dimanche 14 octobre 2012

Back to the future 





Science-fiction/Action/Solide, original, inventif 

Réalisé par Rian Johnson 
Avec Bruce Willis, Joseph Gordon-Levitt, Emily Blunt, Paul Dano, Piper Perabo, Jeff Daniels, Pierce Gagnon, Xu Qing, Tracie Thoms, Noah Segan... 

Long-métrage Chinois/Américain 
Durée: 01h50mn 
Année de production: 2012 
Distributeur: SND 
Page facebook: https://www.facebook.com/Looper.lefilm 

Date de sortie sur les écrans U.S.: 28 septembre 2012 
Date de sortie sur nos écrans: 31 Octobre 2012 


Résumé: Dans un futur proche, la Mafia a mis au point un système infaillible pour faire disparaître tous les témoins gênants. Elle expédie ses victimes dans le passé, à notre époque, où des tueurs d’un genre nouveau (les "Loopers") les éliminent. Un jour, l’un d’entre eux, Joe, découvre que la victime qu’il doit exécuter n’est autre que… lui-même, avec 30 ans de plus. La machine si bien huilée déraille…

Bande annonce (VOST)


Ce que j'en ai pensé: Je vous le dis tout de suite, ‘Looper’ m’a beaucoup plu. Voilà un film de science-fiction qui ne fait pas de surenchère en effets spéciaux et qui base sa réussite sur un très bon scénario et un excellent casting. 
L’histoire présente deux futurs, un ‘proche’ (2044) et un ‘lointain’ (2070). Il s’agit de futurs crédibles. Il y a eu des avancées technologiques et des reculs économiques, mais ce monde futuriste est reconnaissable. 
Je n’ai pas vraiment envie de vous décrire plus en détail l’histoire du film (le résumé suffit), car je trouve que c’est une excellente surprise à découvrir. Soyez sûr que même si elles paraissent compliquées à certains moments, les intrigues sont compréhensibles et expliquées. 
‘Looper’ se distingue nettement par l’originalité et l’intelligence de son scénario. Il suffit d’être attentif dès le départ et de se laisser porter par le film. A la fin, tout est clair sur les intrigues principales. Après, on se pose des questions sur certains personnages  et faits secondaires. C’est aussi un des intérêts majeurs de ‘Looper’. A la sortie du film, vous ne pourrez pas vous empêcher d’en discuter avec ceux qui l’auront aussi vu pour partager votre opinion et discuter des théories de chacun. C’est de la science-fiction! Ça sert à ça!
Attention, je signale quand même qu’il y a de la violence brute. Le futur ne laisse pas beaucoup de place à la confiance et à l’appréciation de l’autre dans ce scénario. Il faut dire que les criminels ont pris le pouvoir… 
J’ai bien aimé la réalisation car le film ne fait pas grand film de studio et pourtant il en a tous les ingrédients. ‘Looper’ est blockbuster déguisé en film indépendant. Quelques scènes sont géniales visuellement. Il y a beaucoup de suggestions et c’est très bien fait car, en ce qui me concerne, j’y ai cru et je suis rentrée dans l’histoire. En plus, d’un scénario très intéressant et d’une réalisation solide, ‘Looper’ bénéficie d’un excellent casting.

A sa tête, on retrouve :
- Joseph Gordon-Levitt, qui interprète Joe, le looper qui laisse échapper son lui plus âgé. Comme à son habitude, il est excellent. Il est grimé de manière à ressembler à Bruce Willis jeune et le maquillage, réalisé par Kazuhiro Tsuji, est particulièrement réussi. De plus, il n’imite pas Bruce Willis mais ajoute à son jeu des intonations, regards et attitudes de l’acteur. Par moment, c’est bluffant !



- Bruce Willis, qui interprète Joe avec 30 ans de plus. Les traits de caractères du jeune Joe se retrouve bien dans son personnage. Bruce Willis est tout à fait dans son élément dans ce rôle.



- Emily Blunt,  qui interprète Sara, la maman du petit Cid, est touchante.


- Paul Dano, qui interprète Seth, un autre looper, ami de Joe, a un petit rôle mais comme toujours il marque le film par sa présence.


Jeff Daniels, qui interprète Abe, le patron des loopers. C'est un acteur qu’on ne voit pas assez souvent au cinéma !

- Le petit Pierce Gagnon, qui interprète Cid. Je l’ai trouvé sidérant de justesse.

- Noah Segan, qui interprète Kid Blue, un porte-flingue malchanceux et déterminé.

- Piper Pirabo, interprète Suzie, une ‘danceuse’ qui aime bien Joe.


Je ne vais pas vous dire que ‘Looper’ est parfait, mais c’est un très bon film de science-fiction. Il vous étonnera, vous surprendra et vous permettra de passer un super moment au cinéma. Je vous le conseille fortement.
J’ai trouvé ce petit glossaire bien utile avant la projection pour comprendre quelques termes spécifiques au film. Je vous le propose mais il n’est pas absolument nécessaire si vous souhaitez en savoir un minimum avant de voir le film.
Looper : Tueur de seconde catégorie qui travaille pour la mafia du futur. Ses victimes sont envoyées à son époque et il est chargé de se débarrasser de leur cadavre.
Porte-flingue : Gangsters beaucoup mieux entraînés, les Porte-flingues exercent leur pouvoir sur leur territoire. Ils ont tendance à mépriser les Loopers qu’ils considèrent comme des ploucs.
Mousqueton : Arme à feu assez rustique utilisée par les Loopers. Si elle est assez puissante, elle dispose de très peu de précision puisqu’elle ne peut pas tirer sur une cible située à plus de dix mètres.
Flingue : Terme générique pour désigner un revolver, il s’agit aussi de l’arme à haut calibre, puissante, précise et fiable des Portes-flingues.
Métapsychique : En 2040, environ 15% de la population a acquis des facultés métapsychiques. Il ne s’agit pas d’un superpouvoir, mais d’un don banal et peu utile qui sert surtout à frimer dans les bars.
« Refermer sa boucle » : Clause qui figure dans tous les contrats des Loopers et qui stipule que ces derniers devront peut-être, un jour, tuer leur futur soi-même, mettant ainsi un terme au contrat. Les Loopers empochent alors une importante somme d’argent et effacent toute trace de cet arrangement illégal avec leur futur employeur.

Affiche alternative de Looper 
réalisée à la demande de SND 
par le graphiste américain Richard Davies.

L’affiche  a un look un peu « vintage » 
en référence au film se déroulant 
dans deux époques différentes. 2044 et 2070.


J'ajoute les notes de production du film. Comme d'habitude, elles contiennent des spoilers aussi il vaut mieux les lire après avoir vu le film!

Tueur à gages, Joe (Joseph Gordon-Levitt) découvre que sa prochaine victime n'est autre que lui-même … dans une vingtaine d'années. Dans ce thriller d'anticipation signé Rian Johnson, situé en 2044, le voyage à travers le temps est contrôlé par la mafia – dans un but bien particulier. Comme l'explique Gordon-Levitt, "les gangsters utilisent le voyage à travers le temps pour éliminer leurs victimes : ils envoient leur proie dans le passé où un tueur à gages, qu'on appelle un 'Looper', est payé par de futurs gangsters pour l'assassiner, puis pour se débarrasser du cadavre". 
Mais les ennuis commencent pour Joe lorsqu'il "laisse la boucle se refermer", signale Bruce Willis. "Autrement dit, quand on est dans une telle situation, c'est qu'au moment où on est prêt à accomplir sa mission, on se retrouve face à soi-même mais avec quelques années de plus et que, pour une raison X ou Y, on laisse cet autre soi-même prendre la fuite", poursuit la star. "Cela n'arrive pas souvent parce que, si tout se passe bien, cet autre soi-même est censé avoir un sac sur la tête, être bâillonné et attaché. On se contente alors de l'abattre sans savoir de qui il s'agit. Mais mon personnage se pointe devant son autre soi-même plus jeune, sans être attaché et sans sac sur la tête. Je réussis à le maîtriser et à prendre la fuite".

LOOPER réunit de nouveau Gordon-Levitt et Johnson qui sont restés amis depuis qu'ils ont collaboré sur BRICK, il y a quelques années. "On s'est rencontrés il y a près de dix ans", note l'acteur. "Peu après le tournage de BRICK, il m'a parlé du projet de LOOPER. Au final, il a écrit le personnage principal pour moi, et je me sens d'autant plus flatté que c'est la première fois que cela m'arrive". 
"Quand j'ai évoqué ce projet avec Joe, juste après BRICK, il n'était pas du tout abouti", signale le réalisateur. "Ce qui m'intéressait, c'est la situation délicate dans laquelle se retrouve Joe puisqu'il est conscient de ce que lui réserve l'avenir, et qu'il doit faire un choix moral qui orientera sa vie par la suite". 
Quant au personnage de Bruce Willis, il vit à une époque où la condition humaine s'est largement détériorée. Si les années 2040 sont déjà marquées par une dégradation des conditions de vie, la décennie 2070 a vu les syndicats du crime organisé prendre le contrôle du monde. "Tout est passé sous le contrôle d'un type surnommé le 'Rainmaker' (le Faiseur de Pluie)", souligne l'acteur. "Il organise des exécutions massives et fait régner la terreur. Or, mon personnage sait où se trouve le Rainmaker à l'époque où vit Joe jeune. Quand je remonte le temps, je me suis fixé la mission de traquer le Rainmaker et de modifier ainsi le cours de l'avenir. Mais bien entendu, rien ne se passe jamais comme prévu".

Le producteur Ram Bergman – qui a déjà collaboré avec le cinéaste pour BRICK et UNE ARNAQUE PRESQUE PARFAITE – évoque le plaisir qu'il a à travailler avec un auteur comme Johnson. "Il est doué et adorable", affirme Bergman. "En général, Rian me fait part de son idée, et puis il travaille à partir de là. Il écrit plusieurs versions du scénario, sur lesquelles je fais des remarques, et quand on sent qu'on tient une version satisfaisante, on cherche les financements pour que Rian puisse tourner le film à sa façon. Mon boulot consiste à lui donner les moyens de concrétiser son projet et sa vision du film". 
De même, le producteur James D. Stern collabore de nouveau avec Johnson, après UNE ARNAQUE PRESQUE PARFAITE. "Rian a un style qui n'appartient qu'à lui", dit-il. "C'est ce qui le distingue des autres. Il crée des univers très personnels et sans concession. Les spectateurs ne s'y trompent pas, et ce lien qu'il arrive à établir avec son public est primordial. Quand j'ai découvert le scénario, j'étais non seulement enchanté à l'idée de retravailler avec Rian (et Ram), mais aussi de m'atteler à un film aux multiples rebondissements qui offre plusieurs niveaux de lecture".

Pour son univers, le réalisateur souhaitait privilégier la sobriété. "On entre dans la machine à remonter le temps dans les années 2070 et on se retrouve trente ans plus tôt, à un moment bien défini", souligne-t-il. "Cette machine parcourt une période de temps bien déterminée, et il est impossible d'en modifier les paramètres. Du coup, au fur et à mesure qu'on avance dans le temps, le moment auquel une personne est ramené dans les années 2040 se déplace lui aussi d'autant". 
Dans ce monde inventé par Johnson, le voyage dans le temps est illégal, si bien que le phénomène n'est pas parfaitement compris ou étudié. Peu importe : la mafia sait, elle, que c'est un système qui fonctionne. "Dans cette époque du futur, les gens les plus intelligents ont appris à s'en méfier", explique Johnson. "C'est en partie pour cela que le voyage dans le temps a été proscrit – qu'il s'agisse du 'paradoxe de Barjavel' ou de l'effet papillon, personne ne sait vraiment ce qui pourrait se passer si on s'en servait. Tout ce qu'on sait, c'est qu'il s'agit d'un phénomène extrêmement dangereux avec lequel il vaut mieux ne pas jouer, et que même la mafia ne l'utilise que dans un but bien précis. C'est l'une des raisons pour lesquelles il est absolument essentiel que les 'boucles' temporelles que l'on crée, et qui sont destinées à être bouclées, le soient effectivement, car tel ou tel individu venant du futur et projeté dans le passé se retrouve lâché dans la nature. Et les conséquences sont alors imprévisibles…" 
Les "Loopers" – ces tueurs à gages peu intuitifs censés liquider les victimes de la future mafia – sont au coeur de l'intrigue. "Les 'Loopers' ne sont pas les types les plus futés qui soient", affirme Gordon-Levitt. "Quand leur proie surgit d'on ne sait où, ligotée, ils n'ont qu'à la tuer. La seule chose qu'il leur faut, c'est la volonté de risquer leur vie puisque, au bout du compte, les futurs gangsters, pour 'boucler la boucle', leur enverront leur futur soi-même qu'ils devront abattre à leur tour". L'arme préférée des Loopers est le mousqueton. "Il est parfaitement adapté à la mission des Loopers, autrement dit, tirer sur un homme ligoté à 3 mètres de distance", reprend Gordon-Levitt. "Il ne permet pas de tirer sur une cible éloignée, et il n'a aucune précision, mais on ne peut pas rater sa proie si elle est tout près". "Le mousqueton est une arme épouvantable", ajoute Johnson. "Il s'agit, au fond, d'un tube de métal capable de tirer quelques coups. Mais si on doit abattre un type ligoté, avec un sac sur la tête, qui se trouve juste devant soi, c'est l'arme idéale".

"Les Loopers ne sont pas vraiment de bons tireurs, mais plutôt des techniciens", indique Paul Dano, qui joue l'un d'entre eux. "La mafia a fait en sorte que leur tâche soit la plus simple possible, comme s'ils étaient ouvriers à la chaîne et qu'ils n'avaient qu'à appuyer sur un bouton". 
Ces gangsters peu futés n'ont rien à voir avec les Porte-flingues, beaucoup plus doués, qui sont bien entraînés et qui disposent de meilleures armes. "Les Porte-flingues incarnent le bras armé de la mafia à l'époque actuelle", déclare Johnson. "Si les Loopers sont au bas de l'échelle, les Porte-flingues sont ceux qui détiennent la force et qui contrôlent la ville. Ils ont d'énormes revolvers qui sont de véritables armes de précision et qu'on peut débloquer très facilement s'ils s'enrayent. Ce sont des pistolets qui en imposent".

LE CHOIX DES ACTEURS

Dans le film, Joe (Joseph Gordon-Levitt) est un "Looper". Lorsque les futurs gangsters veulent se débarrasser de quelqu'un, ils l'envoient dans le passé où Joe est censé le liquider. Car après tout, peut-on rêver meilleur endroit pour dissimuler un cadavre que le passé ? Tout va bien pour Joe jusqu'au jour où la mafia décide de "boucler la boucle", autrement dit, de lui envoyer son futur soi-même pour qu'il l'abatte. 
Parallèlement, en 2074, Joe âgé (Bruce Willis) est un homme aguerri par les années. Mais quand les gangsters qui dirigent désormais la ville tentent de "boucler sa boucle", il ne se laisse pas faire. Il échappe à son autre soi-même, dans sa version jeune, et désormais, Joe mûr est pris en chasse par son incarnation d'autrefois, tout en cherchant à modifier son avenir.

Trouver deux interprètes – l'un plus jeune, l'autre plus âgé – du même personnage était un défi intéressant à relever pour la production. Et plutôt que de chercher deux comédiens qui se ressemblent physiquement, ils ont préféré choisir les acteurs correspondant le mieux aux rôles. "J'avais écrit le rôle de Joe jeune avec Joseph Gordon-Levitt en tête car il est non seulement mon comédien préféré, mais aussi un très bon ami, et on avait envie de retravailler ensemble", rapporte Johnson. "Quand on a su que Bruce Willis était intéressé par le rôle de Joe mûr, j'ai été ravi parce que c'est un formidable acteur et qu'il correspond au personnage à plus d'un égard. En revanche, ce qui nous a posé problème, c'est qu'ils ne se ressemblent pas du tout. On a donc dû trouver une solution, et cela s'est fait en deux temps".

"Tout d'abord, on a eu recours au maquillage", poursuit le réalisateur. "Joseph Gordon-Levitt a dû subir trois heures de séances de maquillage et d'application de prothèses par jour pour lui modifier son nez, et ses lèvres. Il était impossible de le faire ressembler à Bruce Willis jeune, mais on s'est dit qu'on pouvait retravailler quelques traits saillants de son visage pour que ce soit crédible pour le spectateur". "J'ai eu le plaisir de travailler avec Kazuhiro Tsuji, sans doute le meilleur maquilleur effets spéciaux du monde", note Gordon-Levitt. "Ce type est un magicien. On ne dirait pas que je suis maquillé, même si je passais trois heures tous les matins à me faire retoucher le nez, les lèvres, les sourcils, et les oreilles. Sans oublier les lentilles de contact que je devais porter. Il ne s'agissait pas de me faire ressembler à Bruce Willis car on est totalement dissemblables, mais on a fait en sorte que le spectateur ne s'attache pas à ce genre de détails et qu'il accepte l'idée qu'on incarne le même personnage à trente ans d'écart".

Mais le maquillage ne suffisait pas. "Dans un deuxième temps, c'est l'interprétation de Joe – à 90% - qui fait toute la différence", renchérit Johnson. "C'est extraordinaire de voir à quel point il ne cherche pas à imiter Bruce : il invente un personnage qui donne le sentiment qu'il s'agit de Bruce avec plusieurs années de moins. Il a pris une voix bien particulière et il a adopté plusieurs gestes spécifiques à Bruce. C'est une grande leçon d'acteur et un phénomène vraiment inouï à observer". 
"Je ne voulais pas faire une imitation de Bruce Willis, et d'ailleurs ce n'est pas vraiment mon truc", ajoute Gordon-Levitt. "Je voulais créer un personnage dont on puisse dire qu'il incarne la jeunesse de ce type-là et réussir à évoquer la personnalité de Bruce en filigrane. Bruce est un homme très discret et, du coup, quand je l'ai vu me regarder avec étonnement, j'ai été ravi. À un moment donné, il m'a dit, 'Bon Dieu, quand je t'entends, on dirait moi !' J'ai essayé de rester calme – je lui ai simplement dit, 'oh, merci, camarade !' – mais intérieurement, je me suis dit, 'Génial !'".

Bruce Willis souligne qu'il a été impressionné par la prestation de Gordon-Levitt. Il évoque une scène en particulier : "On était assis à une table et Joe était en face de moi", se souvient-il. "J'étais censé lui donner la réplique, mais tout à coup, je me suis surpris à le regarder et j'ai eu un sentiment étrange : c'est vraiment bizarre d'avoir quelqu'un en face de soi qui vous ressemble, mais en plus jeune. C'est un formidable acteur : j'adore sa manière de travailler et je suis emballé par son jeu dans ce film. Il a réussi à adopter mon phrasé et mon élocution, ce qui était à la fois étrange et vraiment judicieux". 
"On a pris un plaisir incroyable à tourner cette scène", reprend Johnson. "On avait ces deux grands comédiens, assis l'un en face de l'autre, qui étaient en pleine discussion, et c'était un spectacle enthousiasmant. On se rapprochait de la fin du tournage et, jusque-là, on avait surtout travaillé avec Joe et Bruce séparément, si bien que c'était exaltant de les avoir réunis dans la même scène". 

Emily Blunt campe Sara, jeune mère de famille vivant dans une ferme à l'extérieur de la ville : elle jouera un rôle décisif lorsque le jeune Joe trouvera refuge chez elle. Traquée par la mafia pour avoir aidé le jeune homme à laisser sa boucle "se refermer", elle pèsera de manière déterminante sur le cours de l'avenir. 
"Quand Joe – le tueur à gages – débarque chez elle avec, de toute évidence, une idée derrière la tête, Sara se méfie bien entendu de lui", déclare le réalisateur. "Ce n'est que très progressivement, durant la deuxième partie du film, qu'elle comprend qu'il se demande seulement quelle est la bonne décision à prendre et qu'elle commence alors à lui faire confiance". 
Dans le film, Sara possède un don qui jouera un rôle-clé à l'avenir, même s'il ne s'agit – dans le temps présent du film – que d'une faculté galvaudée. "Elle a un don métapsychique", explique la comédienne. "Dans le film, les personnages possèdent ce don, mais à des degrés divers. Quant à Sara, ses pouvoirs sont assez considérables, mais bien moindres que chez d'autres personnages". 
Le réalisateur souligne que les dons métapsychiques qu'il évoque dans le film ne sont pas aussi exaltants qu'on pourrait s'y attendre. "Au départ, il s'agissait d'une mutation génétique : le grand public s'en est emparé et les médias ont tous fait leur Une sur le phénomène", dit-il. "Par la suite, tout le monde s'est rendu compte que ce n'était qu'un don assez banal que les gens utilisaient pour faire le malin dans les bars, et certainement pas pour devenir des super-héros ! Sara possède cette faculté, mais elle sait en faire un meilleur usage que la plupart des gens, et c'est sans doute pour cela qu'elle a quitté la ville en emmenant son fils avec elle". 
Sara vit dans une ferme, à l'extérieur de la ville, où elle tente d'élever son enfant. "Elle a des rapports difficiles avec son fils, Cid", note l'actrice. "Il ne l'appelle pas 'maman', mais 'Sara', ce qui la meurtrit profondément à chaque fois. Elle essaie de rétablir un lien avec lui, et de lui transmettre ses valeurs, mais il s'y oppose systématiquement". 
Paul Dano incarne Seth, autre Looper dont la boucle s'est refermée de manière brutale. "C'est un solitaire qui a du mal à se lier avec ses collègues, mais qui s'attache à Joe", affirme l'acteur. "Je ne pense qu'il laisse sa boucle se refermer pour une raison plutôt qu'une autre. Quand il se retrouve face à son autre soi-même, plus âgé, celui-ci chante une chanson qui lui rappelle un souvenir d'enfance et qui déclenche une vive émotion chez lui. Le temps s'arrête, en quelque sorte, pour lui. Je ne crois pas qu'il puisse expliquer ce qui se passe à ce moment-là". 

Noah Segan interprète Kid Blue, le meilleur Porte-flingue qui soit. "C'est un gangster et un tueur, mais je ne pense pas que ce soit un psychopathe", note Segan. "Mais il est déterminé à accomplir sa mission à n'importe quel prix, car c'est son boulot. Il s'est entraîné et il n'est pas prêt à baisser les bras". 

Pour Suzie, le réalisateur a fait appel à Piper Perabo. "Suzie travaille dans un dancing, et elle reçoit ses clients dans les loges", déclare la comédienne. "Les Loopers ne figurent pas parmi ses meilleurs clients – certains soirs, ils n'ont même pas le droit d'entrer dans le club – mais elle voit Joe de temps en temps, et ils ont une drôle de relation tous les deux. C'est un type plutôt bien, comparé aux autres tueurs avec lesquels elle couche. Il se dégage une tendresse chez cet homme qui lui permet de souffler un peu pendant quelques instants". 

Enfin, Jeff Daniels campe Abe, caïd de la mafia au temps présent. "C'est ce mafieux à la petite semaine qui tient la ville", précise Johnson. "Il incarne une sorte de figure paternelle pour Joe. Il dirige ses Porte-flingues et il contrôle la ville. Mais en réalité, Abe vient du futur. Il a été renvoyé dans le passé pour encadrer les Loopers et les tenir en respect. Comme il s'ennuyait, il a créé sa petite bande et désormais il contrôle la ville". 
"Personne ne s'attend à voir Jeff Daniels dans le rôle d'un gangster", remarque Bergman. "Même l'un de nos responsables du casting était surpris que Rian lui confie ce rôle. Mais il est formidable et il nous a tous scotchés !"

LE TOURNAGE 

Pour accompagner sa vision du film, Johnson a fait appel au directeur de la photographie Steve Yedlin et au chef-décorateur Ed Verreaux. Le film se passe dans un futur proche, ce qui permettait au réalisateur de créer un univers de science-fiction ancré dans la réalité. "Je voulais que l'intrigue se déroule à une époque suffisamment lointaine pour qu'on puisse prendre quelques libertés, mais pas non plus dans un futur si éloigné de nous qu'on n'ait plus aucun repère", explique-t-il. 
"Le futur qu'on voit dans le film est plutôt lugubre", poursuit-il. "Tout est un peu vétuste et les gens roulent toujours dans des voitures qui datent des années 2010, ce qui veut dire qu'ils ont dû les entretenir pendant trente ans". 
"Rian parle souvent de 'réalisme théâtral'", note Yedlin. "On dirait un oxymore, mais comme on travaille ensemble depuis très longtemps, et qu'on en a beaucoup parlé, cela avait un sens bien particulier : les éclairages et les sources de lumière sont naturels, mais ils sont rehaussés par un artifice théâtral". 
"On ne voulait pas que le futur soit une période de désolation absolue, ni qu'elle soit une époque de prospérité et de bonheur total", reprend Verreaux. "Il fallait qu'on comprenne que la situation de l'être humain s'est dégradée, que l'économie s'est effondrée et que les usines ne tournent plus. C'est pour cela que les voitures ont une trentaine d'années. Les gens extrêmement riches roulent dans des voitures neuves, mais la grande majorité de la population n'ont que de vieilles voitures". 
"On souhaitait que l'univers visuel soit marqué par des bouleversements sociopolitiques, bien plus que technologiques", ajoute Yedlin. 
"D'entrée de jeu, on savait qu'on ne voulait pas d'une atmosphère proche de TRON", note Stern. "On avait en tête un futur un peu rétro, marqué par un certain délabrement urbain. La moto des Porte-flingues en est un parfait exemple car, d'un côté, on dirait un deux-roues datant de la Seconde guerre mondiale, mais avec des aspects futuristes qui lui donnent un style à part". 
Au final, Johnson a souhaité faire peu appel aux technologies actuelles. "Rian privilégie les effets réels aux effets numériques", reprend-il. "Il y a quelques éléments d'infographie, mais on s'est surtout servi de l'outil informatique pour gommer les câbles en post-production, plutôt que pour ajouter quoi que ce soit. Mais pour la moto des Porte-flingues, on a installé une vraie moto sur une tige qu'on a fixée à un camion, et on a ensuite effacé la tige par ordinateur". 
Pour la machine à remonter le temps, Johnson et Verreaux se sont inspirés de livres d'histoire. "Rian m'a montré une photo de la toute première bombe atomique, surnommée 'Gadget'", déclare le chef-décorateur. La bombe possède un style rétro-futuriste, mêlant des câbles et des fils à des boîtiers disposés autour d'une grande sphère. "Dès que j'ai découvert ça, j'ai compris ce qui me restait à faire. J'ai cherché un style rétro, très dépouillé, et réaliste. Le plus important, c'était que le spectateur croie que la machine fonctionne – car de toute façon, ce qui compte en réalité, c'est de s'attacher à la progression de l'histoire". "Il fallait qu'on ait le sentiment que cette machine est fabriquée à partir de matériaux de récupération, et que cela n'a pas coûté très cher", souligne Bergman. "Elle n'a rien d'élégant ou de sophistiqué, mais elle a été rafistolée. En gros, on a fait en sorte qu'elle fonctionne tant bien que mal, rien de plus". 
Si l'essentiel du film a été tourné à la Nouvelle-Orléans, quelques scènes ont aussi été filmées en décors naturels, en Chine, pendant deux semaines. "Au départ, quand j'ai écrit le scénario, ces scènes se déroulaient à Paris", rapporte le réalisateur. "On devait donc les tourner à la Nouvelle-Orléans, en les faisant passer pour des scènes parisiennes grâce à la magie du cinéma. Et puis, notre distributeur chinois nous a proposé de tourner une partie du film à Shanghai. Et plus j'y réfléchissais, plus je me disais que c'était assez logique par rapport à l'histoire : Joe rêve de Paris, mais la Chine est une destination où un jeune homme pourrait se rendre dans l'avenir. En outre, au lieu d'essayer de faire croire qu'on était à Paris, on a tourné dans les vraies rues de Shanghai. On n'a pas mis longtemps à prendre notre décision".



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