vendredi 17 juin 2016

FLORENCE FOSTER JENKINS


Biopic/Comédie dramatique/Un joli film et un très bon trio d'acteurs

Réalisé par Stephen Frears
Avec Meryl Streep, Hugh Grant, Simon Helberg, Rebecca Ferguson, Nina Arianda, John Kavanagh, Mark Arnold, David Haig...

Long-métrage Britannique/Français
Durée: 01h50mn
Année de production: 2016
Distributeur: Pathé Distribution 

Date de sortie sur les écrans britanniques : 6 mai 2016
Date de sortie sur nos écrans : 13 juillet 2016


Résumé : L’histoire vraie de Florence Foster Jenkins, héritière new-yorkaise et célèbre mondaine, qui n’a jamais renoncé à son rêve de devenir une grande cantatrice d’opéra. Si elle était convaincue d’avoir une très belle voix, tout son entourage la trouvait aussi atroce que risible. Son “mari” et imprésario, St Clair Bayfield, comédien anglais aristocratique, tenait coûte que coûte à ce que sa Florence bien-aimée n’apprenne pas la vérité. Mais lorsque Florence décide de se produire en public à Carnegie Hall en 1944, St Clair comprend qu’il s’apprête à relever le plus grand défi de sa vie...

Bande annonce (VOSTFR)


Ce que j'en ai pensé : Stephen Frears, le réalisateur, revient avec un divertissement qu'il a souhaité joyeux et optimiste, autour d'un personnage central féminin excentrique ayant existé. FLORENCE FOSTER JENKINS est un film d'époque puisque l'action se situe en 1944. L'époque est retransmise avec soin que ce soit dans les costumes, les décors, les attitudes ou encore les ambiances.

Florence, l'héroïne, est une femme très riche qui vit dans son monde. J'ai particulièrement aimé le fait qu'au départ je n'ai pas forcément craqué pour ce personnage, mon attachement s'est construit au fur et à mesure du film. Je trouve que c'est la force de ce long-métrage car Stephen Frears nous présente Florence dans son environnement, on sent qu'elle est dans son cocon de privilégiée, déconnectée des réalités. Et au début, j'ai ri d'elle. Mais Stephen Frears nous la dévoile peu à peu comme une personne qui a du cœur, qui est décidée, qui vibre pour sa passion - même c'est une originale qui le fait de manière très égocentrique - et surtout qui a une grande fragilité. C'est grâce au regard bienveillant de ceux qui l'entoure que le regard du spectateur change. Elle devient très attachante.

Il n'y a pas beaucoup d'enjeu à connaître l'histoire de cette femme. L'intérêt est surtout d'améliorer sa culture générale. Mais le film de Stephen Frears nous procure de la joie car il fait rire, sans oublier de mettre en scène quelques moments d'émotions, et il met en avant l'amour et l'attachement, tout en rappelant que les relations humaines sont complexes. L'argent est une des thématiques du film car il met en doute les sentiments des personnes proches de Florence. Sont-il là pour l'argent ou pour elle ? De plus, sans l'argent, cette histoire n'aurait jamais existé dans la réalité.

Meryl Streep incarne Florence Foster Jenkins avec une grande sensibilité et beaucoup de talent.


Hugh Grant est super dans le rôle du gentleman St. Clair Bayfield. Il réussit à nous convaincre des sentiments de son personnage pour Florence.




Simon Helberg est très drôle dans le rôle du pianiste Cosme McMoon. Il représente parfaitement notre regard sur Florence.



Ce trio d'acteur est une belle surprise et participe à rendre ce long-métrage très agréable à regarder.

FLORENCE FOSTER JENKINS est un joli film amusant et sensible avec une réalisation maîtrisée et soignée autour d'acteurs impeccables. Je vous le conseille pour passer un bon moment au cinéma.


Après la projection, Stephen Frears, le réalisateur, a eu la gentillesse de nous rejoindre pour une séance de questions/réponses sur son film.



Je partage les vidéos de cet échange ci-dessous :




NOTES DE PRODUCTION 
(A ne lire qu'après avoir vu le film pour éviter les spoilers !)

NAISSANCE DU SCÉNARIO
« J’ai entendu une de ses chansons sur YouTube et j’ai été frappé par la sincérité de sa voix, que j’ai trouvée très émouvante, très drôle et très triste. » NICHOLAS MARTIN, SCÉNARISTE
FLORENCE FOSTER JENKINS réunit pour la première fois à l’écran Meryl Streep et Hugh Grant sous la direction de Stephen Frears, pour raconter l’histoire vraie de celle qui reste aux yeux de beaucoup « la pire cantatrice de l’histoire », une femme excentrique, généreuse et touchante, qui croyait en son rêve envers et contre tout. Le gouffre entre l’assurance de Florence Foster Jenkins et son flagrant manque de talent musical a immédiatement séduit le scénariste Nicholas Martin. 

Celui-ci déclare : « J’ai entendu une de ses chansons sur YouTube et j’ai été frappé par la sincérité de sa voix, que j’ai trouvée très émouvante, très drôle et très triste. Je l’ai écoutée en boucle et j’ai eu envie d’en apprendre davantage sur sa vie. C’est là que j’ai réalisé que le parcours qui l’a menée sur la scène du Carnegie Hall ferait un formidable film musical. » Au cours de ses recherches, le scénariste a été frappé par l’extraordinaire force de caractère de Florence Foster Jenkins, qu’il compare au soleil autour duquel gravitaient toutes les planètes, et par sa relation avec son « mari », St. Clair Bayfield, dont le journal intime révèle sa profonde affection pour Florence, même s’il vivait avec une autre femme. Avec le pianiste Cosmé McMoon, l’accompagnateur de la cantatrice, le trio s’est imposé comme un pilier de la société artistique new-yorkaise, d’abord avec les excentriques tableaux vivants de Florence – dans lesquels elle se mettait toujours en scène dans le rôle d’une muse artistique – et plus tard avec ses célèbres récitals. 

Nicholas Martin explique : « Au cours de la Seconde Guerre Mondiale, Florence était une importante figure de la scène artistique et musicale new-yorkaise. Elle a fait don d’importantes sommes d’argent au profit des arts et a notamment mis des instruments à disposition des enfants défavorisés. Elle a par ailleurs fait découvrir l’univers de la musique à de très riches personnalités avant de les persuader de mettre la main à la poche pour différentes œuvres. Elle a aussi offert mille places pour son concert au Carnegie Hall à des NAISSANCE DU SCÉNARIO vétérans qui ont passé une soirée mémorable. Ils ont apparemment failli mourir de rire tant le spectacle était remarquable et bizarre ! Mais Florence avait-elle conscience de sa voix ? C’est au public d’en décider. » 

Le scénario de Nicholas Martin a tout de suite plu au producteur Michael Kuhn, qui déclare : « Je n’imaginais personne d’autre que Meryl Streep dans le rôle-titre, mais il fallait faire en sorte que lorsqu’elle faisait une grossière fausse note cela devienne hilarant. Ce qui m’a intéressé, c’est qu’en dépit de son manque de sens musical, elle était persuadée d’être aussi douée que les plus grandes divas, et c’est la raison pour laquelle elle a poursuivi dans cette voie. » 

Pour le producteur Michael Kuhn, le regard bienveillant que l’actrice pose sur son personnage est la raison pour laquelle elle a si bien su en saisir l’essence. « Meryl ne voit pas Florence comme une épouvantable chanteuse mais comme quelqu’un qui est passé à deux doigts de devenir une grande cantatrice. C’est un point de vue très intéressant et c’est sans doute vrai, car si elle avait été si mauvaise que cela, personne ne serait venu l’écouter et elle n’aurait pas connu un tel succès. Le film repose donc sur le fait qu’il s’en soit fallu de peu pour qu’elle devienne un grand nom de l’opéra, comme le montre avec brio Meryl. Et je dois dire que c’est bien plus intéressant que de simplement chanter faux. » 

L’actrice a travaillé avec le professeur de chant Arthur Levy pour apprendre à interpréter ces airs d’opéra aussi bien que possible. Elle raconte : « Nous avons ensuite intégré les fausses notes. Je ne me suis pas demandé comment Florence Foster Jenkins aurait chanté ces arias, je me suis contentée de les aborder comme l’aurait fait ma Florence. Je me souviens avoir entendu Irving Berlin jouer ses compositions tout en chantant incroyablement faux, ce qui m’a amenée à penser que cette dissociation existait peut-être même chez les plus grands musiciens. »

Mais c’est surtout l’intensité du désir de son personnage qui a trouvé un écho chez Meryl Streep. « Ce qui est à la fois déchirant et hilarant chez Florence, c’est son inhalation : on l’entend prendre sa respiration juste un peu trop tard pour atteindre la note juste. Mais ce qui est extrêmement touchant, c’est qu’à travers ses inspirations, on perçoit également son désir, sa passion pour la musique et la pointe de talent qui lui fait défaut. » Le plus étonnant, c’est que la voix de Meryl Streep est très semblable à celle de Florence Foster Jenkins. 

Le scénariste Nicholas Martin se souvient : « Le premier moment extraordinaire de cette aventure s’est produit lorsque Meryl a commencé à travailler sa voix pour s’approprier le personnage à travers la musique. Il était essentiel que l’on entrevoie la vraie Florence dans la voix de Meryl. Un après-midi, elle nous a envoyé un clip audio de ses répétitions et je n’en revenais pas du brio avec lequel elle avait saisi le caractère tragique et hilarant de Florence. C’est à ce moment précis que j’ai su que tout allait bien se passer et que le film serait une réussite. » 

Le producteur poursuit : « Bien qu’elle ait suivi des cours de chant tout au long de sa vie, Florence avait une technique déplorable et faisait ce que font tous les mauvais chanteurs, c’est-à-dire forcer sa voix. Elle souffrait d’un problème de pression sous-glottique – que nous décrivons comme « défiant la médecine » dans le film – qui empêchait ses cordes vocales de vibrer librement et les maintenait. Lors de la préparation du tournage, Meryl Streep a dû apprendre à chanter faux. 

Stephen Frears commente : « Meryl est une chanteuse confirmée, et pour être capable de chanter faux, il faut d’abord savoir chanter juste. » Un défi que l’actrice a pris plaisir à relever. Elle explique : « Je pensais que ce serait un jeu d’enfant étant donné que je ne suis moi-même pas une grande chanteuse, mais ça s’est révélé bien plus difficile que je l’avais imaginé ! Florence s’attaque en effet aux arias les plus difficiles du répertoire de l’opéra : l’air de « La Reine de la nuit » dans La Flûte enchantée de Mozart et « L’Air des clochettes » dans Lakmé de Léo Delibes. Le comique de ses prestations repose sur le fait que sa voix est à deux doigts d’être convenable, si bien que ce n’est que lorsqu’elle fait une grossière fausse note que cela devient hilarant. Ce qui m’a intéressée, c’est qu’en dépit de son manque de sens musical, elle était persuadée d’être aussi douée que les plus grandes divas, et c’est la raison pour laquelle elle a poursuivi dans cette voie. » 

Le producteur poursuit : « Il lui arrivait occasionnellement de tenir une note, mais d’affreux couacs venaient systématiquement se mêler à ce qui était somme toute assez agréable. Elle chantait en russe, en allemand, en français et en italien – sans évidemment maîtriser aucune de ces langues, qu’elle massacrait allègrement avec une assurance et une sincérité absolues. » Hugh Grant était quant à lui persuadé que sa partenaire s’en sortirait avec panache. Il explique : « Ce qui rend Florence si drôle, c’est qu’elle croit vraiment tout ce qu’elle dit. J’ai entendu Meryl chanter pour la première fois lors d’une lecture du scénario et c’était du pur génie, elle a tout donné, elle y croyait et prenait du plaisir tout en étant atrocement fausse. » 

Pour Simon Helberg, qui incarne le pianiste Cosmé McMoon, les scènes musicales se sont révélées complexes car en plus de jouer la comédie, l’acteur devait jouer du piano. Il déclare : « Florence n’avait aucun sens du rythme ou de la hauteur, Meryl partait donc dans toutes les directions et il fallait que je la suive – un peu comme lorsqu’on fait de l’escalade en tandem et qu’il faut caler ses gestes sur ceux de son partenaire. La mission de Meryl était incroyablement difficile parce qu’il fallait qu’elle soit à la limite de la justesse, mais en même temps suffisamment fausse pour nous faire grimacer. » 

La réalisation de ce délicat numéro d’équilibriste a cependant été facilitée par Stephen Frears, comme l’explique Meryl Streep : « Stephen laisse une grande liberté à ses acteurs. Lorsqu’il n’est pas satisfait, il vous demande de refaire la prise mais sans jamais vous dire comment. Il possède l’assurance des plus grands réalisateurs : il ne s’inquiète pas d’avoir pris la bonne décision ou pas, car il reconnaît ce qui fonctionne au premier coup d’œil. Cette assurance nous permet en tant qu’acteurs de nous livrer sans retenue, y compris sur le plan émotionnel, car nous avons toute confiance en lui et en son jugement. Ça a vraiment été un plaisir de travailler avec Stephen. » 

La distribution a également été séduite par l’attitude faussement décontractée du réalisateur. Hugh Grant commente : « Pour un cinéaste, Stephen a des avis étonnamment peu tranchés, ce qui est assez rafraîchissant. Il ne tient pas à discuter du passé ou des motivations des personnages, il vous laisse prendre la direction qui vous plaît. »
« Le comique de ses prestations repose sur le fait que sa voix est à deux doigts d’être convenable, si bien que ce n’est que lorsqu’elle fait une grossière fausse note que cela devient hilarant. » MERYL STREEP
FLORENCE FOSTER JENKINS
« Les gens pourront toujours dire que je ne sais pas chanter , mais personne ne pourra jamais dire que je n’ai pas chanté. » FLORENCE FOSTER JENKINS
Florence Foster Jenkins est née en Pennsylvanie en 1868. Pianiste prodige lorsqu’elle était enfant, ses ambitions musicales d’adulte ont été contrariées par le refus de son père de financer ses études à l’étranger. Elle a alors quitté le foyer familial et, après une carrière de professeure de piano, elle s’est finalement installée à New York en 1900 et a décidé de devenir cantatrice. 
En 1909, le décès de son père, qui lui a laissé un héritage considérable, et la rencontre de St. Clair Bayfield, descendant illégitime d’un comte anglais et acteur raté, lui ont permis de réaliser son rêve. Florence a alors pris des leçons de chant et s’est jetée à corps perdu dans les cercles musicaux new-yorkais. Elle a fondé son propre club, le Verdi Club, et a rejoint plusieurs cercles littéraires et historiques de la ville. 
En tant que directrice musicale du Verdi, elle produisait et jouait dans de populaires tableaux vivants devant un public trié sur le volet. Très vite, elle a commencé à donner des récitals d’arias de Verdi, Mozart et Johann Strauss ainsi que de Lieder de Brahms, accompagnée de son pianiste, Cosmé McMoon. 
Malgré – ou grâce à – son manque de talent musical, elle a attiré un public enthousiaste et sa notoriété a très vite dépassé les cercles de la haute société new-yorkaise. Sa carrière s’est achevée sur un concert triomphal, dont les places se sont vendues en moins de deux heures, au Carnegie Hall de New York le 25 octobre 1944. Dans le public figuraient notamment ce soir-là le compositeur et parolier Cole Porter, le compositeur Gian Carlo Menotti et la soprano Lily Pons. 
Florence est décédée quelques mois plus tard, à l’âge de 76 ans. « Les gens pourront toujours dire que je ne sais pas chanter », a-t-elle déclaré, « mais personne ne pourra jamais dire que je n’ai pas chanté ». 

• Le concert donné par Florence Foster Jenkins est l’un des programmes les plus demandés des archives du Carnegie Hall. 
• Ses enregistrements pour Melotone représentent les meilleures ventes du label. 
• Parmi les 25 vinyles préférés de David Bowie figurait « The Glory of the Human Voice » de Florence Foster Jenkins. 
• Après le décès de Florence, Cosmé McMoon s’est tourné vers le bodybuilding et est devenu juge de concours de bodybuilding, activité qu’il a exercée jusqu’à sa mort en 1980. 
• St. Clair Bayfield a soutenu la scène musicale new-yorkaise et a vécu modestement jusqu’à sa mort en 1967.

LES DÉCORS
« Florence avait des goûts très excentriques allant de pièces d’antiquités inestimables à du bric-à-brac. » ALAN MACDONALD, CHEF DÉCORATEUR
Le tournage de FLORENCE FOSTER JENKINS s’est déroulé au Royaume-Uni, où Liverpool a servi de doublure à New York. Les deux principales scènes de concert ont été filmées à Londres – celle censée avoir lieu au Carnegie Hall à l’Hammersmith Apollo et celle supposée avoir lieu au Ritz-Carlton au Park Lane Hotel. 

Stephen Frears explique : « Le film n’aurait pas pu être tourné à New York tant la ville a changé depuis les années 40. » Le projet a permis au chef décorateur Alan Macdonald de laisser libre cours à sa créativité. Il déclare : « Quand on est décorateur, recréer le New York des années 40, c’est un peu comme si Noël et votre anniversaire tombaient en même temps ! » Le décorateur s’est inspiré des excentriques intérieurs du véritable appartement new-yorkais de Florence Foster Jenkins. 

Il explique : « Florence avait des goûts très excentriques allant de pièces d’antiquités inestimables à du bric-à-brac. Elle achetait du mobilier et des tableaux de manière compulsive, et sa décoration était très chargée. Nous avons choisi la plupart des accessoires au hasard pour refléter l’excentricité et le caractère absurde du personnage afin que l’appartement soit amusant et intéressant. Meryl Streep a visité le décor juste avant le début du tournage et m’a fait plusieurs remarques, toutes parfaitement sensées. Je suis donc allé encore plus loin en ajoutant quelques éléments insolites, ainsi que des photos de compositeurs et chanteurs d’opéra. » 

Le chef décorateur a également eu pour mission de recréer le célèbre intérieur du Carnegie Hall dans la salle de concert Hammersmith Apollo. « Nous avons dû dissimuler la totalité de la salle car il fallait qu’elle passe pour une réplique fidèle du Carnegie Hall. » Alan Macdonald a aussi reproduit le Commodore Hotel où Florence Foster Jenkins se mettait en scène dans des tableaux vivants. Le chef décorateur raconte : « Le premier que l’on voit dans le film a pour toile de fond le sud profond des États-Unis et met en scène la descente de l’Ange de l’inspiration. On y découvre Florence Foster Jenkins portant des ailes et descendant lentement du plafond. Le mélange de sophistication et de théâtralité rend le tout totalement absurde. » 

Pour le concert du Ritz-Carlton, le chef décorateur a opté pour la sublime salle de bal Art déco du Park Lane Hotel de Londres. Il déclare : « Pour l’ouverture du rideau, nous avons ajouté un effet « boîte à bijoux » d’un goût douteux qui contraste avec la beauté de la salle. Nous avons investi les lieux juste avant que ne débute la rénovation de l’hôtel, si bien que nous avons plus ou moins été libres de faire ce que nous voulions. » 

Pour les extérieurs new-yorkais, l’équipe s’est installée à Liverpool. Alan MacDonald explique : « New York a tellement changé qu’il est presque impossible de recréer la ville telle qu’elle était dans les années 40. En revanche, comme tous les paquebots qui ralliaient New York partaient de Liverpool, il existe des similitudes architecturales entre les deux villes. »

LES COSTUMES
«  C’était une artiste dans l’âme, ses tenues de scènes étaient donc magnifiquement extravagantes et la flamboyance de ses costumes se prolongeait dans sa garde-robe quotidienne. » CONSOLATA BOYLE, CHEF COSTUMIÈRE
La création des costumes du film a été confiée à Consolata Boyle, qui a avant tout puisé son inspiration chez les personnages. Elle explique : « J’avais déjà travaillé sur des films se déroulant dans les années 40 auparavant, mais FLORENCE FOSTER JENKINS est très différent. L’extraordinaire excentricité de Florence et la société dans laquelle elle évoluait était très particulière, elle appartenait à un univers clos. 

Elle s’habillait comme quand elle était jeune, avant que diverses tragédies et épreuves ne l’affectent ; elle a conservé un côté enfantin et ses tenues tenaient parfois davantage du déguisement. Elle était entourée de couleurs enfantines et vivait dans un monde très protégé. » 

La chef costumière poursuit : « C’était une artiste dans l’âme, ses tenues de scènes étaient donc magnifiquement extravagantes et la flamboyance de ses costumes se prolongeait dans sa garde-robe quotidienne. Ses costumes étaient très insolites mais ils possédaient également une certaine poésie, de sorte que les gens étaient attirés en dépit de leur caractère outré. Elle n’était jamais embarrassée par la manière dont elle s’habillait, si bien que personne n’y a jamais trouvé à redire. » Le travail de Consolata Boyle a porté ses fruits. 

Nicholas Martin déclare : « Florence adorait les costumes excentriques et sa créativité semblait n’avoir aucune limite. Lorsque j’ai découvert Meryl dans le costume de Florence, elle portait un nombre incroyable de bijoux, un diadème et une robe chatoyante. Elle était éblouissante et extraordinaire. Je n’arrivais pas à croire que tout cela était né d’un scénario que j’avais écrit ! »

LA MUSIQUE
«  Je tenais également à ce que la musique du film soit le reflet de l’histoire d’amour de Bayfield et Florence, de la passion de Florence pour la vie et la musique, ainsi que du caractère comique du film. » ALEXANDRE DESPLAT, COMPOSITEUR
FLORENCE FOSTER JENKINS marque la quatrième collaboration du compositeur Alexandre Desplat et du réalisateur Stephen Frears. Le musicien déclare : « Pour un compositeur, le thème même du film est passionnant. J’étais en outre conscient que l’équilibre entre les émotions et le drame serait très particulier. » 

Alexandre Desplat a eu pour mission d’écrire une musique qui accompagne et complète la musique classique du film, un défi auquel il s’est attaqué avec enthousiasme. Il commente : « Mon travail a consisté à créer une musique qui n’interfère pas avec les nombreux airs célèbres que l’on entend dans le film. J’écris souvent délibérément des musiques dont le style est différent de celui de l’époque du film, mais ici, la musique joue un rôle tellement central dans l’histoire que cela m’a obligé à adopter une approche qui ne vienne pas perturber les enregistrements classiques de Florence Foster Jenkins. C’est pourquoi j’ai eu l’idée de mêler le jazz des années 40 à une musique orchestrale, et cela fonctionne à merveille avec les airs existants. Je tenais également à ce que la musique du film soit le reflet de l’histoire d’amour de Bayfield et Florence, de la passion de Florence pour la vie et la musique, ainsi que du caractère comique du film, et cela a pris du temps. » 

Le compositeur a cependant pu compter sur l’aide d’une talentueuse collaboratrice en la personne de Meryl Streep. « Si nous savons tous que Meryl sait chanter, personne ne sait qu’elle a la voix d’une cantatrice. C’est une formidable chanteuse dotée d’un remarquable registre qui comprend et apprécie la musique. Ce qui est frappant, c’est qu’elle est capable de très bien chanter mais également de chanter faux, ce qui est très difficile. Pour faire semblant de chanter faux, il faut être un très bon musicien. Meryl est très précise et elle a fait un travail remarquable dans ce film. » 

Les numéros musicaux du film ont été enregistrés en live. À propos des défis que cela a représenté, Stephen Frears déclare : « La musique est totalement inflexible, mais on peut modifier les dialogues. On ne peut pas changer la musique car elle possède une structure et un rythme imposés, la difficulté consiste donc à essayer de calculer la durée des séquences. » Une fois le tournage achevé, l’équipe a pris plaisir à dévoiler le film au public. 

Stephen Frears déclare : « Ça a été un plaisir de voir le film en public pour la première fois. Les spectateurs ont ri plus souvent que je ne l’avais imaginé. Je trouve par ailleurs tous les acteurs formidables, c’est un vrai bonheur d’avoir pu réaliser ce film avec ces comédiens et cette équipe. » Le producteur Michael Kuhn ajoute : « Pour faire un bon film, raconter l’histoire d’un personnage excentrique n’est pas suffisant. Il faut quelque chose d’autre. La célèbre phrase prononcée par Florence sur son lit de mort – « Les gens pourront toujours dire que je ne sais pas chanter, mais personne ne pourra jamais dire que je n’ai pas chanté » – est très profonde car elle nous enjoint à faire ce que nous aimons, même si nous ne sommes pas doués pour ça. 

FLORENCE FOSTER JENKINS est aussi un film sur la gentillesse et sur un homme malchanceux qui s’est vu offrir une deuxième chance par une femme excentrique, qui en retour a trouvé un compagnon pour réaliser ses rêves. Nous aimons tous ce genre de personnages hauts en couleur car ils illuminent notre vie. »

UN TRIO EXCENTRIQUE

Meryl Streep connaissait déjà Florence Foster Jenkins, mais elle était surtout enthousiaste à l’idée de collaborer avec Stephen Frears. Elle déclare : « J’ai le vague souvenir qu’au cours de ma première année d’art dramatique, les étudiants se faisaient passer un enregistrement de Florence. Je me souviens d’une sorte de cri strident qui nous faisait tous hurler de rire. Lorsque Stephen m’a appelée pour me dire qu’il avait un rôle pour moi, celui de la pire chanteuse d’opéra du monde, j’étais aux anges. J’ai accepté le rôle avant même de lire le scénario parce que j’avais toujours rêvé de travailler avec lui. Il est très apprécié parmi les acteurs, tout le monde a envie de collaborer avec lui. » 

Outre le caractère comique du film, l’actrice a été touchée par la délicatesse de l’histoire. Elle explique : « Le film raconte la longue et heureuse relation de deux êtres dont les intérêts personnels étaient aussi bien servis par leur association que par leur affection sincère l’un pour l’autre. » Elle poursuit : « La vraie Florence Foster Jenkins était une authentique femme du monde. À l’époque, les femmes n’avaient pas le droit de travailler, c’est pourquoi les plus riches d’entre elles prenaient part à de bonnes œuvres pour s’occuper. Florence était un grand mécène pour les arts à New York, c’est ainsi qu’elle a gravi les échelons de l’échelle sociale. Elle a maintenu en vie la scène musicale de la ville, elle finançait des concerts au Carnegie Hall et distribuait l’argent dont elle avait hérité de son mari et de son père. » 

En plus d’être philanthrope, Florence Foster Jenkins était une femme déterminée à réaliser son rêve. Meryl Streep raconte : « Florence avait conservé sa part d’enfance – cette période où on ne sait rien faire parfaitement mais où on s’imagine pourtant en train de le faire et qu’on y prend plaisir. C’est la signification même du terme amateur. Elle ne se produisait que devant ses amis et un public trié sur le volet – à l’exception de son concert au Carnegie Hall – parce qu’elle ne chantait pas très bien mais qu’elle y prenait plaisir et adorait la musique, et le film illustre bien cette joie. » 

Après que Meryl Streep a accepté d’incarner Florence, Stephen Frears a contacté Hugh Grant. Le réalisateur se souvient : « Je lui ai dit que j’avais un rôle qui devrait lui plaire et trois jours plus tard, il acceptait lui aussi de prendre part au film. J’ai toujours trouvé que Hugh était un très bon acteur et un brillant comique, j’apprécie les gens qui sont capables de jouer des comédies légères. » 

Hugh Grant confie : « J’avais vaguement entendu parler de Florence Foster Jenkins. Il y a plusieurs années, mon cousin m’avait envoyé une cassette de la plus calamiteuse cantatrice du monde et je me souviens avoir pensé que c’était une des choses les plus hilarantes que j’avais jamais entendues. Je m’étais un peu éloigné des plateaux de tournage parce que j’étais engagé au sein de la campagne « Hacked Off » pour la transparence de la presse. Stephen Frears faisait partie des soutiens de la campagne et avait participé à certains évènements que nous avions organisés. Il me disait souvent qu’il fallait qu’on fasse un film ensemble, mais je lui répondais toujours que le cinéma, c’était derrière moi. Il m’a néanmoins fait parvenir le scénario de Nicholas Martin que j’ai trouvé brillant, très drôle, authentique et touchant. Meryl Streep avait déjà accepté d’interpréter Florence, je ne pouvais donc pas refuser. »

Hugh Grant incarne le « mari » et manager de Florence Foster Jenkins. Il raconte : « Bayfield est un impresario doté d’un merveilleux sens de l’absurde. Florence et lui vivaient dans une bulle, il a toujours tout fait pour la protéger et pour que leur bulle n’éclate pas. Je dis qu’elle avait besoin d’être protégée, mais en réalité elle s’est produite au Carnegie Hall et s’en est parfaitement tirée. » 

L’acteur poursuit : « J’ai véritablement été fasciné par Bayfield. J’ai beaucoup aimé me glisser dans sa peau, ce qui n’a pas toujours été le cas avec les personnages que j’ai interprétés. Dans la vie comme dans le film, Bayfield était le petit-fils illégitime d’un comte, et un homme qui avait raté sa vie. Il a parcouru le monde sans grand succès en tant qu’acteur avant d’atterrir à New York sans le sou. C’est là qu’il a fait la connaissance de Florence, une héritière et mécène de la scène musicale new-yorkaise, et ils se sont plu. » 

Il ajoute : « Je pense qu’il a joué plus qu’il n’aurait dû sur ses origines aristocratiques ainsi que sur l’aspect bohème de la vie d’acteur, et cela a plu à Florence, mais elle aussi l’a charmé en retour, et ils ont fini par former un couple. Bien qu’ils ne se soient jamais mariés, ils sont restés ensemble durant 30 ou 40 ans. »


L’acteur développe : « Bayfield a une fausse estime de lui-même basée sur la position, la richesse et la réputation de Florence – c’est un homme de paille en somme, et je trouve cela amusant. Mais il est évident que ce n’est pas lui qui porte la culotte dans le couple, Florence a besoin de lui lorsqu’elle se produit sur scène, mais c’est elle qui a l’argent. Il la soutient et la protège lors de ses concerts – qui sont non seulement mauvais, mais aussi hilarants. La clé de son succès reposait sur le choix des spectateurs qui assistaient à ses récitals : seuls ceux qui l’aimaient, l’approuvaient et appartenaient à ses clubs musicaux étaient invités, pas le grand public. De cette manière, elle n’a jamais su combien elle était mauvaise. » 

À propos de sa partenaire, Hugh Grant déclare : « Donner la réplique à Meryl Streep est extrêmement effrayant car il s’agit non seulement d’une immense star, mais également de l’une des plus grandes actrices qui soient. Elle possède une aura extraordinaire. Lorsqu’on l’observe, on a l’impression de regarder Leonard de Vinci dessiner. Absolument rien ne lui est impossible. Et ce qui m’a le plus frappé, c’est que chaque prise qu’elle faisait était complètement différente de la précédente. Elle ne se contente pas de s’améliorer, elle se réinvente littéralement d’une prise à l’autre, et cela m’a particulièrement impressionné. » 

L’acteur poursuit : « Si jouer face à Meryl est évidemment effrayant, j’étais également anxieux à l’idée de tourner sous la direction de Stephen car il réalise des films élégants, souvent primés, bien loin de mon univers. Il a fallu que je travaille dur pour ce film, c’était très intimidant pour moi. Je me suis préparé pendant près d’un an pour ce rôle car il a fallu que nous attendions que Meryl soit disponible. Jamais je ne m’étais autant préparé pour un film ! » Le dernier membre du trio sur lequel repose le film est Cosmé McMoon, le pianiste de Florence incarné par Simon Helberg, plus connu pour son rôle dans la série télévisée américaine « The Big Bang Theory ». 

Stephen Frears déclare : « Dès le départ, Alexandre Desplat, qui a composé la musique du film, m’a conseillé de confier ce rôle à un acteur qui sache également jouer du piano à très haut niveau. Mon directeur de casting à New York m’a alors parlé de Simon. Je l’ai rencontré et j’ai découvert un jeune homme drôle et brillant. Il a rencontré à son tour Meryl qui l’a immédiatement adoré – on peut d’ailleurs sentir à l’écran la chaleur et l’affection qu’ils se portent. » 

Michael Kuhn ajoute : « La présence de Simon Helberg dans le film témoigne du génie du directeur de casting new-yorkais, car c’est non seulement un fantastique acteur comique mais également un talentueux pianiste. Nous avons vraiment eu de la chance qu’il accepte le rôle, car regarder quelqu’un faire semblant de jouer du piano, c’est atroce ! » L’acteur a accepté de prendre part au film sans rien connaître des personnages. Ce sont la qualité du scénario et la chance de pouvoir travailler avec Meryl Streep, Hugh Grant et Stephen Frears qui l’ont convaincu. 

Il explique : « En lisant le script, je suis passé par toute la gamme des émotions. J’ai éclaté de rire, j’ai pleuré, et j’ai trouvé l’histoire incroyablement profonde. C’est un film sur l’amour de la musique et l’amour de la vie, mais aussi sur la manière dont notre vision de l’existence triomphe toujours, même quand on est à côté de la plaque. Cela m’a rappelé une réplique de BIENVENUE MISTER CHANCE : « La vie est un état d’esprit ». Il y a de la pureté chez Florence, et une absence totale de cynisme. Il n’y a que la musique qui compte pour elle, c’est une rêveuse, et Meryl est l’une des personnes les plus charmantes qui soient, cette combinaison est donc tout à fait irrésistible. » 

Meryl Streep n’a également que des éloges à l’égard de son jeune partenaire. « Je ne connaissais pas Simon quand on s’est rencontrés, mais nous nous sommes immédiatement trouvé des atomes crochus. Nous avons beaucoup de chance de l’avoir dans le film car c’est un brillant comique qui sait également jouer des morceaux très complexes au piano. Stephen avait raison, nous n’aurions pas pu faire le film avec un acteur qui ne soit pas aussi un pianiste accompli. Simon tient le rôle le plus difficile de tous car il doit interpréter des airs très complexes et réagir à ce qui se passe autour de lui. Il a été brillant. » 

Simon Helberg confie avoir été enchanté par l’excentricité de tous les personnages de l’histoire, et en particulier de Cosmé McMoon. L’acteur commente : « Ce sont tous de petites fleurs qui s’épanouissent lorsque Florence entre dans leur vie : elle fait ressortir ce qu’il y a de meilleur en eux. McMoon n’est pas dans son élément et n’a aucune idée de ce qui l’attend car il vient de débarquer à New York. C’est un bon pianiste, mais sans doute pas au point de se produire sur scène. Il comprend très vite que ce couple n’est pas comme les autres mais il ne sait pas ce qui se passe. Il partage l’amour de la musique de Florence et ne la juge jamais, ce sont deux êtres innocents. C’est amusant de le voir essayer de se dérober pour ne pas participer au concert… Il transpire beaucoup et ça, c’est quelque chose qui me vient naturellement ! »

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