dimanche 20 décembre 2015

JOY


Biopic/Comédie dramatique/Un beau portrait de femme malgré quelques longueurs

Réalisé par David O. Russell
Avec Jennifer Lawrence, Robert De Niro, Bradley Cooper, Edgar Ramírez, Virginia Madsen, Isabella Rossellini, Diane Ladd, Dascha Polanco...

Long-métrage Américain
Durée: 02h03mn
Année de production: 2015
Distributeur: Twentieth Century Fox France

Date de sortie sur les écrans américains : 25 décembre 2015
Date de sortie sur nos écrans : 30 décembre 2015


Résumé : Inspiré d'une histoire vraie, JOY décrit le fascinant et émouvant parcours, sur 40 ans, d'une femme farouchement déterminée à réussir, en dépit de son excentrique et dysfonctionnelle famille, et à fonder un empire d’un milliard de dollars. Au-delà de la femme d’exception, Joy incarne le rêve américain dans cette comédie dramatique, mêlant portrait de famille, trahisons, déraison et sentiments.

Bande annonce (VOSTFR)



Extrait - "Ce que vous avez dit" (VOSTFR)

 
Ce que j'en ai pensé : David O. Russell est un réalisateur avec un style marqué bien particulier. Il aime raconter des histoires de familles dysfonctionnelles, dont il croque adroitement les échanges, et de combat personnel. Il prend son temps pour poser les personnages et leurs histoires. Ses longs métrages ont une identité visuelle de films indépendants. JOY ne fait exception à aucune de ces règles, aussi si vous aimez les précédents films de David O. Russell, il y a fort à parier que celui-ci vous plaira également. 
JOY raconte l'ascension dans le monde des affaires d'une jeune femme brillante qui a dû affronter toutes les galères afin de réussir à faire reconnaître son travail. Mais le réalisateur ne choisit pas de faire une grande fresque héroïque. Il prend le parti de rester dans le réel mais y ajoute un saupoudrage de décalage qui apporte une dose d'humour. Cela évite le larmoyant ou l'apitoiement. 
De la chronique sociale à la leçon de business en passant par la narration de type conte de fée, il mélange les styles pour nous raconter ce beau portrait de femme. Je comprends qu'il souhaite prendre le temps de donner vie à son héroïne afin que nous ayons conscience du chemin parcouru. Cependant, bien que j'ai bien aimé JOY, je lui ai trouvé des longueurs. Dès le début, la famille de Joy est très bien amenée, on comprend immédiatement les relations qu'elle entretient avec chacun des membres et le rôle central qu'elle y tient. Aussi, les scènes familiales ne sont peut-être pas toutes nécessaires... 
Dans le rôle de Joy, Jennifer Lawrence est magnifique. Elle est crédible aussi bien en mère courage, en femme généreuse, en business woman tour à tour maladroite ou battante ou encore en inventeur. Elle apporte tout le relief nécessaire à son personnage pour la rendre attachante et intéressante.




Robert de Niro interprète le père de Joy. Il est à la fois amusant et extra pour surligner les imperfections du caractère de son personnage.


Bradley Cooper est très à l'aise dans le rôle de Neil Walker, un homme d'affaire qui va changer la donne pour Joy. 


JOY raconte une belle histoire et décrit un portrait de femme responsable qui se bat pour sortir des difficultés financières. Malgré les longueurs, je vous le conseille pour l'originalité de son montage et de sa narration, pour l'interprétation de Jennifer Lawrence et pour l'intérêt de ce parcours hors du commun.


NOTES DE PRODUCTION
(A ne lire qu'après avoir vu le film pour éviter les spoilers !) 
« Nous, on a réussi grâce au travail, à la patience et à l’humilité.
Alors tu ne dois jamais rien attendre des autres. Ils ne te doivent rien.
»
Joy 
Qu’est-ce qui fait la magie de l’existence ? Qu’est-ce qui pousse une personne à tenter sa chance encore et encore, malgré les échecs et les obstacles, pour espérer connaître le succès ? Et qu’est-ce qui transforme les hauts et les bas qui accompagnent ledit succès en bonheur durable ? C’est ce à quoi JOY, le huitième long métrage de David O. Russell, tente de répondre en retraçant quarante années de la vie d’une mère célibataire devenue une brillante femme d’affaires, une femme qui a tracé sa voie en ne comptant que sur son audace, sa résilience et sa détermination à transformer l’ordinaire en extraordinaire. 

Adapté librement de la vie de l’inventrice et présentatrice star du télé-achat Joy Mangano, JOY raconte l’histoire d’une famille dysfonctionnelle et de la jeune femme qui en prend les rênes. Déterminée à réussir tout en prenant soin de ses proches, Joy découvre la trahison, la perte de l’innocence et le chagrin sur le sinueux chemin de la réalisation de ses rêves jusqu’alors refoulés. Comédie émouvante et profondément humaine, le film raconte l’ascension d’une femme à la recherche du bonheur confrontée à l’univers impitoyable des affaires, au chaos familial et aux mystères de l’inspiration. 

Avant JOY, David O. Russell a réalisé FIGHTER, HAPPINESS THERAPY et AMERICAN BLUFF, qui comptent à eux trois 25 nominations aux Oscars. Portés par des personnages inoubliables, ces trois films reposaient sur l’idée singulièrement fascinante de la réinvention de soi. JOY reprend cette idée sous un nouvel angle et s’interroge sur la manière dont une personne en quête d’identité, confrontée à des circonstances insensées et à des obstacles insurmontables, réussit malgré tout à se construire une existence heureuse. Si Joy va de l’avant, le style du film remonte quant à lui le temps à travers une esthétique inspirée des classiques du cinéma hollywoodien. 

L’actrice oscarisée Jennifer Lawrence (AMERICAN BLUFF, HAPPINESS THERAPY, la saga HUNGER GAMES) incarne Joy de la jeunesse à la quarantaine tandis qu’elle part à la conquête de ses rêves, défend son honneur et se réalise en tant que femme. 

Elle déclare : « C’est une histoire qui traite de nombreux sujets. Il ne s’agit pas uniquement de l’histoire de Joy ; il est question de la famille, de l’imagination, du fait de croire en soi, du caractère impitoyable du succès et de ce qu’il engendre. Ce qui m’a le plus plu, c’est de voir combien Joy évolue au fil de l’histoire. J’ai aimé accompagner la transformation de cette jeune femme vulnérable et pleine d’autodérision en femme forte et déterminée, et j’ai aussi aimé la voir prendre son rôle de matriarche à bras-le-corps. »

Jennifer Lawrence est accompagnée par une troupe d’acteurs éclectiques – une des caractéristiques des films de David O. Russell. Parmi ceux-ci figurent Robert De Niro dans le rôle du père colérique mais foncièrement romantique de Joy ; Édgar Ramírez dans le rôle de son ex-mari, un chanteur sans le sou qui a investi le sous-sol de la maison familiale qu’il partage avec… son ex-beau-père ; Diane Ladd dans le rôle de la perspicace et influente grand-mère de Joy ; Virginia Madsen dans le rôle de sa mère accro aux feuilletons télévisés ; Isabella Rossellini dans le rôle de la maîtresse fortunée de son père ; Dascha Polanco dans le rôle de sa meilleure amie et confidente ; Elisabeth Röhm dans le rôle de sa soeur et rivale ; et Bradley Cooper dans le rôle du directeur d’une chaîne de télé-achat, à la fois le meilleur allié et le plus grand adversaire de Joy. 

L’HISTOIRE 

JOY s’inscrit dans une longue lignée de films sur le thème de la réussite professionnelle et personnelle, mais il le fait de manière comique, émouvante et originale. Le film raconte l’histoire improbable mais vraie de Joy Mangano, devenue dans les années 1990 une présentatrice star du télé-achat et une femme d’affaires à succès grâce à une série d’inventions telles que le Miracle Mop, une « serpillère magique » qui s’essore toute seule et qui a permis à cette mère célibataire de Long Island de bâtir un empire commercial. 

Cette histoire où l’extraordinaire prend sa source dans l’ordinaire a retenu l’attention de David O. Russell, cinéaste fasciné depuis toujours par « l’ordinaire extraordinaire ». Il y a vu l’occasion de raconter l’ascension d’une femme courageuse et ingénieuse, déterminée à réaliser ses rêves sans pour autant perdre de vue son sens du devoir familial. Mais surtout, il a saisi la chance de raconter une histoire universelle sur la nature kaléidoscopique des aspirations humaines, et sur la multiplicité de ce qui fait une existence heureuse malgré la nature tragico-comique de la condition humaine. 

Le réalisateur déclare : « Ce qui m’a plu dans cette histoire, c’était de raconter plus de quarante années de la vie d’une femme, de la magie de l’enfance au mariage, puis au divorce et à la monoparentalité, avant qu’elle trouve enfin la force de réaliser ses rêves d’enfant. Mais comment raconte-t-on l’histoire intime d’une personne – ses relations avec ses proches, ses idées, ses combats ? JOY tente de le faire en mettant en scène les joies et les chagrins d’une jeune femme qui grandit entre le garage de son père et le monde imaginaire des soap-opéras de sa mère, un ex-mari rêveur et une soeur à la fois aimante et rivale. On y découvre également le studio d’une chaîne câblée de Lancaster en Pennsylvanie qui se transforme en usine à rêves. Et au milieu de tout cela, on voit Joy développer une détermination à toute épreuve. » 

David O. Russell a également vu dans JOY l’occasion de raconter un conte de fées original sur l’ascension d’une ménagère issue du monde ouvrier qui devient une puissante femme d’affaires – un personnage rarement représenté au cinéma. Il explique : « Plus de la moitié du film est inspiré de Joy Mangano, le reste est inspiré de grandes figures d’entrepreneuses que j’ai toujours admirées. Parmi elles, figurent Lillian Vernon, à qui l’on doit le premier catalogue de vente par correspondance pour produits ménagers, mais aussi des femmes que j’ai personnellement connues, comme des amies de ma mère qui ont osé créer leur boîte, avec plus ou moins de succès selon les cas. Je suis fasciné par ce qui pousse les gens à créer leur entreprise depuis leur salon et à tracer une nouvelle voie pour eux et leur famille. Nombre de femmes au cours de l’Histoire se sont retrouvées dans l’impasse et ont été obligées de créer leurs propres opportunités. » 

Comme c’est toujours le cas avec David O. Russell, l’histoire a pris de multiples directions lors du développement du scénario – abordant des thèmes allant de la nature de la créativité au monde onirique de la télévision, en passant par l’art de remporter une guerre commerciale – mais le coeur du film est resté le même. 

Le cinéaste commente : « En grandissant, Joy est confrontée à la difficulté de rester fidèle à elle-même. Mais comment peut-on rester soi-même face aux nombreux compromis de la vie d’adulte ? Et tout aussi important : comment conserve-t-on la magie et les rêves de son enfance ? » 

Bien qu’il ait introduit dans son récit certains éléments fictifs, David O. Russell est resté en étroite communication avec Joy Mangano, qui est désormais la présidente d’Ingenious Designs LLC et continue à être une actrice majeure du télé-achat, pendant toute la préparation du film. 

L’inventrice affirme qu’elle a pris beaucoup de plaisir à voir le projet prendre forme. Elle déclare : « Le fait que mon histoire ait inspiré David est tellement incroyable que j’ai du mal à décrire ce que j’ai ressenti. C’est quelqu’un d’extrêmement perspicace. Lorsque nous avons commencé à discuter, il y a des éléments quelconques de ma vie sur lesquels je ne me suis pas attardée, mais c’est précisément ceux-là qui l’intéressaient et qu’il a voulu explorer davantage. C’est comme si je voyais le film prendre vie sous mes yeux. Notre collaboration relève des expériences les plus extraordinaires qu’il m’ait été donné de vivre. Mon histoire personnelle lui a en fait servi de point de départ pour créer une oeuvre universelle. » 

Chroniqueur amusé et bienveillant des relations familiales sous toutes leurs formes, David O. Russell a été profondément intrigué par la relation qui unit Joy et ses excentriques parents, et celle qui la lie à son ex-mari. En tant que cinéaste, il a souvent exploré le thème de la famille à la manière de la littérature russe, en liant inextricablement l’enfance et la mort, le mariage et le divorce, le bonheur et la solitude, la joie et la trahison, la richesse et la pauvreté en une toile qui dépeint la condition humaine dans ce qu’elle a à la fois de tragique et de comique. Bien que l’ambition de Joy naisse de son esprit créatif et de ses rêves, elle est inséparable des relations loufoques qu’elle entretient avec ses proches et de son désir profond de prendre soin de sa famille, aussi imparfaite et exaspérante soit-elle. 

David O. Russell déclare : « Joy était estimée et aimée par sa famille, mais ses proches représentaient aussi parfois un obstacle. Dans tous mes films, je me suis intéressé à la manière dont la famille, aussi dysfonctionnelle soit-elle, peut être à l’origine de nos plus grands triomphes. Les membres de la famille de Joy sont aimants et limités à leur façon, mais leurs limitations renforcent encore la détermination de Joy. C’est grâce à eux qu’elle est obligée de s’affirmer dès le plus jeune âge, d’apprendre à faire preuve de résilience et de s’occuper des autres. Je trouve qu’il y a quelque chose de magnifique dans la famille, même lorsqu’elle est dysfonctionnelle et chaotique. Ce qui est remarquable chez Joy, c’est sa capacité à rester indulgente et aimante en dépit de tout. » 

La volonté farouche de la jeune femme de prendre soin de sa famille en trouvant son propre accomplissement est en partie ce qui distingue JOY des autres films qui mettent en scène des entrepreneurs charismatiques et des femmes indépendantes. Le parcours de Joy repose d’un côté sur sa capacité à trouver le courage de réaliser ses rêves, et de l’autre, à réussir à concilier sa vie professionnelle et sa vie privée. 

David O. Russell commente : « Ce qu’il y a d’extraordinaire chez Joy, c’est qu’en dépit de son statut de chef de clan et de patronne d’une entreprise en pleine expansion, elle reste douce et clémente. Elle trouve le moyen d’embarquer sa famille avec elle dans cette aventure. À 10 ans déjà, elle était comme ça. Elle n’a jamais été du genre à abandonner les siens, ce n’est donc pas à 45 ans et à la tête d’un empire qu’elle va commencer. Elle est obligée de changer de manière surprenante, mais elle reste fidèle à cette part d’elle-même. » 

JOY, qui est conçu comme une immersion dans la vie de cette femme, avec ses hauts et ses bas, est le film le plus inventif de David O. Russell sur le plan visuel. Le quotidien de Joy – dans lequel s’affrontent nécessité et réussite – est en effet ponctué par des scènes mélodramatiques de feuilletons télévisés, des scènes chantées et dansées, des rêveries surréalistes et des épisodes neigeux envoûtants. 

Lorsqu’il a découvert que la mère de Joy Mangano était accro aux soap-opéras, le réalisateur a décidé d’utiliser ce ressort narratif pour tendre à Joy un miroir fantastique qui lui fait prendre conscience qu’elle peut changer de vie et tracer son propre chemin. Il commente : « Les intrigues mélodramatiques des soap-opéras sont dignes de la littérature russe. Il y est tout le temps question de trahison, d’argent et de mort – comme dans les romans de Gogol, Tolstoï ou Dostoïevski. Mais ils mettent aussi souvent en scène des personnages de femmes audacieuses et ambitieuses, c’est pour cel a qu’ils sont si populaires. » 

Le film retrace également l’essor du télé-achat, précurseur du monde hyper-technologique dans lequel nous vivons aujourd’hui et de la génération Kickstarter, qui a révolutionné le commerce. David O. Russell déclare : « La chaîne QVC était un précurseur d’Internet. C’est l’un des premiers endroits où l’on pouvait passer commande 24 heures sur 24, il suffisait de composer un numéro de téléphone et il y avait toujours quelqu’un pour répondre. » 

Mais le succès commercial du Miracle Mop sur QVC, bien qu’il lui permette de changer de vie, ne résout pas tous les problèmes de Joy, au contraire – ce qui était essentiel pour le réalisateur. JOY raconte l’ascension formidable d’une femme mais ne cherche pas à omettre le coût et les limites du succès. 

David O. Russell commente : « Je tenais à ce que le film aille au-delà du succès initial de Joy car son histoire ne s’arrête pas là. Les problèmes continuent à se succéder et elle doit conserver sa capacité à surmonter les obstacles. Reconnaître que le succès s’accompagne de son lot de difficultés ne veut pas dire que l’on n’est pas reconnaissant, je pense que nous avons tous peur de perdre ce que nous possédons et que nous devons tous surmonter des situations difficiles pour aller de l’avant. Ce qui m’a plu, c’est de montrer comment Joy développe la maturité nécessaire pour avancer. Savoir faire preuve de détermination et de résilience est parfois ce qu’il y a de plus difficile et de plus beau dans la vie. » 

JOY OU L’ASCENSION D’UNE CHEF DE CLAN 

JOY offre à Jennifer Lawrence un rôle très différent de ceux qu’elle a incarnés jusqu’à présent, celui d’une enfant rêveuse devenue mère au foyer puis femme d’affaires qui, au cours de ces quatre décennies, apprend à croire en elle, à devancer ses concurrents et à rester fidèle à ses principes. 

À tout juste 25 ans, l’actrice a su démontrer toute l’étendue de son talent grâce à des rôles allant de Katniss Everdeen, l’héroïne emblématique de la saga HUNGER GAMES, à la jeune veuve de HAPPINESS THERAPY qui lui a valu l’Oscar. Elle a également été nommée aux Oscars pour WINTER’S BONE dans lequel elle interprétait une jeune femme déterminée à retrouver son père, et AMERICAN BLUFF pour le rôle de l’épouse jalouse d’un escroc de haut vol. 

Mais l’univers de JOY est à mille lieues de tout cela. Jennifer Lawrence était très enthousiaste à l’idée d’incarner le personnage féminin le plus complexe jamais créé par David O. Russell et d’explorer ce qui motive les êtres à avancer quand bien même ils doivent mettre leurs aspirations de côté. Elle a abordé le personnage de Joy comme celui d’une femme en constante évolution qui refuse d’être cantonnée à une seule identité. Elle est tout à la fois : créatrice intrépide, mère célibataire épuisée, négociatrice froide et inflexible, fille consternée et matriarche. 

L’actrice confie avoir pris beaucoup de plaisir à explorer les multiples facettes de son personnage avec David O. Russell. Elle commente : « Je ferais n’importe quoi pour David, et ce pour un million de raisons différentes. Lorsqu’il m’a appelée pour me demander si je voulais raconter l’histoire de l’inventrice du Miracle Mop, je me suis dit que personne n’était mieux placé que lui pour le faire. Je savais qu’il réaliserait un film unique. JOY est l’incarnation de l’imagination de David. Il ne s’agit pas uniquement de l’histoire d’une femme qui se bat pour réussir, c’est l’histoire d’une femme qui se bat pour connaître la joie et le bonheur après avoir réussi. » 

Le réalisateur explique pourquoi Jennifer Lawrence, que certains appellent sa muse, était l’actrice idéale pour incarner Joy : « J’ai toujours considéré Jennifer comme quelqu’un d’une grande sagesse. Lorsque nous nous sommes rencontrés sur HAPPINESS THERAPY, je l’ai trouvée incroyablement mûre pour ses 22 ans. Elle aurait pu avoir 40 ans que cela ne m’aurait pas choqué. Elle était l’une des seules actrices capables d’interpréter Joy parce qu’elle est d’une extrême générosité et possède un formidable esprit créatif. En tant qu’artiste, j’ai pu me rendre compte qu’elle était capable de donner vie à de multiples univers et qu’elle n’avait pas peur de l’inattendu. Et en tant que personne, j’ai eu le plaisir de la voir s’épanouir. » 

Dans ce film, l’actrice explore de nouveaux horizons. David O. Russell commente : « C’est la première fois que Jennifer porte seule un film dramatique sur le plan émotionnel. Il a fallu qu’elle s’approprie toute l’âme du personnage. Cela a exigé d’elle énormément de travail et de courage pour porter chaque scène, chaque plan avec force mais sans en faire trop. Elle nous donne à voir une Joy tantôt vulnérable et tendre, tantôt impitoyable, tantôt maternelle, une femme capable d’une grande indulgence et d’une grande tolérance mais également gardienne redoutable de son clan et de son entreprise. Il a fallu qu’elle établisse un lien entre la petite fille rêveuse, la jeune femme fougueuse mais prisonnière d’une vie qui ne la satisfait pas, et la femme mûre prête à miser sa vie entière sur un projet. » 

Jennifer Lawrence a été fascinée par la dévotion de Joy pour sa famille et sa décision soudaine d’agir pour elle-même. Elle raconte : « Joy a toujours été le ciment de la famille, elle a mis ses rêves entre parenthèses pour ses proches presque toute sa vie. Elle a fait passer les autres avant elle pendant si longtemps qu’il lui a fallu du temps pour prendre conscience qu’elle-même avait quelque chose à exprimer, à transmettre. C’est la raison pour laquelle son histoire se devait de s’étaler sur quatre décennies, parce c’est souvent le temps qu’il faut pour donner tout son sens à une existence. Elle n’a cessé de refouler son inventivité, et lorsqu’elle trouve enfin la force de la laisser s’exprimer, c’est définitif, elle ne peut plus la contenir. Lorsqu’on se découvre une telle force intérieure, on ne peut plus s’en passer. » 

Rencontrer la vraie Joy Mangano a été une source d’inspiration supplémentaire pour l’actrice, qui déclare : « Joy est infiniment fascinante. Elle a encore des centaines d’idées d’inventions en tête ! » 

L’inventrice a quant à elle été subjuguée par l’interprétation de Jennifer Lawrence. Elle explique : « S’il avait fallu que je choisisse quelqu’un pour jouer mon rôle au cinéma, c’est Jennifer que j’aurais prise. Je suis sincèrement honorée qu’elle ait accepté le rôle, surtout après l’avoir rencontrée, car c’est une jeune femme très talentueuse et brillante. Dès que nous avons commencé à discuter, c’était comme si elle voyait clair en moi. Elle m’a percée à jour. » 

Pour les besoins du film, Jennifer Lawrence a dû se glisser dans la peau d’une quadragénaire – un défi de taille pour une si jeune actrice. Elle confie : « Jouer un personnage sur quatre décennies était très excitant. C’était la première fois que je le faisais, mais le scénario de David était si bien écrit que ça ne m’a pas fait peur. J’ai remarqué qu’en vieillissant, on s’assagissait. J’ai donc intégré de subtils changements à la voix et aux gestes de Joy qui deviennent plus assurés, plus doux et plus lents. » 

David O. Russell a trouvé la transformation de son actrice principale révélatrice. Il se souvient : « Lorsque Joy vieillit, tout en Jennifer change. Elle adopte une posture différente, sa voix se modifie, tout semble différent. Sa transformation m’a un peu rappelé celle de Christian Bale dans AMERICAN BLUFF. En même temps, elle confère au personnage un calme qui, comme l’avait prédit la grand-mère de Joy, fait sa force. Avec l’âge, elle devient la force tranquille qui unit tout le monde autour d’elle. » 

Pour l’actrice, la raison pour laquelle on ressent viscéralement l’impact du succès de Joy vient du fait qu’on la voit aussi toucher le fond. Elle explique : « Ce qui me plaît dans l’histoire de David, c’est qu’elle n’omet pas les années de doute de Joy où tout le monde lui répète que ses rêves sont absurdes. Et je pense qu’il était très important de raconter cette partie de l’histoire, ces années où elle ignorait ce dont elle était capable. » 

Si Joy hésite à réaliser ses rêves, c’est parce qu’elle ne sait pas si elle pourra toujours prendre soin de sa famille. Ils ont beau la rendre folle, son sens des responsabilités envers les siens ne vacille jamais. Jennifer Lawrence commente : « Joy a une relation compliquée avec sa famille parce qu’elle les aime plus que tout au monde, et ils lui rendent bien, mais ils sont loin de la soutenir comme elle le souhaiterait. Je pense qu’ils essayent simplement de la protéger, mais il est difficile de surmonter une telle négativité. » 

Les proches de Joy sont interprétés par des acteurs dont l’actrice savait qu’ils feraient un travail formidable, en partie parce qu’elle avait déjà collaboré avec eux sur d’autres films de David O. Russell. Elle déclare : « David fait toujours à peu près appel à la même bande, mais pour incarner des personnages à chaque fois totalement différents, avec des relations différentes, et cela rend chaque projet unique. » 

Jennifer Lawrence était particulièrement enthousiaste à l’idée de retravailler avec Robert De Niro, cette fois-ci dans le rôle de sa fille. Elle déclare : « À bien des égards, Robert est une figure paternelle pour moi, il m’a guidée professionnellement et m’aidée à gérer la célébrité, j’ai l’impression de pouvoir lui demander n’importe quoi. C’était très émouvant pour moi de le voir jouer mon père. Et puis donner la réplique à Robert De Niro, c’est un peu comme conduire une Aston Martin, c’est vraiment autre chose ! » 

Par-dessus tout, l’actrice s’est sentie soutenue grâce aux liens étroits qu’elle a tissés avec David O. Russell, ce qui l’a poussée à prendre encore davantage de risques. Elle confie : « David et moi partageons un lien étrange et puissant, il sait faire ressortir des choses profondément enfouies en moi et je lui suis infiniment reconnaissante de me donner une place dans son oeuvre et dans son héritage. » 

ALLIÉS ET ADVERSAIRES 

RUDY & TRUDY 

Aux côtés de Jennifer Lawrence, on retrouve une distribution composée d’acteurs chevronnés et extrêmement accomplis caractéristique des films de David O. Russell. Le cinéaste dirige pour la troisième fois Robert De Niro, qui incarne ici le rôle mi-comique, mi-sérieux du père de Joy, Rudy, propriétaire d’un petit garage automobile au tempérament ombrageux mais au coeur d’éternel romantique. David O. Russell déclare : « Robert est formidable dans le rôle de cet homme amoureux. Dans ce film, il est tantôt incontrôlable, tantôt charmé. » 

L’acteur a été séduit par les formidables contradictions de ce personnage pris entre son tempérament explosif et son romantisme, son éthique ouvrière et son amour du style, ses regrets paternels et son amour pour ses enfants. Robert De Niro explique : « Le véritable père de Joy Mangano a simplement servi de point de départ au personnage. Les contradictions de Rudy sont caractéristiques des personnages de David, qui sont pleins de contradictions parce que la vie elle-même en est pleine. David en est bien conscient et sait parfaitement les retranscrire à l’écran. C’est d’ailleurs ce qu’il fait à travers chacun de ses films : il explore les contradictions au sein des êtres et des familles. » 

Si ces contradictions sont effectivement présentes dans chacun des films de David O. Russell, les thèmes évoqués dans JOY en font un film à part. Robert De Niro commente : « C’est une histoire à la Cendrillon, celle d’une femme qui devient contre toute attente le « parrain » de la famille. Mais elle doit surmonter beaucoup d’obstacles pour en arriver là… comme par exemple apprendre à ne plus se soucier de l’avis de son père. » 

Robert De Niro a pris beaucoup de plaisir à incarner ce père imparfait face à une Jennifer Lawrence indomptable. Il déclare : « Jennifer est remarquable dans ce 

film, c’était très agréable de travailler avec elle. Elle est très ouverte et possède une capacité d’adaptation incroyable, ce qui est absolument nécessaire lorsqu’on travaille avec David. Ils sont tous les deux spontanés, intuitifs, et ont l’art de rendre les choses agréables. » 

L’acteur poursuit : « Prendre part à un film de David O. Russell, c’est comme rejoindre une troupe de cirque. Il y a constamment des artistes qui entrent et qui sortent de la piste et il règne une atmosphère très créative. Son style consiste à écrire avec la caméra, et nous, les acteurs, sommes suspendus à ses indications, prêts à entrer en scène au moindre geste. » 

Rudy est sous le charme de Trudy, une immigrée italienne dont l’héritage constitue le seul espoir de Joy pour faire décoller son entreprise. David O. Russell avait une idée bien précise de l’actrice à qui il voulait confier ce rôle de personnage fictif : la star italo-suédoise Isabella Rossellini. Il déclare : « J’avais toujours voulu travailler avec Isabella mais je voulais trouver le rôle parfait pour elle. Celui de cette femme italienne, inventée pour les besoins du film, m’a semblé taillé sur mesure pour elle. Trudy est une riche veuve qui investit dans l’entreprise de Joy. Elle n’a jamais investi dans quoi que ce soit jusqu’alors et tente de gérer la situation comme l’aurait fait son défunt mari, Morris. C’est le genre de spécificités qui me fait aimer le genre humain. Tout est dans les détails. » 

À propos de sa partenaire, Robert De Niro déclare en souriant : « Nous formons un duo très inattendu. » 

De Trudy, Isabella Rossellini dit : « C’est un personnage très intéressant comme seul David sait les imaginer. En quelques coups de crayon, il crée des êtres humains d’une incroyable complexité. Trudy est une veuve italienne qui se sent un peu perdue aux États-Unis, je pense que c’est la raison pour laquelle elle s’attache tant à cette famille à la vie si différente de la sienne. Une partie d’elle s’accroche toujours à l’existence qu’elle menait en Italie, ce qui explique qu’on la voit débarquer sur son trente-et-un dans le garage crasseux de Rudy ! Leur relation est initialement opportuniste – ils ont tous les deux un vide à combler – mais elle évolue ensuite vers quelque chose de plus profond. L’autre talent de David, c’est d’avoir compris que la famille est à la fois à l’origine des plus grands conflits et des plus grands bonheurs que puisse connaître l’être humain. » 

Après avoir investi dans l’affaire de Joy, Trudy ne peut s’empêcher d’être constamment sur le dos de la jeune femme – un mécanisme de défense qui prend des proportions exagérées selon Isabella Rossellini : « Elle manque de confiance en elle. C’est la première fois qu’elle fait un investissement et elle a peur d’avoir fait une grosse erreur, ce qui la pousse à critiquer constamment les décisions de Joy. Elle n’arrête pas de répéter à la jeune femme qu’elle ne sait pas ce qu’elle fait. Comme si elle, elle savait ! Trudy a beau avoir l’argent, c’est Joy qui a les idées. » 

Elle ajoute : « Ce qui me plaît le plus dans le film, c’est le parcours de Joy. Il n’est pas question d’une femme qui tombe amoureuse mais d’une femme qui crée un empire, ce qui est à mon sens très novateur. Je n’avais encore jamais vu une histoire comme celle-ci au cinéma. » 

Isabella Rossellini confie qu’elle était un peu nerveuse à l’idée d’être la partenaire de Robert De Niro pour la première fois : « D’un côté, j’étais absolument ravie de travailler avec un acteur aussi talentueux, mais de l’autre, j’avais peur de ne pas être à la hauteur. Mais la bienveillance de Robert m’a très vite mise à l’aise. » 

TONY 

Si Trudy est une épine dans le pied de Joy, son ex-mari Tony est quant à lui un allié précieux. Malgré leur divorce, il vit toujours sous le même toit qu’elle, dans le sous-sol de la maison familiale. David O. Russell a été surpris d’apprendre que Joy Mangano était restée amie avec son ex-mari. Le scénariste et réalisateur commente : « Le cinéma met rarement en scène des couples divorcés qui restent amis. Joy et Tony sont plus heureux en étant amis que mari et femme, une réalité dont on ne parle pas suffisamment. » 

Tony, homme passionné qui rêve de devenir chanteur, est incarné par la star montante Édgar Ramírez, cité au Golden Globe pour le rôle-titre de « Carlos », la minisérie sur le révolutionnaire vénézuélien. Nouveau venu dans l’univers de David O. Russell, l’acteur se souvient avoir été mis au parfum par Bradley Cooper : « Il m’a prévenu que David allait m’en demander beaucoup et m’a conseillé de ne pas résister, de me laisser porter. » 

Et c’est précisément ce qu’il a fait, conscient qu’il devrait se donner à fond pour incarner Tony. Il explique : « Tony est quelqu’un d’intense mais également de très sensible. Il exprime ses émotions sans aucune retenue. Au début du film, il est plus proche du grand enfant que de l’adulte. Mais sa relation avec Joy le pousse à mûrir et à se ressaisir pour se montrer à la hauteur de celle qu’il aime et de leurs enfants. » 

Cette transformation a beaucoup inspiré l’acteur, qui déclare : « J’admire le fait qu’il décide d’épauler la femme qu’il aime sans aucun complexe ni aucune retenue. C’est remarquable, surtout au vu des conventions sociales. Ça a été un réel privilège pour moi d’interpréter un personnage aussi romantique et aussi dévoué à sa femme sans perdre une once de virilité pour autant. » 

À propos des raisons pour lesquelles Joy et Tony se sont séparés, Édgar Ramírez déclare : « Il arrive que le grand amour se transforme. Joy et Tony sont les victimes magnifiques et fascinantes d’un amour romantique qui a échoué. Leurs sentiments ont pris une autre forme mais sont restés tout aussi forts. » 

Et pour exprimer cela, l’acteur n’aurait pas pu rêver meilleure partenaire que Jennifer Lawrence. Il explique : « Jennifer est incroyablement courageuse et drôle. Malgré son jeune âge, elle a une compréhension aiguisée et profonde de la nature humaine. » 

Édgar Ramírez a également eu plaisir à retrouver Robert De Niro, avec qui il a récemment tourné HANDS OF STONE, et dont il est cette fois-ci l’improbable colocataire. L’acteur raconte : « Rudy a une opinion sur tout, mais cela n’a pas de prise sur Tony qui balaie d’un revers de main tout ce qui pourrait menacer son rêve. C’est un type sensible qui se laisse guider par ses tripes et son coeur. Rudy aussi est un romantique, il peut sembler amer et grincheux comme ça, mais c’est en réalité un vrai Casanova, et ça a été extraordinaire de voir Robert explorer toutes ces subtilités. » 

Pour Édgar Ramírez, le film évoque notre capacité à trouver le bonheur en dépit des épreuves de l’existence. Il commente : « La joie que l’on ressent lorsqu’on est enfant se transforme quand on devient adulte, et le film nous pousse à nous ouvrir à cette forme de joie plus mature. La vie des personnages prend un tournant 

inattendu, il y a des déchirements, de la frustration et d’étonnants retournements de situations, mais Joy arrive à trouver le bonheur en dépit de tout cela. » 

MIMI 

Mimi, la grand-mère de Joy, a toujours été son alliée la plus indéfectible et reste son ultime modèle matriarcal. Le rôle est interprété par Diane Ladd, qui est apparue dans plus de 120 films et téléfilms depuis ses débuts dans un feuilleton des années 70 et a remporté trois nominations aux Oscars pour ALICE N’EST PLUS ICI, l’ode à l’indépendance féminine de Martin Scorsese, SAILOR & LULA réalisé par David Lynch et RAMBLING ROSE de Martha Coolidge. 

David O. Russell a tout de suite pensé à elle pour le rôle. Il explique : « Je savais qu’elle ferait une fantastique Mimi, et puis elle a joué dans ALICE N’EST PLUS ICI que je considère comme le précurseur cinématographique de ce film. » 

L’actrice confie avoir été profondément émue par l’histoire : « Nous ne vivons pas à une époque facile, mais cette histoire nous rappelle que nous avons tous le droit d’essayer de réaliser nos rêves. C’est plus facile à dire qu’à faire, mais ce film est là pour nous aider à ne pas perdre espoir. » 

Diane Ladd est également tombée sous le charme de Mimi, qui ne voit jamais d’obstacles insurmontables sur le chemin de Joy, uniquement des opportunités. L’actrice raconte : « Tout le monde répète à Joy qu’elle n’y arrivera pas, qu’elle doit grandir et arrêter de rêver. Mimi en revanche essaye de l’inspirer sans court-circuiter le reste de la famille. Elle s’efforce de remplir son rôle de grand-mère en aidant Joy à s’affirmer. Elle est conscience que Joy possède un don rare, celui de l’imagination. » 

TERRY 

La mère de Joy, Terry, entretient avec l’imagination une relation différente de celle de sa fille. Pour échapper à sa solitude de femme divorcée et à une vie qu’elle trouve bien terne, elle a trouvé refuge dans un feuilleton télévisé dans lequel les femmes règnent en maîtres. Ce rôle sombre et comique à la fois est interprété par Virginia Madsen, nommée à l’Oscar pour SIDEWAYS, un road-trip sur la route des vins californiens mis en scène par Alexander Payne. À propos de son personnage, l’actrice déclare : « Terry est une femme timide qui a peur du monde réel. Elle ne quitte jamais sa maison car la réalité l’effraie. » 

Bien qu’elle soit loin d’être une mère exceptionnelle, Virginia Madsen a de l’empathie pour Terry, qu’elle qualifie d’âme perdue des temps modernes : « Terry n’est pas foncièrement quelqu’un de mauvais, je la vois plutôt comme une créature sans défense incapable de prendre soin des autres. Ce rôle a constitué un véritable défi pour moi car Terry et moi sommes très différentes. Pour moi, le monde est une aventure, alors qu’aller au supermarché est une épreuve pour Terry ! Il a donc fallu que je construise le personnage de toutes pièces et que j’aille à l’encontre de ma nature pour l’incarner. » 

En explorant le détachement de Terry vis-à-vis d’une famille qui la déçoit, l’actrice a compris son addiction aux soap-opéras. Elle explique : « À mon sens, les gens aiment les feuilletons télévisés parce que les personnages deviennent en quelque sorte des membres de leur famille. Ce n’est pas uniquement parce qu’ils sont riches et beaux, ils sont aussi confrontés à des épreuves et je pense que nous 

aimons tous voir quelqu’un comme Susan Lucci surmonter encore et encore les difficultés. Bien qu’elle ne quitte jamais la maison, Terry a plaisir à retrouver ces personnages de femmes fortes. Mais elle sait qu’il s’agit d’êtres imaginaires alors que ce que sa fille tente d’accomplir est bien réel. » 

Si Virginia Madsen affirme avoir pris plaisir à explorer les travers comico-tragiques de Terry, elle confie s’identifier davantage au personnage de Joy : « Je me sens plus proche de Joy parce qu’elle apprend à s’affirmer. Cette histoire nous rappelle que si nous ne nous donnons pas nous-mêmes les moyens de faire quelque chose, personne ne le fera à notre place. » 

NEIL 

En dehors de sa famille, le meilleur allié – et plus tard le plus grand rival – de Joy est le directeur de la chaîne QVC, Neil Walker, incarné par Bradley Cooper, le collaborateur de longue date de David O. Russell nommé aux Oscars pour HAPPINESS THERAPY et AMERICAN BLUFF, ainsi que pour AMERICAN SNIPER de Clint Eastwood. L’acteur et le réalisateur ont eu l’idée de conférer au personnage l’aura des légendaires producteurs hollywoodiens, ce qui a permis à Bradley Cooper d’incarner pour la première fois sous la direction du cinéaste un personnage charmant et optimiste. 

Le réalisateur déclare : « Après son interprétation du personnage déjanté de Richie DeMaso dans AMERICAN BLUFF, c’était intéressant de découvrir une autre sorte d’intensité et d’énergie chez Bradley. L’idée de faire quelque chose que nous n’avions jamais fait auparavant nous plaisait à tous les deux. » 

Neil Walker apaise Joy avec sa passion exubérante pour les inventions et la pousse à se dépasser. Bradley Cooper explique : « Neil est un personnage composite créé à partir des personnalités de plusieurs employés de QVC avec qui Joy a travaillé. Ce qui est particulièrement intéressant chez lui, c’est que plus la pression monte, plus il est calme. Il me fait penser à certains entraîneurs sportifs que j’ai eus quand j’étais enfant et qui restaient toujours sereins fasse au chaos. Et en cela, il est très similaire à Joy. En même temps, il prend son travail très au sérieux. Il s’imagine en Jack Warner ou en Darryl Zanuck, bâtissant un véritable empire. Il ne plaisante pas, il n’y a pas d’ironie chez lui. Il croit tout ce qu’il dit. » 

Au lieu d’un patron malveillant comme on en voit souvent, l’acteur a choisi de faire de Neil un homme euphorique à l’idée de donner leur chance aux gens ordinaires. Il commente : « Neil ne ressemble pas aux autres producteurs de télévision, tout comme Joy ne ressemble pas à une inventrice. Il est conscient qu’il doit sa position à la tête de QVC à Barry Diller, il apprécie donc le fait d’être désormais en mesure de donner à d’autres l’occasion de réaliser leurs rêves les plus fous. Lorsqu’il rencontre Joy, elle rêve de changer de vie et il lui donne les clés pour le faire. » 

Bradley Cooper confie avoir grandi avec QVC. Il raconte : « Ma mère commandait tout le temps sur QVC, la télé de la chambre de mes parents était toujours allumée sur cette chaîne. Quand je rentrais de l’école, il y avait souvent un colis QVC sur le perron. J’avais même le Miracle Mop dans ma résidence universitaire ! » 

Si l’acteur a aimé explorer les coulisses de cet univers qu’il ne connaissait que de l’extérieur, son plus grand plaisir a été de voir Jennifer Lawrence incarner pleinement Joy. Il déclare : « Jennifer possède une force incroyable. Ça a toujours été le cas, mais aujourd’hui cela s’exprime différemment. Elle a le don de porter un film avec une assurance naturelle. Elle me rappelle beaucoup Robert De Niro, je trouve qu’ils ont une approche du métier d’acteur très similaire. Cela explique sans doute pourquoi David aime tant les retrouver de film en film. » 

PEGGY 

Peggy est tout le contraire de sa soeur, Joy. Si les deux jeunes femmes s’affrontent pour savoir laquelle remportera le pouvoir au sein de la famille, un lien indéniable les unit pourtant. Peggy est incarnée par Elisabeth Röhm, qui avait déjà collaboré avec David O. Russell sur AMERICAN BLUFF et rêvait depuis de retravailler avec lui. L’actrice explique : « Tourner sous la direction de quelqu’un d’aussi courageux, qui ne cesse d’explorer la nature humaine avec toutes ses contradictions, ses épreuves et ses triomphes, c’est tout ce dont un acteur peut rêver. Et c’est à nouveau ce qu’il fait avec JOY à travers des personnages d’une sincérité et d’une authenticité incroyable. » 

Peggy est un personnage rare au cinéma, celui d’une femme qui vit dans l’ombre d’une soeur brillante et aimerait que cela change. Elisabeth Röhm commente : « C’est un personnage très important parce que la situation dans laquelle elle se retrouve – où un enfant retient toute l’attention tandis que l’autre se sent délaissé et pas apprécié à sa juste valeur – est plus courante qu’on ne l’imagine et cela façonne la personne que l’on devient. Je pense que cette rivalité fraternelle parlera à beaucoup de monde. Beaucoup de gens ont une Peggy dans leur vie, quelqu’un qui leur dit qu’ils n’y arriveront pas, qu’ils ne sont pas assez bons, qu’ils ne devraient même pas y penser… Peggy est le genre de personne dont il faut savoir se détacher, ce que Joy parvient à faire avant de devenir la femme formidable qui sommeille en chacune d’entre nous. » 

L’actrice était particulièrement enthousiaste à l’idée d’incarner ce duo de soeurs rivales avec Jennifer Lawrence. Elle confie : « Lorsque nous nous sommes rencontrées sur le tournage d’AMERICAN BLUFF, nous nous sommes tout de suite bien entendues. Nous avons beaucoup ri ensemble. Jennifer est tout ce qu’il y a de plus authentique, il n’y a pas de mauvaise surprise avec elle et c’est ce qui me plaît. Je n’ai eu aucun mal à me bagarrer avec elle dans le film parce que nous avons toute confiance l’une en l’autre, c’est comme si nous étions des âmes soeurs. » 

Le tournage de ces scènes a également été facilité par le fait que les actrices se sentaient toutes les deux en sécurité avec David O. Russell. Elisabeth Röhm déclare : « David aide tous ses acteurs à donner le meilleur d’eux-mêmes. Son objectif est toujours de réaliser le meilleur film possible. » 

Tous les acteurs du film assurent que tourner sous la direction de David O. Russell est une expérience en soi, une expérience mystérieuse. Isabella Rossellini explique : « Tous les grands artistes ont un style et un langage auxquels il faut s’adapter. Ça a été passionnant de travailler avec David. Avec lui, il faut toujours être vigilant, ce qui est précisément ce dont un acteur a besoin pour rester vivant. » 

Virginia Madsen ajoute : « J’ai eu le sentiment d’être soutenue par David pendant tout le tournage, ce qui m’a encouragée à prendre des risques. » 

Selon Bradley Cooper, l’atmosphère qui régnait sur le tournage de JOY était à la fois très différente et étrangement similaire à celle des autres films du réalisateur. Il explique : « Le tempo de ce film était lent et calme, à l’image de Joy, mais en même temps, on retrouvait la même profusion d’idées, d’ingéniosité et de créativité que sur tous ses tournages. » 

L’ESTHÉTIQUE DU FILM 

Connu pour son goût pour les univers originaux et imaginatifs, David O. Russell opère avec JOY un virage sur le plan visuel et livre son oeuvre la plus stylisée à ce jour. Le film se déroule en effet non seulement dans le salon familial des Mangano et le garage crasseux de Rudy, mais également dans les décors clinquants d’un soap-opéra, dans les coulisses d’une chaîne télévisée et dans l’imagination débordante d’une femme qui aime trouver des solutions ingénieuses aux problèmes du quotidien. 

L’idée du réalisateur était de poser, à travers la caméra, un regard classique sur la vie moderne et de laisser ces deux univers entrer en collision. Pour cela, il a de nouveau fait appel au directeur de la photographie Linus Sandgren, avec qui il avait déjà collaboré sur AMERICAN BLUFF, et ensemble, ils ont passé de longues heures à élaborer le style du film en amont du tournage. 

David O. Russell déclare : « Nos influences étaient multiples : des clichés de William Eggleston, premier grand photographe américain à utiliser la couleur, aux toiles d’Edward Hopper et Andrew Wyeth, en passant par les grands films classiques de George Stevens et Frank Capra. C’est ce genre d’atmosphère que je voulais recréer. Nous avons réalisé l’essentiel du film en silhouette, ce qui était nouveau pour nous. Il y a quelque chose de très évocateur dans les silhouettes et les ombres – elles peuvent dévoiler les secrets les plus intimes d’une personne. » 

Il poursuit : « Linus et moi avons échangé beaucoup d’images, et même de la poésie. J’ai beaucoup apprécié sa volonté de collaborer et de faire de chaque plan une oeuvre d’art animée. » 

Le directeur de la photographie se souvient de ses premières conversations avec David O. Russell : « L’inspiration de David allait bien au-delà de la vie de Joy Mangano. Nous avons longuement discuté de la beauté et de l’incroyable ingéniosité qui caractérisent les grands classiques du cinéma hollywoodien. D’une certaine manière, notre objectif était de réaliser un film en noir et blanc… en couleurs ! Nous avons donc regardé plein de films différents : de LA VIE EST BELLE de Frank Capra à ALICE N'EST PLUS ICI de Martin Scorsese, en passant par LA BARBE À PAPA de Peter Bogdanovich. » 

Pour retrouver la sensibilité des films en noir et blanc, David O. Russell et Linus Sandgren ont choisi d’utiliser une palette monochromatique qui s’étoffe progressivement avec les ambitions de Joy. Le réalisateur commente : « Il y a pour moi quelque chose de vraiment magique dans la monochromie. J’aime les films qui me transportent dans un univers à la fois réel et enchanté. Je tenais donc à ce que la palette de ce film possède une élégance et un style singulier sans pour autant détourner l’attention de l’émouvante l’histoire de Joy. » 

L’utilisation spécifique de la couleur et de la lumière a nécessité beaucoup de préparation de la part du chef opérateur, tandis que de son côté, le réalisateur s’est efforcé de conserver une certaine spontanéité sur le tournage. Toute la difficulté a donc consisté à trouver l’équilibre. 

Linus Sandgren explique : « Nous tournions à 360 degrés, il fallait donc planifier minutieusement les plans pour que l’éclairage fonctionne sous tous les angles. Nous avons même équipé les projecteurs de variateurs afin de pouvoir modifier l’intensité de l’éclairage de manière instantanée. La préparation était donc essentielle. Mais une fois sur le tournage, il a fallu que nous fassions preuve de flexibilité car David avait constamment de nouvelles idées qui nous poussaient à notre tour à en avoir de nouvelles. » 

Si la fluidité de son style est incontestablement contemporaine, David O. Russell n’en reste pas moins fidèle au format traditionnel du 35 mm. Le directeur de la photo commente : « David aime beaucoup le grain de la pellicule et la magie organique qu’elle dégage. Le rendu de la peau est en outre bien meilleur sur pellicule, et David a un penchant pour les tons chair. » 

Linus Sandgren confie que c’est le caractère imprévisible de sa collaboration avec le cinéaste qui l’a rendue si passionnante. Il explique : « David est un artiste qui, à la manière d’un sculpteur, est constamment en train de peaufiner son film. C’est comme s’il fabriquait une oeuvre d’art à partir d’un bloc d’argile qu’il modèle mais qu’il laisse également respirer. C’est une méthode de travail originale, mais David est aussi un réalisateur très audacieux qui n’a pas peur de tester de nouvelles idées. Et c’est précisément ce dont il est question dans le film : il nous rappelle qu’il faut avoir l’audace de réaliser ses rêves. » 

À l’image de la photographie, les décors de JOY sont non seulement le reflet des époques que traverse le film, mais également des univers réels, fantaisistes et oniriques qu’il met en scène. David O. Russell a confié leur conception à sa collaboratrice de longue date, Judy Becker, nommée aux Oscars pour son travail sur AMERICAN BLUFF. 

L’univers de JOY diffère totalement des autres films du réalisateur auxquels la chef décoratrice avait jusqu’alors pris part. Elle déclare : « Il s’agit de l’histoire fascinante de plusieurs générations, mais c’est aussi selon moi le film de David qui se rapproche le plus de la fable. C’est une fable sur l’émancipation des femmes et la famille, et nous avons essayé d’exprimer cela sur le plan visuel en conférant un caractère intemporel aux décors. Le film commence dans les années 60 et s’achève dans les années 2000, mais nous ne voulions pas en faire un film d’époque. Nous avons opté pour un style relativement naturaliste mais légèrement plus stylisé que d’habitude pour lui donner des allures de conte de fées. » 

En étroite collaboration avec Linus Sandgren, Judy Becker a opté pour une palette de couleurs évolutive. Elle explique : « L’univers dans lequel Joy grandit et le garage de Rudy sont très monochromatiques, nous n’avons presque pas utilisé de couleur dans ces décors, ou alors des tons très délavés. Dans la première partie du film, la couleur n’est présente qu’à travers les écrans de télévision et dans le flamboyant univers imaginaire des feuilletons. C’est pourquoi lorsque Joy découvre le studio de QVC, c’est un peu comme si elle découvrait la Cité d’Émeraude. Nous tenions à ce que la couleur soit très présente pour la première fois dans le film. Joy entre par un vestibule sombre et découvre soudain une lumière brillante et des couleurs éclatantes. C’est une révélation pour elle. Cet univers est très éloigné du monde terne dans lequel elle vivait jusque-là. » 

Parmi les décors les plus complexes imaginés par Judy Becker figure le décor du feuilleton télévisé fictif dont la mère de Joy est fan, et qui se manifeste occasionnellement dans l’histoire principale et les rêves de Joy. La chef décoratrice déclare : « Les décors de ce film sont bien plus vastes que ce que nous avons pu faire jusqu’à présent, et le décor du feuilleton a sans doute été le plus compliqué et le plus amusant de tous à construire. Il est inspiré des soap-opéras diffusés en prime time dans les années 80. Au tout début de ma carrière, j’ai travaillé sur des feuilletons à New York, je savais donc exactement à quoi ressemblent ces décors. Pour celui-ci, nous avons opté pour une esthétique très stylisée avec un sol en faux marbre noir et blanc et des murs en imitation bois. Plus c’était criard, mieux c’était ! » 

La chef décoratrice a également eu pour mission de recréer les programmes et les coulisses de la chaîne QVC dans les années 1990. Créée en 1986, la chaîne câblée n’en était encore qu’à ses débuts lorsque Joy Mangano y a présenté son Miracle Mop, mais elle était déjà en voie de devenir la gigantesque entreprise dont les ventes dépassent aujourd’hui les 8 milliards de dollars. Le studio de la chaîne, basé en Pennsylvanie, était un mélange de chaîne de télé-achat et de divertissement. Il comprenait les décors d’une cuisine et d’un salon, des laboratoires d’essai et une équipe présente 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7 pour répondre aux appels des téléspectateurs. (Clin d’oeil émouvant à la chaîne, le film met en scène Melissa Rivers dans le rôle de sa mère, Joan, l’une des présentatrices phares et meilleures vendeuses de QVC avec plus d’un milliard de dollars de ventes à son actif.) 

Judy Becker raconte : « Nous avons construit le studio de QVC de toutes pièces, avec les bureaux, les salles de conférence, la cuisine laboratoire et un incroyable plateau de tournage rotatif. C’était titanesque. » 

La maison de Joy, qui fait et fera toujours partie de son identité, a quant à elle été dénichée à Dallas au Texas. La chef décoratrice déclare : « La maison que nous avons trouvée était parfaite, mais il a fallu que nous construisions le sous-sol où vivent les personnages d’Édgar Ramírez et Robert De Niro. » 

À l’instar de Linus Sandgren, Judy Becker constate que lorsqu’on travaille avec David O. Russell, deux devises contradictoires s’appliquent : la première, c’est qu’il faut toujours être préparé, la seconde, qu’il faut savoir faire preuve de spontanéité. 

Elle déclare : « David est très créatif et spontané sur le tournage. Il est arrivé que nous soyons en train de tourner une scène dans le salon et qu’il ait soudain la brillante idée de la transposer dans une autre pièce de la maison, il fallait donc être préparé à toutes les éventualités. C’est passionnant parce qu’on sait que quel que soit le projet, si c’est David qui le réalise, ce sera un film que personne n’a encore jamais vu. Ses films sont uniques de la meilleure façon possible. Ils n’appartiennent à aucun genre et même si vous en lisez un bref résumé, ils sont toujours pleins de surprises. David ressemble beaucoup à Joy dans le sens où c’est un formidable rêveur qui n’a peur de rien. » 

Le chef costumier Michael Wilkinson, nommé à l’Oscar pour son travail sur AMERICAN BLUFF, était impatient de retravailler avec David O. Russell. Il explique : « Sur AMERICAN BLUFF, j’ai découvert que David et moi partagions la même passion pour les personnages. Nous sommes tous les deux fascinés par la multitude de façons dont les gens se présentent au monde – que ce soit à travers leurs vêtements, leur comportement ou leurs excentricités. David a le don de créer des personnages audacieux, complexes et originaux qu’il confie ensuite à des acteurs courageux et prodigieusement talentueux, je tenais donc à me montrer à la hauteur en créant des costumes adaptés. » 

Comme le directeur de la photographie et la chef costumière, Michael Wilkinson a été à la fois stimulé et enthousiasmé par le caractère intemporel du film, bien qu’il se déroule sur une quarantaine d’années. Il commente : « Je pense que nous avons tous vu en JOY une fable intemporelle. Il s’agit de l’histoire d’une femme qui apprend à se connaître et bien qu’elle se déroule sur plusieurs dizaines d’années, nous avons fait en sorte qu’elle ne soit pas vraiment datée. L’histoire pourrait presque se dérouler n’importe quand au XXe siècle. » 

Le chef costumier s’est replongé dans les drames des années 40 et 50 avec leurs costumes structurés et s’est intéressé aux femmes iconoclastes de différentes époques. Il commente : « Nous nous sommes inspirés de nombreuses figures de femmes audacieuses. Les personnages de David mènent des vies fabuleuses et passionnées, ils sont follement fantaisistes et totalement uniques, leurs costumes se devaient donc d’être tout aussi fantaisistes et uniques. » 

En pratique, la création des costumes du film a nécessité un travail considérable, comme le révèle Michael Wilkinson : « Le film met en scène une longue liste de personnages divers et variés dont les costumes évoluent sur 40 ans, ainsi que différents univers visuels, nous avons donc eu un travail monstre. » 

Parmi ces univers figure le bruyant et crasseux garage de Rudy. Le chef costumier commente : « Le garage est l’incarnation des racines ouvrières de la famille de Joy. Rudy possède un style qui lui est propre et qui évolue tout au long du film. Il troque progressivement ses vestes en cuir pour un look plus sophistiqué, symbolisé par son obsession pour les polos Ralph Lauren. » 

Le studio de QVC, dirigé par l’élégant Neil Walker, incarné par Bradley Cooper, fait également partie des univers préférés de Michael Wilkinson, qui déclare : « Neil Walker est une sorte de producteur à la Cecil B. De Mille. Il fait preuve d’un engagement absolu dans la direction de cette chaîne câblée, on dirait qu’il est à la tête de la MGM en plein âge d’or ! Il réalise en outre de spectaculaires relookings sur ses stars, y compris Joy, pour les présenter sous leur meilleur jour. Lorsqu’on découvre les personnages de ce monde magique que l’on dirait tout droit sorti du pays d’Oz, on assiste à une véritable explosion de couleurs dans les costumes. » 

Le chef costumier a pris beaucoup de plaisir à laisser libre cours à sa créativité pour les costumes du feuilleton qui existe à la fois dans les rêves de Joy et sur l’écran de télévision auquel est scotchée sa mère. Il commente : « Ça a été incroyable d’explorer le côté un peu clinquant des costumes de ce genre d’émissions, ce que nous avons fait avec respect et sans aucune ironie ni condescendance. J’aime beaucoup le fait que les intrigues et les personnages des feuilletons débordent sur l’histoire principale de façon allégorique. Les deux mondes se font écho de manière mystérieuse et évocatrice. » 

Les costumes de Joy sont quant à eux le reflet de son évolution personnelle. Michael Wilkinson déclare : « Joy est selon moi le personnage le plus complexe et le plus fascinant jamais créé par David. Le public doit assister à la transformation de la jeune étudiante pleine d’espoir qu’elle est au début en femme d’affaires déterminée et matriarche. Cette évolution se décline en 45 costumes. Elle trouve différentes manières d’utiliser ses vêtements pour exprimer sa détermination. Dans sa garde-robe figurent entre autres des jeans et des tee-shirts discrètement rebelles, une robe de mariée choisie par sa mère, plusieurs luxueux tailleurs sur mesure et une veste en cuir et une paire de lunettes de soleil qui sont en quelque sorte sa tenue de combat. À travers ces costumes, on découvre les nombreuses personnalités de Joy ainsi que ses angoisses, ses rêves et ses aspirations. » 

David O. Russell a été bluffé par le talent avec lequel Michael Wilkinson a réussi à traduire son histoire à travers des textiles, des textures et des couleurs. Il confie : « Les créations de Michael sont magnifiques, elles révèlent quelque chose de spécial chez chaque personnage. » 

Chacun des artistes et artisans qui ont pris part au film a eu à coeur de rester fidèle à la trame narrative. Cependant, il arrive qu’une histoire se résume à une image, comme celle de Joy sous la neige, symbole ineffable de son parcours. 

David O. Russell conclut : « La neige peut être incroyablement magique. On tombe sous son charme lorsqu’on est enfant mais vingt ans plus tard, elle se transforme en cauchemar parce qu’elle nous empêche de nous rendre au travail, ce qui nous empêche de rembourser notre hypothèque… Cela fait partie de la réalité de la vie d’adulte. Elle conserve toutefois une part de magie qui se révèle lorsqu’on choisit de voir à nouveau la vie comme une aventure. »

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