mardi 7 avril 2015

Back to the future


Thriller/Fantastique/Film intéressant et intriguant mais pas toujours parlant

Réalisé par Ryan Gosling
Avec Christina Hendricks, Saoirse Ronan, Iain De Caestecker, Matt Smith, Eva Mendes, Ben Mendelsohn, Barbara Steele, Reda Kateb...

Long-métrage Américain
Durée : 1h35m
Année de production : 2014
Distributeur : The Jokers / Le Pacte

Avertissement : des scènes, des propos ou des images peuvent heurter la sensibilité des spectateurs 

Date de sortie sur les écrans américains : 10 avril 2015 
Date de sortie sur nos écrans : 8 avril 2015


Résumé : Dans une ville qui se meurt, Billy, mère célibataire de deux enfants, est entraînée peu à peu dans les bas-fonds d’un monde sombre et macabre, pendant que Bones, son fils aîné, découvre une route secrète menant à une cité engloutie. Billy et son fils devront aller jusqu’au bout pour que leur famille s’en sorte.

Bande annonce (VOSTFR)


Ce que j'en ai pensé : J'ai eu la chance d'être conviée hier à l'avant-première de LOST RIVER. J'ai trouvé le film spécial et intriguant.
Par certains aspects, il m'a beaucoup plu. J'ai aimé la chronique sociale, la vision de cette ville laissée à l'abandon à cause la crise et les personnages en proie à leurs fantômes.
Ryan Gosling, le réalisateur, nous offre une réalisation visuellement très travaillée. Il donne à ses personnages un cadre particulier et soigné. Surtout il les fait évoluer dans des ambiances fouillées et marquées de désolation, de folie, de désœuvrement et de mises en scènes macabres.




Par contre, il m'a perdu dans les métaphores. Je n'aime pas trop devoir sans arrêt me demander ce que le réalisateur veut me transmettre comme message. Du coup, certaines scènes m'ont semblé superflue car, pour moi, elles s'inscrivent difficilement dans la logique de l'intrigue.
Après, il est clair que Ryan Gosling a pris un risque en mettant en scène cette histoire fantastique et j'apprécie qu'il assume son choix. Il va jusqu'au bout de son idée. Le résultat est particulier et plutôt axé cinéphiles. Pour ma part, j'y ai vu quelques références aux cinéastes avec lesquels il a travaillé, jusque dans la musique (très réussie au demeurant). Cependant, malgré les influences, je lui ai trouvé une vraie originalité. Ses cadres et ses plans sont souvent beaux et même parfois poétiques.
Les acteurs sont très bons mais les rôles ne sont pas toujours très clairs par rapport à ce que les protagonistes sont censés représenter dans l'absolu. J'ai senti qu'il y a une double lecture cependant je n'ai pas toujours compris laquelle.

Christina Hendricks est Billy
Saoirse Ronan est Rat 
Iain De Caestecker est Bones
Matt Smith est Bully
Ben Mendelsohn est Dave
Eva Mendes est Cat
Reda Kateb est le Conducteur
LOST RIVER est une intéressante découverte. Surprenant, il ne s'adresse pas à tout le monde et il est difficile d'anticiper sur l'adhésion ou non des spectateurs. Si vous êtes curieux, que vous aimez le cinéma américain indépendant et les films métaphoriques alors vous pouvez tenter l'expérience LOST RIVER. Je ne peux pas vous assurer que le film vous plaira mais au moins il aura le mérite de ne pas vous laisser indifférent(e). En tout cas, je suis très contente de l'avoir vu et je n'hésiterai pas à aller voir son second film, si toutefois il en fait un.

Après la projection, Ryan Gosling, le réalisateur, et Reda Kateb, un des acteurs, ont eu la gentillesse de venir nous rejoindre pour répondre à nos questions. J'ai filmé cette rencontre que vous pouvez voir dans les deux vidéos ci-dessous :




NOTES DE PRODUCTION
(A ne lire qu'après avoir vu le film pour éviter les spoilers!)

NOTE DU RÉALISATEUR 

À plus d’un titre, ce film est le cadeau que m’ont fait les réalisateurs avec lesquels j’ai eu la chance de travailler ces dernières années. En tant qu’acteur, je suis passé des films ancrés dans le réel de Derek Cianfrance à l’imaginaire de Nicolas Winding Refn. Je pense que j’ai oscillé entre ces deux extrêmes parce que ma propre sensibilité de réalisateur se situe quelque part entre les deux. 

À l’occasion d’un tournage, j’ai découvert Détroit, une ville qui vit aujourd’hui à la frontière de ces deux réalités. Même si je n’y ai passé que quelques jours, cette ville m’a profondément marqué. Elle était au bord de la faillite. Il y avait là des quartiers désertés s’étendant sur une soixantaine de kilomètres et, dans quelques recoins de ces quartiers, des parents qui essayaient d’élever leurs enfants à deux pas de maisons incendiées ou démolies. Détroit est pourtant le berceau de la Ford T, de la Motown et de la classe moyenne américaine. À une certaine époque, c’était même la carte postale du rêve américain, mais aujourd’hui, pour les familles de ces quartiers, le rêve s’est transformé en cauchemar. Mais il y a encore beaucoup d’espoir làbas. Il y a une conscience collective formidable à Détroit, elle mériterait qu’on s’en inspire. Ce qu’elle a été et ce qu’elle sera à nouveau un jour, demeure toujours vivace aujourd’hui. Je savais qu’il fallait que je fasse quelque chose là-bas.

J’y suis retourné plusieurs fois l’année suivante, pour essayer de conserver une trace de ces quartiers avant qu’ils ne soient rasés ou détruits. J’ai commencé à inventer une histoire qui ne se déroulerait pas à Détroit mais à Lost River, une ville fictive au passé imaginaire. Des fragments de l’histoire me sont peu à peu apparus : une famille qui perd sa maison, un mystérieux secret dissimulé sous la surface... J’ai puisé dans les films fantastiques populaires des années 80 avec lesquels j’ai grandi, et j’ai passé ces références au prisme de la sensibilité que j’ai acquise depuis en matière de cinéma. Partant de là, l’histoire de LOST RIVER a commencé à se dessiner sous la forme d’un sombre conte de fées, avec la ville dans le rôle de la demoiselle en détresse, et des personnages semblables aux morceaux d’un rêve brisé, qui essayent de se reconstruire. 

A PROPOS DU FILM

L’idée de LOST RIVER trottait dans la tête de Ryan Gosling depuis sa plus tendre enfance. Le réalisateur explique : « Cette histoire de ville engloutie est similaire à celle de la ville où j’ai grandi. Un jour, alors que je me promenais dans les bois lorsque j’étais petit, je suis tombé sur une route qui plongeait droit dans le fleuve. J’en ai parlé à ma mère et elle m’a dit qu’il y avait une ville au fond de l’eau. La ville où j’ai grandi était sur le tracé de la voie maritime du Saint- Laurent. Des promoteurs ont aménagé un canal permettant à de gros bateaux de naviguer de l’Atlantique jusqu’aux grands lacs, en inondant plusieurs villes et villages sur leur chemin. Encore aujourd’hui, l’idée que j’ai pu me baigner dans une rivière au-dessus d’une ville engloutie continue de me mettre mal à l’aise. » 

Christina Hendricks (MAD MEN, DRIVE), qui incarne Billy dans le film, a été séduite par l’originalité du scénario. « Ryan a écrit un scénario qui m’a tout de suite semblé très différent de tout ce que j’avais pu lire auparavant. Je pense que les gens savent déjà à quel point il est lui-même un artiste unique et singulier. Ce n’est guère surprenant qu’il ait pu écrire un scénario aussi atypique. » 

Ce qui a surtout frappé le producteur Marc Platt à la lecture du scénario, c’est le caractère prenant de « ce récit merveilleux sur la survie et la famille. » 

Platt explique : « En tant qu’acteur, Ryan Gosling est déjà un conteur hors pair. Lorsqu’il crée un personnage pour les besoins d’un film, il raconte une histoire dans l’histoire. » Pour réunir un tel casting, Ryan Gosling a choisi de faire appel à des personnes qu’il connaissait déjà, afin de pouvoir se mettre immédiatement au travail. « J’ai choisi la crème de tous ceux avec qui j’ai pu travailler. J’ai réuni la meilleure équipe de production, et j’avais déjà eu une très bonne expérience en côtoyant Marc Platt et Adam Siegel sur DRIVE. J’avais également déjà joué avec beaucoup d’entre eux, nous avions déjà fait un petit bout de chemin ensemble », explique-t-il. 

Après avoir travaillé avec Christina Hendricks sur le tournage de DRIVE, Ryan Gosling avait hâte de la retrouver sur un autre projet. « J’étais très impressionné par le degré de détails et de pathos qu’elle avait réussi à insuffler à son personnage dans DRIVE. Même si elle n’était présente que dans quelques scènes, je l’ai vue apporter un vécu et une authenticité qui n’étaient pas présents dans le scénario. » 

Le fils de Billy, Bones, est incarné par le jeune acteur écossais Iain De Caestecker. Une histoire d’amour touchante et subtile naît entre Bones et Rat, qui vit dans la maison d’en face, interprétée par l’actrice nommée aux Oscars, Saoirse Ronan. Rat est un havre de paix, belle et paisible, face à cette ville à l’agonie et à la situation désespérée dans laquelle Bones se trouve. Elle s’occupe de sa grand-mère, interprétée par Barbara Steele. Ensemble, ils se rappellent qu’ils ne sont pas seuls dans cet environnement hostile. 

Matt Smith incarne Bully, un véritable prédateur qui arpente les rues de Lost River pour trouver quelque chose à se mettre sous la dent. Bully s’est déjà emparé de tout ce qui restait dans la ville, et dès qu’il pourra mettre la main sur Bones, il fera tout son possible pour le détruire, lui et ceux qui lui sont chers. 

Cette distribution ne serait pas complète sans Eva Mendes, vedette d’un spectacle macabre librement inspiré du théâtre du Grand-Guignol, et Ben Mendelsohn, qui incarne le mystérieux Dave. 

UN PREMIER FILM

« J’ai voulu réaliser ce long métrage parce que c’est un film que j’avais envie de voir. Comme beaucoup d’enfants qui ont grandi dans les années 1980, j’ai d’abord abordé le cinéma à travers des films grand public. J’étais enthousiaste à l’idée de tourner ce genre d’histoire, mais avec le langage de cinéaste que j’ai acquis depuis. » 

« Ryan a été formidable », se souvient Christina Hendricks. « C’est son premier film, et nous avons eu quelques déconvenues : un jour, des pluies torrentielles, un autre, une caméra qui nous lâche... Dans ces cas-là, il prend les choses comme elles viennent et trouve immédiatement une solution créative pour surmonter les obstacles. Qui plus est, étant lui-même acteur, il donne des indications très utiles sur les personnages, et il sait comment parler aux comédiens. Je pense que tout le monde respecte vraiment sa vision, sa fantaisie, son entrain et sa créativité. » 

Tous les acteurs du film s’accordent à dire que l’expérience de Ryan Gosling en tant qu’acteur a beaucoup contribué à créer une atmosphère sereine et un rapport de collaboration sur le plateau. 

« Il est très à l’écoute, il perçoit toujours ce que les autres ressentent et il connaît notre état d’esprit », précise Saoirse Ronan. 

« Il est bienveillant, très minutieux et il aborde les choses sous un angle original, ce qui me plaît beaucoup. De surcroît, il est calme, concis, et sa vision est personnelle et bien définie, ce qui ne l’empêche pas de laisser les autres apporter leur propre contribution », s’enthousiasme Matt Smith. Ryan Gosling n’a toutefois jamais été tenté de jouer lui-même dans le film : « Cela n’aurait pas été très responsable de ma part, car le film est assez ambitieux. Il y a des tas d’acteurs qui deviennent réalisateurs, cela donne l’impression que c’est facile, mais il n’en est rien. J’avais déjà fort à faire en réalisant le film, je me suis dit qu’il valait mieux me concentrer là-dessus. » 

DETROIT POUR INCARNER LOST RIVER

La ville de Détroit est utilisée comme toile de fond pour la ville imaginaire de Lost River, et elle joue un rôle majeur dans le film. Ryan Gosling savait qu’aucune autre cité n’aurait pu exprimer aussi bien la désolation et la beauté irréelle de Lost River. 

« Certains films qui ont restitué l’atmosphère des années 50, comme THE OUTSIDERS ou AMERICAN GRAFFITI, même s’ils ne se déroulent pas à Détroit, ont très certainement été influencés par ce qui s’y passait. Le film montre donc comment le rêve américain s’est transformé en cauchemar, tout au moins pour les gens qui vivent là-bas », explique le réalisateur. 

Ryan Gosling a aussi pensé que filmer à Détroit permettrait aux acteurs d’ancrer leur interprétation dans la réalité. « Tourner à Détroit, laisser les acteurs se balader dans cette cité en ruines confère au film une authenticité qu’il n’aurait peut-être pas eu autrement », explique le réalisateur. 

« L’environnement fait tout. Lorsque nous étions en repérage et pendant le tournage, nous avons rencontré des habitants de ces quartiers, et ils font maintenant partie intégrante des scènes que nous avons tournées et de la trame de l’univers que nous avons créé. En réalité, il y a encore beaucoup d’espoir à Détroit. C’est pourquoi c’est le seul endroit où nous aurions pu tourner ce film. C’est une ville qui suscite créativité et inspiration, et j’espère que d’autres productions viendront tirer profit des talents et des opportunités dont elle regorge. » 

Christina Hendricks confirme : « Détroit a été fantastique pour le tournage des scènes en extérieur. C’est une ville pleine de textures différentes, où une surprise surgit à chaque coin de rue, comme par magie. » 

Saoirse Ronan ajoute : « C’est une ville pleine de personnages hauts en couleur, et leur implication a eu un véritable impact sur le film, en lui insufflant une grande part de réalisme. C’est une ville également très pittoresque. » 

ENTRETIEN AVEC CHRISTINA HENDRICKS

Quelles ont-été vos premières impressions à la lecture du scénario ? 

Je crois que la première chose qui m’a frappée, c’est à quel point le scénario était unique, à mille lieues de tout ce que j’avais pu lire auparavant, et à quel point il était capable de susciter immédiatement des images incroyables, ce qui n’est pas toujours le cas à la première lecture d’un scénario. Il dégageait déjà une atmosphère particulière, à la fois mélancolique et spectaculaire. 

Qu’est-ce qui vous a attirée dans le personnage de Billy ? 

J’ai eu envie de me glisser dans la peau de Billy, car c’est une femme formidable, une vraie battante, ce qui est toujours intéressant à jouer pour une actrice. Qui plus est, elle évoluait dans un environnement que je n’avais encore jamais exploré au cinéma, et elle avait deux fils... Il y a beaucoup de choses qui me plaisaient dans ce personnage, et qui étaient nouvelles pour moi, c’était très alléchant ! 

Qu’est-ce qui différencie Billy des autres personnages que vous avez pu incarner, notamment dans MAD MEN, qui vous a rendue célèbre ? Qu’est-ce qu’elle a de différent ? 

Billy n’a rien de commun avec les autres personnages que j’ai pu incarner. Je n’essaie pas à tout prix de trouver des rôles à l’opposé les uns des autres, mais j’ai eu la chance de pouvoir explorer des personnalités très différentes. J’ai aimé que Billy soit obligée de se battre, qu’elle essaie d’être une femme qu’elle n’est pas réellement. Elle manque de confiance en elle, elle est toujours très critique envers ellemême, et elle essaye de surmonter cela, non seulement pour elle, mais aussi pour ses fils.

Pourquoi avez-vous souhaité incarner cette histoire ? 

C’est avant tout l’histoire de Ryan. J’ai l’impression d’avoir contribué à l’incarner, mais c’était surtout fantastique de pouvoir travailler avec lui. Il est tellement créatif, et il a une vision très claire de ce qu’il veut raconter. Je n’ai eu qu’à l’aider à concrétiser sa vision, à venir chaque jour sur le plateau et constater qu’il savait exactement ce qu’il voulait visuellement. C’était exaltant de faire partie de cette aventure, et de pouvoir raconter son histoire.

Pouvez-vous nous dire de quoi parle le film ? 

C’est très intéressant, car le film aborde bien des sujets. Il parle d’une famille qui se bat pour conserver un toit, d’une mère qui s’occupe de ses fils du mieux qu’elle peut, alors que le lien qui les unit est en train de s’étioler. Mais le film montre aussi comment les gens sont capables de surmonter leurs peurs, de se battre pour leur bien-être. On voit chacun des personnages passer par ce cheminement du début à la fin du film. 

Pensez-vous que Billy est une bonne mère ? 

Je pense que Billy fait de son mieux pour être la meilleure mère possible. Elle est jeune, elle n’a pas eu de parents modèles pour s’occuper d’elle, donc je pense qu’elle fait du mieux qu’elle peut. Elle sait qu’elle multiplie les erreurs, on le voit dans les yeux de ses fils. Parfois, elle joue les copines, parfois la maman, elle essaie aussi d’être stricte, mais ce n’est pas son fort. En fait, elle apprend sur le tas, elle grandit, et c’est aussi ce que montre le film. 

Est-ce que vous avez une petite idée sur ce qui pousse Franky à agir ainsi, ou est-ce que cela n’a aucun sens, et vous le laissez faire en espérant que ça va s’arrêter ? 

Je pense qu’elle se dit ce que beaucoup de mères se disent : que c’est une phase, qu’avec un peu de chance cela va s’arrêter... Elle ne sait pas comment s’y prendre avec Franky. Elle le voit disparaître dans la rue, encore et encore, elle essaie de garder un oeil sur lui, mais elle s’imagine sans doute que c’est ce que font les tout-petits, qu’ils courent dans tous les sens, et que son fils se comporte comme tous les enfants de son âge. 

Si vous deviez résumer la personnalité de Billy, diriez-vous qu’elle est intrépide, forte, courageuse ?

Je pense que Billy voudrait bien être intrépide, forte et courageuse, mais qu’elle est en fait rongée par la peur et l’auto-dépréciation. Elle passe son temps à se critiquer, tout en cherchant à sauver les apparences. Elle veut que ses fils pensent qu’ils sont en sécurité, que tout va bien se passer, que leur maman a le dessus, alors qu’il n’en est rien. Pour moi, c’est son véritable combat, son parcours dans le film. 

Parlez-nous du tournage à Détroit. Comment avez-vous trouvé la ville, et pourquoi pensez-vous qu’elle a été choisie comme cadre pour cette histoire ? 

Détroit est un décor de cinéma formidable, c’est une ville qui a une âme, un grain incomparable, et qui regorge de surprises. La magie surgit à chaque coin de rue. Ceux qui ont visité Détroit vous diront que c’est une ville sans équivalent aux États-Unis. J’aurais aimé avoir assez de temps pour la découvrir davantage, mais j’avoue que nous avons surtout passé nos journées à travailler. Nous avons tout de même déniché des restaurants fantastiques, des petits endroits magiques, des salles de concert géniales... Dans l’ensemble, Détroit constitue une toile de fond merveilleuse pour le film. 

Qu’espérez-vous que les spectateurs retireront du film ? 

J’espère qu’ils auront l’impression d’avoir fait un rêve merveilleux. Pour moi, c’est ainsi qu’il faut le vivre : comme un rêve éveillé. 

ENTRETIEN AVEC REDA KATEB

Pouvez-vous nous raconter votre rencontre avec Ryan Gosling ? 

J’ai rencontré Ryan Gosling la veille de ma première nuit de tournage, à la cantine du film. Il m’avait vu dans UN PROPHÈTE et ZERO DARK THIRTY et m’a proposé ce rôle sans me demander de passer des essais. J’ai apprécié cette confiance qui m’a donné envie de donner le meilleur. La confiance appelle la confiance. J’ai aussi aimé qu’il me propose ce personnage d’homme bienveillant, protecteur, différent des rôles dans lesquels il m’avait connu. Lorsque nous nous sommes rencontrés, nous avons parlé très concrètement du personnage et de la manière dont nous allions tourner. J’ai tout de suite senti que nous étions en phase. 

Pouvez-vous maintenant nous parler de lui en tant que réalisateur ? Sa méthode de travail ? Sa façon, étant acteur lui-même, de diriger (ou pas) les comédiens ? 

Comme réalisateur, il a cette chose rare que j’adore qui est de donner aux gens avec qui il travaille, la sensation de créer le film en le tournant. Au contraire de mettre en boîte un scénario, il s’agit plutôt d’inventer l’histoire tout en la vivant. Même si le scénario reste une feuille de route, tout est possible. Il connaît très bien la mécanique des acteurs et sait qu’ils ont besoin d’être libres pour être créatifs. Après une prise, il venait souvent me demander «comment tu l’as sentie ? ». Plutôt que dire : « il faut faire ci ou ça ». C’est très stimulant. 

Détroit, c’est un peu la ville des fantômes de l’Amérique ? Quelle vision en avez-vous eu, et quel souvenir en gardez-vous ? 

Détroit est un décor très puissant. Lorsque je suis arrivé, ça m’a vraiment donné le cafard. L’impression d’arriver après une guerre, un bombardement. Les rues du centre ville sont vides. Lorsqu’on s’y promène, on croise quelqu’un tous les kilomètres, et encore..On sent aussi que la vie a été foisonnante et que beaucoup de gens sont partis d’un seul coup. Lorsque j’ai commencé à tourner (quelques jours plus tard), j’ai rencontré des gens magnifiques d’humanité. Au contraire d’autres endroits des États-Unis comme Los Angeles par exemple, les gens n’ont pas de rêve américain préfabriqué à exposer. Ils n’ont qu’eux-mêmes dans un décor de cauchemar. Et justement là, les rencontres sont authentiques. 

ENTRETIEN AVEC BEN MENDELSOHN

Comment était-ce de travailler sous la direction d’un acteur devenu réalisateur ? 

Ce qui me frappe surtout, c’est la liberté avec laquelle Ryan Gosling a abordé les scènes du film. Il nous faisait complètement confiance. La plupart du temps, nous n’avions aucune idée de ce que nous allions faire avant de nous lancer. 

Comment avez-vous abordé le personnage de Dave, qui s’exprime vraiment comme le Grand Méchant Loup ? 

Ryan et moi avons beaucoup discuté avant le tournage. Nous avons regardé des films ensemble. Nous nous connaissons depuis THE PLACE BEYOND THE PINES, et nous sommes assez proches. Nous avons passé en revue quelques idées pour le personnage de Dave. Moi, j’avais plutôt en tête ces personnages qu’on voit dans les très vieux films, et qui chantent d’une voix nasillarde. Je ne sais pas si ça nous a vraiment aidés, mais parfois c’est agréable de laisser libre cours à son imagination.

Que représente la boîte de nuit ? Est-ce un réceptacle pour toutes les peurs humaines, ou le lieu où l’on peut devenir quelqu’un d’autre, voire même quelque chose d’autre ? 

Le club s’inspire du Grand-Guignol. C’est un lieu qui évoque la débauche dans laquelle tombent les endroits qui connaissent une déchéance ou une métamorphose précipitées. C’est aussi une façon amusante de cacher ce qui se passe en dessous...

Autre post du blog lié à LOST RIVER : http://epixod.blogspot.fr/2015/03/back-to-present_30.html

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