez une histoire comme celle-ci, vous devez savoir que cela prendra trois ou quatre ans pour trouver les financements car le scénario n’est pas conventionnel. Je m’étais fait à cette idée, à prendre le risque et le temps pour monter ce projet. Finalement le film est devenu beaucoup plus facile à faire dès qu’Anne a signé !

Que pensez-vous d’Anne Hathaway en tant qu’actrice ?

Lorsque vous la voyez à l’écran, avoir du charisme semble tellement facile, cela émane d’elle. Elle est ce genre d’actrice que l’on ne voit pas jouer à l’écran, elle incarne le personnage. Elle est tellement naturelle. Elle a aussi été d’une aide incroyable pour des aspects plus techniques de la production: la meilleure façon de marcher dans le cadre ou le bon moment pour sortir du cadre. Elle a fait de moi un meilleur réalisateur car je bloquais sur certaines scènes que j’avais pourtant préparées des mois auparavant. Elle avait des idées au dernier moment et les partageait. Ses idées ont rendu le film meilleur.

En regardant ses précédents films, on peut voir l’autodérision qu’elle a, est ce que cela fait d’elle une bonne comédienne ?

Absolument. Elle nous a dit que ce qui l’avait convaincu de faire le film c’était la fin que je ne révélerais pas. Elle était au théâtre à Broadway la première fois que nous nous sommes rencontré. Durant la pause, elle a joué la scène finale de COLOSSAL, et elle l’a rendu drôle. Un scénariste ne décrit pas tout le temps comment les choses doivent être jouées, cela peut être comique ou tragique et c’est souvent l’acteur qui détermine cela par son interprétation. Anne a beaucoup ri de la manière dont Gloria réagit à la fin du film, et avec n’importe quel autre acteur, je ne suis pas sûr que cela aurait été drôle. Le dernier rire du film est entièrement dû à elle.

La structure du film se base constamment sur des oppositions, l’est et l’ouest, le masculin et le féminin ou même le coté du bar d’Oscar et celui de Gloria. Était-ce votre intention ?

J’essaye de ne jamais être explicite sur mes intentions. Dans le meilleur des cas, le film parle de lui-même. C’est toujours mieux d’entendre parler les autres des intentions du film que de les expliquer soi-même. Ce n’est pas comme si je les gardais secrètes, tout est à l’écran. Les parties les plus brillantes d’un film proviennent du film lui-même, et non du réalisateur. C’est quelque chose auquel je crois vraiment : les films sont meilleurs que les réalisateurs. Un film n’est pas quelque chose que j’écris seul, c’est quelque chose fait par un groupe de différentes personnes qui partagent la même expérience. Quand vous regardez les films des années 70, par exemple, il a quelque chose de spécial parce que l’époque fait partie du film. Un film tourné en 1971 a été fait par des gens qui vivaient à la même époque, quelque chose provient de ces esprits et transparaît à l’écran, c’est ce qui rend le résultat si puissant.

Qui est le méchant dans COLOSSAL ?

Je ne me suis jamais complètement senti à l’aise avec la notion de méchant. La plupart du temps dans la vraie vie, nous sommes notre pire ennemi. Nous sommes paresseux, nous ne pouvons pas nous concentrer, nous ne pouvons pas rassembler nos esprits, le mal c’est tout cela dans notre cerveau. J’aime montrer cet aspect de la nature humaine dans mes films. Même s’il y a déjà un méchant évident comme Oscar dans COLOSSAL, le personnage principal doit aussi faire face à la part sombre qui est en lui pour devenir adulte. Parfois on ne peut pas vaincre le mal, je trouve cela intéressant. Je déteste que dans les films la dépression ou la schizophrénie disparaissent soudainement, cela n’arrive jamais dans la vraie vie. J’essaye dans ce film d’étudier comment une personne peut gagner sans véritablement gagner en même temps. Gloria pourrait gagner à la fin, mais elle va devoir se battre le reste de sa vie.

Oscar, comme Gloria, est un personnage très complexe. Quel est l’origine de ce personnage et que suggèrent ses luttes ?

Pour moi, Oscar devait être terrifiant, mais ce qui m’intéressait aussi chez lui, c’était qu’il était un garçon charmant et gentil, parce qu’un agresseur ne ressemble pas toujours à un ogre dans la vraie vie. Oscar représente une masculinité toxique, on en voit de plus en plus dans les films récemment. C’est également un film féministe d’une certaine manière. Gloria est une femme luttant seule, notamment contre le besoin d’Oscar de la contrôler. Lorsque je travaillais sur Oscar, je me suis revu comme un adolescent grandissant dans une petite ville du nord de l’Espagne d’où je viens. Et si je n’étais jamais devenu réalisateur et que j’étais resté dans ma famille ? Je pense que j’aurais pu devenir stupide dans ces conditions. Je n’essaye pas de leur trouver des excuses mais plutôt de les comprendre. Je pense qu’il est important pour un homme d’aborder la masculinité toxique d’une manière qui ne traite pas les hommes comme des monstres venus d’ailleurs.

Pourquoi avez-vous choisi Jason Sudeikis pour jouer le rôle d’Oscar ?

Comme pour Anne, Jason Sudeikis a lu le scénario et a immédiatement signé. Il était notre premier choix. J’étais étonné par le casting pour nos rôles principaux, et j’ai bien sûr dit oui aux deux. J’aime beaucoup ce que fait Jason et l’avoir sur le plateau signifiait que l’aspect comique du film était garanti. Je voulais qu’Oscar soit charmant, comme un grand frère, un homme protecteur avec les meilleures blagues. En même temps, c’est vraiment gratifiant pour un réalisateur de confier à Jason un personnage de méchant, c’était une première pour lui. Il ne s’agissait pas d’un charmant garçon qui tourne mal, mais d’un méchant incontestable. Jason va certainement continuer à jouer des rôles romanesques mais je resterais très fier de lui avoir confié celui de l’infâme Oscar. Il est incroyable.

L’équilibre des genres joue un grand rôle dans ce film, êtes vous d’accord ?

L’une des bobines du film se veut issu d’une comédie romantique indépendante alors que l’autre se veut être un blockbuster hollywoodien. Lorsque vous réalisez un film avec Anne Hathaway et Jason Sudeikis, la forme de film qui vient à l’esprit est le genre de projet contre lequel je me bats, c’est-à-dire un grand film de monstres à la distribution prestigieuse, réalisé par Christopher Nolan (rire) et produit par une major. Avoir Anne Hathaway et Jason Sudeikis dans son film, c’est jouer le jeu d’Hollywood. Pour un cinéaste comme moi, c’est le plus grand film que j’ai pu faire et pour être honnête, je pense que c’est le dernier. Selon les normes américaines, ce film est plutôt petit. J’aime l’idée que COLOSSAL soit grand et petit en même temps.

Pourquoi les scènes avec le monstre se déroulent à Séoul en Corée du sud ? Est-ce qu’il y a une symbolique ?

J’avais besoin de l’Asie, qui est une culture éloignée de la notre. Je voulais que les personnages, pas uniquement les personnages principaux mais tout le monde dans la petite ville, se sentent indifférent à propos des gens qui se trouve de l’autre côté du monde, comme nous le faisons dans la vraie vie. Les clients du bar d’Oscar qui regardent les informations sur CNN sont impressionnés pas les monstres et les destructions qu’ils causent, mais ils ne se soucient pas des victimes. Gloria apprend à ressentir de la compassion pour les victimes au cours du film. C’est un sujet qui nous touche tous. Si quelque chose se passe en Amérique ou en Europe, nous sommes compatissants, mais lorsque cela se passe en Thaïlande ou à Séoul, nous le sommes moins.

Est-ce un film sur la culture de l’empathie ?

Absolument, c’est la meilleure manière de résumer le film.  Toutes les choses dont parle le film sont toujours mieux expliquées par les autres. Il n’y a rien de plus boiteux qu’un cinéaste qui explique son film et qui cherche à rendre claire sa métaphore. Un film doit expliquer ses propres métaphores.


Les effets spéciaux de COLOSSAL sont très astucieux, quelle était votre stratégie ? 

Je suis un cinéphile romantique et sentimental, j’aime l’utilisation traditionnelle des effets spéciaux. Pour ce projet, j’aurais eu besoin d’un budget élevé pour faire un film qui semblait réaliste. De plus, si mon film avait été fait main, j’aurais eu l’impression que cela pouvait devenir kitsch et je voulais éviter cela. Les événements télévisés dans le film devaient paraître vrais, c’est pour cela que les effets spéciaux numériques étaient la meilleure solution. Je voulais aussi que le film parle à tout le monde, pas uniquement les amoureux de Kaiju. Je voulais spécialement toucher un public plus jeune qui ignore cet héritage des films de montres. Je ne voulais pas les éloigner de l’écran en utilisant des effets visuels datés. Même si je suis nostalgique des anciens kaijus, je ne voulais pas obliger le public à se sentir aussi sentimental que moi...

Pourquoi regardons-nous avec tant de nostalgie les classiques de Kaiju? 

Les classiques de monstres japonais sont hypnotiques et intemporels pour leur combinaison de gravité et d’absurdité. Ils faisaient tomber des bombes nucléaires sur de vraies villes japonaises. Ils étaient également extrêmement maladroits. Combinés, ces deux éléments ne devraient jamais fonctionner, mais dans les films de kaiju, ils se complètent de manière poétique. Je n’utiliserais jamais la phrase : “c’est tellement mauvais que c’est bon” avec les films de kaiju parce que cela ne s’applique simplement pas, ils sont bons. Je ne veux pas non plus être arrogant concernant ces films. Lorsque je vois quelque chose de sombre et d’enfantin à la fois comme des jouets géants qui se battent au milieu d’une destruction de grandes ampleurs, qui parvient à parler aussi bien à des enfants et à des adultes, c’est quelque chose proche de la poésie. Je dis cela avec rien d’autre que de la reconnaissance en tant que spectateur.

Les films de monstres et de genre plaisent souvent à un public masculin. COLOSSAL s’adresse plutôt à un public féminin. Pourquoi avez-vous opté pour un personnage féminin?

La plus belle chose en tant que réalisateur c’est réunir des personnes différentes dans la même pièce. Il  n’est pas difficile de faire un film d’horreur hardcore pour une base de fans. Le plus grand défi est de faire quelque chose de singulier qui touche des personnes différentes, comme lorsque Tarantino réunit l’élite de la critique, les français, et les gens qui aiment les films d’action. C’est ce que je veux faire, parfois ça marche et d’autre non.Le défi est de faire un film honnête qui ne se concentre pas sur un public spécifique. Je sais déjà quelles astuces toucheront les fans du genre. Je ne veux pas diviser le public, je veux les rassembler sans les aliéner.


 
#Colossal

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