mercredi 15 janvier 2014

Back to the present








Guerre/Action/Drame/Impressionnantes scènes de combat, super casting

Réalisé par Peter Berg
Avec Mark Wahlberg, Taylor Kitsch, Emile Hirsch, Ben Foster, Yousuf Azami, Ali Suliman, Eric Bana, Alexander Ludwig...

Long-métrage Américain
Durée : 2h01m
Année de production : 2013
Distributeur : SND
Titre original : Lone Survivor
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Interdit aux moins de 12 ans avec avertissement

Date de sortie sur les écrans U.S. : 10 janvier 2014
Date de sortie sur nos écrans : 1er janvier 2014 (actuellement au cinéma)


Résumé : Le 28 juin 2005, un commando de quatre Navy Seals prend part à l’opération "Red Wing", qui a pour but de localiser et éliminer le leader taliban Ahmad Shah. Mais rapidement repérés et encerclés, les quatre soldats vont se retrouver pris au piège.

Bande annonce (VOSTFR)



Ce que j'en ai pensé Ce film est inspiré d’une histoire vraie, celle du livre de Marcus Luttrell, 'Le Survivant' (Editions Nimrod).
J'ai trouvé DU SANG ET DES LARMES impressionnant dans les scènes de combat. Peter Berg, le réalisateur, filme ses acteurs au plus près. J'avais le sentiment d'être avec eux sur le terrain et de ressentir leurs blessures. C'est par moment à la limite du supportable mais vraiment bien fait.


Le titre est en parfaite adéquation avec l'histoire. Il s'agit de militaires qui partent au combat, donc vous vous doutez, j'imagine, que du sang, il y en a. Quant aux larmes..., avec la guerre, à quoi s'attendre?

J'étais perplexe par rapport aux premières images parce que je ne comprenais pas leur place dans le scénario au début. Mais le film suivant une logique claire, elles finissent par prendre du sens. On apprend et on comprend l'importance de la résistance, du courage, de la solidité et de la détermination d'un Navy Seal sur le terrain.

Peter Berg nous présente les quatre membres du commando par une scène d'introduction très maline et il en profite les rendre immédiatement attachants. Au-delà des Navy Seals, ce sont des hommes avec de l'humour et des préoccupations de fiancés ou de maris qu'on nous présente. Le résultat est là, on se soucie de ce qui peut leur arriver.

J'ai apprécié que le réalisateur évite la caricature et les personnages manichéens. 
Il aborde la thématique toujours intéressante de l'impact de la guerre sur les civils.

Les soldats ont des qualités et des défauts mais ils restent fidèles à leurs frères d'armes. Lorsqu'on voit comment les événements se déroule, il ne fait aucun doute que cela a une importance capitale. 

Savoir qu'il s'agit d'une histoire vraie ne rend pas les images plus faciles à supporter. Cependant on est pris par le feu de l'action, on reste sous tension et on veut savoir ce qu'il va se passer par la suite. Le film passe vite. Il est captivant.

Le commando est interprété par des acteurs impeccables et très crédibles, physiquement et techniquement, dans ces rôles : Mark Wahlberg (le second-maître Marcus Luttrell), Taylor Kitsch (le lieutenant de vaisseau Mike Murphy), Emile Hirsch (le quartier-maître de première classe Danny Dietz) et Ben Foster (le quartier-maître de première classe Matt "Axe" Axelson).



 

Si les films de guerre ne vous rebutent pas, je vous conseille d'aller découvrir DU SANG ET DES LARMES sur grand écran. On en sort secoué et agréablement surpris par la qualité du récit, de l'interprétation et de la réalisation.


Note : Je remercie @YoungProductio2 grâce à qui j'ai eu des invitations pour découvrir ce film.

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NOTES DE PRODUCTION
(A ne lire qu'après avoir vu le film pour éviter les spoilers!)

"J'aurai beau raconter cette histoire un nombre incalculable de fois, et j'aurai beau avoir d'innombrables lecteurs de mon livre – ce n'est rien en comparaison de l'impact que pourra avoir ce film. Cette fois, j'ai le sentiment d'avoir fait mon boulot. Mission accomplie". 
                                                                                       —Marcus Luttrell 

DE LA RÉALITÉ À L’ADAPATATION CINÉMATOGRAPHIQUE 

Témoignage direct : un survivant raconte 

Le 28 juin 2005, un commando de quatre Navy SEALs est infiltré en hélicoptère pour une opération de reconnaissance dans une zone montagneuse et reculée de Kounar, province orientale de l'Afghanistan à la frontière du Pakistan. Baptisée opération "Red Wings", celle-ci a pour but de permettre la localisation et la neutralisation d’Ahmad Shah, chef taliban censé se terrer dans la région et responsable de la mort de nombreux soldats américains. Voici un bref aperçu de la vie de ces hommes que l'on suit tout au long du film. 

* Michael Murphy : le lieutenant de vaisseau Michael Patrick "Murph" Murphy commande au sol l'équipe chargée de l'opération "Red Wings". Héliporté avec ses trois hommes sur l’Hindou Kouch, une chaîne de hautes montagnes qui prolonge la chaîne himalayenne à l’ouest, il doit localiser et identifier Ahmad Shah afin de préparer une action de plus grande envergure. Ses actions au combat lui ont valu de recevoir la plus haute distinction militaire aux Etats-Unis, la Medal of Honor qui lui a été remise à titre posthume. Il s’agissait alors de la première fois que la Medal of Honor été remise à un soldat américain ayant combattu sur le théâtre afghan. 

* Marcus Luttrell : personnage principal du film et seul survivant de l’opération "Red Wings", le second-maître Marcus Luttrell est qualifié en tant que Sniper (Tireur Longue Distance) et infirmier au sein du SEAL Team 10. Pour ses actions courageuses face aux combattants talibans durant cette opération, Luttrell a été décoré de la Navy Cross, la seconde plus haute décoration après la Medal of Honor, et la plus haute décoration de la Marine. 

* Matthew "Axe" Axelson : quartier-maître de première classe, Matthew Gene "Axe" Axelson veille avec une attention minutieuse aux moindres détails de l'opération. Avant que lui et ses équipiers ne quittent la base aérienne de Bagram, ce spécialiste de la navigation étudie sans relâche leur plan d'infiltration. Axe dresse des cartes détaillées, des diagrammes et des plans de la moindre construction du village de Shah repérée lors de leur reconnaissance des lieux. Il connait la région mieux que la plupart des étrangers. Pour ses actions au combat, Axelson a été décoré de la Navy Cross à titre posthume. 

* Danny Dietz : quartier-maître de première classe, Danny P. Dietz Jr., est qualifié en tant que Transmetteur au sein du SEAL Team 10. Le relief très accidenté de l'Hindou Kouch va cependant rendre difficile, voire impossible, les communications radio ou satellite. Privés de moyens de liaison avec leur base arrière, les quatre hommes du commando vont devoir décider eux-mêmes de la conduite à tenir lorsqu’ils vont être soudainement confrontés à trois bergers afghans et que leur mission semble compromise. Pour ses actions au combat, Dany Dietz a également été décoré de la Navy Cross à titre posthume. Un rapport d’autopsie ultérieur montera qu’il a été blessé à 17 reprises au cours des combats. 

Ces quatre Navy SEALs chargés de la mission Red Wings sont placés sous le commandement du capitaine de corvette Erik S. Kristensen. 

* Erik Kristensen : le capitaine de corvette Erik S. Kristensen, responsable de l’opération Red Wings, sait parfaitement que Shah a tué 20 Marines la semaine précédente et que le leader taliban n'hésitera pas à abattre des soldats américains quand et où bon lui semblera. Ainsi, lorsque Michael Murphy parvient à contacter la base arrière alors que les combats font rage, Erik S. Kristensen n’hésite pas une seconde. Il part lui-même à la tête de la Force de Réaction Rapide (QRF) chargée d’intervenir et de secourir ses frères d’arme. Pour ses actes de bravoure au combat, Kristensen a reçu à titre posthume la Bonze Star avec « V » pour Courage. 

L’histoire : 

Murphy, Dietz, Axe et Luttrell réussissent leur infiltration dans la région, mais l’arrivée inopinée de trois gardiens de chèvres afghans sur leur lieu de surveillance va compromettre l'intégrité de leur mission. Les SEALs capturent les trois Afghans mais, faute de pouvoir demander des instructions à leur commandement en raison des mauvaises liaisons radios, ils doivent décider eux-mêmes de la conduite à tenir en faisant la part des choses entre les Régles d’Engagement de la coalition (qui interdisent de tuer un civil désarmé) et les lois de la guerre (selon lesquelles il faudrait tuer ces hommes afin qu’ils ne puissent communiquer leur position aux Talibans). Après un long débat, les SEALs voient trois choix s'offrir à eux : tuer les trois civils pour les empêcher d’informer les Talibans ; les attacher et les laisser dans la montagne où ils risquent de mourir de froid à la nuit tombée ; ou bien les relâcher et partir aussitôt trouver une nouvelle position afin de poursuivre la mission ou être exfiltrés. Finalement, les SEALs décident de relâcher les trois bergers avant d’entamer une longue et difficile marche à travers la montagne pour se mettre à l’abri. 

Mais très vite, la situation tourne au cauchemar. Prévenus par les bergers de la présence de quatre soldats américains dans les montagnes, les Talibans partent à la poursuite de leurs ennemis. Les SEALs se retrouvent très vite sous le feu intense et continu de mitrailleuses lourdes, d'AK-47 ou de lance-roquettes RPG-7. Encerclés de toutes parts et en infériorité numérique, les quatre Navy SEALs mettent à profit leur formation et la précision de leurs tirs pour résister au déluge de feu ennemi, sans autre solution cependant que céder du terrain dans un relief particulièrement abrupt et dangereux. 

Au cours des combats, le lieutenant de vaisseau Michael Patrick "Murph" Murphy prend le risque de se mettre à découvert afin de pouvoir lancer un appel au secours sur son téléphone satellite. Il arrive à prévenir la Force de Réaction Rapide, mais il trouve presque aussitôt la mort. Deux autres SEALs, Dietz et Axelson, décèdent à leur tour dans les combats. Lorsque les hélicoptères de la Force de Réaction Rapide arrivent sur zone, l’un d’entre eux est abattu par un tir de roquette qui ne laisse aucun survivant parmi les 16 hommes embarqués dans l’appareil : 8 Navy SEALs (le capitaine de corvette Erik S. Kristensen, Jacques J. Fontan, Daniel R. Healy, Jeffrey A. Lucas, Micheal M. McGreevy Jr., Shane E. Patton, James E. Suh et Jeffrey S. Taylor) et 8 aviateurs du 160th Special Operations Aviation Regiment, les « Night Stalkers » (Shamus O. Goare, Corey J. Goodnature, Kip A. Jacoby, Marcus V. Muralles, James W. Ponder III, Stephen C. Reich, Michael L. Russell et Chris J. Scherkenbach). 

Ce jour-là, ce sont donc 19 opérateurs des forces spéciales qui trouvent la mort en Afghanistan - la journée la plus dramatique de l’histoire des forces spéciales américaines. 

Seul survivant de l’embuscade, Marcus Luttrell réussit cependant à échapper à l'ennemi et à s’éloigner de plusieurs kilomètres du lieu des combats malgré ses multiples blessures - déchirure à l'épaule, fractures au visage, le dos et le bassin brisés, le corps criblé de balles et une jambe déchiré par des éclats de roquette. Alors qu’il reprend des forces à point d’eau, il tombe par hasard sur de nouveaux civils afghans. Cette fois-ci, la chance est avec lui car l’homme qui le découvre, Gulab, appartient à une tribu qui vit selon le code de l'honneur du Pashtounwali traditionnel et selon la règle du lokhay concernant le devoir d’hospitalité. Mais le lokhay n’implique pas seulement d’offrir le gîte et de la nourriture à l’étranger qui en a besoin, il implique également de défendre - jusqu’à la mort si nécessaire - l’homme qui est ainsi placé sous la protection du village. En agissant ainsi, Gulab sait qu’il défie le chef taliban Shah, mais le code de l'honneur du Pashtounwali prime sur le reste. 

Luttrell finit heureusement par être localisé par l'armée américaine et ramené à la base. C'est grâce au courage, à la ténacité, à la bienveillance d'étrangers et au sacrifice de ses frères d'armes SEAL tombés dans des circonstances d'une grande violence, que Luttrell est aujourd'hui en vie. C'est pourquoi il s'est donné pour mission de raconter leur histoire. 

Luttrell l'explique clairement : "Il s'agit ici de fraternité, et peu importe ce qui se passe, peu importe la violence, on continue à se battre jusqu'au dernier souffle pour protéger le gars à vos côtés. Il faut avoir vécu ce genre de situation pour comprendre ce qui pousse une personne à donner sa vie pour quelqu'un d'autre. La plupart des gens ne le feraient pas. Et c'est ce qui s'est passé : ce qui commence comme une chasse à l'homme se transforme en un piège qui les conduit à se protéger les uns les autres jusqu'à leur dernier souffle". 

Ce jour-là, 11 SEALs et 8 aviateurs du 160th Special Operations Aviation Regiment ont péri dans la montagne. Cette date est restée gravée dans la mémoire collective américaine car elle marquait la plus grande perte d’opérateurs du Navy SEAL depuis la création de ce corps d’élite au cours de la Seconde Guerre mondiale – jusqu'à ce qu'un hélicoptère CH-47 Chinook ne soit abattu en Afghanistan le 6 août 2011, tuant les 38 hommes à bord (22 Navy SEALs, 8 aviateurs américains et 8 Afghans). 

De la page à l'écran : 

L'opération Red Wings entre dans les mémoires 

Lors de la parution du livre du second-maître Marcus Luttrell et de Patrick Robinson, "Le Survivant" en 2007, ce dernier s'est vite retrouvé en tête de la liste des meilleures ventes du New York Times. 

Cette histoire vraie, mêlant honneur et sens du devoir au combat, a suscité l'intérêt du réalisateur Peter Berg lorsque sa productrice, Sarah Aubrey de Film 44, lui a remis un exemplaire du livre en insistant pour qu'il le lise. Bien qu'il prépare alors HANCOCK, appelé à devenir un grand succès, il a commencé à le feuilleter lors d'une pause-déjeuner et a été tellement fasciné par cette histoire qu'il est immédiatement allé s'enfermer dans sa loge afin d'achever le livre. Dès lors, il n'a eu de cesse d'en obtenir les droits d'adaptation et de pouvoir en faire un film. 

"Au départ, c'est un ami de l'équipe de Film 44, Barry Spikings, qui nous a envoyé le livre, l'ayant lui-même reçu de l'avocat de Marcus", se souvient Sarah Aubrey. "En lisant le livre, j'ai immédiatement su que ce serait un film parfait pour Pete, car la grande force de sa mise en scène est de pouvoir transporter le spectateur dans un univers clos. Le livre décrit précisément comment les SEALs opèrent, avec une dimension émotionnelle très forte, et c'est le point fort de Peter… Il adore emmener son public dans un nouvel univers et lui en montrer les coulisses avant de le submerger par une vague d'émotions. Le livre possède cette formidable dimension émotionnelle de fraternité et de sacrifice, et puis, cette humanité et cette grâce surgissent même dans les tourments de la guerre". 

Berg admet volontiers qu'il est souvent attiré par des thèmes relevant de l'univers sportif ou militaire, et il avoue s'intéresser depuis longtemps aux raisons qui poussent ces hommes et ces femmes à se mettre en danger : "Quand j'ai lu le livre de Marcus, ce qui m'a le plus frappé, c'est le dilemme auquel ces hommes doivent faire face : ces trois bergers les mettent en danger et ils savent que s'ils les libèrent, il y a de grandes chances qu'ils se fassent attaquer et qu'ils doivent affronter de nombreux combattants". L'aventure vécue par les SEALs touche aux thèmes qui sont chers au réalisateur et qu'il a pu aborder au cours de sa carrière : "Il s'agit, dans cette histoire, de travailler ensemble et de faire abstraction de son ego pour quelque chose qui nous dépasse : l'esprit d'équipe", explique-t-il. "Il s'agit de se protéger et de prendre soin les uns des autres, en sachant que l'union fait la force. Le livre de Marcus parle autant de la mort tragique de 19 personnes en Afghanistan que d'une histoire de fraternité, de sacrifice et d'esprit d'équipe". 

Berg et Aubrey ont contacté Luttrell pour envisager la possibilité d'adapter son livre au cinéma. "Très tôt, Pete et moi sommes allés rencontrer Marcus au Texas", se souvient Sarah Aubrey. "Quand il entre dans une pièce, on voit que c'est un type très imposant, et qui le serait en toutes circonstance. Mais le fait de savoir qu'il est également un Navy SEAL et qu'il a survécu à cette aventure incroyable donne encore plus de poids à ses paroles. Il a été très clair quant au fait de vouloir avant tout rendre hommage à la mémoire des hommes qui sont morts à ses côtés. On savait que nous n'avions pas droit à l'erreur, car jamais il ne nous aurait laissé faire les choses à moitié". 

De leur côté, Berg et Luttrell se sont vite entendus, et au cours d'un de leur rendez-vous, Berg lui a montré une première version du film sur lequel il travaillait, LE ROYAUME, et Luttrell a décidé de confier l'adaptation de ses mémoires à ce dernier, pensant qu'il serait le mieux à même de leur rendre justice sur grand écran. 

Luttrell a apprécié l'attention quasi-militaire que le réalisateur accorde aux détails ainsi que son style nerveux. Il lui a néanmoins expliqué qu'il ne lui confierait les droits de son histoire que si Berg respectait et rendait hommage au sacrifice de ses "frères". 

Luttrell espérait ainsi que le film permettrait au public de comprendre ce qui s'était passé dans cette montagne. Les deux hommes ont partagé quelques bières et noué des liens de plus en plus étroits. Puis, après avoir fait comprendre à Berg qu'il devrait s'expliquer à plus de 1 000 SEALs s'il ne réussissait pas son adaptation, l'ancien militaire a accepté de participer au projet… 

Au cours de leurs nombreuses discussions, leur amitié naissante a conduit à de nombreuses rencontres avec les hommes et les femmes qui ont participé à l'opération Red Wings ou à son sauvetage : "J'ai passé pas mal de temps avec Marcus, mais je me suis aussi entretenu avec de nombreuses autres personnes", indique Berg qui a cherché à bien cerner le déroulement des événements. "Je pense que j'ai fait preuve de méticulosité". "Il y a beaucoup de réalisateurs et de studios qui voulaient faire ce film et je les ai tous rencontrés", ajoute Luttrell pour expliquer son choix. "Mais quand j'ai rencontré Pete, j'ai ressenti quelque chose de particulier : j'ai senti qu'il était capable de mener ce film à bien. Pete s'est surpassé, il a fait des recherches pendant des années et cela a payé : on voit tout de suite la différence entre quelqu'un qui se consacre à son travail et quelqu'un qui ne le fait pas, et c'est pour cela que je l'apprécie. C'est quelqu'un de bien et c'est un privilège de le connaître", ajoute-t-il, impressionné par la détermination du réalisateur. 

Si le livre de Luttrell est une chronique des événements, évoquant l'engagement de l'auteur dans la Navy en 1999 et le processus de sélection impitoyable pour les Navy SEALs avant la mission de 2005, Berg a pensé que le film devait se concentrer sur les faits tragiques qui se sont déroulés après son affectation en Afghanistan. Il a mis l'accent sur la camaraderie indestructible des membres de l'unité, leur courage au cours des combats et le tournant tragique qui a changé à tout jamais la vie de Luttrell, Navy SEAL à la double qualification Sniper et infirmier. 

Berg se doutait qu'il subirait une grande pression pour que l'histoire soit adaptée fidèlement, mais il ne se doutait pas qu'il s'impliquerait autant sur le plan émotionnel dans la vie des ces soldats d'élite et de leurs familles. "Il y avait de la pression de la part des familles et de la communauté des SEALs, et puis Marcus m'a annoncé qu'il s'installait chez moi pour un mois que je le veuille ou non", explique-t-il. "Il tenait à s'assurer que je comprenne ce qui s'était passé dans la montagne ce jour-là". 

En se plongeant plus avant dans ce projet, Berg était conscient qu'il serait très précieux de côtoyer ceux qui ont été le plus affectés par la mort de leurs proches : "J'ai commencé par rencontrer les familles des SEALs tués, je suis allé à New York rencontrer les Murphy, puis au Colorado voir les Dietz, et en Californie du Nord pour voir les Axelson. En passant du temps avec eux, je me suis rendu compte que ces gosses étaient brillants et qu'ils faisaient la fierté de leur famille. La peine était encore palpable, et ce serait inhumain de ne pas se sentir impliqué quand on vous fait part de ce genre de souffrance", commente le réalisateur/scénariste. 

Berg n'hésite pas à reconnaître qu'au cours de la préparation, il s'est parfois dit que ce film serait le plus difficile de sa carrière. "J'ai ressenti cela quand je me suis rendu au domicile des Dietz et que M. Dietz m'a montré la chambre de Danny, qu'il a conservée intacte. C'est la chambre d'un adolescent américain, mais il y a fait construire une vitrine en verre où on peut voir son uniforme criblé de balles et tachée de sang ainsi que son arme, son casque et ses chaussures. Il a pris une feuille qu'il a commencé à lire, et j'ai compris que c'était le rapport de l'autopsie faite par l'armée. Pendant qu'il lisait, des larmes ont coulé sur le document et quand il a terminé, il m'a remis le papier et m'a dit : "Ça, c'était mon fils : c'était un dur à cuire et vous ferez en sorte de bien restituer cela dans le film'", se souvient Berg. "On ne peut qu'imaginer ce que cela représente pour ces familles de voir l'histoire de leur fils enfin racontée et leur mémoire préservée, et c'est un grand motif de fierté". 

Grâce à ses relations de longue date avec l'armée, Berg s'est retrouvé au début de l'année 2010 en route pour le Moyen-Orient, où il a intégré un Team SEAL en Irak, près de la frontière syrienne. Il a passé un mois dans une petite base dans le désert avec une équipe de 15 hommes et a alors commencé à écrire son scénario. Il a pu avoir un aperçu de leur univers, en les accompagnant au cours de patrouilles nocturnes et en observant leur comportement. "Je ne suis pas sûr que se mêler à un Team SEAL serait possible aujourd'hui", reconnaît-il. "C'était il y a plusieurs années et tout le monde était très arrangeant. Ils m'ont demandé de ne pas révéler certaines tactiques, et de respecter les raisons pour lesquelles les informations confidentielles devaient le rester. C'est ce qu'on a fait dans le film". 

Accéder à cet univers est un immense privilège et un honneur que même un journaliste chevronné ne rêverait d'avoir, et Berg n'a pas pris cela à la légère : "Une des choses que j'ai appréciées au sujet des Navy SEALs, c'est que ce ne sont pas des surhommes", dit-il pour dissiper une idée souvent répandue. "Ce ne sont pas forcément les plus forts, les plus rapides ou les plus grands, mais la caractéristique qu'ils partagent tous réside dans leur personnalité : ils ont une force de caractère indomptable et un réel sens de l'honneur". 

Le réalisateur rend aussi hommage aux villageois pachtounes qui ont sauvé Luttrell : "Tout ce qu'a évoqué Marcus – la discipline, le dévouement et de solides valeurs –, Gulab le porte en lui. Ce type est un vrai combattant", poursuit-il. C'est au moment où il s'apprêtait à commencer le casting et à entrer en production que Berg a reçu encore plus de pression que prévu : "J'étais désolé pour Pete", se rappelle Luttrell, "car tout le monde lui tombait dessus, les membres de l'équipe, les veuves des soldats, etc. On n'arrêtait pas de lui dire 'fais attention, ne gâche pas tout'. Mais je pense que c'est aussi un élément qui a renforcé sa volonté. C'est pourquoi ce film est aussi réussi : les gens l'accueillent très bien car il y a mis toute son énergie… probablement parce qu'il savait que sa vie en dépendait". 

Wahlberg s'embarque dans l'aventure : 

Les débuts du casting 

Très tôt, Berg a mentionné à Mark Wahlberg qu'il comptait s'attaquer à l'adaptation du "Survivant", mais à l'époque, ils avaient tous deux divers projets en cours. Quand les producteurs d'Emmett/Furla, Randall Emmett et George Furla ont manifesté leur intérêt pour le film, le projet s'est concrétisé et est devenu la priorité tant de Berg que de Wahlberg. 

Comme l'explique Emmett : "Il est évident que lorsqu'on cherche à réunir un financement, il faut croire à son histoire à 100 %. Quand j'ai lu 'Le Survivant', j'ai été fasciné non seulement par la bravoure des SEALs et des soldats qui ont tout sacrifié pour leurs compagnons d'armes, mais j'ai aussi été frappé par la dimension cinématographique du livre de Marcus et Patrick. Ils nous emmènent en terre étrangère et nous guident dans l'une des aventures militaires les plus captivantes de notre époque. Nous savions que pour leur rendre justice, nous devrions nous associer avec des gens de confiance. Comme nous avions déjà travaillé avec Mark sur BROKEN CITY et 2 GUNS, et que Pete est un réalisateur accompli, nous étions certains qu'ils feraient une excellente équipe". 

Une fois que Berg a estimé avoir suffisamment avancé sur le script, il l'a envoyé à Wahlberg, qui avait délibérément décidé de ne pas lire le livre de Luttrell : "Le problème quand on adapte une histoire comme cela", explique l'acteur, "c'est qu'on sent toujours que quelque chose manque, et je voulais l'aborder avec un esprit ouvert". À la lecture du scénario, Wahlberg, à la fois comédien et producteur, a été très enthousiaste et il a accepté d'incarner Luttrell. "J'ai été bouleversé par le scénario, et j'avais le sentiment que nous avancions dans la bonne direction", ajoute-t-il. "Dans la première partie, on rencontre ces types et on voit combien ils s'apprécient et ce qu'ils font là, puis quand l’opération Red Wings est lancée, on perçoit un brusque changement et le passage d'une atmosphère décontractée à une ambiance beaucoup plus sombre". L'acteur admet que l'altruisme et le désintéressement des SEALs et des villageois afghans l'ont profondément marqué : "Ce qui distingue cette histoire, c'est cette camaraderie et l'esprit de corps qui règnent entre ces types, mais aussi l'état dans lequel se trouve le monde de nos jours. L'acte d'héroïsme de Gulab et des autres villageois m'a touché. J'ai trouvé cela très exaltant, et cela m'a redonné espoir en l'humanité". Bien que Wahlberg ait déjà joué des personnages inspirés de la réalité, comme par exemple dans FIGHTER ou INVINCIBLE, il admet que ce n'est jamais facile de rendre justice à de telles histoires : "Je ressens toujours une responsabilité quand je joue des personnes réelles, qu'elles soient vivantes ou pas", affirme-t-il. "Je veux être certain que mon interprétation soit, pour eux et leurs proches, un motif de fierté". Quand il a appris que Luttrell serait présent pour offrir ses conseils, il a estimé qu'il s'agissait d'une aide appréciable : "J'ai adoré pouvoir discuter avec Marcus de sa relation avec ses compagnons d'armes, parce que cela le rend heureux de pouvoir exprimer les rapports privilégiés qu'il entretenait avec eux et les liens d'affection qui s'étaient tissés entre eux", tient à ajouter l'acteur. 

Quand Wahlberg repense au temps passé en compagnie de ses partenaires et des techniciens, il prend conscience que DU SANG ET DES LARMES représente sans doute un sommet dans sa carrière d'acteur et de producteur. "C'est la meilleure expérience professionnelle que j'aie jamais eue", dit-il, "et ce dans les conditions les plus difficiles. Je me souviens que, jeune acteur, j'avais de très, très longues journées, mais à la fin de chaque jour de tournage, je sentais que je faisais quelque chose de spécial, et je ne pouvais m’empêcher d'y penser en rentrant chez moi. Sur ce film, j'ai ressenti la même chose tous les jours". 

Le casting du commando : le Team 10 reprend vie 

De même qu'avec Wahlberg, Berg avait déjà évoqué le projet avec Taylor Kitsch, Emile Hirsch et Ben Foster plusieurs années auparavant. Tous les acteurs sans exception ont demandé à faire partie de l'aventure. "Ça faisait plus de trois ans qu'il parlait du livre et de l'histoire", se souvient Kitsch, qui a souvent collaboré avec Berg tant à la télévision qu'au cinéma. "Du coup, je l'ai lu, et j'étais au milieu du livre quand je me suis dit, 'C'est un rôle comme on n'en rencontre qu'une fois dans une carrière'. J'ai appelé Pete pour lui dire, 'Quand tu seras prêt, fais-moi signe'". 

Le commandant de l'opération Red Wings est le lieutenant de vaisseau Michael Murphy, surnommé "Murph". C'est un Navy SEAL respecté qui n'hésite pas à marcher à découvert pour attirer l'attention et les tirs de l'ennemi afin de permettre à ses hommes d'agir. Tout comme les autres acteurs, Kitsch mesurait l'importance qu'il y avait à incarner avec justesse Murph et ses compagnons d'armes et à rendre hommage à leur sacrifice. "C'est une histoire vraie, magnifique, qui doit absolument être racontée. Elle vous prend aux tripes, c'est intense et ça montre bien pourquoi ils font ce qu'ils ont à faire, avant tout les uns pour les autres", explique Kitsch, après mûre réflexion. S'il obtenait le rôle, Kitsch savait que ce ne serait pas une responsabilité à prendre à la légère. "Les actes de Murph sont bien plus éloquents que la moindre de ses paroles, et c'est primordial. Je crois qu'il était le genre de chef qui prend soin de ses hommes. Autant dire que décrocher ce rôle signifiait beaucoup pour moi". 

Il n'avait pas échappé à Kitsch qu'il allait incarner un combattant qui avait réellement existé et qui s'était illustré par ses exploits sur le terrain. Murphy a reçu à titre posthume la plus haute distinction militaire aux États-Unis, la Medal of Honor, faisant de lui la première personne à la recevoir pendant la guerre en Afghanistan. Un "destroyer" de la Navy a également été baptisé en son honneur, l'USS Michael Murphy. Par conséquent, Kitsch avait la lourde responsabilité de rendre hommage à la mémoire de cet homme. "C'est plus fort que tout, et je suis sûr que les autres ont ressenti ça eux aussi.  

On ne peut pas s'empêcher de faire son maximum pour leur rendre justice", explique Kitsch, en évoquant son sentiment de responsabilité. 

Comme Wahlberg, Kitsch savait que la présence de Luttrell sur le tournage serait un atout. "C'était fantastique qu'il soit là. Quand on accepte un tel rôle, on se demande, 'Comment Luttrell et la famille de Murph vont-ils réagir ?' Je joue son meilleur pote et leur fils, et ce sont eux avant tout qu'on veut toucher et que l'on veut entendre dire 'Merci'". 

Près de quatre ans plus tôt, Hirsch et Berg s'étaient croisés dans un club de sport dans le sud de la Californie, et Berg avait évoqué une histoire concernant Danny Dietz. Hirsch n'était pas certain d'avoir bien saisi la référence au quartier-maître, mais il était intrigué. Il a donc mené quelques recherches et découvert que ce SEAL était l'un des hommes présents dans le récit que le réalisateur voulait adapter. Ce n'est que plusieurs années après qu'Hirsch a reçu un appel lui demandant de rencontrer Berg pour un rôle dans le film. Mais la rencontre ne s'est pas avérée concluante et Hirsch sentait bien qu'il lui faudrait se battre pour décrocher le rôle. 

L'acteur évoque ce qui l'intéressait dans ce rôle d'un Transmetteur et éclaireur pour le commando : "Je voulais vraiment obtenir ce rôle, en partie par admiration pour Danny et par respect pour son engagement auprès de ses frères d'armes, de son pays et de sa famille, et pour sa grande témérité". Hirsch avait également conscience qu'être choisi pour un rôle de ce genre n'allait pas de soi. "Je voulais relever le défi, et j'ai commencé à m'entraîner et à travailler de mon côté. Je ne savais vraiment pas ce qui se déciderait. Les mois ont passé et j'étais tellement décidé que je refusais d'autres projets, mais je n'avais toujours pas le rôle. J'étais prêt à tout. J'en étais à m'entraîner six jours sur sept, quatre à cinq heures par jour". Même s'il avait déjà interprété des personnes réelles, Hirsch voyait dans cette occasion de rendre hommage à un SEAL disparu la chance de relever de nouveaux défis bien plus importants que l'entraînement physique. "Je sais combien il est primordial pour toutes les familles de voir comment les êtres aimés et disparus sont représentés dans le film. Je me suis senti une responsabilité vis-à-vis de Danny comme jamais auparavant pour un rôle. Ce n'est pas seulement un film, mais un hommage à la mémoire de ces hommes. Il nous incombait d'incarner ces SEALs avec justesse, c'est-à-dire avec respect et honnêteté. Leur esprit combatif est bien représentatif des SEALs depuis des générations. Ce sont des hommes ordinaires qui éprouvent le désir extraordinaire de réussir". 

Foster, qui a, lui aussi, joué aussi bien dans des films indépendants que dans de grosses productions, a été immédiatement sensible à l'enthousiasme du réalisateur. "C'était impossible de ne pas être ému par l'histoire extrêmement forte de ces hommes courageux", note celui qui incarne Matthew "Axe" Axelson, quartier-maître de première classe. "C'est un privilège de prendre part vie à une telle histoire et de la faire partager au plus grand nombre. On ne reçoit pas tous les jours un projet de cette envergure. Ces hommes servaient notre pays et lui ont sacrifié leur vie". 

Comme les autres acteurs, Foster a rencontré la famille et les amis d'Axe afin de mieux cerner qui était cet éclaireur et tireur d'élite. "Quelle opportunité fabuleuse de pouvoir écouter les Axelson parler de leur fils", raconte-t-il, ému. "Ils se sont montrés très accueillants et d'une générosité touchante à mon égard. Ils adorent parler de leur fils parce qu'ils l'aiment, ce qui nous fait l'aimer aussi. Nous ne pouvons pas le ramener à la vie, mais à chaque instant, nous pouvons faire de notre mieux pour lui rendre hommage". 

À l'image de Wahlberg, Foster entend incarner pleinement Axe, et non en offrir une simple imitation. "Ces hommes ont tous des personnalités différentes, mais ils partagent la même volonté", continue-t-il. "Dans ce film, nous rendons hommage à leur détermination qui tient à ceci : On ne baisse pas les bras, on pense d'abord aux autres et quand on veut vraiment quelque chose, tout est possible". 

Le travail s'est souvent avéré épuisant, mais le réalisateur a su garder l'équipe soudée grâce à son investissement dans le projet et à sa façon d'impliquer chacun. Foster s'est d'ailleurs rapidement adapté au style de Berg. "Il déborde littéralement d'énergie. On avait l'impression qu'il faisait partie du commando. Il apprécie d'être surpris. Pete est capable de tenir compte de circonstances extérieures, d'écouter les gens, de laisser tomber un élément du scénario, ou d'ajouter quelque chose de nouveau s'il est convaincu. Tout se fait en très bonne intelligence, de manière très naturelle, ce qui vous donne vraiment le sentiment de contribuer au résultat final", fait-il remarquer. 

"La pression pesait beaucoup plus sur Ben, Taylor et Emile que sur Mark", ajoute Luttrell, en faisant allusion aux trois acteurs qui incarnent ses frères d'armes. "Ils devaient parfaitement assurer car dès maintenant, chaque fois que quelqu'un prononcera le nom de Matt Axelson, on pensera à Ben Foster. Et ça vaut aussi pour Emile Hirsch dans le rôle de Danny Dietz et Taylor Kitsch pour Mike Murphy". 

Au début du film, Luttrell, Murphy et Axelson (membres du SDV-Team 1*) et Dietz (membre du SDV-Team 2*) sont basés au camp Ouelette du SEAL Team 10, sur l'aéroport de Bagram en Afghanistan. C'est aussi là que le capitaine de corvette Erik Kristensen les briefe et les voit partir en mission, et de là qu'il gère leurs transmissions. Lorsque la situation dégénère en pleine montagne, l'équipe en poste sur la base n'a aucune idée de ce qui se passe, hormis un bref rapport radio faisant état d'une attaque. Une équipe de secours est rapidement mobilisée et les militaires commencent à se mettre en mouvement. 

Eric Bana, qui a fait ses débuts à Hollywood dans LA CHUTE DU FAUCON NOIR de Ridley Scott, a apprécié la description du personnage de Kristensen et a immédiatement donné son accord. L'acteur a quitté l'Australie pour rejoindre le plateau vers la fin du tournage afin d'y tourner ses scènes et s'est rapidement mis au courant des détails techniques. 

Bana précise : "Il y a deux choses qui expliquent que cette histoire soit marquante, et ce sont les raisons qui m'ont incité à participer au film. Il y a tout d'abord l'intrigue en elle-même ; et il y a ensuite le réalisateur qui porte le projet à l'écran. Je savais à quel point Pete s'impliquerait et comment il voudrait donner vie aux Navy SEALs. Et je voulais en être. Quelle plus belle façon de rendre hommage à ces hommes si ce n'est en leur dédiant un grand film qui reste gravé dans les mémoires". 

Une fois les comédiens choisis pour les rôles principaux, Berg n'avait plus qu'à s'attaquer au tournage le plus difficile de sa carrière. Il remarque que tout le monde a fait de son mieux et s'est plaint le moins possible : "Je n'avais encore jamais travaillé sur un film qui génère un tel esprit de solidarité. Plusieurs techniciens avaient lu le livre, voulaient que Marcus le leur dédicace et lui racontaient ce que sa lecture avait signifié pour eux. Je n'avais jamais connu ça sur un tournage et c'est un cadeau précieux. Je n'avais jamais non plus travaillé avec des acteurs empreints d'un tel sens de la responsabilité et désireux de rendre hommage aux personnes qu'ils incarnent. Les acteurs ont rapidement compris qu'ils avaient un devoir envers ces hommes, et qu'ils devaient donc cerner leur tempérament et leur esprit combatif. Ils devaient y aller franchement, être authentiques, et ils étaient hyper motivés". 

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* Le SDV-Team 1 (Seal Delivery Vehicle - Equipe n°1) et le SDV-Team 2 (Seal Delivery Vehicle - Equipe n°2) sont deux équipes d'opérateurs des Navy SEALs formées à l'infiltration sous-marine par propulseur sous-marin. SEAL étant l'acronyme de Sea, Air, Land (Mer, Air, Terre), les SEALs peuvent en effet être infiltrés par la mer, par le ciel ou par la terre. 

L'union fait la force : entraînement intensif 

Pour que l'entraînement des comédiens soit optimal, la production a réuni une équipe de SEALs, et d'anciens SEALs, parmi lesquels des collègues de Luttrell parfaitement à même d'initier les acteurs dans un souci d'authenticité. Autant dire que ces derniers ont souvent qualifié leur entraînement d' "intensif". Car ils ont non seulement dû fournir un gros effort physique, mais ils ont aussi été formés au maniement des armes, aux tactiques de transmission et au fonctionnement stratégique d'une unité militaire. C'est surtout Luttrell qui a été la clé de voûte de cette période d'entraînement. "Il nous a fourni des infos extrêmement précieuses", signale le réalisateur. "Mais surtout, le fait qu'il soit présent sur le plateau a vraiment motivé toute l'équipe. Ça allait au-delà d'un simple boulot : chacun s'est investi dans ce film comme personne ! Tous les membres de l'équipe ont eu le sentiment que Marcus a su leur transmettre le goût de l'effort, la force de caractère et la persévérance. Et en retour, ils ont voulu lui montrer qu'ils pouvaient aussi se donner à fond dans le projet". 

"On leur a mené la vie dure", reconnaît Luttrell. "On leur en a fait voir et ils ont été très soudés. Ça se voyait qu'ils commençaient à nouer un vrai esprit d'équipe pendant qu'on leur faisait subir cet entraînement intensif. Et ils ont vite acquis les bons gestes, qu'il s'agisse de déplacements tactiques, de maniement des armes et de communication. Ils ont fait du bon boulot". 

Wahlberg explique qu'il s'est agi de l'entraînement le plus intensif qu'il ait jamais suivi pour un film : "L'environnement militaire, ça me connaît", dit-il. "J'ai interprété des soldats, mais là, c'était totalement nouveau. Les SEALs qui nous ont encadrés ont vraiment fait en sorte que nos gestes soient réalistes. Ils nous empêchaient de prendre la tangente et je dois dire que lorsqu'on a terminé l'entraînement, on a eu le sentiment d'avoir achevé une bonne partie du tournage. Mais ça ne faisait que commencer…" Kitsch, présent à Newfoundland pendant deux mois avant le début du tournage, a entamé l'entraînement équipé d'une armure de protection et d'un gilet lesté d'environ 20 kg. "Je pensais alors que j'étais prêt", dit-il en riant. "Et puis quand on est arrivé sur place encadrés par les SEALs, on s'est rendu compte qu'on n'avait encore rien vu. On s'est entraînés au tir pendant les trois premiers jours et ça ne rigolait pas ! Il fallait qu'on assimile autant de gestes que possible, et aussi vite que possible. On n'a pas arrêté une minute". 

L'acteur a aimé découvrir l'état d'esprit des SEALs sur le terrain. "Ces types-là ne se soustraient jamais au combat car ils veillent constamment les uns sur les autres", reprend-il. "Ils n'abandonnent jamais, et Murph incarne cet état d'esprit. Il se sacrifie littéralement pour que ses trois camarades puissent poursuivre le combat. Pendant l'entraînement, j'ai appris à connaître le tempérament de Murph. Et je crois que mon personnage lui ressemble beaucoup". 

Grâce à cette phase d'initiation, les acteurs pouvaient incarner des SEALs de manière réaliste. En les plongeant dans des situations proches de rafales de coups de feu et en leur permettant d'acquérir des réflexes défensifs, la production a fait en sorte que les comédiens puissent se concentrer sur d'autres aspects de leurs personnages. Car en étant environnés des membres du SEAL au quotidien, les acteurs ont cerné les hommes qu'ils étaient censés camper et l'attitude qu'il s'agit d'adopter lorsque sa vie est en danger. Foster précise : "On s'exerçait au tir et on apprenait à fonctionner de manière tactique en tant qu'unité. Je ne connaissais même pas le nom des armes au départ ! Mais vers la fin, on rechargeait nos armes sans même les regarder et on tirait". Mais le plus difficile a été d'apprendre à garder son sang-froid face au danger : "La culture du Sniper est unique au monde", dit-il. "Il faut être calme et patient. Et ce n'est pas franchement mon tempérament". 

Foster s'interroge sur ce qu'il observait de l'entraînement et de la personnalité des SEALs. "Cela a très peu de chose à voir avec le fait d'être un guerrier d'élite. Il s'agit plutôt de se mettre à l'épreuve en permanence : jusqu'où vous est-il possible d'aller ? Pourrez-vous continuer jusqu'au bout ? À chaque moment, les instructeurs vous disent que vous en serez incapable. Mais l'objectif est de ne jamais abandonner. Très peu y arrivent. À la fin, tous les candidats passent par une phase de sélection impitoyable et il ne subsiste que ceux dotés d'un mental à toute épreuve." 

Hirsch reconnaît néanmoins que, aussi éprouvant qu'ait pu être cet entraînement physique, il est dérisoire à côté de ce qu'endurent les hommes du SEAL. 
"On a surtout été initiés au maniement de carabines M4", dit-il. "On a appris à tirer comme des policiers avec de vraies balles. C'était dangereux, mais on s'est aussi amusés. Ça tirait sur les genoux car il fallait souvent s'accroupir, mais c'était vraiment sympa d'être avec ces types-là. En tout cas, on apprend rapidement à faire confiance à ses partenaires. Et même si je me suis entraîné sept jours sur sept, 24 heures sur 24, ce n'est rien du tout en comparaison de ce que subissent les apprentis SEAL pendant le stage BUD/S1*. Les gars du SEAL qui s'entraînaient n'arrêtaient pas de nous pousser à dépasser nos limites". 

Mais les acteurs étaient aussi censés ressembler à d'authentiques membres du SEAL. La chef-costumière Amy Stofsky a donc dû faire en sorte que les tenues militaires soient conformes à ce que portaient les soldats en 2005, d'autant plus qu'elles n'existent plus aujourd'hui. Par conséquent, il lui a fallu adapter les uniformes et faire fabriquer les insignes correspondant à l'époque. 

Obsédé par le détail, Berg a collaboré avec Luttrell et l'équipe d'Amy Stofsky pour que les blessures des hommes soient aussi réalistes que possible. Il a ainsi demandé à consulter les rapports d'autopsie des soldats tués au combat afin de ne pas trahir leur mémoire. Avec l'aide des deux superviseurs effets maquillage Gregory Nicotero, lauréat de quatre Emmy, et Howard Berger, oscarisé, le réalisateur était conscient qu'il allait pouvoir apporter la plus grande authenticité à sa représentation de l'action et des sacrifices des hommes du SEAL. 

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* Pour Basic Underwater Demolition/SEAL (Destruction sous-marine/SEAL). Ce stage représente un cycle d’enseignement de sept mois, divisé en plusieurs phases d’instruction ou d’épreuves dont chacune est éliminatoire., Il précède la célèbre Semaine d’Enfer, qui voit la plupart des candidats à la sélection SEAL être éliminés [NdT]. 

Tournage au Nouveau-Mexique : 

Le travail sur les décors 

Le cinéaste n'a jamais perdu de vue qu'en retraçant l'histoire de Luttrell, une immense responsabilité pesait sur ses épaules – ce qu'il n'a cessé de rappeler à ses acteurs et techniciens tout au long du tournage. En s'entourant du chef-opérateur Tobias Schliessler, du chef-décorateur Tom Duffield, de la chef-costumière Amy Stofsky et du chef-monteur Colby Parker, Jr., Berg a entamé la reconstitution du parcours des hommes du SEAL Team 10. 

Le producteur Emmett ne tarit pas d'éloges sur le souci du détail qui anime l'équipe du cinéaste : "En débarquant sur le plateau, on avait le sentiment d'être projeté à l'autre bout du monde", dit-il. "Je tire mon chapeau à l'ensemble des techniciens qui ont réussi un tel exploit. Chacun d'entre eux, dans son domaine, a su restituer l'atmosphère des combats avec une minutie extraordinaire. J'espère que ce film pourra rendre l'hommage qui est dû à ces hommes courageux et à leurs familles". 

Les Montagnes Sangre de Cristo 

Après plusieurs années de préparation et des mois d'entraînement, le tournage a commencé en octobre 2012 dans les montagnes Sangre de Cristo au nord de Santa Fe, au Nouveau-Mexique. "On s'est surtout consacré à repérer des montagnes, des falaises et des pitons rocheux", note Duffield. "Cela nous a occupés pendant près de la moitié de la prépa". 

L'équipe a passé huit jours de 3300 à 3600 m d'altitude, au sommet des montagnes, à plusieurs emplacements comme Antenna Ridge, Raven’s Ridge, Benny’s Jump et Loggers Cliff. La température avoisinait en permanence les 3 ou 4°C. Au total, pour camper l'Hindou Kouch, chaîne montagneuse de l'Afghanistan, la production a tourné dans différents lieux du parc national. Uniquement accessibles par télésièges, puis à pied, les sites les plus enclavés étaient plongés dans un silence uniquement perturbé par le bruit du vent dans les pins et le battement des ailes d'oiseaux de proie. Il arrivait fréquemment que le 1er assistant réalisateur, situé au pied de la falaise, communique avec les acteurs, qui se trouvaient en altitude, par le biais d'un mégaphone. En raison d'un terrain rocailleux et de pentes extrêmement raides, aucun matériel de tournage traditionnel – grues ou Dolly – ne pouvait être acheminé sur place. Du coup, plusieurs plans ont été réalisés par les cadreurs harnachés aux remontées mécaniques, ce qui leur permettait de surplomber la scène. 

Si c'était là un vrai défi pour les acteurs et les techniciens, personne ne se plaignait. "Il y a bien eu un jour ou deux où j'avais envie de baisser les bras", indique Wahlberg. "Mais en se souvenant de ce que ces gars – Marcus, Axe, Murphy et Dietz – ont subi, sans parler de ceux qui étaient à bord de l'hélicoptère, on s'est dit qu'il était de notre devoir de prendre sur nous et de tenter de leur rendre hommage". Kitsch acquiesce : "C'est une expérience qui nous dépasse tous, et c'est l'état d'esprit qui régnait sur le plateau. Ce que notre équipe a accompli était délirant ! Car ces types-là devaient trimballer du matériel en affrontant des températures négatives, les rochers, les falaises et les pitons rocheux – et jamais on ne les entendus se plaindre". 

La reconstitution de villages à Chilili 

L'équipe a ensuite quitté les montagnes abruptes de Sangre de Cristo pour s'installer à Chilili, au Nouveau-Mexique, terrain concédé par le Mexique à environ 65 km au sud-est d'Albuquerque. Comédiens et techniciens ont tourné dans cette région boisée pour certains combats et le département artistique y a construit les villages chah et pachtoun où Gulab cache Luttrell et où l'opération de sauvetage par hélicoptère SEAL a lieu. Pour simuler les attaques au lance-roquettes et les impacts de balles qui se produisent sur les routes alentour, l'équipe effets spéciaux de Bruno Van Zeebroeck a dû aménager spécialement les villages. 

Les Pachtouns, première communauté d'Afghanistan, se répartissent en tribus sunnites et chiites et parlent le pachtoun et le dari. La plupart d'entre eux sont désormais au Pakistan, après avoir fui la guerre dans leur pays natal. Les autres communautés afghanes, qui ont dans leur grande majorité combattu les Talibans, comprennent les Tadjiks, les Hazaras, les Ouzbeks et les Nouristanis. 

Dans un même souci d'authenticité, deux frères afghans, Muhammad Nawroz Rahimi et Nawaz Rahimi, ont été engagés comme consultants techniques sur le tournage. Ils ont ainsi collaboré avec les comédiens et les départements costumes – ainsi qu'avec des figurants interprétant les villageois et les combattants talibans – pour leur permettre de mieux appréhender la langue, les traditions et les méthodes de combat. Leur père, Zarin Mohammad Rahimi, originaire de la région qui s'est réfugié aux États-Unis pour fuir les Talibans, a non seulement été consultant lui aussi, mais il a campé le berger le plus âgé de la communauté au cours d'une scène-clé où les SEALs sont découverts. "Il y a tellement de tribus différentes en Afghanistan qu'on a dû faire pas mal de recherches", note Amy Stofsky. "Nos consultants nous ont apporté une aide inestimable". 

La base aérienne de Kirtland et le tournage en studio 

Au début du film, nos quatre hommes vivent dans une enceinte militaire avec leurs collègues SEAL, à l'instar de Fontan, Healy, Kristensen, Lucas, McGreevy, Jr., Patton, Suh et Taylor. Ils faisaient partie des 16 membres des Opérations Spéciales, envoyés à bord d'un hélicoptère MH-47 Chinook – 8 Navy SEALs et 8 aviateurs des Night Stalkers" – pour venir en aide aux quatre hommes du SEAL qui se trouvent dans une mauvaise posture. Malheureusement, l'hélicoptère a été abattu lors de la tentative de sauvetage et les 16 hommes y ont perdu la vie. 

Contrairement au reste des troupes de la base aérienne de Bagram qui dormaient sous la tente, les SEALs étaient logés dans des baraquements en contreplaqué comprenant chambrées, salle de musculation, salle de télévision et Centre Tactique des Opérations (TOC). C'est là que les hommes préparent leur mission, mettent au point leur matériel et se livrent à des compétitions amicales, en attendant avec impatience le mot d'ordre pour passer à l'action. 

Tout comme la véritable base afghane, le plateau du Campement d'Ouellette a été construit à partir de conteneurs et de gabion HESCO (treillis métallique) sur la base militaire de Kirtland, à Albuquerque. Le site a été choisi pour ses paysages désertiques, ses pistes d'atterrissage et ses vastes espaces pouvant accueillir véhicules de transport militaires et hélicoptères, ajoutant encore à l'authenticité du film. L'autorisation de tourner sur une base aérienne en état de fonctionnement et de mobiliser avions et pilotes a nécessité de longues négociations avec des représentants du gouvernement et de l'armée. Le consultant militaire et expert en sécurité Harry Humphries, lui-même ancien du SEAL, avait déjà collaboré avec Berg pour HANCOCK et LE ROYAUME : pour DU SANG ET DES LARMES, il a été engagé comme producteur associé afin de régler les détails logistiques. Et bien entendu, il s'est agi de coordonner de nombreuses unités des Forces Armées. Certains jours, on comptait plus de militaires que d'acteurs et de techniciens sur le plateau. 

Les SEALs étant les protagonistes du film, c'est la Navy qui a piloté les opérations tout au long du tournage. De son côté, l’US Air Force (le 58ème Escadron d'Opérations Spéciales de Kirtland) a fourni deux hélicoptères HH60G Pave Hawks pour la scène de la mission de sauvetage du village pachtoun de Gulab. Tandis que Luttrell embarque à bord de l'un des hélicoptères, le second est là en appui aérien rapproché. Pilotés par des militaires professionnels, ces hélicoptères ont décollé de Kirtland pour se rendre à Chilili le jour où la séquence du sauvetage a été tournée. L'Armée a fourni deux MH-47 Chinooks et deux hélicoptères d'attaque AH-64 de la 1ère Division de Cavalerie qui ont été acheminés depuis Fort Hood, au Texas : ils ont ensuite été utilisés pour les scènes du Campement d'Ouellette construit à Kirtland. Quant aux Marines, ils ont fourni des véhicules et 30 militaires de réserve pour les séquences de la base aérienne de Bagram et celles de Jalalabad, tournées en réalité à Kirtland. Au bout de deux semaines à Chilili et de cinq jours sur la base aérienne, l'équipe s'est installée en studio pour les scènes d'intérieur et les séquences filmées sur fond bleu. En général, les équipes de tournage considèrent le travail en studio un rien ennuyeux, mais cette fois-ci, comédiens et techniciens étaient ravis d'avoir quelques jours de permission ! "J'avais hâte de quitter Chilili et cette région accidentée pour me retrouver en studio, même si, une fois sur place, le rythme ralentit", avoue Wahlberg. 

Sur le plateau I-25 des studios d'Albuquerque, le département artistique a construit la maison de Gulab et les intérieurs du campement d'Ouellette, comprenant les dortoirs, la salle de télévision et la salle de commandement stratégique. La production a utilisé des fonds bleus pour représenter une partie du fuselage d'un MH-47 Chinook sur un cardan et une falaise montagneuse bâtie sur le parking du studio. 

Lorsque le tournage s'est achevé en novembre 2012 à Albuquerque, au bout de 40 jours, l'atmosphère était un peu mélancolique. Malgré des conditions très difficiles, l'histoire et le déroulement du tournage ont laissé un souvenir inoubliable à toute l'équipe. D'ailleurs, Luttrell était présent sur le plateau le dernier jour : "Marcus était juste à côté de moi", conclut Wahlberg, "et je l'ai regardé et il m'a dit – 'c'est à peu près comme ça que ça s'est terminé'. J'avais une boule dans le ventre en pensant à ce qu'il avait dû affronter et à l'émotion qu'il devait éprouver en voyant son histoire reconstituée dans un film".

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