lundi 24 mars 2014

Back to the future


Arts Martiaux/Action/Fantastique/Un bon divertissement entre romance fleur bleue, un Japon féodal revisité et une histoire fantastique

Réalisé par Carl Erik Rinsch
Avec Keanu Reeves, Hiroyuki Sanada, Kô Shibasaki, Tadanobu Asano, Min Tanaka, Rinko Kikuchi, Jin Akanishi, Masayoshi Haneda...

Long-métrage Américain
Durée : 1h59m
Année de production : 2013
Distributeur : Universal Pictures International France
Twitter : https://twitter.com/UniversalFR et #47Ronin

Date de sortie sur les écrans américains : 25 décembre 2013 
Date de sortie sur nos écrans : 2 avril 2014


Résumé : Un perfide seigneur de guerre ayant tué leur maître et banni leur tribu, 47 samouraïs errants jurent de se venger et de restaurer l'honneur de leurs compatriotes. Arrachés à leurs foyers et perdus aux quatre coins des terres connues, cette poignée de rebelles se voit contrainte de recourir à l'aide de Kai - un demi sang qu'ils avaient jadis renié - lors de leur combat à travers un univers violent, peuplé de monstres mythologiques, de métamorphoses maléfiques et d'effroyables dangers. Cet exil sera l'occasion pour cet esclave rejeté de se révéler leur arme la plus redoutable, et de devenir la figure héroïque qui donnera à cette troupe d'insoumis l'énergie de marquer à jamais l’éternité.

Bande annonce (VOSTFR)


Featurettes (VOSTFR)

- Keanu Reeves


- Samouraï Action

Ce que j'en ai pensé : 47 RONIN a été une bonne surprise. Alliant fantastique et incursion dans une culture Japonaise ancestrale revisitée, il s'est avéré très divertissant. Cela tombe bien car c'est ce que j'en attendais. Les effets spéciaux sont vraiment sympas et bien maîtrisés. L'atmosphère du film est originale. Elle oscille entre magie, romantisme fleur bleue, sévérité d'une culture japonaise féodale et intrigues de prise de pouvoir. C'est incongru mais cela fonctionne. J'ai apprécié les multiples décors et le soin apporté aux nombreux costumes.








47 RONIN conte une légende, le réalisme importe donc finalement peu. Le scénario est fluide l'histoire se suit facilement même avec tous les éléments fantastiques qui viennent se greffer aux aventures humaines.

Keanu Reeves, que j'ai eu plaisir à retrouver dans ce rôle, interprète Kaï. Il est aussi bon pour exprimer la force maîtrisée que la modestie et la loyauté. Tout ne tourne pas autour de son personnage. Du coup, le scénario nous permet de connaître plusieurs protagonistes et on s'intéresse à ce qui peut leur arriver.









La réalisation offre de jolies scènes d'action et de belles prise de vue sur les villes et autres décors sur fond de symboles japonais ou asiatiques en général. Elle n'est pas parfaite sur certaines scènes mais du coup un certain charme décalé ressort de ce film.

47 RONIN est un divertissement un peu étrange parce que c'est un mélange de genres étonnants mais il est très sympathique. J'ai réellement passé un bon moment. C'est une découverte à faire pour connaître la légende de ces 47 samouraïs déchus.

Définition Rônin : Les rônin sont d'anciens Samouraïs exclus de la société japonaise féodale, pour plusieurs raisons : la mort de leur seigneur, leurs propres fautes ou leur défaite au combat (source Wikipédia)


NOTES DE PRODUCTION
(A ne lire qu'après avoir vu le film pour éviter les spoilers!)

S’emparer de la légende : la renaissance des rônins

Quand le réalisateur Carl Rinsch lut la première version du scénario de 47 RONIN, il reconnaît avoir été intrigué par l’histoire d’amour intemporelle, la richesse des décors et des paysages et les créatures fantastiques qui y étaient décrits, le tout sur un fond de réalité historique. Il se souvient : « Je connaissais un peu le contexte historique des rônins, mais il s’agissait là d’une interprétation artistique. » Et pour la productrice Pamela Abdy : « Les thèmes du film - l’honneur, la vengeance et l’amour - sont universels. On peut facilement s’identifier à ces personnages, à leurs émotions, leurs désirs et leurs peines. En suivant le parcours du héros, on est happé dans une aventure fantastique, mais au cœur du film se trouve une aspiration purement humaine : celle de vouloir redresser les torts dont on a été victime. » 

L’équipe ne cherchait pas seulement à réaliser un film qui divertirait le public, elle était résolue à rendre hommage à cette histoire constitutive de l’identité nationale japonaise. La légende des 47 rônins est chérie par tous au Japon : un jour férié leur est consacré, et l’histoire est transmise de génération en génération, la tradition, appelée chushingura, encourageant les multiples itérations et élaborations, à travers différents médiums, qui retiennent la trame historique initiale tout en enrichissant et embellissant la légende. « La tradition du chushingura correspond à la réitération des faits historiques ayant trait aux 47 rônins. Notre objectif était de garder les émotions et les thèmes constitutifs de l’histoire, en la rendant accessible à un public contemporain», explique le réalisateur. « Les spectateurs d’aujourd’hui ont été initiés au cinéma fantastique, à la science-fiction et aux super-héros. Mon intention était de donner au chushingura japonais une portée internationale en utilisant le meilleur de ce que nous offre la production hollywoodienne à ce jour. » 

Au cours de ses recherches, le réalisateur trouva l’inspiration dans les œuvres d’artistes japonais tels qu’Hayao Miyazaki, Katsushika Hokusai et Utagawa Hiroshige. Il déclare : « Quand j’ai étudié ces gravures et ces estampes, j’ai pris conscience qu’un monde fantastique existait sous mes yeux. Et j’ai pensé que si je parvenais à lui donner vie, j’accomplirai quelque chose de rare. » Carl Rinsch et son équipe se mirent à étudier la composante fantastique de 47 RONIN, dont des créatures qui font depuis longtemps partie du folklore japonais. Ils furent stupéfaits par l’étendue de ce qu’ils trouvèrent. « Il y a le yokai, le oni qui est une sorte d’énorme ogre japonais, les tengu qui sont des oiseaux guerriers. Il y a toute une ménagerie de personnages fantastiques qui nous ont offert une multitude de directions à explorer. » 

En finalisant le scénario et en entamant la pré-production, ils découvrirent que la clé de la réussite tenait dans l’équilibre entre le fabuleux et le fantastique et les personnages, leurs émotions et leurs rapports. La productrice déclare : « L’histoire s’intéresse au sentiment amoureux, à la souffrance et au chagrin qui appellent des moments de calme, mais elle se veut également emphatique et audacieuse. Nous avons essayé d’harmoniser l’action et le spectacle avec les scènes centrées sur personnages. »

À la découverte de Kaï : Keanu Reeves rejoint les rangs

Il fallut tout d’abord trouver l’acteur avec la présence, la capacité physique et l’endurance nécessaires pour interpréter Kaï, ce héros issu de deux mondes. Très largement apprécié du public pour son rôle dans la trilogie MATRIX (Andy & Lana Wachowski, 1999-2003), où il sert de repère humain au cœur d’un monde fantastique complexe et inventif, Keanu Reeves était le candidat idéal et est rapidement devenu un partenaire essentiel dans la mise en œuvre du film. « Nous avons contacté Keanu très en amont », déclare Pamela Abdy. « Il nous a rejoint presque deux ans et demi avant le début du tournage et a très activement participé à l’élaboration du film. Il est non seulement l’acteur rêvé, mais a été un collaborateur enthousiaste à tous les niveaux de la production. » « J’étais attiré par l’univers de ce film », avoue-t-il. « Il me parle en tant qu’Occidental, grâce l’universalité de ses thèmes : l’honneur, la vengeance et l’amour. » 

L’acteur collabora avec les scénaristes Chris Morgan et Hossein Amini avant même de rencontrer le réalisateur, mais c’est lors de cette rencontre qu’il fut frappé par l’approche de Carl Rinsch et sa maîtrise du langage visuel nécessaire pour donner vie à cette histoire. « Carl a un rapport au film basé sur les émotions, et il est ouvert au partage et à la collaboration. C’est un styliste hors pair et il est parvenu à donner à ce monde fantasmatique une véritable présence », commente Keanu Reeves. 

Au réalisateur de lui rendre la pareille : « Keanu est plus qu’un acteur. C’est un collaborateur, à tous les niveaux. Ses réponses sont toujours judicieuses, quelle que soit la question. » Dans cette réinvention de la fable des 47 rônins, et dans la tradition du chushingura, le personnage de Kaï est un nouveau venu. Orphelin bâtard qui ne fait confiance à personne, Kaï est la personnification de l’étranger qui tente de trouver sa place dans une culture profondément attachée à son identité nationale. « Kaï se bat pour être inclus et accepté. C’est le cas de beaucoup de gens et de beaucoup d’immigrants en particulier : cette volonté d’être accepté, tout en gardant son individualité », estime l’acteur. « Comme toutes les grandes et belles histoires, la nôtre fonctionne à une échelle universelle. »

Un casting international

Pour réunir le reste de la distribution, réalisateur, producteurs et acteur principal se penchèrent avec grand intérêt sur la crème du cinéma asiatique. Des vétérans des films d’action aux stars montantes, en passant par des acteurs nominés aux Oscars, les cinéastes sélectionnèrent une attrayante galerie d’interprètes pour leur épopée. Hiroyuki Sanada, récemment vu dans WOLVERINE : LE COMBAT DE L’IMMORTEL (James Mangold, 2013), avec à son actif 6 nominations et 2 victoires aux prix de l’Académie japonaise, interprète Oïshi, le chef des samouraïs. L’acteur nippon connaît la légende des 47 rônins depuis sa plus tendre enfance : « J’ai d’abord vu cette histoire à la télévision, quand j’avais 7 ans environ. Avec mon frère, nous jouions à être des rônins. Quand je suis devenu acteur, à un très jeune âge, je me suis demandé quand je jouerais enfin Oïshi. J’ai dû attendre longtemps, et le fait que la proposition soit venue d’une production américaine fut une agréable surprise ! » « Mais ce n’était pas sans anxiété que j’ai abordé le rôle, parce que le personnage a été joué par de nombreux acteurs que j’admire », ajoute Hiroyuki Sanada. « Cette nouvelle interprétation est très différente des versions traditionnelles. L’intention et les émotions demeurent les mêmes, mais Oïshi est beaucoup plus humain, avec des faiblesses, des doutes et des revers. Le film est un astucieux mélange d’authenticité et de fantastique, et c’est une formidable opportunité de faire connaître cette histoire à la nouvelle génération japonaise, ainsi que la culture japonaise au restant du monde. Les gens du monde entier peuvent s’y reconnaître. L’histoire n’est pas strictement japonaise. Elle traite du respect, de l’amitié et de l’amour : des thèmes universels. »

Pour le réalisateur : « Oïshi est une lampe qui brûle en plein jour, et on ne comprend sa force que quand il commence à faire sombre. Hiro Sanada est un acteur stoïque et puissant qui explose quand les choses se compliquent. » Et pour la productrice, « Hiroyuki est l’incarnation même d’Oïshi. C’est un acteur généreux et il nous a beaucoup aidés à comprendre et embrasser sa culture. Il sait tout gérer avec grâce et élégance, ce qui transparaît dans son jeu. » Pour le rôle de Mika, une princesse prête à défier les traditions, la production se tourna vers la jeune star montante de la scène musicale japonaise et actrice prometteuse Kô Shibasaki. Son partenaire de jeu résume la relation entre Kaï et Mika : « Le paria et la princesse : un amour impossible. Ceci étant, le désir de Kaï est un important moteur de l’histoire. » « Kô est une véritable rock star. Elle sait tout faire, et son jeu est empreint de vulnérabilité, d’élégance et de beauté », confie encore Keanu Reeves. Et pour l’intéressée, elle estime que « les Japonais sont en général des gens de nature timide et ils expriment rarement leur opinion ouvertement. Carl m’encourageait tout le temps à me laisser porter par mes émotions et à les exprimer d’avantage. » Mika est courtisée par Kaï, mais aussi par le perfide seigneur Kira qui cherche à s’emparer des terres du seigneur Asano.

Dans le rôle de Kira, on retrouve Tadanobu Asano, connu internationalement pour son interprétation de ICHI THE KILLER (Takashi Miike, 2001) et pour le rôle d’Hogun dans les blockbusters THOR (Kenneth Branagh & Joss Whedon, 2011) et THOR : LE MONDE DES TÉNÈBRES (Alan Taylor & James Gunn, 2013). L’acteur explique : « Mika est une personne très importante à Ako. En contrôlant la princesse, Kira obtiendrait les terres qu’il courtise depuis toujours. Au niveau intime, il voit en elle une capacité à aimer qu’il ne possède pas lui-même et qu’il cherche également à contrôler. » « Quand j’étais petit, j’ai vu des versions des 47 rônins au cinéma et à la télévision, et ma grand-mère me disait : « Toi aussi, tu es un Asano. » L’ironie du sort a voulu que je joue son ennemi juré», nous confie-t-il encore. Il explique sa façon de s’identifier à son personnage de méchant : « Il est arrogant et assoiffé de pouvoir, mais en changeant légèrement de point de vue, on peut l’appréhender comme un homme charmant. Il y a quelque chose de fondamentalement tordu chez lui, mais c’est ce qui en fait un personnage si intéressant à jouer. » Même si Tadanobu Asano et Keanu Reeves ne partagent aucune scène, l’acteur américain a pris du plaisir à observer le travail de son homologue japonais : « C’est un formidable méchant. Il traverse la vie comme si tout lui appartenait. J’ai vu un gros plan de lui lors d’une scène avec des danseuses, et on pouvait lire sur son visage : « Bien sûr que vous dansez pour moi. Tout ici est là pour moi. La lune est là pour moi, le soleil, etc. »

Rinko Kikuchi, la jeune actrice nominée à l’Oscar pour son impressionnante performance dans BABEL (Alejandro González Iñárritu, 2006) et qu’on a pu voir plus récemment dans PACIFIC RIM (Guillermo del Toro, 2013), nous confie : « Je connais l’histoire des 47 rônins depuis l’école, mais ce film est différent des versions que le public japonais a pu voir jusqu’alors. Les créatures, les décors et les personnages sont totalement renouvelés. » Ici, elle interprète la sournoise sorcière. « Elle n’existe pas dans les versions précédentes. Elle apporte une dose de fantastique à l’histoire et j’ai pris beaucoup de plaisir à jouer un personnage féminin si extravagant. Carl m’avait prévenue que le rôle serait licencieux, sexy et délirant. La sorcière peut prendre des apparences multiples, elle est extralucide et joue des tours, mais ce n’est pas une sorcière comme les autres. Elle a le cœur d’une femme et est gouvernée par son instinct. » « Les Japonais souhaitent également voir quelque chose de nouveau. Ce film est un parfait mélange d’universalité et d’inventivité », conclut la jeune actrice.

Jin Akanishi est lui aussi un phénomène musical au Japon. Il interprète Chikara, le fils d’Oïshi. Pour Pamela Abdy, « Chikara est contraint de grandir très vite, et Oïshi, comme n’importe quel parent, cherche à le protéger. Jin a fait du très bon boulot. Il a beaucoup appris sur ce tournage et je suis ravie que nous l’ayons choisi pour ce rôle. » Quant à l’intéressé, il déclare : « Au début, Chikara n’est qu’un garçon qui souhaite devenir un samouraï, et on le voit progressivement devenir un homme. » La productrice se souvient avoir demandé au jeune acteur et chanteur si lui et ses amis connaissaient la légende des 47 rônins : « Il a répondu : « Non, c’est une chose dont nos grands-pères et nos pères parlaient. » Mais en découvrant l’univers du film, il a dit : « Cool. Mes potes vont adorer ça. » »

Et pour compléter la horde de guerriers samouraïs, on découvre les acteurs japonais Masayoshi Haneda (Yasuno), Hiroshi Sogabe (Hazama), Takato Yonemoto (Basho), Hiroshi Yamada (Hara) et Shu Nakajima (Horibe). Masayuki Deai interprète Isogaï, Yorick Van Wageningen le Kapitan de l’île des Hollandais et Gedde Watanabe le meneur de la troupe d’acteurs qui aide les hommes d’Oïshi à attaquer la forteresse de Kira. Natsuki Kunimoto est Riku, la femme d’Oïshi et mère de Chikara. Enfin, aux côtés du très respecté Min Tanaka, dans le rôle du seigneur Asano, l’acteur émérite et expert en arts martiaux Cary-Hiroyuki Tagawa interprète le shogun Tsunayoshi qui règne en maître suprême sur ce Japon féodal.

De Londres à Budapest : les décors

47 RONIN a été tourné en studio à Budapest et sur les immenses terrains extérieurs des studios Shepperton, près de Londres, l’objectif de la production étant de concevoir et élaborer de A à Z une vision sublimée du Japon. Le producteur Eric McLeod explique : « Beaucoup de gens qui n’ont jamais mis un pied au Japon s’en sont créé une image mentale. Le film va encore plus loin dans ce sens : notre Japon est encore plus verdoyant et lumineux. » À Pamela Abdy d’ajouter : « À partir du scénario de Chris et Hossein et avec un tournage réparti entre Londres et Budapest, nous avions pour objectif de recréer un Japon féodal. Il nous fallait une batterie de gens talentueux pour arriver à nos fins. » L’équipe savait que pour rendre justice à leur vision de l’histoire, il fallait voir grand. Mais il leur tenait aussi à cœur de rendre compte des particularités et des détails de la vie au Japon au 18e siècle. Carl Rinsch explique : « Nous avons fait des recherches approfondies, pour nous familiariser à la culture japonaise, et lui rendre hommage à notre façon. Au Japon, tous les gestes, même les plus simples, sont codifiés, et les Occidentaux doivent être vigilants pour ne pas commettre d’impairs. Ainsi il fallait s’assurer que les kimonos étaient toujours portés côté gauche sur côté droit. Seuls les morts sont habillés dans des kimonos croisés dans le sens inverse. Si vous n’êtes pas attentifs, vous finissez avec une troupe de morts vivants. » « Les décors sont gigantesques et élaborés », continue la productrice. « Ils incluent des effets visuels, mais sont également très détaillés et aussi authentiques que possible, comme avec les accessoires pour servir le thé, les tatamis, etc. : tout a été documenté et vérifié. »

Jan Roelfs, le chef décorateur nominé à deux reprises aux Oscars et qui a récemment signé les décors du blockbuster international FAST & FURIOUS 6 (Justin Lin, 2013), s’attela à la création de ce Japon idéalisé. À Budapest, son équipe construisit les énormes décors de la cour à Ako, de l’île de Dejima et de la forêt des Tengu, et les studios de Shepperton servirent pour les scènes d’extérieur à Ako et pour la grande scène finale dans la forteresse du seigneur Kira. Eric McLeod commente : « Les détails sont impressionnants. Sur le décor d’Ako, les cerisiers étaient en fleurs. C’est une image emblématique du Japon. Le contraste entre Ako et la noirceur de la forteresse de Kira colle parfaitement à notre histoire. » 15 000 fleurs de cerisier artificielles furent attachées à la main sur les branches, et les arbres eux-mêmes étaient si gigantesques qu’il fallut les démonter pour les expédier au Royaume-Uni. Les décors figurent également 300 bambous de 15 mètres de haut, venus d’Italie, et des bonsaïs de 90 centimètres, dont certains ont plus de 100 ans. Keanu Reeves nous décrit le dernier acte du film, le siège de la forteresse de Kira, tourné sur les plateaux extérieurs des studios de Shepperton : « Les 47 rônins ont obtenu l’aide de la troupe d’acteurs qui doit jouer pour le seigneur ce soir-là. Ils pénètrent dans le château et cherchent des positions stratégiques pour tenter d’éliminer Kira et libérer la princesse. » Pour Tadanobu Asano, « le décor était parfait : laid, froid, dépouillé, à l’image du seigneur Kira. »

Et son homologue américain continue : « D’un côté, il y a les effets spéciaux et les créatures, et de l’autre, ces décors gigantesques avec beaucoup de figurants, de costumes, de lumières, comme au bon vieux temps. Et on peut se délecter de la façon dont une poignée d’hommes, les rônins, s’empare d’une armée entière. Il y a des flèches, des bagarres, des combats de sabre, le tout à travers ce dédale de cours intérieures. » Dans cette nouvelle version de la légende, Kaï a grandi dans la forêt des Tengu, un décor élaboré par Jan Roelfs et son équipe à Budapest. C’est également à Budapest qu’ils construisirent les environs de l’île de Dejima, un comptoir hollandais qui a, par la suite, disparu lors de l’assèchement de la baie de Nagasaki. C’est à Dejima que Kaï et Oïshi s’échangent des coups alors que ce dernier tente de libérer Kaï de sa captivité. Pour Eric McLeod, personne mieux que Jan Roelfs n’aurait pu créer l’univers de 47 RONIN : « Il prend tout en compte : ses designs incorporent la complexité des cascades et des effets visuels. »

Oiseaux de proie : les cascades et les arts martiaux

Gary Powell, le coordinateur de cascades de SKYFALL (Sam Mendes, 2012), QUANTUM OF SOLACE (Marc Forster, 2008), UNSTOPPABLE (Tony Scott, 2010) et LA VENGEANCE DANS LA PEAU (Paul Greengrass, 2007), était responsable de la constitution de ses effectifs et des scènes de combat. « Gary a fait un boulot incroyable », se réjouit le réalisateur. « Nous voulions réaliser la majorité des cascades sans effets spéciaux, et il a obtenu des prouesses de son équipe. » Keanu Reeves n’est pas un novice. Il s’est formé à plusieurs arts martiaux pour son rôle dans la trilogie MATRIX et son premier film comme réalisateur MAN OF TAI CHI (2013). Pour 47 RONIN, il lui fallut apprendre à maîtriser les techniques de combat japonaises et le maniement des armes. « J’ai commencé à m’entraîner au maniement du katana (sabre des samouraïs) six semaines avant le début du tournage, pour acquérir les bases », explique-t-il. La façon de se battre de Kaï mélange les techniques traditionnelles et le style unique et mythique des maîtres Tengu. Elle a également été influencée par sa captivité sur l’île de Dejima, où il est devenu, comme le qualifie lui-même l’acteur, « un chien de combat. » « Kaï combine l’enseignement des samouraïs, les techniques de sabre des Tengu et son expérience dans l’arène. » Une des scènes-clés du film se joue sous forme d’affrontement entre Kaï et Oïshi à Dejima, sous l’œil implacable du contremaître. « Au cours du combat, on apprend à se connaître à travers notre style et nos intentions. Kaï a perdu la raison. On a fait de lui une machine à tuer. Mais Oïshi lui offre son salut », déclare encore l’acteur.

À Hiroyuki Sanada d’ajouter : « Oïshi maîtrise l’art du sabre, mais à cette époque, le Japon était en paix et peu de samouraïs utilisaient leur arme. Kaï a grandi avec les Tengu et son style de combat est plus violent. Au cours de leur périple, Kaï et Oïshi s’initient réciproquement à leur style respectif. » « Sanada-san a été formé à l’art traditionnel du sabre. Pour lui, tout doit avoir un sens. Il refuse l’action pour l’action. Ses coups s’enchaînent avec une maîtrise totale », s’enthousiasme Keanu Reeves.

Sur l’île des Hollandais, Kaï est confronté au Oni, sorte d’ogre fantastique tiré du folklore japonais, joué par Neil Fingleton qui interprète également le géant cuirassé au début du fi lm. L’homme le plus grand d’Angleterre, trônant à 2,35 mètres de haut, se bat ainsi à deux reprises contre Kaï. Et Keanu Reeves estime que son combat contre le Oni est l’un des plus rudes de sa carrière d’acteur : « C’était un vrai défi . Comment se battre contre quelqu’un de cette taille ? En termes d’offensive, il s’agissait pour moi de jouer avec la hauteur : le haut et le bas. Neil est un athlète professionnel et a de grandes aptitudes physiques, même s’il était novice comme cascadeur. » À Neil Fingleton d’ajouter : « J’ai toujours été très fier de ma taille. Keanu est quelqu’un de bien et je suis heureux d’avoir fait sa connaissance. Pour les combats, il s’agissait pour nous de comprendre les mouvements de l’autre, et je pense qu’il en a bavé parce qu’il devait toujours regarder en l’air... Je devais sans arrêt regarder en bas, mais j’ai l’habitude ! »

Quant à Jin Akanishi (Chikara), il déclare avoir été enthousiasmé par le côté physique de son rôle : « Je me suis entraîné à manier le sabre et à monter à cheval, ce que je n’avais jamais fait auparavant. C’était fun et ce sont de très bons acquis pour la suite. »

Imaginer le Japon d’antan : les effets visuels

Le superviseur des effets visuels Christian Manz, nominé à l’Oscar pour son travail sur HARRY POTTER ET LES RELIQUES DE LA MORT – 1ère PARTIE (David Yates, 2010), et la société Framestore furent chargés de créer les créatures fantastiques qui peuplent l’univers de 47 RONIN, ainsi que les extensions et les arrière-plans des prodigieux décors du film. Christian Manz explique que l’approche du réalisateur était essentiellement artistique : « Lors de nos premières discussions, nous avons parlé de l’aspect créatif, plus que technique, du travail. J’ai été conquis par toutes les œuvres hors du commun qu’il m’a montrées. » 

En tant que réalisateur ayant fait ses classes dans la publicité, Carl Rinsch a cherché l’inspiration dans de multiples sources. Mais les deux hommes partageaient une importante référence commune. « Nous avons abordé le film comme une version en prises de vues réelles des dessins animés d’Hayao Miyazaki », se souvient le superviseur des effets visuels. « Le défi était de rester cohérent à cet univers, à tous les niveaux. Nous voulions un monde majoritairement réaliste, avec une pointe de fantastique. C’est un Japon auquel on croit, mais qui n’a réellement existé que dans les peintures et les estampes d’Hokusai. » Collaborant étroitement avec le chef décorateur Jan Roelfs, l’équipe des effets visuels travailla d’arrache-pied pour agrandir et compléter les multiples cours et rizières d’Ako, ou créer un arrière-plan sombre et dramatique à la forteresse de Kira, perchée sur des montagnes enneigées et entourée de ravins abrupts. Ils élaborèrent également les créatures fantastiques : le dragon, le Oni et le Kirin. Le film débute avec une séquence spectaculaire de poursuite dans la forêt pour venir à bout du Kirin, et la productrice s’amuse à dire : « C’est notre grosse course-poursuite, sans voiture, mais avec une énorme créature dans les bois. » 

Pour Christian Manz, cette séquence représentait le plus important défi du film : « Il s’agit d’une bête majestueuse qui a été infectée par la rage. Il a fallu coordonner notre travail avec l’équipe des cascades et des décors pour arriver au résultat voulu. Tout tient à la définition de la trajectoire du Kirin et à ses interactions avec les acteurs et le décor, afinn d’être à même, plus tard, de l’intégrer à la scène de façon réaliste. » Pour Hiroyuki Sanada, cette scène est essentielle : « Elle établit le fait qu’il s’agit d’un film de samouraïs, avec une importante composante fantastique. Cette scène donne le ton du film, et elle nous montre la nature de Kaï, le pouvoir de son esprit et son talent au combat. La scène a été difficile à tourner pour les acteurs, parce que le Kirin n’était pas physiquement présent. Il a donc fallu user de son imagination. »

Pour Neil Fingleton, la scène de combat contre Kaï sur l’île de Dejima le mit face aux contraintes des effets visuels. « En gros, je me suis baladé déguisé en carotte pendant une semaine, ce qui n’est pas un plaisant souvenir », ironise-t-il. « Le Oni est un monstre gigantesque, armé d’une faucille et d’un boulet au bout d’une chaîne. Le combat est titanesque, et au final, Kaï me décapite, ce qui n’est pas très cool non plus pour moi. » Christian Manz explique : « Gary Powell a chorégraphié le combat entre Kaï et le Oni. Carl a dirigé les deux acteurs, puis nous avons superposé la créature sur Neil qui est donc devenu un géant rosacé en post-production. »

Habiller le fantastique : les costumes

La création des costumes nécessitait non seulement d’adhérer précisément aux us et aux styles du Japon du 18e siècle, mais de le faire pour 900 figurants, en plus de la distribution principale. Ces tenues complexes furent pour la plupart réalisées à la main et le département des costumes déploya de longs efforts pour confectionner des kimonos chatoyants et des armures élaborées. Il s’agissait avant tout d’appréhender une période de l’histoire et un pays montagneux peu connu des Occidentaux. 

Pour la chef costumière Penny Rose, habituée des projets historiques et fantastiques incluant quatre PIRATES DES CARAÏBES, mais aussi PRINCE OF PERSIA – LES SABLES DU TEMPS (Mike Newell, 2010), LE ROI ARTHUR (Antoine Fuqua, 2004) et LES OMBRES DU COEUR (Richard Attenborough, 1993), la première étape consistait naturellement à faire des recherches. « Nous ne savions pas grand-chose du Japon du 18e siècle. Deux membres de notre équipe se sont rendus sur place et ont visité tous les musées de Tokyo pour commencer à amasser de la documentation. Nous ne souhaitions pas reproduire des costumes à l’identique, parce qu’il s’agit d’un univers fantastique, mais nous cherchions des bases à partir desquelles élaborer », confie-t-elle. Carl Rinsch décrit leur collaboration : « Penny est une amie. Je la connaissais avant le film. Dès le début du projet, nous avons envisagé d’utiliser des styles vestimentaires traditionnels et de leur insuffler quelque chose de nouveau. Elle a su créer des silhouettes marquées pour l’ensemble des personnages, avec les couleurs et les textures adaptées. » 

Quant à la chef costumière, elle déclare : « Carl voit toujours l’image dans son ensemble. Il accepte les suggestions et regorge également d’idées. Son enthousiasme pour l’aspect visuel du film est communicatif. » Une de ces idées fut de recréer un paravent japonais avec les costumes. « Pour les servantes de Mika, nous avons confectionné des capes avec un motif d’arbre en fleurs dans le dos », explique Penny Rose. « Quand elles se regroupent, l’arbre apparaît dans son intégralité. Ça fonctionne magnifiquement bien. » La difficile tâche des costumiers commença avec la confection de plus de 1000 sous kimonos blancs qui sont la base de chaque costume. « Nous nous sommes conformés à la tradition en ce qui concerne l’élaboration des costumes, et nous sommes permis des digressions avec les tissus », confie-t-elle encore. Comme ce fut le cas pour tous les autres départements, celui des costumes dut collaborer étroitement avec l’équipe des décors, et Penny Rose déclare : « Ce fut un réel honneur de travailler avec Jan Roelfs. Ses décors sont splendides. Nous avons défini ensemble les formes et les couleurs qui s’accorderaient avec ses designs, en nous assurant que les motifs ne juraient pas. » 

Le design s’immisce dans tous les détails du film, qu’il s’agisse des armures des cavaliers ou des costumes apparemment simples des villageois, le public pourra rapidement identififier l’allégeance des personnages. « Ako est un endroit heureux où le rouge domine, alors que le monde de Kira est dans les pourpres, et celui du shogun est doré avec des touches de turquoise », confie la costumière. 400 armures en plastiques furent fabriquées dans un atelier de Budapest, offrant la légèreté nécessaire pour les multiples scènes de batailles et prévenant une fatigue excessive pour les acteurs. Un prototype fut confectionné en cuir (le matériau original des armures) et un procédé révolutionnaire permit de le recréer à l’identique en plastique. La costumière travailla sur les contrastes entre les choix vestimentaires de Kaï et d’Oïshi : « Kaï est un orphelin et un paria. Il est toujours habillé avec des guenilles et des vêtements rapiécés, alors qu’Oïshi est très glamour. Chacune de ses tenues est constituée de quatre ou cinq pièces de vêtements, et il en arbore une bonne dizaine dans le film. »


Pour le personnage de Mika, Penny Rose chercha l’inspiration dans la haute couture. « Nous avons regardé chez tous les couturiers qui avaient dessiné des collections d’inspiration orientale, comme Dior dans les années 90, Givenchy dans les années 60 et Alexander McQueen, bien sûr. Nous avons pris certains éléments de ces lignes et les avons mélangés à l’esthétique traditionnelle. Mika a sa propre palette de couleurs : pêche, mandarine et des tons pastel très doux. La soie prédomine et elle porte un col haut. » La chef costumière décrit le seigneur Kira comme le dandy du lot : « Il porte des bijoux et des décorations, le tout sur une silhouette large d’épaules. Il est toujours parfaitement habillé. » 

Quant à Rinko Kikuchi, elle s’enthousiasme : « Les costumes que Penny a créés pour mon personnage m’ont permis de comprendre la nature profonde de la sorcière. Je peux même dire que mon personnage ne s’est réellement mis à exister qu’après avoir enfilé ces costumes. Ceux-ci sont complétés par des lentilles de contact de différentes couleurs. « Ces lentilles me donnent un air effrayant et fou », s’amuse l’actrice. «Le simple fait de les porter donne l’impression d’avoir des pouvoirs magiques. » 

Et la chef costumière dut créer ces costumes en prenant en compte le fait que la sorcière peut changer de forme et de nature, passant d’un renard à une pièce de tissu. La productrice est enchantée du résultat : J’adore ce que Penny a fait avec les tenues féminines, on dirait de la haute couture. Elle est partie des vêtements traditionnels et y a ajouté sa propre touche de modernité. » 

À Christian Manz de conclure, « La sorcière est un personnage à part entière. Elle change de forme avec elle, d’une façon inédite. »



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