vendredi 4 août 2017

ANNABELLE 2 : LA CRÉATION DU MAL


Épouvante-horreur/Un film soigné qui ménage quelques bons moments d'effroi, malgré des longueurs

Réalisé par David F. Sandberg
Avec Stephanie Sigman, Talitha Bateman, Lulu Wilson, Philippa Anne Coulthard, Grace Fulton, Lou Lou Safran, Samara Lee, Tayler Buck dans ses débuts au cinéma, Anthony LaPaglia et Miranda Otto

Long-métrage Américain
Titre original : Annabelle Creation 
Durée : 01h49mn
Année de production : 2017
Distributeur : Warner Bros. France

Interdit aux moins de 12 ans

Date de sortie sur les écrans américains : 11 août 2017
Date de sortie sur nos écrans : 9 août 2017


Résumé : Elle est de retour ! Encore traumatisés par la mort tragique de leur petite fille, un fabricant de poupées et sa femme recueillent une bonne sœur et les toutes jeunes pensionnaires d'un orphelinat dévasté. Mais ce petit monde est bientôt la cible d'Annabelle, créature du fabricant possédée par un démon…

Bande annonce (VOSTFR)


Ce que j'en ai pensé : ANNABELLE 2 : LA CRÉATION DU MAL est en fait la préquelle d'ANNABELLE. Il revient, comme son titre l'indique, sur les origines de la possession démoniaque de la fameuse poupée et il le fait bien. Le réalisateur, David F. Sandberg, soigne ses plans, ses ambiances et ses effets spéciaux. Il réussit par moment à créer de l'effroi chez les spectateurs. La musique, les sons et les silences sont d'efficaces complices pour y parvenir. Il y a de bonnes idées de mise en scène pour nous faire peur, même si la majorité des instants angoissants sont de grands classiques du genre. On sera donc plus ou moins sensibles à ces derniers en fonction de notre expérience de visionnage des films du même type. 

Le scénario est à la fois explicite pour raconter la raison de l'existence d'Annabelle et malin pour faire le lien entre les deux opus. Cependant, il tire en longueur et l'incohérence de certaines réactions des personnages casse le rythme. Il aurait mérité d'être un peu moins long pour gagner en impact. On s'attache malgré tout aux protagonistes et on veut savoir comment cette histoire va se finir pour eux. Le démon, porteur du Mal dans le monde des Hommes, s'en prend ici à des enfants qui représentent le bien avec leur bonté et leur innocence. Cela le déshumanise encore plus et démontre qu'on ne peut pas pactiser avec le diable. 

En terme d'atmosphère, le film est très bien travaillé. Le protagoniste principal peut être identifié comme étant la maison dans laquelle les événements se produisent : une grande demeure magnifique, à l'ancienne, avec une personnalité réconfortante et confortable de jour, puis des couloirs sombres et des recoins inquiétants de nuit. Perdue au milieu de paysages désertiques, elle accueille et isole ses habitants provocant des sentiments ambigus à son égard, jusqu'à ce qu'on ne ressente plus que de la peur en la voyant. Elle abrite tous les cauchemars qui prennent vie. Ses décors sont vraiment soignés et le réalisateur l'utilise à bon escient pour se jouer de nous à l’écran.


Les jeunes actrices sont toutes convaincantes.


Talitha Bateman interprète Janice, une enfant que sa santé vacillante fragilise. Elle fait un bon travail pour composer des attitudes totalement opposées.



Lulu Wilson interprète Linda, une excellente amie pour Janice. Elle est très expressive avec sa mignonne petite bouille.



Anthony LaPaglia interprète Samuel Mullins et Miranda Otto interprète Esther Mullins. Ce duo d'acteur est convaincant pour offrir au couple une attitude ambivalente et mystérieuse.



Stephanie Sigman, dans le rôle de Sœur Charlotte, offre aux jeunes filles une personnalité réconfortante et à l'écoute.


ANNABELLE 2 : LA CRÉATION DU MAL réussit donc à remplir efficacement sa double mission : celle d'être un long-métrage explicatif et un film proposant sursauts et moments d'angoisse. Sa réalisation respecte l'esthétique du premier opus et également celle des CONJURING. D'ailleurs sa scène post-générique fait écho à CONJURING 2 : LE CAS ENFIELD refermant ainsi habilement le cercle (de l'enfer ?).


NOTES DE PRODUCTION 
(Á ne lire qu'après avoir vu le film pour éviter les spoilers !)
"Tout est resté si calme toutes ces années. Le contact, discret au départ, a demandé à entrer dans la poupée".

Annabelle fait son retour sur les écrans, et cette fois les spectateurs vont découvrir les origines de la redoutable poupée, de son premier foyer – la chambre d’une fillette – à sa première possession d’une âme d’enfant.

Après une brève apparition terrifiante dans CONJURING, suivie du rôle principal dans son film éponyme, les producteurs ont compris que les spectateurs étaient prêts à découvrir les origines de la poupée qui les a à la fois terrorisés et fascinés. Du coup, suite au succès de DANS LE NOIR, son premier film en tant que réalisateur sorti l'an dernier, David F. Sandberg a été engagé pour prendre les rênes d’ANNABELLE 2, LA CRÉATION DU MAL. 

Il s'agit du nouveau chapitre de l’univers CONJURING de James Wan, produit par Peter Safran et Wan lui-même. J’étais déjà un grand fan de CONJURING, un film qui a tout d’un classique et qui se démarque vraiment du cinéma d'horreur contemporain, confie David F. Sandberg. Je me souviens avoir été très intrigué par cet univers et impatient de m’approprier ce registre en proposant un vrai classique du genre. Peter Safran déclare : David est un cinéaste-né et constitue un atout indéniable pour cet univers. Il sait parfaitement jouer avec nos peurs et construire la psychologie des personnages. Il a une approche globale du film, dans sa façon d’assembler toutes les pièces du puzzle, et il offre un point de vue novateur sur l’univers d’Annabelle. 

Lorsque je réalisais le premier opus de CONJURING, et qu’on était en train de concevoir la pièce remplie d’objets hantés dans la maison des Warren, je me souviens qu’avec les gens du studio et les producteurs, on s’est tous regardés, et on s’est dit : Vous savez quoi – ça serait génial de pouvoir raconter l’histoire de chacun de ces objets', se souvient James Wan, qui fait allusion aux objets confisqués par le couple tout au long de leurs enquêtes occultes. Même à l'époque, on trouvait que c’était super de faire démarrer THE CONJURING avec le personnage d’Annabelle, mais on s’est dit qu’elle avait encore beaucoup à raconter. Chaque fois que la poupée apparaissait à l’écran, ne serait-ce que quelques minutes, les gens bondissaient de leur siège. Le personnage fait réagir le public. Il était évident que les gens n’avaient pas eu leur dose d’Annabelle, poursuit Peter Safran. Ils l’adorent. 

L’une des remarques qu’on a le plus entendue était : 'Mais qui est Annabelle et d’où est-ce qu’elle vient ?' On a commencé à répondre à cette question dans ANNABELLE, mais la suite logique était de faire un prequel. Afin d’élaborer l’histoire, les producteurs ont sollicité Gary Dauberman, qui avait écrit le scénario d’ANNABELLE et avait hâte de se remettre au travail. Pour le premier film, il s’agissait d’explorer l’univers de la poupée, explique-t-il. Dans celui-ci, on a voulu fouiller son passé et essayer d’expliquer l’original du mal. Une poupée est un objet qui rend les gens heureux, pas vrai ?, ajoute-t-il. On les offre en cadeau, on les transmet de génération en génération. J’ai donc cherché à partir du même postulat pour Annabelle, en lui faisant voir le jour dans un lieu chaleureux, au sein d’une famille heureuse, afin de préparer le terrain pour établir un contraste saisissant avec tous les phénomènes atroces qui vont se produire. Étant donné que l'intrigue s'articulait autour d'un jouet, il semblait important de faire intervenir des enfants. 

Pendant une séance de brainstorming, Gary Dauberman raconte que c’est James qui a eu l’idée que les enfants soient des orphelines, et à partir de là, les bases étaient posées. Il ne me restait plus qu’à inventer les raisons qui poussent cette poupée à être si maléfique. David F. Sandberg révèle que ce sentiment de crainte envers la poupée s’est communiqué à tout le plateau. Il raconte : Même les acteurs s’en méfiaient un peu ; ils me demandaient : "Je suis vraiment obligé de la toucher ? J’ai pas trop envie de la toucher…, s’amuse-t-il. D’ailleurs, à la demande de certains acteurs, la production a sollicité les services d’un prêtre catholique afin qu’il bénisse le plateau de tournage ainsi que les poupées, comme cela avait été fait avant le début du tournage du deuxième opus de CONJURING, ainsi que de THE NUN.

Au cas où…

TROUVE-MOI…
"On s'était dit qu'on trouverait notre rédemption en aidant ces filles. On s'est retrouvés à lui donner exactement ce qu'elle attendait".

L’histoire commence au milieu des années 1940, mais l'essentiel du film se déroule une dizaine d’années plus tard, dans la deuxième moitié des années 1950, justifiant ainsi la chronologie déjà établie dans CONJURING et ANNABELLE. Et comme c’est un geste d’amour qui a donné naissance à Annabelle – l’amour d’un père pour sa fille –, Gary Dauberman a décidé de lier la sombre nature de la poupée à la plus grande tragédie qui soit : la perte d’un enfant, et les extrémités auxquelles ses parents en viennent pour dissiper leur chagrin. 

David F. Sandberg explique : La famille Mullins a traversé une terrible épreuve qu’elle n'a pas surmontée comme il aurait fallu. Elle a choisi de laisser le mal entrer dans sa vie, et désormais, pour se racheter de certains événements qui se sont produits, elle prend à nouveau une mauvaise décision. Les Mullins décident de mettre fin à leur solitude des douze dernières années en invitant six jeunes orphelines qui viennent de perdre leur seul refuge à venir vivre chez eux avec leur tutrice, une bonne sœur. C’est une mauvaise idée, ajoute David F. Sandberg, parce qu’évidemment, Annabelle aussi vit avec eux. On est tout de suite attendri quand on parle d’orphelines, estime Peter Safran. Du coup, le fait de leur offrir un tel espoir, pour ensuite les plonger dans ce contexte atroce, semblait encore plus épouvantable. Ce sont les acteurs chevronnés Anthony LaPaglia et Miranda Otto qui jouent les parents, Samuel et Esther Mullins. 

C’était une grande chance d’avoir Miranda et Anthony pour camper les Mullins, note David F. Sandberg. Ils ont une classe incroyable et ils sont toujours formidables dans chacun de leurs rôles. Le réalisateur n’était pas le seul à se réjouir qu’Anthony LaPaglia s'engage dans l'aventure. Sa fille de 13 ans était aux anges lorsqu’elle a appris que son père avait accepté le rôle. Elle m’a toujours vu jouer dans des films, raconte-t-il. Elle me demande souvent sur quoi je travaille, je lui raconte, mais ça ne suscite jamais de réaction particulière. Mais quand je lui ai dit que j’allais jouer dans ce film, elle a sauté de joie en criant : 'Il faut absolument que je raconte ça à mes amis, c’est le plus beau jour de ma vie, ça va changer ma vie !' Je ne m’étais pas rendu compte à quel point le personnage d’Annabelle était à la mode, mais une chose est sûre : ça a fait très plaisir à ma fille. C’est d’ailleurs mon premier rôle dans un film de ce genre, mais ça m’a beaucoup plu. 

Anthony LaPaglia a également apprécié de travailler avec David F. Sandberg en raison de son ouverture d’esprit, son regard neuf. La première fois que je me suis entretenu avec lui à propos du projet, on a eu une discussion très enrichissante. Il était passionnant et j’ai adoré ses idées et mon approche du personnage de Samuel lui a plu. J’étais ravi qu’il soit prêt à prendre des risques dans sa mise en scène. Miranda Otto raconte qu’elle a beaucoup aimé travailler avec David F. Sandberg. Il sait exactement ce qu’il veut et il est très clair dans ses consignes, tout en restant très patient, gentil, modeste, facile à vivre. Ça a été un plaisir de travailler avec lui. 

Miranda Otto révèle que ce sont notamment ses souvenirs d’enfance qui expliquent son intérêt pour le rôle : J’aimais beaucoup les poupées quand j’étais enfant, et je collectionnais celles qui étaient anciennes, confie-t-elle. Elle reconnaît volontiers que comme elles prennent la forme d’un être vivant, tout en étant inanimées, elles ont quelque chose de profondément perturbant. Esther, son personnage, ne partage pas son avis, du moins pas dans un premier temps. Au début du film, Samuel et Esther mènent une existence tout à fait heureuse. Il fabrique des poupées magnifiques pour les enfants, ils habitent une sublime maison ancienne avec leur jolie petite fille, Bee. C’est une famille parfaitement heureuse. 

Je le qualifie d’expert en matière de fabrication de poupées, raconte Anthony LaPaglia. Il gagne sa vie en fabriquant des poupées magnifiques. De mon point de vue, une chose qui reste assise dans un coin, les yeux ouverts, et passe son temps à vous scruter, c’est un peu perturbant. Mais Samuel est un artiste fier de ses créations et il s’entend à merveille avec sa femme et sa fille. Lui et Bee ont ce petit jeu, qui ressemble à cache-cache, sauf qu’ils s’écrivent des petits mots pour se donner des indices. Mais cette existence idyllique ne dure pas : leur Bee chérie périt dans un tragique accident. Après une ellipse de 12 ans, on retrouve un couple complètement détraqué, révèle LaPaglia. On voit bien qu’il y a quelque chose qui ne tourne pas rond. Comme tous les parents face à une situation pareille, ils sont anéantis, renchérit Miranda Otto. Mais contrairement à d’autres, ils ont décrété qu’ils étaient prêts à tout pour la récupérer… absolument tout. Ils se sont mis à prier, à invoquer n’importe quelle force supérieure qui voudrait bien leur permettre de la revoir, de sentir sa présence. Mais en faisant cela, ils ont réveillé des esprits que personne ne voudrait héberger sous son toit… Esther en particulier en a payé le prix. Douze ans après le drame, elle porte encore les stigmates physiques et mentaux de ces contacts. Du coup, pour alléger l’atmosphère sombre et déprimante qui règne désormais dans leur maison, d’après Anthony LaPaglia, et dans l’espoir que les rires des enfants feront du bien à sa femme, ils décident d’ouvrir leur porte à six jeunes orphelines. Sœur Charlotte accompagne les petites filles depuis leur orphelinat qui vient de fermer ses portes et leur sert à la fois de mère de substitution et de chaperon. 

Stephanie Sigman incarne la nonne peu orthodoxe, ancienne pensionnaire d’une abbaye dans le sudest de l’Europe. Si la religieuse a un passé trouble, elle consacre à présent toute son attention à ses jeunes protégées. Stephanie Sigman révèle que : Sœur Charlotte est une personne très enjouée et une femme forte, et c’est ce qui m’a plu chez ce personnage. Tout ce qui la préoccupe, c’est de s’occuper de ces petites filles, de ne pas les séparer, d’en faire une véritable famille. Elles n’ont pas de foyer, elles n’ont nulle part où aller. Elles emménagent donc chez les Mullins et Sœur Charlotte les invite à voir le bon côté des choses. Janice, l’une des plus jeunes des petites orphelines, semble avoir le plus besoin d’attention. Janice et Charlotte ont une relation privilégiée, comme on en connait tous avec certaines personnes, souligne Stephanie Sigman. On ne peut pas dire que Charlotte ne se préoccupe pas des autres fillettes, mais elle passe simplement un peu plus de temps avec elle. Enfin beaucoup plus de temps en fait, parce que Janice est sérieusement limitée physiquement, et a besoin de l’aide de Charlotte pour beaucoup de choses. Janice est handicapée physiquement parce qu’elle souffre de la polio, maladie qui était bien plus courante à l’époque où se déroule le film qu’aujourd’hui. Elle porte une attèle à la jambe, ce qui l’empêche de courir ou de jouer, et même de se déplacer aussi facilement que les autres petites filles. Et comme toutes les chambres sont à l’étage, elle aurait même du mal à se déplacer dans la maison si Mr Mullins n’avait pas fait usage de ses talents pour lui confectionner un monte-escalier.

Talitha Bateman, qui joue le rôle de Janice, raconte : Elle éprouve une grande tristesse parce qu’elle ne peut pas sortir jouer dehors comme les autres qui se moquent gentiment d’elle, même si au fond elles l’aiment très fort. C’est plus de la taquinerie qu’autre chose, mais Janice est sensible et ça lui fait de la peine. Elle les envie de pouvoir aller se balader dans les environs et ça la rend triste. Et puis un jour, elle entre dans la maison et aperçoit le monte-escalier. Elle ne sait pas trop quoi en penser au départ, mais les autres la poussent à monter dessus. Quand elle commence à gravir l’escalier, les filles se mettent à applaudir et elle se sent alors enfin chez elle. Mais c’est au moment où Janice gravit l’escalier que les choses commencent à mal tourner. Elle jette un œil en direction de la chambre de Bee, révèle Talitha Bateman. Et vous voyez comment parfois on sent une présence positive ? Et bien on peut aussi ressentir une présence hostile. Et je pense que Janice ressent quelque chose d’inquiétant à cause d’Annabelle. C’est fou parce que ça n’est qu’une poupée, mais c’est elle qui provoque toutes ces ondes maléfiques et elle est dotée d’un grand pouvoir. On adore les superhéros qui ont un immense pouvoir, mais ils le mettent au service du bien. Alors que c’est tout le contraire chez Annabelle. Le démon qui vit en elle utilise ses pouvoirs pour faire des choses abominables. C’est ça qui me fait peur chez elle. Talitha Bateman suppose aussi que c’est parce que Janice part explorer un soir la chambre de Bee, alors qu’elle n’y est pas autorisée, qu’elle devient vulnérable aux forces du mal. Elle est très curieuse. Et la curiosité est un vilain défaut…

Outre sœur Charlotte, un autre personnage aime Janice de tout son cœur, révèle Talitha Bateman. Linda est un peu comme la petite sœur de Janice ; elles sont extrêmement proches, beaucoup plus que de toutes les autres petites orphelines. Elles sont inséparables, et ce, depuis leur plus tendre enfance. Habituée des films d’horreur, Lulu Wilson campe la petite Linda au visage d’ange, qui, bien qu’elle soit la plus jeune des deux, s’inquiète pour son amie. Je pense qu’elle se rend compte que quelque chose ne tourne pas rond lorsque Janice désobéit et s’introduit dans la chambre de Bee, dit-elle. Bien évidemment, Linda la suit. Elle voit la poupée Annabelle qui la regarde droit dans les yeux et ça lui fiche la frousse.

Lulu Wilson est même restée à bonne distance de la poupée entre les prises. Elle est gigantesque et ses yeux vous suivent partout comme la Joconde. Quand on la regarde, on se dit 'oh, elle me fixe du regard, il faut que je me déplace'. Mais quand on se déplace et qu’on se tourne à nouveau vers elle, elle est toujours en train de vous fixer. Et ses sourcils sont légèrement froncés, si bien qu’on a l’impression qu’elle est toujours sur le point de vous attaquer, c’est terrifiant. Cependant, Lulu Wilson raconte qu’une des scènes les plus effrayantes dans laquelle intervient son personnage met en scène un jouet tout à fait différent, créé spécialement pour le film par le chef-accessoiriste Thomas Spence,, à partir d’un prototype de David F. Sandberg. Linda est en possession d’un vieux pistolet à bouchon qu’elle a pris dans la chambre de Bee, avec une très, très longue ficelle et une balle rose au bout. C’était très lourd d’ailleurs, ça m’a étonnée. Et dessus il y a une sorte de moulinet de canne à pêche pour récupérer la balle. Elle tire dans le couloir plongé dans le noir, parce qu’elle a très peur, mais ensuite elle ramène la balle vers elle en tournant le moulinet et tout se passe bien. Et puis, elle tire à nouveau et là… Les choses tournent mal. 

Si ANNABELLE 2 : LA CRÉATION DU MAL est le troisième film d’horreur de Lulu Wilson, son expérience de tournage avec David F. Sandberg restera inoubliable. C’est un réalisateur absolument génial, déclare-t-elle. En général, quand on tourne une scène, elle n’a rien d’effrayant sur le moment, sans la musique et les effets. Mais quand j’ai tourné des scènes avec David, le climat était d'emblée terrifiant sur le plateau – j’ai adoré ! Quatre autres petites filles de l’orphelinat viennent s’installer chez les Mullins : Carol, Nancy, Tierney et Kate. C’est Gary Dauberman qui a choisi leur nom à toutes, y compris Janice et Linda, empruntant ceux de sa mère, de ses tantes, et de quelques collègues de chez New Line. Il y a clairement une hiérarchie au sein des filles. 

Grace Fulton joue le rôle de Carol, la plus âgée, qui prend naturellement la tête du groupe. Carol est la plus âgée et elle semble équilibrée, alors qu’elle est bourrée de complexes, révèle Grace Fulton. Il y a beaucoup de paramètres qu’elle peut maîtriser, mais pas son âge, et comme on peut s'en douter, les parents préfèrent adopter un enfant plus jeune. Même si une bonne âme faisait son apparition, son choix se porterait plutôt sur un bout de chou. Du coup, Carol fait très attention à son apparence, elle feuillette les magazines pour voir à quoi ressemblent les autres filles de son âge. C’est parce qu’elle est très peu sûre d’elle qu’elle a toujours besoin d’avoir raison. Elle sait que le temps lui est compté. Et comme Janice est la plus vulnérable et qu’on lui porte plus d’attention, elle éprouve de la jalousie envers elle et la considère comme égoïste. 

Philippa Coulthard incarne Nancy, autre orpheline parmi les plus âgées, qui est en quelque sorte le bras droit de Carol. Nancy est audacieuse, enjouée, elle adore partir à l'aventure et inventer des jeux, rapporte l’actrice. Elle est assez sensible en réalité, mais quand elle est avec Carol, Nancy devient beaucoup plus fanfaronne et se montre assez autoritaire envers les filles plus jeunes, comme Janice et Linda. Mais lorsque la situation commence à devenir étrange, inquiétante, et même terrifiante, elles se serrent les coudes et Nancy se montre protectrice envers elles. 

Le personnage de Tayler Buck, Kate, est à un âge où elle se retrouve un peu coincée entre les deux groupes. Kate considère Janice comme son amie, mais elle est aussi en train de grandir, suggère Tayler Buck. Elle ne fait plus partie du groupe des petites de dix ans. Elle passe plus de temps avec Carol et Nancy qui l’ont acceptée dans leur groupe et dont elle se rapproche. Malgré la tension et les angoisses qu'on ressent à l'image, Tayler Buck raconte que pour son premier tournage, l'atmosphère entre les prises était très détendue : Tout le monde s’est bien entendu, c’était génial. Grace nous a même appris à danser le swing. 

Lou Lou Safran vient compléter le groupe des orphelines : elle incarne Tierney, très proche de Kate, mais qui, bien que légèrement plus jeune, fait aussi partie du groupe des adolescentes mené par Carol. Tout comme Lulu Wilson, Lou Lou Safran évoque son expérience : Parfois, quand on jouait une scène, il fallait se rappeler que ça n’était pas la réalité, parce que tout avait l’air si vrai ! C’est fou qu’une poupée, qui est un objet innocent et destiné aux enfants, puisse devenir une créature aussi maléfique et atroce. Et tout ça arrive à des enfants, ce qui est encore plus terrifiant. 

La première petite fille qu’on rencontre dans le film n’est pas une orpheline. C’est Bee, la fille des Mullins, incarnée par Samara Lee. On fait sa connaissance au début du film, à une époque où la famille mène une vie bien plus heureuse. Samara Lee, qui n’était âgée que de huit ans à l’époque du tournage, est elle-même une grande amatrice de films d’horreur. Lorsque j'ai fait sa connaissance, se souvient David F. Sandberg, je lui ai dit : 'Tu sais que Samara c’est le prénom d’un personnage célèbre de film d’horreur, un personnage du CERCLE', et elle m’a tout de suite répondu : 'Je sais, j’adore ce film, on m’a donné ce prénom en référence au personnage'. Pendant le tournage, CONJURING 2 est sorti au cinéma et elle est allée le voir cinq fois. Malgré sa grande passion pour le cinéma d’épouvante, même Samara Lee reconnaît qu’elle a des limites. Lorsque j’ai vu ANNABELLE pour la première fois, j’ai eu très peur, parce que je déteste les poupées effrayantes qui bougent. J’ai eu peur que mes propres poupées prennent vie et du coup je les ai cachées dans un placard !, confie-t-elle. 

David F. Sandberg est très satisfait de ses jeunes recrues. En réalité, c’est le rôletitre qui lui a demandé le plus de travail. Comme Annabelle est une poupée, elle ne se déplace pas, et on ne voulait pas qu’elle puisse le faire de peur de tomber dans le ridicule. Ça a été un défi intéressant de provoquer des situations effrayantes malgré cette contrainte, raconte-t-il. Et c’est justement souvent plus effrayant de jouer sur le horschamp, parce que l’imagination du spectateur fonctionne souvent mieux qu’un costume en latex hors de prix ou qu’un personnage infographique.

Pour sa troisième apparition sur grand écran, Annabelle a été légèrement transformée par Amalgamated Dynamics Inc. J’ai toujours rêvé de travailler avec ADI, rapporte Sandberg. Ils fabriquent des maquillages, des prothèses et des accessoires pour le cinéma depuis très longtemps et ils ont collaboré à tous les grands classiques de mon enfance. Ils ont conçu une nouvelle version de la poupée, qui diffère légèrement des précédentes. Même James trouvait que la première Annabelle était un peu trop effrayante pour l’histoire, et il avait raison. Quel père fabriquerait une poupée comme ça pour sa fille ? ADI a donc modifié son allure pour qu’elle fasse un peu moins peur dans certaines situations, mais avec le bon éclairage elle est toujours aussi terrifiante.

C'est par là…
"Dans cette maison, je ressens un autre genre de présence… Une présence maléfique".

ANNABELLE 2 : LA CRÉATION DU MAL a essentiellement été tourné sur le plateau 26 des studios Warner, où la production a bâti les intérieurs de la maison des Mullins. Les décors ont d’abord été construits et reconstruits plus d’une fois dans un entrepôt situé dans le quartier d’Elysian Valley, à Los Angeles, afin de permettre à l'équipe d’évaluer les dimensions de la maison et de déterminer les conditions idéales de tournage. 

Ce que j’ai adoré, c’est qu’on a tout construit sur un plateau de tournage, souligne Sandberg. On avait tout un jeu de murs et de plafonds amovibles, on pouvait placer des caméras et des grues où on voulait… On pouvait vraiment faire exactement ce qu’on voulait. J’avais toujours rêvé de tourner sur un plateau où le champ des possibles est presque infini. La maison elle-même est une ferme de deux étages de style gothique américain, inspirée par la visite de la chef-décoratrice Jennifer Spence au musée d’Heritage Square, ensemble de neuf bâtiments historiques dans le quartier de Montecito Heights à Los Angeles. Chacun des étages a été construit séparément, côte à côte et en miroir, afin de faciliter leur installation sur le plateau de tournage. Les scènes de l’époque la plus récente ont été tournées en premier, et Jennifer Spence a imaginé une esthétique inspirée de la fin du XIXe siècle, avec quelques touches plus modernes, qui indiquent que si le temps a passé, les Mullins n’ont pas évolué. L’équipe artistique a aménagé le décor pour la période plus ancienne en retirant notamment les lits des orphelines, en remplaçant la télévision par une radio dans le salon, et en égayant les lieux pour illustrer la présence de Bee et un climat plus serein. 

Lorsque j’ai lu le scénario pour la première fois et que j’ai vu que l’histoire se situait dans le passé, j’étais super contente, se souvient Jennifer Spence. J’ai beaucoup aimé le fait qu'on n'ait pas tous ces objets à sa disposition dont on ne peut plus se passer aujourd’hui, comme les téléphones portables ; là, aucun moyen d’appeler les secours aussi facilement. Pas d’ordinateur, rien… Les choses étaient plus simples à cette époque. Je pense que d’une certaine façon ça contribue à rendre l’atmosphère plus effrayante, parce qu’aujourd’hui il est beaucoup plus facile d’appeler la police, alors que dans une ferme enclavée, dans les années 1950, si le téléphone ne fonctionnait pas, on était impuissant. Jennifer Spence, qui avait travaillé avec David F. Sandberg sur DANS LE NOIR, avait déjà noué des liens avec lui. David est extrêmement créatif, et très détendu ; comme il s’agit de notre deuxième collaboration, il connait maintenant ma façon de fonctionner et il me fait confiance, si bien qu'il m’a donné énormément de liberté, révèle-t-elle. J’ai bien sûr privilégié l'aspect pratique pour les scènes d’action, mais en termes d’esthétique j’ai tenté d'avoir un style élégant et inquiétant à la fois. Jennifer Spence est tout simplement incroyable, se réjouit David F. Sandberg. Elle a imaginé un nombre hallucinant de petits détails super chouettes, comme des croix et des abeilles cachées partout. C’est cette esthétique qui a largement contribué aux scènes les plus effrayantes du film. 

La pièce maîtresse est le hall d’entrée qu’on aperçoit dans la plupart des scènes au rez-de-chaussée et qui comprend un escalier magistral. Jennifer Spence a imaginé une balustrade en bois dans laquelle elle a intégré des figures gothiques, et l’entresol est surmonté d’un magnifique vitrail, qui donne un air de cathédrale à l’ensemble. Les marches elles-mêmes sont incrustées de grilles de fer décoratives qui permettent à l’air et à la lumière de circuler, détail que Jennifer Spence avait repéré dans un immeuble new-yorkais et qu’elle a décidé d’utiliser pour intensifier l'impact visuel. Les morceaux de verre rouge sang incrustés dans les grilles et le lustre en verre soufflé vénitien sont un clin d’œil au producteur James Wan qui utilise souvent cette couleur pour évoquer une présence démoniaque. Dans toute la maison, Jennifer Spence a inséré des références subtiles à Bee Mullins, comme le papier peint nid d’abeille à motif floral, les abeilles sculptées dans chacune des balustrades, ainsi que les quatre cadres disposés en nid d’abeille ornés de fleurs séchées. Il y a même un bourdon au centre du vitrail dans la chambre de Bee. L’un des accessoires essentiels, qui joue un rôle central dans l’intrigue, est le monte-escalier de Janice. L’objet est d’époque et a été importé d’Allemagne, mais pour les besoins du film seuls le moteur et les rails en cuivre ont été conservés. La chaise elle-même est une reproduction d’un objet trouvé au marché aux puces, agrémenté d’un velours d’époque, repeint, et ajusté au moteur.

La salle de séjour, l’une des plus grandes pièces de la maison, compte parmi les grandes réussites de Jennifer Spence ; chaque pièce donnant sur plusieurs autres, il n’y avait aucun endroit au rez-de-chaussée où se cacher. Par exemple, depuis la salle de séjour, on aperçoit le salon, le hall d’entrée, et la salle d’étude, bien que chaque pièce soit nettement séparée. Quant au couloir, il a été conçu pour traverser toute la maison, depuis la porte d’entrée jusqu’à l’office, afin de permettre de tourner des plans longs et spectaculaires. Et le parquet qu’on trouve dans toute la maison est authentique, disposé de façon à craquer quand on marche dessus. La chambre d’Esther Mullins est également située au rez-de-chaussée de la ferme, à l’époque la plus récente de l'histoire. Esther passe son temps cloîtrée dans sa chambre, cachée derrière les voiles de son lit à baldaquin, autour duquel Samuel a taillé de grandes croix en bois dans les volets de la chambre, pour protéger la jeune fille des forces maléfiques qui habitent la maison, ce qui contribue à l’atmosphère oppressante de la pièce. 

Bien que les années aient passé, la chambre de Bee n’a pas changé, comme figée dans le temps depuis sa mort. Il s’agit très clairement d’une chambre de petite fille, avec du papier peint rose d’époque, agrémenté de petits animaux enfantins. La pièce renferme une grande variété d’accessoires et d’éléments de décor, comme le petit théâtre de marionnettes construit par le chef-accessoiriste Thomas Spence, la table pour la dînette et surtout, la maison de poupée. Extérieurement, la maison de poupée est une réplique de la façade de la ferme, avec les mêmes croix et la même terrasse. À l’intérieur, la maison de poupée reproduit également les quatre pièces principales : la salle de séjour et le salon situés au rez-de-chaussée, ainsi que la salle de couture d’Esther et la chambre de Bee au premier étage. C’est Samuel qui l’avait construite pour l’offrir à sa fille, en soignant les détails jusqu’au papier peint, et en ajoutant des éclairages dans chacune des pièces. Aucune petite fille n’aurait pu y résister, pas même Janice. 

Pendant le tournage, Spence, en discutant avec Sandberg, a proposé d’installer un monte-plats dans la maison. “Au début, il y avait un placard, mais je pensais que cela pouvait être un élément de décor intéressant avec lequel jouer, une façon un peu terrifiante de passer d’une pièce à une autre. La production a adoré l’idée, et Gary Dauberman a écrit des scènes formidables à partir de cet élément”.

Ces scènes se sont avérées particulièrement effrayantes pour l’une des orphelines, puisqu’il a fallu qu'une personne se glisse dans la boîte. “J’essaie de tourner autant de scènes que je peux pendant le tournage”, explique Sandberg. “Je trouve que c’est en filmant la grande majorité des scènes qu’on obtient les meilleurs résultats, avant de créer des images en infographie pour la touche finale. Même si on bénéficie des meilleurs effets numériques au monde, quand on tourne un film d’horreur, on doit avoir le sentiment qu’il y a bien quelque chose à tel endroit, et que les acteurs ont vu quelque chose qui les a fait réagir”. 

Tout comme Wan, Sandberg aime beaucoup “les longs plans-séquences. Du coup, on a joué sur les mouvements d'appareil pour assurer de belles transitions entre les scènes”. Heureusement pour Sandberg, le directeur de la photographie Maxime Alexandre les apprécie également. “Maxime a une grande expérience en matière d'horreur, si bien que c’était passionnant de se retrouver dans la journée pour discuter avec lui de la meilleure façon de filmer telle ou telle scène”. “J’ai envisagé ce film un peu comme un western, en raison des extérieurs autour de la ferme : de grands espaces quasi désertiques, ouverts sur l’horizon, poussiéreux, et très isolés”, poursuit Sandberg. “Maxime a réussi à cerner cette atmosphère, comme les vieilles images en Cinémascope qu’on voit dans certains westerns”. 

Alexandre ajoute : “David et moi nous sommes mis d’accord sur deux directions que la photographie du film devait emprunter pour illustrer les différentes tonalités de l’histoire. L’une était comparable à la peinture flamande, avec cette lumière qui vient essentiellement de l’extérieur, sans aucun élément artificiel provenant des structures intérieures. Tout cela suscitait une atmosphère très douce qui accompagnait parfaitement la palette colorée que Jennifer avait élaborée, et rehaussait la douceur des événements heureux de l’histoire. Puis, on est passé à un style plus contrasté, plus flamboyant, proche des peintures de la Renaissance du Tintoret, pour les scènes dramatiques, de façon à évoquer la noirceur qui s’en dégageait. Le noir a été très important dans ces moments-là”. L’extérieur de la ferme a été principalement filmé en extérieur au Big Sky Ranch, à Simi Valley, à une cinquantaine de kilomètres du centre-ville de Los Angeles. L’équipe a utilisé une structure existante, puis a ajouté un bardeau blanc pour donner à la maison un style néo-gothique, ainsi que des croix architecturales et une terrasse faisant le tour la maison.

 Les paysages du Big Sky ont offert à Sandberg le décor de western dont il rêvait, non sans quelques éléments d’horreur. “C’est un environnement plutôt hostile”, reconnaît le réalisateur. “On a dû faire appel à un spécialiste pour chasser les serpents à sonnettes et les tarentules qui se cachaient dans l’herbe, avant de laisser une actrice s’élancer dans un champ pour une scène”. Mais pour l’histoire d’ANNABELLE 2, ce cadre s’est avéré idéal. “Il faisait chaud et sec, et on aurait dit que la vie avait déserté ces lieux. Même les arbres morts étaient parfaits pour le film”, remarque Sandberg. “Cependant, pour la période plus ancienne du récit, il fallait que ça ait l’air plus attrayant, puisque c’était une période plus heureuse, et donc le département des effets visuels a ajouté des feuilles sur les branches, et a rendu le décor plus vivant”. 

Sœur Charlotte et les filles arrivent à la ferme des Mullins en autocar : il s'agit d'un Airstream d’époque, datant de 1937, l’un des treize et uniques exemplaires de ce véhicule, et le seul encore existant. La transmission d’origine se faisait par un boîtier à 5 vitesses, mais elle a ensuite été remplacée par une boîte automatique à la fin des années 1990, bien que la pédale d’embrayage et la boîte manuelle aient été conservées pour donner un aspect plus authentique. Pendant le trajet, l’une des filles lit un magazine pour passer le temps : c’est la mère de Spence, ancienne mannequin, qui est sur la couverture.

Plus près…
"Janice a découvert cette poupée… la poupée en robe blanche". 

La chef costumière Leah Butler n’a eu aucun mal à concevoir les tenues correspondant à chacune des époques différentes de l’histoire, allant même jusqu’à créer un habit de nonne d’époque pour Sœur Charlotte, interprétée par Stephanie Sigman. “Leah avait la photo d’une nonne datant de 1956 que j’ai vue quand je suis allée faire les essayages”, raconte l’actrice. “Ma tenue était exactement la même. Elle avait fait un travail tellement remarquable qu’une fois ma tenue enfilée, je me sentais déjà une tout autre personne, et ça m’a vraiment aidée à me glisser dans l’univers de Charlotte”. 

Trouver le bon appareillage d’époque pour les jambes de Talitha Bateman, qui interprète Janice, une orpheline atteinte de la polio, s’est avéré une tâche encore plus ardue. Au tout début, Thomas Spence et son équipe pensaient avoir déniché l’appareil orthopédique adéquat sur eBay en s’appuyant sur les photos présentées sur le site, mais une fois reçu, il s’est avéré bien trop petit. Finalement, l’équipe a réussi à trouver un appareillage d’époque, mais les chaussures ont dû être adaptées à la pointure de Talitha, puis raccordées à l’appareil orthopédique. Mais la trouvaille d’époque la plus marquante reste cependant le fauteuil roulant utilisé par l’actrice dans le film, que Spence a acquis aux enchères. Il avait auparavant appartenu à l'auteur de “Tarzan”, le romancier Edgar Rice Burroughs. 

Parmi les accessoires les plus marquants, le “masque” que porte Esther Mullins pour dissimuler son visage défiguré donne l’impression qu’il a été confectionné par son mari, lui-même fabricant de poupées. “J’ai beaucoup aimé l’idée d’être derrière des voiles, des écrans et des masques”, déclare Miranda Otto. “En tant qu’actrice, je trouve que c’est presque un cadeau de nous donner à travailler ces différentes épaisseurs, pour comprendre qui est vraiment le personnage dissimulé sous ce masque. Je trouve que le personnage a ainsi gagné une dimension plus mystérieuse et plus inquiétante”. 

La musique a encore accru le suspense tout au long du film. Une chanson en particulier a contribué à cette atmosphère délétère, du moins pour Janice, attirée vers la chambre condamnée de Bee lorsqu’elle entend le tourne-disque jouer “You Are My Sunshine”, morceau en apparence inoffensif. Sandberg s’est inspiré du contraste entre la tonalité de cette chanson et la nature de l’histoire, ainsi que de la musique du compositeur polonais Krzysztof Penderecki. Mais c’est surtout la bande-originale du compositeur d'ANNABELLE 2 : LA CRÉATION DU MAL, Benjamin Wallfisch, qui a permis au réalisateur de maintenir ce sentiment de malaise croissant tout au long du film. “Ben était entièrement partant pour faire quelque chose de totalement inhabituel”, explique le réalisateur. “Il a même réservé une séance avec un orchestre de professionnels, juste pour créer des sons étranges avec leurs instruments, pour que l’on ait un matériau sonore unique sur lequel travailler. On en a utilisé un bon nombre tout au long du film”. 

James Wan était vraiment ravi de la façon dont Sandberg s’est approprié et a sublimé la saga d’horreur qu’il avait initiée. “David a donné à ce film une dimension cinématographique très classique, qui le positionne loin des films d’horreur traditionnels du cinéma contemporain”, détaille Wan, “et je pense que c’est la clé pour permettre à cet univers de rester moderne et unique en son genre. Chacun des films est indépendant des autres et présente une atmosphère très spécifique. Et pourtant, ils sont tous liés les uns aux autres”. 

Peter Safran est du même avis : “Ce que James a conçu, et que David a poursuivi avec ANNABELLE 2 : LA CRÉATION DU MAL, ce sont des films qui réveillent nos peurs les plus profondément enfouies, celles qui sont inscrites dans nos gènes. L’idée de la poupée, cet objet inanimé qui finit par provoquer un chaos apocalyptique, parle à tout le monde”. 

“Ces films illustrent parfaitement la raison pour laquelle les gens aiment aller au cinéma”, explique Sandberg. “C’est un environnement protégé, où nous pouvons faire l’expérience collective d’un grand éventail d’émotions, où nous pouvons passer de la peur à la joie, et plus encore. En outre, ce film offre un nouvel élément qui permet de comprendre en partie comment le monde de CONJURING est lié à celui de ANNABELLE… et peut- être de deviner ce qui va arriver par la suite”.

  
#Annabelle2

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