lundi 10 décembre 2012

Back to the future

Fantastique/Aventure/Impressionnant voyage, magnifiques décors, super moment

Réalisé par Peter Jackson 
Avec Ian McKellen, Martin Freeman, Richard Armitage, Ken Stott, Graham McTavish, William Kircher, James Nesbitt, Stephen Hunter, Ian Holm, Elijah Wood, Hugo Weaving, Cate Blanchett, Christopher Lee, Andy Serkis...

Long-métrage Américain/Néo-zélandais
Durée: 02h45mn 
Année de production: 2012 
Distributeur: Warner Bros. France
Titre original: The Hobbit: An Unexpected Journey

Date de sortie sur les écrans U.S.: 14 décembre 2012
Date de sortie sur les écrans Néo-zélandais.: 12 décembre 2012
Date de sortie sur nos écrans: 12 décembre 2012


Résumé: Dans UN VOYAGE INATTENDU, Bilbon Sacquet cherche à reprendre le Royaume perdu des Nains d'Erebor, conquis par le redoutable dragon Smaug. Alors qu'il croise par hasard la route du magicien Gandalf le Gris, Bilbon rejoint une bande de 13 nains dont le chef n'est autre que le légendaire guerrier Thorin Écu-de-Chêne. Leur périple les conduit au cœur du Pays Sauvage, où ils devront affronter des Gobelins, des Orques, des Ouargues meurtriers, des Araignées géantes, des Métamorphes et des Sorciers…

Bien qu'ils se destinent à mettre le cap sur l'Est et les terres désertiques du Mont Solitaire, ils doivent d'abord échapper aux tunnels des Gobelins, où Bilbon rencontre la créature qui changera à jamais le cours de sa vie : Gollum.

C'est là qu'avec Gollum, sur les rives d'un lac souterrain, le modeste Bilbon Sacquet non seulement se surprend à faire preuve d'un courage et d'une intelligence inattendus, mais parvient à mettre la main sur le "précieux" anneau de Gollum qui recèle des pouvoirs cachés… Ce simple anneau d'or est lié au sort de la Terre du Milieu, sans que Bilbon s'en doute encore…

Bande annonce (VOST)


Ce que j'en ai pensé: Le moins que je puisse dire c'est que j'ai beaucoup attendu ce voyage inattendu du fameux Hobbit Bilbon Sacquet. Et j'ai été ravie par son aventure. Pendant près de trois heures, j'ai eu à nouveau 10 ans. J'ai adoré suivre les péripéties de Bilbon, Hobbit plutôt pantouflard a priori, interprété avec beaucoup de justesse et d'humour par Martin Freeman.
Peter Jackson nous offre un grand spectacle et ne se moque pas du spectateur. Les images sont magnifiques et le souci du détail apporté aux lieux ou aux décors est impressionnant.






Pour ceux qui ont vu la trilogie du Seigneur des Anneaux, il sera plus facile de comprendre l'importance de certaines rencontres développées pendant ce premier opus (il y aura trois longs métrages en tout sur l'histoire de Bilbon, adaptée du livre de J.R.R. Tolkien intitulé "Le Hobbit, ou L’histoire d’un aller-retour").



Très habilement, Peter Jackson met en place toute la mythologie du Seigneur des Anneaux par le biais de quelques scènes, tout en racontant la grande aventure de Bilbon (qui est antérieure à l'histoire de la trilogie du Seigneur des Anneaux). Il y a des clins d'oeil sur la trilogie dans le film qui feront plaisir aux fans. Pour moi, Peter Jackson est un conteur et un réalisateur hors du commun. Il nous raconte le passé du royaume perdu d'Erebor, met en place les éléments, puis relie tous ces évènements au destin d'un Hobbit que rien ne prédestinait à ce périple fantastique.
J'ai été très contente de revoir Gandalf, interprété par Ian McKellen, toujours excellent en sorcier sympa mais qu'il ne faut pas trop énerver. 


Il apporte son aide à la compagnie des nains, composées de 13 personnages différents que Peter Jackson prend le temps d'introduire. Tous les acteurs rendent tout à fait crédible leur rôle. J'ai trouvé Richard Armitage qui interprète Thorin Écu-de-Chêne très convaincant en leader héroïque.


Il y a beaucoup de protagonistes dans le film. Ce n'est qu'un indicateur de l'ampleur du travail accompli pour mettre en scène les mille et une épreuves que Bilbon, Gandalf et les 13 nains (Thorin, Nori, Fili, Dori, Bofur, Gloin, Dwalin, Balin, Oin, Bombur, Bifur, Ori, Kili) vont devoir traverser. A chaque fois, Peter Jackson réussit à surprendre et la beauté de certains scènes est réellement époustouflante.

L'histoire m'a paru moins sombre que celle du Seigneur des Anneaux. Par contre, elle est tout aussi riche en découvertes, en aventures, en personnages, en paysages, en décors, en costumes, en langues...

La musique d'Howard Shore accompagne à merveille les images et participe à donner à ce film son atmosphère si particulière.

Je ne peux que grandement vous conseiller d'aller voir 'Le Hobbit: Un Voyage Inattendu'. Ce film, à mes yeux, n'a qu'un seul défaut, c'est qu'il faut maintenant attendre le deuxième opus patiemment, pour savoir ce qu'il va arriver à Bilbon et à ses compagnons! Vivement la suite!

Note: La 3D est certes très jolie mais, à mon avis, pas vraiment essentielle (sur un film d'une telle durée les lunettes ne sont pas très confortables). Par contre, si vous pouvez allez voir le film en version originale sous-titrée, n'hésitez pas.



Les notes de productions (vous le savez, elles contiennent des spoilers. Je vous conseille de ne les lire qu'après avoir vu le film!)

UN CONTE QUI A PRIS DE L'ENVERGURE
L’ADAPTATION DU "HOBBIT"

“Dans un trou vivait un Hobbit.
Ce n’était pas un trou déplaisant, sale et humide, rempli de bouts de vers 
et  d’une atmosphère suintante, non plus qu’un trou sec, nu, sablonneux,  
sans rien pour s’asseoir ni sur quoi manger :  
c’était un trou de Hobbit, ce qui implique le confort.”  
— ‘Le Hobbit’, de J.R.R. Tolkien  

Le 21 septembre 1937, J.R.R. Tolkien publiait un livre pour enfants intitulé "Le Hobbit, ou L’histoire d’un aller-retour". Depuis lors le livre s’est vendu à plus de 100 millions d’exemplaires et a été traduit dans une cinquantaine de langues. Et cela fait 75 ans que ce succès planétaire ne s'est jamais démenti.  C’est sous le titre de "Le Hobbit" que le livre s’est fait connaître à travers le monde. 
L’histoire est née de l’imagination de ce grand auteur, également poète, philologue et professeur d'université, pour distraire ses enfants au moment de les coucher. Mais ce texte est encore bien plus que cela : il reflète l’amour de l’auteur pour la nature et les contes de fée, son expérience de la guerre et sa proximité avec les êtres les humbles qui sont capables de surmonter les épreuves les plus difficiles.  
C’est l’histoire du Hobbit Bilbon Sacquet, arraché à son trou de Hobbit bien douillet, qui plonge dans une aventure extraordinaire mais périlleuse aux côtés du magicien Gandalf et d’une bande de 13 Nains. Des générations entières de lecteurs ont dévoré ce livre et vécu cette épopée comme un rite de passage littéraire. Le texte répond à un besoin d’aventures, parle d’honneur et de loyauté, explique le désir de rentrer chez soi, et montre la force tranquille de héros pour le moins inattendus. Il ouvre aussi le monde aux civilisations riches et aux paysages magiques de la Terre du Milieu – un univers dense et plus complexe qu’il n’y paraît, et que Tolkien va passer toute sa vie à explorer et à étoffer dans son oeuvre –, ce qui aura un profond impact culturel à travers le monde.  Ce livre a donné lieu à de nombreuses adaptations en tout genre, du théâtre à la BD ou encore aux jeux vidéo, mais ces adaptations du "Hobbit" n’ont jamais véritablement été à la hauteurde son potentiel sur grand écran… jusqu’à présent. 

Dans le milieu du cinéma contemporain, s’il y a bien un réalisateur qui a fait preuve d’une réelle passion et d’un profond désir de donner vie à ce chef d’oeuvre – pour s’être déjà aventuré avec brio en Terre du Milieu auparavant –, c’est Peter Jackson.  Il y a plus de dix ans, ce dernier s’est effectivement lancé dans sa propre quête : adapter le livre plus récent de Tolkien sous forme de trilogie du SEIGNEUR DES ANNEAUX – trois films qui se sont fait une place au panthéon des références culturelles. Ils ont tous triomphé au box-office, remportant l’adhésion des critiques et de nombreuses récompenses. Avec le troisième et dernier opus, c’est d’ailleurs la consécration puisqu'il a obtenu 11 Oscars, dont celui du Meilleur film, du Meilleur réalisateur et du Meilleur scénario.  
Si Tolkien était passé de l’écriture du "Hobbit" à celle de la trilogie du "Seigneur des Anneaux", le voyage de Jackson l’a, lui, mené en sens inverse. Après son expérience sur les films du SEIGNEUR DES ANNEAUX, il remonte maintenant dans le temps pour nous raconter ce qui est en réalité la partie initiale de l’histoire et se déroule 60 ans plus tôt, et il le fait dans une nouvelle trilogie qui s’ouvre avec LE HOBBIT, UN VOYAGE INATTENDU.  “Quand nous avons tourné LE SEIGNEUR DES ANNEAUX, j’étais absolument convaincu que ce serait l’expérience d’une vie”, raconte Jackson. "Ça a été une époque très particulière et incroyable, mais quand ça a été terminé, aucun de nous ne pensait que nous replongerions dans la Terre du Milieu. Cependant, l’expérience que nous avons partagée en faisant la trilogie du HOBBIT a été tout aussi unique pour nous. Du coup, aujourd'hui, cela fait deux fois que j’ai vécu l’expérience d’une vie", ajoute-t-il en riant.  
Jackson s’est impliqué dans le développement du projet dès le début, mais c’est seulement lorsqu’il s’est plongé dans l’élaboration du scénario avec ses collaboratrices de toujours, Fran Walsh et Philippa Boyens, ainsi que Guillermo del Toro, qu’il a décidé de réaliser les films lui-même. Il a été attiré par les thèmes fondamentaux développés par le livre et par les conflits émotionnels qui ponctuent une trame narrative dynamique. En visionnaire, il pressentait déjà des films à la mesure de la trilogie du SEIGNEUR DES ANNEAUX, denses et ambitieux.  “ 'Le Hobbit' suit un rythme effréné parce que Tolkien a écrit cette histoire pour ses enfants et pour les enfants du monde entier", explique Jackson. "C’est une histoire sensas qui passe d’un événement à un autre sans jamais vraiment s’arrêter. C’est un peu plus léger que ‘Le Seigneur des Anneaux’, les personnages y sont un petit peu plus pittoresques, mais il y est néanmoins question d’avidité, de folie, d’un innocent changé à jamais et de forces surnaturelles qui se liguent. Cela nous mènera tout droit aux événements du ‘Seigneur des Anneaux’. C’est là que tout a commencé".  
Avec UN VOYAGE INATTENDU, les auteurs du film espéraient faire de cette histoire, à la fois émouvante et palpitante, un récit spectaculaire, où se mêlent magie et grandeur, humour et noirceur. La productrice et scénariste Fran Walsh souligne : “Nous avons toujours considéré ‘Le Hobbit’ comme un conte de fée légèrement plus optimiste. Mais quand on arrive à la fin du roman, on découvre que Tolkien a déjà mis en place les éléments qui vont entraîner le lecteur dans l’aventure du ‘Seigneur des Anneaux’. C’est pour nous la parfaite transition vers cette époque plus sombre. Le sens de l’honneur, les qualités qui font d'un homme un chef incontestable et l’importance du pouvoir – thèmes fondamentaux qui traversent ‘Le Seigneur des Anneaux’ – sont déjà en gestation dans ‘Le Hobbit’".  
Afin de restituer cette transition lors de l’élaboration du scenario, Jackson, Fran Walsh et Philippa Boyens ne se sont pas contentés d’adapter le roman tel qu’il a été publié à l’origine. Peu de gens savent que l’auteur a continué à développer l’histoire après sa parution, et a rédigé des notes approfondies et détaillées sur l’époque à laquelle se déroule "Le Hobbit", ajoutant 125 pages d’annexes à la fin du "Seigneur des Anneaux". "Avec ‘Le Hobbit’, Tolkien dévoilait pour la première fois au monde l’incroyable mythologie qu’il avait créée ainsi que l’univers de la Terre du Milieu", raconte Philippa Boyens, déclarée la "plus grande fan de Tolkien au monde" parmi l’équipe de scénaristes. "Dans le livre, il fait simplement allusion à des conflits, des relations et des événements qui ne sont pas explicités. Du coup, quand Tolkien a décidé d’écrire la suite, ça a donné ‘Le Seigneur des Anneaux’. Il a pris le temps de revenir sur des événements qui englobent ‘Le Hobbit’, parce qu’il a pris conscience que ce livre pour enfants était porteur de récits dignes d’une légende plus vaste".  
Grâce à ces incroyables archives, les auteurs ont donc pu développer l’histoire et s’attacher davantage à des particularités de cet univers dans leur film. Mais ils avaient en même temps pleinement conscience d’être les gardiens d’une oeuvre qu’ils adorent tous sans exception, et c’est pourquoi ils ont pris bien soin de respecter le ton du roman, tout en y incorporant des éléments plus sombres. "Pour Tolkien, ’Le Hobbit’ est pratiquement l’oeuvre de sa vie", confirme Jackson. "Et beaucoup des idées qu’il développe pour étoffer son histoire – le régime politique et la vie des habitants de l’époque – sont en annexes du dernier tome du ‘Seigneur des Anneaux’. Il nous est apparu évident que l’histoire pouvait s’étendre, tout en restant fidèle au ‘Hobbit’ tel que tout le monde la connaît et l’adore. Alors, c’est ce que nous avons fait. Ses notes nous ont servi de structure. Je trouve fascinant qu’une histoire somme toute bien gentille au début finisse par se transformer en une épopée".  Ils ont également voulu plonger le spectateur dans la Terre du Milieu. 
Ainsi, pour la première fois, Jackson a utilisé des caméras numériques de dernière génération pour tourner en 3D, à 48 images par seconde, et projeter le film sous divers formats, dont le tout nouveau HFR 3D (High  Frame Rate). "Nous voulons que les films du ‘Hobbit’ soient une réelle expérience visuelle qui dépasse de loin celle du ‘Seigneur des Anneaux’", explique le réalisateur. "Il y a 10 ans, la 3D n’existait pas vraiment pour le cinéma grand public, comparé à maintenant. Nous avons tourné le film en 48 images par secondes, ce qui en fait le premier long métrage tourné grâce à la technologie HFR".  
Jackson s’entoure à nouveau d’acteurs du SEIGNEUR DES ANNEAUX : Ian McKellen (Gandalf le Gris), Cate Blanchett (Galadriel), Hugo Weaving (Elrond) et Andy Serkis (Gollum). Au début et à la fin du film, on retrouve Ian Holm (Bilbon âgé) et Elijah Wood, qui reprend le rôle de Frodon Sacquet, et qui se souvient de la grande aventure qui l’a amené à quitter Cul-de-Sac. À la tête de ce casting international, Martin Freeman campe Bilbon Sacquet, le Hobbit au coeur de l’histoire, et Richard Armitage interprète le guerrier nain Thorïn Écu de-Chêne.  Tous ensembles, producteurs et artistes, se sont lancés dans une nouvelle aventure – et une fois de plus ils ont tourné trois films coup sur coup et créé une nouvelle trilogie, qui commence avec un Hobbit vivant dans un trou dans le sol, et qui se retrouve sur le point de s'embarquer dans un voyage incroyable, et pour le moins inattendu. 

UNE BANDE INSOLITE :  L’HISTOIRE ET SES PERSONNAGES  

"Mon cher Frodon, un jour tu m’as demandé si je t’avais tout raconté de mes aventures.  
Si je peux affirmer en toute honnêteté que je t’ai dit la vérité, je ne t’ai peut-être pas tout raconté".  
— Bilbon Sacquet, LE HOBBIT, UN VOYAGE INATTENDU  

UN MAGICIEN, UN HOBBIT ET UN ROI DES NAINS  

Soixante ans avant que son neveu Frodon n’entreprenne son propre grand voyage plein de dangers, Bilbon Sacquet mène une vie paisible et confortable dans son petit nid douillet de Cul-de-Sac dans le bourg de Hobbitebourg. Comme tout Hobbit qui se respecte, il adore sa maison et ne sait quasiment rien de ce qui se passe en dehors de la Comté, mais seulement ce qu’il glane au gré de ses lectures.  
Pour incarner le Hobbit au centre de l’aventure, la production n’avait qu’un seul acteur en tête : Martin Freeman, remarqué pour son humour tranquille et l’humanité qu’il dégage aussi bien dans ses rôles comiques que dramatiques. "Martin possède le don merveilleux d’être à la fois vulnérable, dévoué et fort", souligne Philippa Boyens. "Il sait être drôle avec une pointe de pathétique. Tout nous indiquait que c’était lui Bilbon Sacquet. Nous étions convaincus que Martin saurait vous embarquer dans sa formidable aventure".  
En dehors de la joyeuse bande de Nains et de magiciens du film, Bilbon est celui auquel le spectateur peut le plus facilement s'identifier. Jackson admet : "Bilbon est comme quelqu’un d’ordinaire et réagit comme nous le ferions si nous étions à sa place. Quand il se retrouve face à un troll, il ne s’empare pas forcément de son épée pour se battre – il commence par paniquer. Et c’est ce qui est génial chez Martin : il ne fait pas semblant, il est toujours sincère et authentique. J’ai toujours imaginé les Hobbits comme des créatures très british, avec leurs petites tasses de thé, installés confortablement au coin du feu. Parmi les gens que j'ai rencontrés, Martin est certainement celui qui s’en approche le plus", ajoute le réalisateur en souriant.  
Déterminé à ce que Freeman incarne Bilbon, Jackson a réorganisé le plan de tournage afin que l’acteur puisse s’absenter de Nouvelle-Zélande et terminer ainsi le tournage de SHERLOCK, série télé dans laquelle il joue Watson. "J’ai été vraiment étonné et agréablement surpris car je tenais à jouer Bilbon et une telle occasion ne se représente pas", se souvient Freeman. "Ça prouve qu’ils me voyaient parfaitement en Bilbon. Ils ont dû percevoir chez moi que je saurais jouer le type inquiet mais non dénué d’humour".  
Freeman décrit Bilbon comme quelqu’un “d’assez indépendant. Il se montre même plutôt content de lui : je le vois comme un érudit qui n’a jamais voyagé. Ce qui me frappe chez lui, c'est cette tendance à la timidité dans bien des situations, il fait preuve d’une certaine hésitation face à la vie, parce que son monde se résume à sa maison et à Hobbitebourg, et parce que l’inconnu est un peu effrayant".  
Mais la petite vie confortable de Bilbon est bouleversée par l’arrivée du magicien Gandalf le Gris, qui a des projets ambitieux pour ce Hobbit qui ne se doute de rien. Ian McKellen interprète une fois de plus le magicien sage et intuitif, voire malicieux. Parmi son vaste répertoire, l’acteur de théâtre et de cinéma tient peut-être là son rôle le plus emblématique en incarnant Gandalf, sous toutes ses formes, dans la trilogie du SEIGNEUR DES ANNEAUX.  “Quand on voit Ian McKellen sur le plateau avec son costume, son chapeau et sa barbe, on reconnaît Gandalf", dit Jackson. "C’est en quelque sorte un mélange entre un personnage de film et une icône culturelle".  Au départ, le célèbre acteur n’avait pas très envie de reprendre ce rôle, mais il a fini par accepter car il n’a pas pu résister à l’envie de revêtir à nouveau les robes, le chapeau et la barbe de Gandalf. "Redevenir ce personnage n’était peut-être pas aussi enthousiasmant qu’un nouveau rôle, et cela représentait un gros investissement, mais au final, je n’aurais pas supporté que quelqu’un d’autre l’incarne", reconnaît  McKellen. "Et depuis le temps, j’ai entendu pas mal de fans me dire qu’ils seraient bouleversés, et déçus, que je ne le joue pas. Du coup, on peut dire que je suis sincèrement heureux d'avoir donné mon accord retrouvé cette belle famille".  
Gandalf a décidé d'entourer de ses conseils et d’accompagner Thorïn Écu-de-Chêne dans sa mission dans le Paysage Sauvage du Mont Solitaire pour reprendre le Royaume perdu d’Erebor, empire des Nains tombé aux mains de Smaug il y a longtemps. "On dirait que Gandalf aime bien les Nains, ou qu’il les admire", reprend McKellen. "Et comme il est vieux – il a au moins 6.000 ans –, il est capable de prendre du recul par rapport aux événements présents. Il décide qu’il est désormais temps de leur venir en aide".  Soulignons également que Gandalf voit en Bilbon la pièce maîtresse du puzzle – il sera leur arme secrète quand ils gagneront Erebor, s'ils l'atteignent un jour. "Gandalf conseille les Nains dans leur stratégie d’approche et les oriente dans leur tactique. Il pense aussi qu’ils auront besoin d’un cambrioleur", explique Jackson. "Il leur faut quelqu’un capable de s'introduire dans Erebor au nez et à la barbe du dragon, et Gandalf aime bien l’idée de recourir à un Hobbit, parce que les dragons ne peuvent pas détecter leur odeur. Il veut que Bilbon soit ce voleur".  
Bilbon est surpris, lui qui n’a jamais volé quoi que ce soit de toute sa vie ! Mais Gandalf avait rencontré Bilbon quand il n’était encore qu’un enfant, et il voit en lui le Hobbit idéal pour accomplir cette mission. "Je crois que Gandalf choisit Bilbon parce qu’il se souvient de sa fougue : c’était alors un garçon toujours prêt pour l’aventure", note McKellen. "À sa grande surprise, il découvre que le garçon pétillant est devenu pantouflard et mène une vie plan-plan. Mais Gandalf est convaincu que Bilbon est au fond de lui resté ce garçon téméraire".  
Avant de comprendre ce qui se passe, Bilbon est soudain envahi par des Nains dans son petit trou de Hobbit bien rangé, jusqu’à ce que leur chef apparaisse à son tour – le légendaire guerrier Thorïn Écu-de-Chêne, joué par Richard Armitage. Thorïn est le descendant direct de la lignée des Durin, les rois Nains de la Terre du Milieu. Il est aussi le prétendant au trône d’Erebor. Il a assisté à la destruction de son royaume par Smaug lorsqu’il s’attaqua à eux, perdant à la fois son père Thraïn et son grand-père Thror dans ce combat terrifiant.  "Thorïn a hérité de son père son désir de vengeance : il tient à reconquérir sa terre natale et ramener son peuple à Erebor", raconte Armitage. "Et c’est une lourde responsabilité qu’il porte seul sur ses épaules. Thraïn est mort en tentant la même chose une centaine d’années auparavant. Alors Thorïn se dit que c’est l’occasion ou jamais d’essayer à son tour. Il me fait penser à un feu en train de s’éteindre. Il peut se rallumer et se transformer en véritable fournaise, mais s’il ne le fait pas maintenant, il sera trop tard et la braise s’éteindra à tout jamais".  "C’est d’ailleurs intéressant”, ajoute Armitage, "de noter que Thraïn veut dire ‘celui qui désire’ et que Thorïn veut dire ‘celui qui ose’. Thraïn est celui qui va désirer reconquérir son royaume, mais échouer. Et c’est Thorïn qui va oser l’accomplir".  “Thorïn est un personnage foncièrement noble, mais pas dénué de défauts", affirme Fran Walsh. “Son histoire est à la fois tragique et poignante. Il se bat pour son peuple, qui a été privé de terre et de statut pendant très longtemps. Son histoire est liée à Erebor et il rêve de reconquérir sa terre natale".  
D’une grande noblesse, beau et grand pour un Nain, Thorïn est un chef courageux et digne de respect. Mais plutôt que de réunir une armée à ses côtés, il n’a su s’entourer que d’une bande pour le moins éclectique de 12 Nains. "Il a toujours peur de ne pas être un chef à la hauteur, il sent constamment monter en lui ce sentiment de paranoïa, et ça le mine", poursuit Armitage. "J’ai moi aussi ressenti ça en tant qu’acteur vis-à-vis de ce rôle. J’éprouvais une terrible angoisse de ne pas être à ma place. Mais ce que j’ai trouvé fascinant en travaillant avec Peter, c’est qu’il avait déjà tout le film en tête quand nous avons commencé le tournage, si bien que vous vous sentez entre de bonnes mains. Il connaît mon personnage mieux que moi, et il a su m’orienter tout en douceur et ça m’a redonné confiance".  
L’enjeu de la quête de Thorïn a rendu les producteurs particulièrement attentifs au choix de l’acteur pour ce personnage-clé. "Thorïn est le chef d’une bande de Nains, et il nous fallait donc quelqu’un qui dégageait naturellement une certaine force et de l’autorité", précise Jackson. "Et on retrouve parfaitement ces qualités dans le jeu de Richard. Dans la réalité, c’est quelqu’un de foncièrement calme, mais quand il se met dans la peau de Thorïn Écu-de-Chêne, il devient le véritable chef de cette bande".  Et quelle bande ils font !  

LA COMPAGNIE DES NAINS  

UN VOYAGE INATTENDU tourne autour de 15 personnages principaux – Bilbon, Gandalf et la compagnie des Nains –, ce qui relevait du défi pour les producteurs quand il s’est agi de mettre en place l’histoire. Jackson explique : “Les Nains tiennent une place primordiale dans l’histoire, aussi il était important que nous créions des personnages à part entière, avec chacun un style différent, et que nous choisissions des acteurs d’envergure. Cela donne un groupe incroyable d’acteurs de talent pour incarner la Compagnie des Nains".  
Les Nains les plus proches de Thorïn sont les frères Balïn et Dwalïn, tous deux de la lignée des Durin, ce qui en fait des parents de Thorïn. D’un naturel doux, plein de tact et sage, Balïn, joué par Ken Stott, est l’un des plus fidèles conseillers de Thorïn. Et s’il est loyal, raconte Scott, "Balïn  hésite tout de même à participer à l’aventure parce qu’il n’est pas certain que ce soit une idée bien noble d’essayer de reconquérir Erebor. Il pense qu’ils devraient laisser tomber. Et s’ils devaient s’en remettre à quelqu’un, Bilbon est sans doute le dernier à qui faire confiance. Il suffit de le regarder pour se dire qu’on ne miserait pas un dollar sur lui pour vous tirer d’affaire. Pourtant, lentement mais sûrement, il gagne leur estime".  Les frères ont tous deux connu une existence marquée par la guerre, et si Balïn s'avère le plus réticent des deux à poursuivre l'aventure, son frère Dwalïn, joué par Graham McTavish, est tout à fait partant. En guerrier féroce – grand, musclé, tatoué et intrépide –, Dwalïn est le plus fervent partisan de Thorïn : il offre un soutien inébranlable à son autorité et se montre prêt à mourir pour lui. "Dwalïn se montre un guerrier impitoyable, il est toujours prêt à en découdre", raconte McTavish. “Il ne se fait pas d’illusions sur l’issue de cette quête. C’est pratiquement une opération suicide, et il pense que personne n’en a réellement pris conscience. Dwalïn n’est pas du genre à raconter des blagues et des histoires autour du feu. Oh, que non. Ses haches sont à portée de main et ses lames sont bien affûtées !"  
À l’exact opposé, on trouve les neveux de Thorïn, Fili et Kili, respectivement joués par Dean O’Gorman et Aidan Turner. Ils sont trop jeunes pour avoir vécu à l’époque des grandes batailles des Nains et ils ne savent pas vraiment dans quoi ils se sont engagés. "Ce sont les exubérants du groupe", déclare O’Gorman. “Fili considère cette quête comme un dû, un événement important de son existence qu’il doit vivre. C’est l’aventure rêvée pour un garçon. Il s’embarque avec un enthousiasme juvénile, mais plus on avance dans l’histoire, plus il devient sombre".  Fili et Kili sont brusquement ramenés à la réalité quand ils atteignent Cul-de-Sac et découvrent la Compagnie avec laquelle ils vont voyager. Turner raconte : "Ils pensaient faire partie d’une équipe de choc, et tout à coup ils voient ces mines patibulaires qui les observent à l’autre bout de la pièce. Il y en a un avec une hache plantée dans la tête, de gros buveurs, des vieillards, un voleur prêt à détrousser sa propre mère, et un Hobbit", énumère Turner en riant. "Mais Fili et Kili trouvent ça drôle et ne se gênent pas pour se payer la tête de Bilbon, même au milieu de tous ces marginaux !"  
Contrairement à Fili et Kili issus de la lignée de Durin, les frères Bofur et Bombur et leur cousin Bifur – respectivement James Nesbitt, Stephen Hunter et William Kircher – descendent d’une lignée de mineurs et de forgerons.  Bofur ne partage pas l’inquiétude de Balïn, ni ne possède le tempérament pugnace de Dwalïn, ou l'empressement de Fili et Kili. "La principale motivation de Bofur est beaucoup plus simple que chez le reste des Nains", déclare Nesbitt. "Je ne crois pas qu’il soit particulièrement intéressé par la noble reconquête de leur royaume perdu. Je pense que lui et les siens ont seulement envie de s’amuser et de se bagarrer un peu. C’est un Nain incorrigiblement optimiste. Il aime profiter de la vie. Je le vois comme un mélange du bon, de la brute et de l’honnête".
Bifur se démarque du reste de la Compagnie parce qu’il possède les restes rouillés d’une hache d’Orque enfoncée dans le front. Hirsute et le regard fou, Bifur est un combattant redoutable et imprévisible qui communique par des gestes, des grognements et s’exclame à l’occasion et sans qu’on s’y attende en Khuzdul, une langue ancienne et secrète seulement comprise des Nains. Kircher précise : "À cause de sa blessure à la tête, il ne parle qu’en ancien dialecte nain. Et malheureusement, personne ne comprend ce qu’il dit, pas même ses comparses. Seul Gandalf comprend Bifur parce qu’il connaît ce dialecte".  
Bombur adore la nourriture, si bien qu'il n’est pas surprenant d’apprendre que sa passion et son obsession dans la vie se résument à cuisiner et manger. "Bombur est le Nain à la plus grande taille, même s’il n’est pas aussi imposant que Thorïn ou Dwalïn", admet Hunter. "Ne tournons pas autour du pot : c’est un gros Nain. Lui, Bofur et Bifur sont plutôt frustres. Ce sont des bagarreurs et ils savent bien se défendre".  
Oïn (John Callen) et son frère Gloïn (Peter Hambleton) sont les plus vieux membres parmi les voyageurs. Ce sont de courageux Nains du nord et des cousins éloignés de Thorïn Écu-de-Chêne, qu’ils rejoignent dans un élan de loyauté envers les leurs. Oïn, l’aîné, est guérisseur et un peu prophète : c’est en fait sa perspicacité qui provoque le périple. "Oïn a reconnu les signes avant-coureurs : quand les oiseaux s’envolent, et que les corbeaux retournent vers Erebor, cela marque peut-être la fin du règne de la terreur, la fin de Smaug", explique Callen.  
Gloïn est l’intendant de leur entreprise et tient des comptes précis de leurs dépenses. C’est aussi un bon père de famille. Sa femme est une beauté admirée de tous et arbore une barbe du plus bel effet ; son fils – encore un enfant à cette époque – est Gimli, qui, 60 ans plus tard, rejoindra la Communauté de l’Anneau. "Les fans verront la ressemblance", signale Hambleton. "La hache de Gloïn a vraisemblablement un lien avec l’histoire de Gimli, car elle se transmet de père en fils. Et comme son fils plus tard, Gloïn se sent totalement concerné par cette quête et son issue".  Les trois frères Dori, Nori et Ori, respectivement joués par Mark Hadlow, Jed Brophy et Adam Brown, sont des parents éloignés de Thorïn Écu-de-Chêne du côté de leur mère, mais ils sont tous de pères et de tempéraments différents.  
Dori est l’aîné de la fratrie. Il est assez protecteur, surtout vis-à-vis de son plus jeune frère, Ori, qu’il veut soustraire à l’influence de Nori, si bien qu'il est forcément un peu autoritaire. Hadlow explique : "Dori passe son temps à essayer de veiller sur ses frères. Il se sent responsable de leur famille. Ces Nains sont tous de clans différents, et c’est pour ça qu’au début ils se méfient les uns des autres. Mais un lien particulièrement fort s’instaure entre eux au cours du film".  Nori est, lui, très différent de ses frères. Il a quitté le giron quand il était encore jeune : vif d’esprit et malin, il a vécu d’expédients pendant des années avant de rentrer au bercail. Il y a des  chances qu’il veuille s’emparer du moindre objet utile ou qu’il trouve un peu joli. "Personne ne sait jamais ce qu’il mijote : il a toujours une attitude louche, et il est un peu chapardeur", observe Brophy. "Il est certes adorable, mais vous n’auriez sûrement pas envie de le voir épouser votre fille Naine".  
Ori est tout le contraire de son frère. D’un naturel doux, innocent et attachant, il écrit et dessine dans son journal pour tenir la chronique de leur voyage. "Je trouve qu’Ori ne fait pas un Nain crédible", remarque Brown, qui effectue ici ses débuts au cinéma. "Il est le jeune naïf et le benjamin du groupe. Or, il veut non seulement se prouver à lui-même sa valeur, ainsi qu’à ses frères qui veulent tout le temps le materner, mais aussi à Thorïn. Il veut entrer dans la légende".  Au cours de ce long périple avec les Nains, Bilbon comprend peu à peu leur besoin viscéral de retourner sur leur terre natale d’Erebor. "Tout au long de cette aventure, Bilbon garde à l’esprit ses souvenirs de Cul-de-Sac, son chez-lui où il a sa place", souligne Philippa Boyens. "Il a hâte de rentrer là-bas et ces souvenirs sont pour lui une grande source de réconfort et d’inspiration. Et ce lien avec son propre foyer lui fait peu à peu comprendre ce qu'on a enlevé à ces Nains – le sentiment d’appartenance. Et plus que tout, c’est ce qui l’aide à saisir qui sont les Nains".  
S’ils arborent des accents et des styles vestimentaires tous différents, les Nains n’en forment pas moins un groupe unique. "Vous pouvez comparer les Nains à une bande de sidérurgistes et de mineurs qui travaillent très dur, qui ont de la noblesse et une très grande éthique professionnelle. Pourtant ils aiment s’installer au pub et descendre quelques pintes de bière comme tout le monde", précise Jackson. "Ils ont aussi le sens de l’humour et sont de fiers combattants. Ils sont plutôt bruyants et sont aussi doués pour s’amuser que pour combattre les Orques".  
Quand les Nains envahissent la maison de Bilbon, vident son garde-manger pour faire un festin et terminent le repas par une gigantesque bataille de nourriture, Bilbon commence à saisir ce que Gandalf et Thorïn attendent de lui : qu’il les accompagne pour un long et périlleux voyage, aboutissant à un combat avec un terrible dragon. "Bilbon n’est pas un guerrier", rappelle Freeman. "Il ne sait pas manier l’épée et n’est jamais monté à cheval, ce qui est évident quand on voit la façon dont il tient les rênes. Pourtant, Gandalf veut qu’il quitte Hobbitebourg et suive cette bande de fieffés coquins, idée qu’il trouve un peu folle. Bilbon a ses petites habitudes et ça lui convient, et ils lui demandent de se mettre volontairement en danger, au risque d’être blessé et de ne pas en réchapper. Alors la question se pose, ‘Pourquoi y aller ?’ C’est bien simple : il les suit parce qu’il sait qu’une occasion comme celle-ci ne se représentera pas".  
Gandalf leur dévoile alors une clef et une carte ancienne qui pourrait bien indiquer un accès secret à la Montagne Solitaire, sous laquelle se situe le royaume souterrain d’Erebor. Mais la  Compagnie a besoin d’un expert supplémentaire pour pouvoir mener à bien cette mission. Car la carte est cryptée. Or, Gandalf connaît justement la seule personne capable de la déchiffrer. 

LE CONSEIL BLANC : QUAND LES TÉNÈBRES DESCENDENT SUR VERTBOIS-LE-GRAND 

Après avoir quitté la Comté à dos de poneys, la Compagnie monte le camp dans la forêt du Bosquet des Trolls, quand ils sont capturés et à deux doigts d’être rôtis vivants par trois trolls balourds et affamés – William, Bert et Tom –, que l’on avait laissés changés en statues dans LE SEIGNEUR DES ANNEAUX. "C’est la première fois du voyage (et de sa vie) que Bilbon est confronté au danger, terrifiant et bien réel, et il est mis à l’épreuve", raconte Jackson. "Cela nous renseigne assez bien sur le rôle de Bilbon tout au long de sa relation aux Nains".  Peu de temps après, ils rencontrent un vieux collègue de Gandalf, le magicien Radagast le Brun, dont le rôle est tenu par Sylvester McCoy, comédien de théâtre connu pour son interprétation de Docteur Who.  Un peu étourdi, facilement distrait et plutôt excentrique, Radagast est l’un des cinq mages, ou magiciens de la Terre du Milieu, parmi lesquels on trouve Gandalf le Gris et Saroumane le Blanc. Mais contrairement aux autres, Radagast s’est depuis longtemps retiré du monde pour vivre tranquillement à l’orée sud-ouest de Vertbois-le-Grand dans sa maison délabrée de Rhosgobel. Radagast a pour amis les animaux sauvages et les oiseaux de la forêt, et il se déplace dans un traîneau tiré par des lapins géants. McCoy trouve son personnage représentatif des préoccupations de Tolkien pour l’avenir et la préservation de la Terre. "À bien des égards, Radagast me rappelle beaucoup Saint François d’Assise", s’avance à dire McCoy.  Philippa Boyens reprend : “Radagast ne se soucie pas vraiment des problèmes des habitants de la Terre du Milieu, des elfes, des Nains ou des Hobbits. Il se sent bien plus concerné par la protection des animaux, des arbres et de la nature. Mais c’est grâce à ça qu’il est le premier à découvrir qu’un mal commence à envahir Vertbois-le-Grand de l’intérieur, lui donnant ainsi le nouveau nom de Forêt Noire. Il en vient à penser qu’après des années de paix et de prospérité en Terre du Milieu, un ancien fléau maléfique a ressurgi dans le monde”.  “La Terre du Milieu commence à gronder et à s’effondrer un peu", précise McKellen. “Les choses semblent changer, mais pas dans le bon sens. Des forces obscures sont à l’oeuvre, et Gandalf cherche à savoir lesquelles. Ce qui le  pousse à venir voir Radagast, qui est le premier à remarquer ces signes. Mais il faut toute l’intelligence et le recul de Gandalf pour comprendre ce qui se passe".  
Grâce à la confiance que lui témoigne Radagast, Gandalf obtient un indice lui permettant de percer un mystère qui impliquerait l’ancienne forteresse abandonnée de Dol Guldur. "C’est une partie de l’histoire à laquelle fait allusion Tolkien mais qu’il n’a pas été écrite à l’époque", souligne Fran Walsh. "Nous avons toujours voulu aborder l’histoire de Gandalf à Dol Guldur, et je sais que beaucoup de fans ont hâte de découvrir cette partie du récit".  
Il est probable qu’un sorcier de l’ombre – le Nécromancier – se trouve à Dol Guldur, ce qui confère à la quête de Gandalf un caractère encore plus urgent. Autre rebondissement inquiétant : la présence d’une colonie d’Orques monstrueux et difformes qui poursuivent la Compagnie à dos d'Ouargues meurtriers semblables à des loups. Après être tombée dans un guet-apens et avoir repoussé ces créatures puissantes et féroces, la Compagnie réussit à atteindre le petit village elfe de Fondcombe, une majestueuse oasis nichée au plus profond de la vallée d’une rivière, mais ils n’y sont pas exactement les bienvenus.  
C’est réciproque. "Cette animosité remonte à bien longtemps, au temps d’Erebor", explique Armitage. "Les elfes convoitaient le royaume des Nains. Aussi, quand le dragon les attaqua, les elfes ne firent rien pour les aider. Ils laissèrent les Nains périr, ce que Thorïn ne leur pardonnera jamais".  Les Nains finissent par être accueillis sur ordre d’Elrond, à nouveau joué par Hugo Weaving, qui incarne le Seigneur Elrond dans la trilogie du SEIGNEUR DES ANNEAUX. Mais ce dernier doute de la sagesse de la quête entreprise par Thorïn et du rôle qu’y tient Gandalf. "Je crois qu’Elrond et Gandalf ont énormément de respect l’un pour l’autre", affirme Weaving. "Mais Elrond désapprouve Gandalf qui protège Thorïn et les Nains. Elrond redoute de les voir atteindre la Montagne Solitaire et réveiller Smaug : cela ne présage rien de bon et ne fera que remuer les choses. Sans compter ce que Gandalf a aussi prévu de son côté, et qui pose encore un autre problème".  
En effet, Gandalf a une autre raison de venir à Fondcombe : il veut faire part de ses doutes sur Dol Guldur au Conseil Blanc – dont il fait partie, tout comme Saroumane, les Hauts Elfes Elrond et Galadriel, qu'incarne à nouveau Cate Blanchett. "Dans les notes de Tolkien, le Conseil Blanc est présenté comme un prolongement de la Terre du Milieu", précise Jackson. “Ils sont les réels gardiens de cet univers, à l'affût du moindre danger. Vous pouvez imaginer que ça a été pour nous une vraie mine d’information parce que ça nous permettait de mettre en scène des personnages déjà connus et de raconter en détails le récit fabuleux de cette présence mystérieuse à Dol Guldur”. 
Le Conseil Blanc, raconte Weaving, "oeuvre surtout pour la paix dans le monde et est soucieux du fait que des forces obscures les entourent et peuvent à tout moment réveiller des démons et menacer leur quiétude".  Pour Weaving, retrouver ce rôle signifiait aussi pouvoir retravailler avec de vieux amis. "Ça a été très agréable de revenir sur ce projet et de retrouver des acteurs et des membres de l’ancienne équipe : ça faisait des années qu’on ne s’était pas vus".  "Énormément de gens qui ont pris part à la première aventure sont aussi de celle-ci", ajoute Cate Blanchett, qui incarne à nouveau la belle et sage Dame Blanche de Lorien. "Je ne m’attendais pas à ce qu’il y ait une suite à l’aventure de la trilogie du SEIGNEUR DES ANNEAUX, dans laquelle je n’apparais que peu. Du coup, quand j’ai entendu dire que Peter, Fran et Philippa allaient s’attaquer aux films du HOBBIT, je me suis mise à les harceler. Je ne savais même pas si Galadriel y apparaîtrait, mais je ne pouvais pas m’empêcher d’y croire. Et puis j’ai su que son personnage y figurait bien, et j’ai été aux anges".  
Galadriel est un membre éminent du Conseil Blanc et une alliée essentielle de Gandalf. Cate Blanchett la voit "comme une minuscule pièce du puzzle. Si j’ose dire, notre intervention dans le récit – le fait que Gandalf et Galadriel ont un mauvais pressentiment – va avoir une résonnance particulière et annoncer les événements à venir. Le Conseil Blanc ne l’admet tout simplement pas. Et ce qui est noble et héroïque chez Gandalf et Galadriel, c’est qu’ils sont tous deux prêts à affronter l’avenir. Cela fait de Gandalf un héros par excellence – il symbolise le courage, envers et contre tous, de s’enfoncer dans les ténèbres où personne ne veut s'aventurer".  
Cate Blanchett et McKellen se sont tous les deux réjouis à l’idée de travailler une nouvelle fois ensemble et de redonner vie au lien extraordinaire qui unit leurs personnages. "Il y a entre eux une complicité émotionnelle très intense qui, à mon avis, tient autant au jeu des acteurs qu’à la qualité du script", dit McKellen en souriant. "Cela repose sur la confiance mutuelle qu’ils se portent et à leur admiration l’un pour l’autre. En fait, je ne crois pas que parler d’amour soit trop fort, sincèrement. Ils partagent une intimité sensationnelle".  “C’est facile d’aimer Ian. Quant aux personnages, eh bien… peut-être dans une autre vie”, plaisante Cate Blanchett.  
Enfin, Saroumane le Blanc, chef du Conseil Blanc, est le plus puissant et le plus vénéré des Mages : il est joué par Christopher Lee, acteur légendaire qui reprend lui aussi son rôle de la trilogie du SEIGNEUR DES ANNEAUX. "Le récit se déroule 60 ans avant l’époque du SEIGNEUR DES ANNEAUX et je joue donc Saroumane le Blanc tel qu'il était à l'origine, autrement dit le noble et honnête maître des magiciens, celui qui n’est pas encore devenu dangereux en passant du côté obscur de la force", précise Lee.  
En fan inconditionnel de Tolkien – il a d’ailleurs rencontré l’auteur une fois dans un pub d’Oxford, au Royaume-Uni –, Lee était heureux de retrouver l’univers de la Terre du Milieu de Peter  Jackson. "C’est comme une machine à remonter le temps", dit-il, ravi. "C’est extraordinaire. Mais au lieu d’aller dans le futur, nous retournons dans le passé".  Tout comme Elrond, Saroumane voit d’un mauvais oeil la quête des Nains et la considère comme une menace à la paix qui règne depuis tant d’années. Il reste sourd aux avertissements de Gandalf et ne veut pas y voir les signes de forces obscures à l’oeuvre. "Saroumane pense que Gandalf devrait faire plus attention", raconte Lee. "Il ne pardonne pas aux Nains leur satanée quête. S’ils étaient venus trouver Saroumane, il les en aurait dissuadés et leur aurait évité bien des déconvenues".  Mais contre toute attente, Gandalf choisit d’aider les Nains, malgré les terribles désastres qui se profilent à l’horizon. Et cela rejoint l’un des thèmes sous-jacents de l’histoire, comme le note Philippa Boyens : "Galadriel pose une question à Gandalf, et sa réponse reflète quelque chose qui, nous le pensons, tenait à coeur à Tolkien et que nous sentions être vraiment l'essence de notre film : il s’agit de la bonté des gens au quotidien, et du fait que la simplicité d’une bonne action, d'un simple geste désintéressé, est bien plus fort et éloquent que l’acte le plus héroïque".  

DES GOBELINS, GOLLUM ET UN SIMPLE ANNEAU D’OR  

Abandonnant Gandalf, Thorïn file en douce de Fondcombe en entraînant avec lui Bilbon et sa Compagnie. Leur destination finale est à l'est, mais ils doivent d’abord traverser les Monts Brumeux réputés pour être traîtres. Cette décision difficile les oblige à traverser une tempête violente qui les surprend dans un gouffre dont les parois prennent littéralement vie et se transforment en imposants Géants de Pierre. 
Les dangers qui les guettent sont tout aussi grands sous la montagne, où ils tombent dans le guet-apens que leur tendent la horde de Gobelins.  Au fin fond des grottes des Gobelins, Thorïn et ses compagnons doivent faire face à des créatures malhonnêtes et balafrées, de vrais pillards et tueurs dirigés par l’énorme Roi Gobelin, incarné par Barry Humphries, surtout connu pour son alter ego comique, Dame Edna. "Je joue le Roi Gobelin, qui est l’un des personnages les plus désagréables que j’aie jamais joués", admet Humphries. "Il est complètement barré et violent, il manque totalement d’empathie et par-dessus tout il est hideux. Il règne sur une horde de Gobelins qui lui obéissent parce qu’ils ont peur de lui et de sa cruauté. Mais les Nains sont ses ennemis jurés. Et il adore tester de nouvelles recettes à base de chair de Nains".  
Dans la confusion, Bilbon se retrouve séparé du reste du groupe et dégringole encore plus profondément dans la montagne jusqu’à un lac souterrain où il se retrouve alors face à une créature  d’un tout autre genre. Il vient de pénétrer dans le sanctuaire d'une créature étrange et décharnée, qui semble se nourrir de poissons et de Gobelins… Elle s’appelle Gollum et il possède et vénère un anneau aux pouvoirs magiques.  “Ça nous a beaucoup amusés d’écrire à nouveau pour Gollum, un de nos personnages préférés", raconte Philippa Boyens. “Ce n’est pas tout à fait le même Gollum que celui que nous avions rencontré dans la trilogie du SEIGNEUR DES ANNEAUX. Il est plus jeune, il a quelques dents en plus et il se montre un peu plus courageux dans ce film. Comme cela fait déjà longtemps – environ 540 ans – qu’il vit ici, dans l’obscurité, en s’en prenant à des Gobelins assez infortunés pour être tombés entre ses griffes, il a fini par oublier qu’il était vulnérable. Son tort est de penser que l’anneau, son ′talisman′, le rend invulnérable. Il ne réalise pas ce qui lui arriverait s’il venait à le perdre".  
Pendant qu’il inspecte la grotte de Gollum, Bilbon découvre l’anneau et le glisse dans sa poche. Il ne mesure pas l’importance qu’il revêt pour Gollum – et pour l'avenir de la Terre du Milieu.  Une nouvelle fois, Andy Serkis se glisse dans la peau de Gollum. Après son interprétation initiale de Gollum dans LE SEIGNEUR DES ANNEAUX, de King Kong et du César de LA PLANÈTE DES SINGES : LES ORIGINES, Serkis est passé maître dans l’art de la "motion-capture". Son interprétation de cette créature obsessionnelle et schizophrène, qui était autrefois un Hobbit, a fait entrer le personnage dans l’inconscient collectif par sa singularité et son caractère unique.  Étant donné que dix ans se sont écoulés entre la dernière trilogie et ce nouveau tournage, l’acteur a dû se réapproprier le personnage de Gollum. "La première fois que je l’ai incarné il y a une dizaine d’années, je m’étais fait au personnage avec beaucoup de naturel", explique Serkis. "Je n’avais donc pas peur de ne plus faire corps avec lui. En revanche, ce qui m’a semblé étrange pendant un instant, c’est que j’avais le sentiment de faire un simple travail d’imitation. Puis, nous avons tourné la scène-clé entre Gollum et Bilbon et j’ai senti que j’avais retrouvé mes marques. Je ressentais parfaitement toute la tragédie de la situation de Gollum, l’ampleur de la perte de l’unique chose à laquelle il tenait, comme si nous ne faisions qu’un".  
Gollum s’apprête à dévorer Bilbon, mais le Hobbit tente désespérément d'avoir la vie sauve et de recouvrer la liberté grâce à une série d’énigmes. "Gollum engage la conversation avec cet être dont il se méfie mais qu’il croit dominer", explique Serkis. "Une partie de lui apprécie le jeu, mais les énigmes finissent par se retourner contre lui. Et cette rencontre fondamentale mènera Gollum à passer le reste de sa vie à poursuivre ce à quoi il tient par-dessus tout".  
Cette séquence décisive se déroule assez tard dans le film, mais a été la première à être tournée, ce qui s'est avéré une formidable entrée en matière pour Freeman. “C’était très bien écrit et très  drôle à jouer, d'autant plus que je donnais la réplique à Andy", raconte-t-il. "C’est un excellent acteur qui campe un Gollum magnifique. Le simple fait de l’entendre prendre cette voix est incroyable – vous y êtes habitués, mais à ce moment-là, il devient vivant sous vos yeux. Peter a tourné notre scène en un seul plan, si bien que d'une certaine façon, nous avions l’impression de jouer une pièce de théâtre qui durait 9 minutes. Et cette semaine que nous avons passée à tourner cette petite séquence m’a réellement aidé à me glisser dans le rôle".  
La rencontre avec Gollum fait une très forte impression sur le Hobbit. Même s’il sait qu’il n’a pas l’étoffe d’un grand héros, "pendant le voyage, il fait preuve d’un courage que personne ne soupçonnait vraiment chez lui. Il ne s’en doutait pas lui-même", signale Freeman en réfléchissant. "On n’a aucun moyen de savoir comment on réagirait dans pareille situation, mais il découvre qu’il est capable de loyauté, de compassion et d’ingéniosité, et il ne s’en serait jamais douté. C’est un peu comme si cela lui conférait un pouvoir à présent. Et il détient l’anneau, qui recèle lui-même de nombreux pouvoirs".

RETOUR EN TERRE DU MILIEU :  STYLE VISUEL, DÉCORS ET PHOTO DU FILM  

Les studios de tournage de Peter Jackson, Stone Street Studios, situés à Miramar (en Nouvelle-Zélande), sont presque trois fois plus vastes qu'ils ne l'étaient à l'époque du SEIGNEUR DES ANNEAUX, où ils avaient investi une ancienne usine de peinture désaffectée. Pour les besoins d'UN VOYAGE INATTENDU, l'équipe a occupé la quasi intégralité des 32 000 m2, soit six plateaux, dont deux équipés de technologies de pointe, spécialement pour la nouvelle trilogie.  Pour réaliser trois films à la suite, la production a dû, une fois encore, déployer une véritable stratégie logistique mobilisant des centaines de techniciens, et nécessitant la construction d'une centaine de décors, et la fabrication de milliers de costumes, de prothèses, de perruques, d'accessoires et d'armes. 
Chemin faisant, les comédiens auront tourné non seulement sur les plateaux de Miramar, mais aussi dans les somptueux paysages de la Nouvelle-Zélande.  Jackson s'est entouré de ses fidèles collaborateurs, comme le chef-opérateur Andrew Lesnie, le chef-décorateur Dan Hennah, le compositeur Howard Shore, le chef maquilleur et coiffeur Peter Swords King, Richard Taylor (Weta Workshop) et Joe Letteri (Weta Digital) – qui ont tous remporté des Oscars pour la précédente trilogie – sans oublier les chefs-costumiers Ann Maskrey et Bob Buck. "Dix ans après LE SEIGNEUR DES ANNEAUX, on se retrouvait sur le plateau avec plusieurs techniciens  formidables qui avaient déjà travaillé avec nous", affirme Jackson. "Il régnait donc, dès le premier jour de tournage, une atmosphère familiale".  Le cinéaste a aussi fait appel à un vieil ami, Andy Serkis, qui, outre son interprétation de Gollum, a occupé le poste de réalisateur 2ème équipe. "Peter sait depuis très longtemps que je veux passer à la réalisation", dit-il. "Il m'a expliqué que ce serait là une formidable opportunité pour moi, et cela s'est révélé être l'expérience la plus inoubliable de ma vie".  
Jackson tenait à conserver une unité visuelle par rapport à la précédente trilogie, à une différence près : "Dix ans après LE SEIGNEUR DES ANNEAUX, notre transposition de la Terre du Milieu est devenue une référence", dit-il. "Mais pour UN VOYAGE INATTENDU, il fallait qu'on ait le sentiment que l'histoire se passe à une époque plus heureuse. Les ténèbres vont bientôt s'abattre sur cet univers, mais ce n'est pas encore le cas, si bien qu'on voulait baigner le film d'une atmosphère plus douce, et proche du conte, et que l'image et les décors s'en fassent l'écho".  
C'est le département artistique qui a jeté les fondations de cet univers. Avec une équipe d'environ 350 personnes, Dan Hennah s'est vu confier la mission d'imaginer une Terre du Milieu vraisemblable et aux multiples facettes en dur, dans laquelle puissent s'intégrer les personnages et les décors conçus par Weta Digital.  
Ce sont d'abord les illustrateurs John Howe et Alan Lee, réputés pour leur expertise de l'oeuvre de Tolkien, qui ont réalisé des milliers de dessins, après avoir fait de même pour LE SEIGNEUR DES ANNEAUX. Leurs illustrations sont nées de leurs discussions avec Jackson et Hennah, de leur lecture du scénario et de leur propre passion pour le livre.  "Quand on travaille sur un film, il faut prêter attention à une foule détails, bien plus nombreux que ceux qu'on peut glaner en lisant le scénario ou le livre", explique Lee. "Tolkien utilise la langue pour créer l'histoire et les différentes civilisations de la Terre du Milieu. Il dépeint une atmosphère, sans expliciter précisément où se trouve le soleil et où se lève la lune".  Leurs dessins traduisent également les émotions du livre. Howe ajoute : "Peter souhaite que le spectateur ait le sentiment, en voyant le film, que c'est son propre imaginaire qu'il projette sur l'écran. Du coup, il nous parle d'un décor sans nous donner aucun détail ou presque, mais il nous éclaire sur les émotions des personnages. On ne sait pas forcément à quoi ça ressemble, mais on comprend le genre de sentiment que c'est censé provoquer chez vous".  
À partir des illustrations, Hennah s'est attelé à concevoir des décors répondant aux critères de réalisme et de détails imposés par Jackson. "Pour y parvenir, j'ai vérifié, pour telle ou telle scène, dans quelle partie du décor les personnages allaient évoluer, et c'est ce qui m'a permis de savoir avec précision ce qu'il fallait construire", note Hennah.  Les maquettistes ont bâti des maquettes réduites de chaque décor, ce qui a permis au réalisateur de réfléchir au déroulement de l'intrigue et d'éliminer des problèmes éventuels. Puis, Hennah et le directeur artistique Simon Bright ont supervisé la construction en dur, ce qui a représenté un travail de 24 heures sur 24 tout au long du tournage : les équipes faisaient les trois huit pour construire l'ensemble des décors jusque dans leurs moindres détails.  "Nous avons mis au point plusieurs techniques que nous n'avions pas il y a dix ans", souligne Hennah. "Par exemple, tous les accessoires naturels ont été moulés à partir d'éléments vivants ou réels. On s'est ainsi rendu dans la montagne et on a appliqué un gros morceau de silicone sur un rocher pour en avoir l'empreinte. Nous avions cinq ou six parois rocheuses, de 5 à 6 mètres de haut chacune, qui pouvaient être utilisées dans toutes sortes de combinaisons. Nous avons également disposé d'arbres sur roues. On avait presque l'impression d'être dans un décor de théâtre".  
Ce dispositif s'est avéré particulièrement efficace pour les décors de la forêt du Bosquet des Trolls, Gobelinville et la grotte de Gollum. Les techniciens du département artistique étaient à même de transformer ou d'agrandir un décor du jour au lendemain, offrant à Jackson une totale liberté pour tourner comme il le souhaitait.  Entre les Elfes, les Hobbits, les Nains, les Magiciens et les Gobelins, il fallait que chaque univers se distingue des autres et que les décorateurs soient capables de leur donner une identité visuelle grâce aux accessoires et aux décors. "Ces mondes-là ont chacun leur histoire, et nous avons donc dû faire pas mal de recherches pour établir ensuite des règles à observer", souligne Hennah.  
Les fans du SEIGNEUR DES ANNEAUX reconnaîtront certains univers : par exemple, le décor de la maison de Bilbon, à Cul-de-Sac, a été retrouvé, restauré et considérablement amélioré pour les besoins d'UN VOYAGE INATTENDU. Jackson tenait à ce qu'on ait l'impression qu'il s'agit du même emplacement occupé par Bilbon âgé et par Frodon dans la trilogie précédente. 
Selon les mots du directeur de la photo Andrew Lesnie, "il s'agit de l'endroit le plus idyllique qui soit au monde : c'est un lieu chaleureux, accueillant, simple, mais d'une beauté à couper le souffle".  Le chef-opérateur était ravi de retrouver la Terre du Milieu en compagnie de Peter Jackson, et de pouvoir tourner avec des caméras numériques Red Epic ultrasophistiquées. Compactes et mobiles, ces caméras s'adaptent facilement à la Dolly, à la grue et au tournage à l'épaule, tout en enregistrant bien plus de données que des caméras 35 mm puisqu'elles fonctionnent à 48 images par seconde. "C'est une expérience technique inédite, qui résulte des progrès inouïs obtenus dans le domaine du numérique depuis dix ans", dit-il.  L'une des premières scènes faisant office de "test" grandeur nature concerne le dîner à Cul-de-Sac, où Bilbo est soudain envahi par 13 nains tapageurs et Gandalf.  
Alors que, dans la précédente trilogie tournée en 2D, Jackson avait pu utiliser un procédé de "perspective forcée" afin de faire croire que Gandalf était beaucoup plus grand que ses amis Hobbit ou Nains, la 3D rendait ce dispositif caduque. 
Comme pour LE SEIGNEUR DES ANNEAUX, la production s'est largement servie de doublures pour chaque personnage dont la taille variait de moins d'1m20 à plus de 2 m. Mais pour le festin de Cul-de-Sac, Jackson a mis au point un procédé de tournage à la pointe de la technologie : le "Slave Motion Control".  Il s'agissait de construire deux décors où se déroulerait l'action : le premier dimensionné pour les acteurs principaux, et le second créé sur fond vert pour les personnages plus petits ou plus grands apparaissant dans la même scène. Les comédiens pouvaient ainsi jouer la séquence dans les deux décors simultanément – sachant qu'on leur indiquait par signes où porter leur regard et à qui s'adresser dans des écouteurs –, tandis que les caméras filmaient chaque décor de manière parfaitement synchronisée. 
Du coup, Peter Jackson était à même d'orchestrer ces deux décors, réunis ensuite à la palette numérique.  "Sur le décor principal, la caméra était fixée sur une grue traditionnelle", explique le superviseur du Slave Motion Control Alex Funke. "Cependant, le moindre de ses mouvements était encodé – un pano, un travelling, un gros plan etc. – puis converti en données numériques, dimensionné à la bonne échelle, et transmis par un câble à la caméra pilotée par motion control qui pouvait ainsi filmer le décor sur fond vert à la bonne échelle, elle aussi. Ensuite, ce dispositif reproduisait fidèlement les mouvements de la caméra principale à une distance et une vitesse spécialement calculées en fonction de ses propres spécificités".  Au final, on aperçoit des Nains qui courent dans tous les sens en allant chercher des provisions dans la réserve, et en les apportant dans la salle à manger. 
Parmi eux, Gandalf semble très grand.  Jackson voulait aussi pouvoir suivre les personnages d'une pièce à l'autre. Du coup, il a agrandi le décor de Cul-de-Sac, ajoutant une salle à manger, une chambre et une vaste réserve – autant d'éléments de décors construits en deux échelles. "Avec les choix de mise en scène de Peter, on ne peut pas considérer qu'il y ait un arrière-plan", indique le décorateur de plateau Ra Vincent. "Par conséquent, il ne fallait négliger aucun détail dans le décor de Cul-de-Sac, et penser à faire des reproductions d'accessoires dont le spectateur se souvient peut-être de la trilogie précédente".  
Étant donné que la Terre du Milieu est une société qui n'a pas connu la Révolution industrielle, il était essentiel que le moindre objet semble unique et fabriqué à la main. La production s'est donc entourée d'une armada d'artisans, comprenant un potier, un forgeron, un souffleur de verre, des ébénistes, un chef cuisinier, un sellier, un fabricant de bateaux et des vanniers. Ont  également été utilisés un atelier de menuiserie et une fonderie en parfait état de marche pour la coulée en barbotine d'éléments en aluminium et en bronze.  
Pour les extérieurs champêtres de Hobbitebourg, Jackson et son équipe ont de nouveau investi l'Alexander Farm dans la région de Matamata, sur l'île nord de la Nouvelle-Zélande. Il y a dix ans, une partie de cette ferme d'élevage de moutons et de vaches avait été transformée en Hobbitebourg : des visites guidées y sont encore proposées aujourd'hui pour découvrir le décor du SEIGNEUR DES ANNEAUX. Le département fonds verts s'y est rendu en amont du tournage pour que les jardins des Hobbits soient luxuriants, et les trous de Hobbits existants ont été rénovés.  
Pour UN VOYAGE INATTENDU, un nouveau décor a été créé : la forêt de Rhosgobel, où habite le magicien Radagast. Il faut signaler qu'un arbre pousse au milieu de sa maison qui repose dangereusement sur des sols accidentés et des murs de guingois. Ce qui n'a pas manqué de poser des difficultés majeures aux équipes de décorateurs.  
Autre décor inédit : la grotte de Gollum – cadre inoubliable pour les admirateurs du livre – que Lesnie a éclairée en privilégiant des lumières tamisées. "Ce décor incarne le calme au milieu de la tempête", souligne-t-il. "Sa tranquillité ne fait que renforcer l'atmosphère étrange et inquiétante qui règne dans cette grotte. Il s'en dégage un sentiment de solitude et de désespoir…"  
Dans une caverne de pierre, située bien en-dessous des tunnels des Gobelins, Gollum traverse un lac aux eaux troubles à bord d'un petit bateau – ou coracle – construit à partir des os et de la peau de Gobelins et d'Orques. "On y trouve beaucoup de crevasses, si bien qu'il se nourrit des quelques poissons qu'il peut attraper et des Gobelins qui tombent dans ces crevasses", note Hennah. "C'est assez macabre".  Les Gobelins vivent eux-mêmes sous la terre, dans un univers de pourriture et de déchets accumulés. "Pour notre palette de couleurs, nous avons utilisé des teintes grisâtres et ocre", relève Hennah. "Et la pourriture se manifeste dans les petits trous qu'on aperçoit dans les rochers. Plus on descend dans les profondeurs, plus il devient évident que la roche a été rongée par l'acidité dégagée par les Gobelins. Et à la surface, les Gobelins ont construit des passages et des plateformes escarpés".  
Pour le département artistique, la décoration de Gobelinville est devenue un défi à part entière. "Les Gobelins tirent un peu le diable par la queue", souligne le chef accessoiriste Nick Weir. "Ils ne pensent qu'à servir leurs intérêts un peu pervers et sans doute répugnants. C'était un vrai plaisir".  
Contrepoint esthétique à Gobelinville, la petite ville de Fondcombe, où vivent les Elfes, est un lieu étrange et onirique, en communion avec la forêt et la rivière voisines. Là encore, Hennah a restauré et agrandi le décor d'origine du SEIGNEUR DES ANNEAUX, qui a ensuite été mis en valeur grâce aux effets visuels.  Pour le personnage de Seigneur Elrond, Alan Lee a envisagé d'en révéler davantage sur Fondcombe, en ajoutant l'observatoire où Elrond passe la carte de Thorïn au crible, une charmante cour et la Salle du Conseil Blanc. "La Salle du Conseil Blanc est un lieu magique, perché sur un rocher offrant des points de vue spectaculaires sur la région, grâce à Weta Digital".  
Hennah a cherché à conserver une cohérence visuelle avec les teintes argentées et bleues de Fondcombe dans la précédente trilogie, à une différence près : "Dans LE SEIGNEUR DES ANNEAUX, les Elfes étaient une civilisation en voie d'extinction, ce qui se voyait dans leur univers", souligne-t-il. "Mais dans ce film, on découvre les Elfes à une époque antérieure, si bien qu'on a accentué le bleu et qu'on a insufflé beaucoup plus de vitalité à cet environnement".  Pour Fondcombe, comme pour l'ensemble des lieux de tournage, il a fallu intensifier les couleurs des décors. En effet, ces caméras enregistrent beaucoup plus d'informations à chaque plan, mais "absorbent de la couleur", comme le note Hennah. "Du coup, on a dû prendre cela en compte pour la gamme chromatique, d'autant plus qu'on souhaitait faire de la Terre du Milieu un espace plus radieux et plus heureux. Pendant l'étalonnage, on pouvait atténuer la couleur, mais c'est plus difficile d'en ajouter. Par conséquent, on a envisagé les décors de la même façon que les costumes et le maquillage".  
En dépit des progrès technologiques accomplis en dix ans, Lesnie souhaitait rendre hommage au style visuel du SEIGNEUR DES ANNEAUX, sans refuser pour autant les possibilités offertes par les techniques les plus récentes. "Comme le tournage à 48 images par seconde offre une résolution d'une précision inégalée, j'ai privilégié un éclairage plus doux pour créer un environnement plus 'cinématographique'. Pendant l'étalonnage, nous nous sommes vraiment efforcés de donner plus de rondeur et de cachet à l'image".  3Ality a fourni les miroirs nécessaires pour le tournage en 3D, mais ces derniers et les caméras n'étaient pas encore totalement au point au tout début du tournage. Il s'agissait d'améliorer considérablement l'ensemble du système de prise de vue car les caméras stockaient des données en vue de la phase de postproduction. L'équipe a conçu de nouveaux périphériques pour mettre en place des outils de communication sans fil reliant les différents dispositifs et le système central.  "On voulait tourner des images en 3D à un rythme de 2D, et c'est la pratique quotidienne qui s'avère des plus précieuses", explique Lesnie. "Mais je pense que les technologies n'ont pas cessé de s'améliorer tout au long du tournage. Notre expert en matière de technologie, Dion Hartley, et le superviseur du matériel de tournage, Gareth Daley, n'ont pas hésité à relever tous les défis".  
Des dispositifs d'éclairage spécifiques ont été mis au point afin de permettre à Jackson de bénéficier de la plus grande latitude pour se rapprocher de la lumière naturelle en studio. S'il est impossible d'atténuer les lampes de cinéma, l'équipe de Lesnie a imaginé un programme permettant  d'éteindre certaines ampoules de manière aléatoire, ce qui donnait le sentiment que la luminosité baissait en intensité. Cette technique s'est révélée être particulièrement utile pour les séquences qui démarraient à la tombée du jour et qui se poursuivaient pendant le crépuscule, et notamment à Foncombe.  "Ce royaume mystique dépasse presque la réalité", indique Lesnie. "J'ai obtenu cette atmosphère féerique en gardant constamment une lumière de petit matin ou de tombée du jour. La nuit, Fondcombe conserve un éclat magique".

COSTUMES, COIFFURES ET PROTHÈSES :  
LA CRÉATION DES CIVILISATIONS ET DES PERSONNAGES  

Un partenaire crucial a contribué à imaginer l'univers d'UN VOYAGE INATTENDU : Weta Workshop, tout premier studio d'effets réels de Nouvelle-Zélande sous la houlette du directeur artistique et cofondateur Richard Taylor.  Il s'est d'abord agi de concevoir les caractéristiques physiques et les tenues vestimentaires des Nains. Le réalisateur note : "En dehors du fait que, bien évidemment, les Nains sont interprétés par différents acteurs qui leur apportent leur personnalité, les gens de Weta Workshop ainsi que les créateurs de costumes et les maquilleurs se sont attachés à créer treize silhouettes mémorables, avec leurs particularités chacune, afin que les spectateurs puissent les reconnaître aussitôt, même de loin".  
Chaque jour sur le plateau, Weta Workshop devait mettre au point de nouveaux effets maquillage prosthétiques pour les Nains, même si, par chance, les accessoires pour les mains et les bras étaient plus pérennes. "À l'exception de Bombur, qui portait une prothèse sur l'ensemble du visage, les autres se contentaient d'éléments prosthétiques sur le front et le nez qui se fondaient avec leur peau", déclare Taylor.  Les comédiens portaient des capuchons de mousse derrière leur tête, et des oreilles décollées pour donner plus de largeur à leur visage. Tout cela était camouflé sous des perruques confectionnées à la main qui ajoutaient encore du volume. "Pour chaque Nain, nous avons fabriqué sept perruques – deux pour le héros, deux pour les doublures taille, une pour la doublure à cheval, une pour la doublure cascade et une pour la doublure cascade masque –, ce qui revenait à 91 perruques au total pour les Nains", signale Peter Swords King, chef coiffeur et maquilleur. "La plupart étaient en poils de yak, même si Thorïn avait une perruque en cheveux humains pour marquer son statut royal, et si celles de Fili et de Kili étaient un mélange".  Grâce aux progrès effectués en matière d'effets spéciaux maquillage et à la possibilité de peindre les prothèses en amont du tournage, les séances d'application ont pu être ramenées à environ 1h30. "Comme les prothèses en forme de T recouvraient les sourcils des comédiens, nous avons inséré à la main les sourcils dans chaque prothèse faciale", explique la superviseuse effets prosthétiques Tami Lane. "De même, nous avons inséré à la main des poils sur les mains et les bras imposants des Nains, car tout devait avoir l'air parfaitement réaliste à l'écran".  
Chaque prothèse était rembourrée par du flocage, qui donnait l'illusion du sang sous la peau, et comportait également des taches de rousseur, des rides, des taches, des veines et des cicatrices pour ajouter au réalisme.  La question des proportions était essentielle. Si la hauteur du corps des comédiens, qui répondent aux critères normaux de taille humaine, est de huit têtes environ, celle des Nains est autour de cinq têtes seulement. Du coup, pour rendre les interprètes plus petits et trapus, il a fallu innover en matière de costumes et mettre au point des costumes grossissants en mousse, qui ont permis de redonner les bonnes proportions au corps des Nains. Mais comme ces tenues étaient imposantes et chaudes, surtout lorsque les comédiens enfilaient leur costume par-dessus, ils portaient des maillots rafraîchissants, comme ceux qu'utilisent les pilotes de Formule 1 : en cas de besoin, ils pouvaient même actionner manuellement un dispositif qui injectait de l'eau froide à travers le maillot pour les maintenir au frais.  
Sous l'égide d'Ann Maskrey, l'équipe des costumiers a utilisé les couleurs et les matières pour illustrer le statut des Nains. "Pour les plus aristocrates d'entre eux – Thorïn, Fili, Kili, Balïn et Dwalïn –, nous nous sommes servis de matières riches, comme le velours, le brocart et des cuirs rembourrés", explique Ann Maskrey. "Ils portent également des couleurs nobles, comme le bleu nuit, le bordeaux et le vert émeraude. Pour les Nains qui appartiennent à la classe ouvrière, nous avons privilégié des teintes marron et grises, et des tissus moins haut de gamme, comme la toile de jute. Peter Jackson souhaitait qu'Ori ait l'air plus doux et innocent, et il porte donc des tenues violet clair tricotées à la main : un gilet, une sorte de cagoule-écharpe, et des gants".  
Leur panoplie était complétée par d'énormes bottes en cuir, particulièrement sophistiquées, dont chacune était munie, à l'intérieur, de bottines légères afin que le pied des acteurs ne flotte pas. "Certains des comédiens ont vraiment eu le sentiment d'entrer dans la peau d'un Nain dès le moment où ils ont enfilé ces bottes et fait quelques pas".  
La conception des costumes de Bilbon était plus classique : il porte des tenues chatoyantes et atemporelles, évocatrices d'une époque rurale idyllique aujourd'hui révolue. "Ses vêtements sont plus gais  et plus colorés, et leur coupe est sans doute un peu plus sophistiquée que dans la trilogie précédente", précise la chef-costumière.  Fidèle à son statut, Bilbon est un Hobbit soigné : il porte des vestes en velours, des gilets et des pantalons mi-longs. Inspirée par les modèles et les couleurs du styliste du XIXème siècle William Morris, la garde-robe de Bilbon est dans les tons or, sable, bordeaux et vert, dans la droite ligne des tenues portées par Ian Holm qui incarnait autrefois le personnage.  Pour achever de transformer Freeman en Bilbon, celui-ci a dû porter des pieds de Hobbit. Weta Workshop a donc confectionné des chaussettes en silicone réutilisables, montant au-dessus du genou, à partir de chaussures de sport avec orteils séparés. Puis, ces chaussettes étaient pourvues d'orteils en uréthane pour permettre à l'acteur de bouger ses "doigts de pieds de Hobbit".  
Les personnages de Gandalf, Saroumane, Elrond et Galadriel n'ont presque pas changé par rapport à la trilogie précédente. Notons cependant que Gandalf, outre son chapeau défraîchi et ses robes grises, porte désormais une écharpe argentée. 
Quant à Elrond et Galadriel, ils sont pourvus d'oreilles en gélatine et de magnifiques costumes finement tissés.  La confection des tenues de la Dame Blanche de Lorien a été un vrai bonheur pour le département Costumes. "Il y avait un tissu brillant qui allait à merveille à Cate", s'enthousiasme Ann Maskrey. "Nous l'avons utilisé pour faire une robe pourvue d'une longue traîne pour la scène du Conseil Blanc. Peter a même demandé au département artistique de fabriquer quelques marches pour la mettre en valeur. Au départ, elle ressemble à une statue et puis, tout à coup, elle s'illumine et semble prendre vie. C'était magnifique".  
Radagast le Brun incarne l'antithèse même de l'élégance : ses robes ont sans doute été resplendissantes autrefois, mais désormais son luxueux manteau de chenille est râpé et en haillons, son magnifique gilet brodé à la main est en piteux état, ses chaussures sont mal assorties et son chapeau est défraîchi. "Peter estimait que Radagast devait être de guingois et voulait aussi que son chapeau ne ressemble en rien à celui de Gandalf", remarque Ann Maskrey. "Bien au contraire, il fallait que le chapeau évoque des oreilles. C'était – et reste encore aujourd'hui – l'un de mes accessoires préférés".  
Peter Swords King ajoute : "Il a des fientes qui lui couvrent le visage et des nids d'oiseaux dans les cheveux : les oiseaux viennent se nicher sous son chapeau ou s'en échappent. Il ne s'est pas coiffé depuis des années. Ses cheveux sont tellement emmêlés qu'ils ont même pris la forme du chapeau. Il porte une grosse prothèse nasale et il a les dents crochues, et on devine qu'il sent très mauvais, et pourtant, il a un côté empoté et attachant qui, à mon avis, lui vaudra la sympathie du public".  

AU-DELÀ DE L'IMAGINAIRE : LES APPORTS DE WETA DIGITAL  

La création des univers et des civilisations de la Terre du Milieu n'aurait pas été rendue possible sans l'imagination, le talent et l'innovation de Joe Letteri et de son équipe de Weta Digital de 850 personnes.  La pléthore de créatures numériques peuplant le film – qu'il s'agisse des Trolls, des Géants de pierre, des Gobelins et du Gollum – ont toutes été mises au point par Weta Digital. 
Tout au long de leur élaboration, Peter Jackson a formulé des remarques pour les améliorer, surtout après les avoir vues s'animer.  "Il est indispensable que le spectateur s'attache à ces personnages et qu'il croie à ce qu'il voit à l'écran, aussi délirant que ce soit", raconte Letteri. "Ce sont souvent les tout petits détails, ou les choses plus évidentes, qui font qu'on n'y croit plus, si bien qu'on a prêté une attention toute particulière au moindre détail".  La peau, par exemple, devait avoir l'air parfaitement réel. "Il fallait absolument qu'on obtienne la bonne texture, et que la manière dont la lumière fait briller la peau ou ressortir la transparence soit d'une grande justesse", dit-il. "Trop de perfection aurait été artificiel. Le naturel des cheveux, leur texture et leur mouvement étaient, eux aussi, essentiels".  
Mais l'élément le plus important des personnages, comme en atteste la présence surnaturelle de Gollum, reste les yeux. "C'est grâce à eux que le spectateur s'attache à une créature ou pas", affirme Letteri.  Il fallait aussi que les mouvements soient naturels. "Il s'agissait de construire une personnalité qui passe par le physique des créatures", souligne le superviseur des effets visuels. "Cela tient souvent à des choses auxquelles on ne ferait pas forcément attention consciemment, mais si elles n'étaient pas là, on se rendrait compte qu'il manque quelque chose".  Azog, cruelle et puissante Orque Pâle jouée par Manu Bennett, est un personnage entièrement créé par ordinateur. Sans doute le spécimen le plus terrifiant de son espèce, Azog a d'abord été conçu par Motion Capture (MoCap), tout comme les trois Trolls – William, Bert et Tom – doublés respectivement, au moment du MoCap, par Peter Hambleton, Mark Hadlow, et William Kircher qui interprètent également des Nains.  
La Motion Capture a aussi servi à créer le grotesque Grand Gobelin, joué par Barry Humphries, et l'ensemble des hordes de Gobelins. À l'inverse, deux des Orques – Yazneg (Jeff Rawls) et Fimbul (Stephen Ure) – ont été interprétés par des comédiens portant des prothèses en silicone peint et mousse de latex conçus par Weta Workshop, puis améliorés à la palette numérique par Weta Digital.  Les événements qui se déroulent à Gobelinville ont constitué le plus grand défi à relever pour Letteri et son équipe. "Les Gobelins se déplacent dans tous les sens, et il ne faut pas perdre de vue que ce sont chacun des personnages singuliers", signale Letteri. "Par ailleurs, le décor comporte plusieurs niveaux, si bien que les personnages gesticulent et s'activent en permanence. Ce qui était intéressant, c'est que la perspective dans les grottes était en changement perpétuel car il n'y a, pour ainsi dire, pas de 'sol', et du coup, cela donne lieu à des plans très dynamiques. Dans des scènes comme celle-là, la frontière entre la prise de vue réelle et les effets visuels est très mince".  
L'un des tout premiers – et des plus complexes – personnages numériques reste Gollum, déjà campé par Andy Serkis dans LE SEIGNEUR DES ANNEAUX. Le personnage était le fruit de la collaboration entre Serkis et Weta Digital, qui s'était concrétisée par la technologie révolutionnaire, à l'époque, de la Motion Capture.  Il y a dix ans, Serkis devait jouer séparément sur un plateau, puis sa prestation, numérisée, était ensuite incrustée dans la séquence en prises de vue réelles au moment de la postproduction. Pour UN VOYAGE INATTENDU, l'équipe de Weta Digital a pu se permettre de filmer Serkis sur le plateau principal, en temps réel, où il donnait réellement la réplique à Martin Freeman.  Du coup, grâce aux progrès accomplis par Weta Digital en matière de MoCap, Serkis et Freeman ont pu jouer face à face la longue séquence du "jeu des énigmes" du début à la fin. Le dispositif a permis à Peter Jackson de cadrer la scène comme il l'entendait et de diriger ses deux acteurs, même si, par la suite, un personnage numérique allait se substituer à l'un des deux.  Comme toujours avec la Motion Capture, les animateurs ont transféré les données enregistrées sur le plateau dans un ordinateur pour créer le personnage numérique, en l'occurrence Gollum. Ils en ont alors profité pour donner vie aux mouvements de Gollum, proches d'une araignée, et à sa capacité surhumaine à escalader des surfaces verticales.  
L'équipe de Weta a également créé des animaux géants, comme les meutes des terrifiants Ouargues, semblables à des loups, et les énormes Lapins qui tirent le traîneau de Radagast.  Pour optimiser les effets visuels du film, une équipe supervisée par Eric Saindon était en permanence sur le plateau afin de recueillir des données en vue d'ajouter des éléments au décor ou d'imaginer les magnifiques points de vue sur la Terre du Milieu. Du coup, il leur fallait constamment contrôler et enregistrer les informations de repérage – matérialisées par de petits points orange placés un peu partout sur le plateau – afin d'établir des mesures précises pour les ajouts numériques, et tout particulièrement pour ceux concernant le décor.  Saindon a travaillé en étroite collaboration avec le directeur de la photo Andrew Lesnie afin de garantir une cohérence visuelle sans faille entre les prises de vue réelles et les plans numériques. Il  fallait qu'on ait le sentiment que chaque élément appartienne au même univers imaginé par le département artistique. "On recueillait toutes les informations géométriques pour chaque scène – détails, couleurs, image, lumière – afin de pouvoir recréer le décor avec précision et le retravailler, qu'il s'agisse d'y ajouter un détail numérique, un bâtiment ou un arrière-plan", précise Saindon.  
Les deux hommes ont aussi utilisé la photo pour parfaire l'univers de la Terre du Milieu. En décors naturels, Jackson appréciait particulièrement la couleur du ciel à Hartfield, si bien que des plans du ciel à 360° ont été effectués, puis utilisés tout au long du film. De même, des plans de montagnes et de paysages spectaculaires ont été tournés, afin de servir d'arrière-plans par la suite.  Entre la collaboration de Peter Jackson avec son équipe Effets visuels présente sur le plateau, et les animateurs qui, en postproduction, ont utilisé ce matériau pour concevoir les images du film, tout devenait possible…  

DU MARTEAU D'ARMES AU DARD : LES ARMES DE LA TERRE DU MILIEU  

L'objectif, en matière d'armes, consistait à mettre au point des objets contribuant à caractériser les personnages qui les portent. Weta Workshop était chargé de la conception, du développement et de la production de nombreuses armes : environ 800 d'entre elles ont été confectionnées pour les Nains (à la fois pour les acteurs et leurs doublures).  Weta Workshop a entrepris d'importantes recherches pour faire en sorte que l'arsenal soit aussi authentique que possible, mais comme le film se déroule en Terre du Milieu, il était possible de styliser les armes de manière exceptionnelle. "Si les haches conçues pour les Nains étaient en fer ou en acier, elles n'auraient jamais pu être maniées par un humain", note Taylor. "Mais les Nains étant d'une grande force physique, ils pouvaient facilement porter et manier ces énormes armes".  
Les comédiens ont été encouragés à contribuer à la conception des armes afin que leurs propres capacités physiques, et le tempérament de leurs personnages, soient pris en compte. Chaque Nain possède une ou deux armes qui leur son propres parmi leur arsenal impressionnant. "Les armes des Nains ont des lignes très dures, très géométriques, et leur fonction a donc été décisive dans leur conception", ajoute Taylor. "Nous avons donc créé des versions de ces armes avec des matériaux légers, comme l'aluminium et l'uréthane".  
Graham McTavish, qui campe le guerrier Dwalïn tout en muscles, s'est révélé être habile des deux mains et des deux bras. D'où la création de deux énormes haches qu'il a surnommées "Grasper"  et "Keeper" et qu'il a gardées attachées dans le dos afin de pouvoir les attraper facilement par-dessus l'épaule en cas de besoin. Il arbore également un redoutable marteau d'armes.  
Les armes des jeunes Nains Fili et Kili traduisent leurs talents respectifs : celui du lancer de couteau s'agissant de Fili et du tir à l'arc pour Kili. Dean O'Gorman, qui incarne Fili, s'y est exercé, tandis que Fili, après un solide entraînement, a fini par porter ses couteaux fixés à ses bottes au niveau de la cheville.  
Certaines difficultés d'ordre pratique ont dû être résolues pendant la préparation. Les grandes mains poilues qui donnent aux Nains leurs bonnes proportions à l'écran ont fini par poser problème s'agissant du maniement des armes. Mais l'équipe Cascades et l'équipe Prothèses ont trouvé une solution : adapter les prothèses de main avec des doigts palmés en tissu permettant une meilleure préhension des armes.  Autre difficulté : l'utilisation des armes en 3D. 
Étant donné que certaines cascades ne pouvaient pas fonctionner, des fonds verts ont été utilisés pour les armes, destinés à être remplacés par la suite par Weta Digital.  Dans l'arsenal des Nains, on trouve aussi la masse d'armes magnifiquement ouvragée de Balïn, la lance à sanglier de Bifur, une arme à mi-chemin entre la hache et la pioche pour Bofur, le dard de combat d'Oïn, les "bolos" (machettes d'origine philippine) de Dori, le lance-pierres d'Ori, les couteaux à écharner de Nori, et les deux haches de Gloïn, qu'on reconnaîtra facilement car elles seront transmises par la suite à son fils Gimli, comme on a pu le voir dans LE SEIGNEUR DES ANNEAUX.  
On distinguera d'autres armes déjà aperçues dans la trilogie précédente, comme celles récupérées par Bilbon, Gandalf et la Compagnie des Nains dans la grotte des Trolls. Le maître fabricant d'épées Peter Lyons a recréé les glaives des Elfes, appelés Glamdring ou Marteaux à Ennemis, que Gandalf acquiert, ainsi que le Dard, toute première épée qu'ait jamais maniée Bilbon. Lyons et Weta Workshop ont été particulièrement fiers de mettre au point l'Orcrist, ou Fendoir à Gobelins, nouvelle épée récupérée par Thorïn dans la grotte des Trolls. Arme élégante, l'Orcrist est munie d'une dent de dragon sur le manche et d'une lame tarabiscotée.  
Thorïn Écu de-Chêne possède une arme sans doute moins impressionnante, mais tout aussi légendaire : l'imposant bouclier de chêne auquel il doit son nom. Taylor explique que le chef maquettiste Paul Van Ommen a avancé plusieurs idées en l'espace de sept semaines qui ont abouti à l'instrument qu'on voit dans le film : "C'est assez simple de se le représenter dans le livre, mais quand il s'agit de le fabriquer concrètement, on se demande à quoi ressemble le fameux Écu de-Chêne", déclare Taylor. "C'était un  morceau de bois, qui a été arraché à un arbre, censé protéger Thorïn des attaques de ses ennemis. C'est la mythologie du personnage. Et comme cela lui a sauvé la vie, il le porte sur le flanc depuis des années, tout en en prenant soin pour que le bois ne se fende pas. Il fallait donc qu'il ait l'air stylisé, sans perdre de vue qu'il s'agit avant tout d'un morceau de bois".  
Les armes et les armures des Elfes, comme en témoignent Elrond et ses soldats, sont beaucoup plus élégantes. Comme toujours chez les Elfes, ces instruments s'inspirent de l'Art Nouveau, en évoquant un univers végétal et en intégrant des courbes sophistiquées et des inscriptions complexes. À l'inverse, les Orques arborent des armes destinées à poignarder et trancher la gorge de leurs ennemis : mortelles et frustes, elles sont fabriquées à la main en ossements sculptés et affûtés.  

LE CAMP D'ENTRAÎNEMENT DES NAINS : COMBATS ET CASCADES 

Plusieurs mois avant le tournage, Martin Freeman, les interprètes des Nains et l'ensemble de leurs doublures se sont retrouvés dans le "camp d'entraînement des Nains" pour s'exercer au maniement des armes, au combat et à l'équitation. La production a également pris en considération le type d'équipement que les comédiens allaient devoir porter sur le tournage, à l'image des prothèses imposantes, des costumes grossissants, des tenues encombrantes et des armes.  Étant donné que les comédiens avaient tous des aptitudes physiques différentes, le chef cascadeur Glenn Boswell et son équipe ont mis au point des exercices d'ordre général, et d'autres plus spécifiques. Le maître d'armes Steven McMichael les a également entraînés au maniement de leurs armes afin de permettre aux cascadeurs d'orchestrer les scènes de combat.  Le travail de l'entraîneur physique Terry Notary s'est avéré déterminant pour que les comédiens s'approprient leurs personnages. Car chaque peuple de la Terre du Milieu se déplace et livre bataille à sa manière. "Chacun a ses propres réflexes que l'on retrouve dans tous leurs gestes", explique Notary. "Pour mettre au point les 'empreintes' des personnages, qui définissent leur rythme et leur personnalité, je me suis inspiré du scénario, des graphiques et de mes discussions avec le réalisateur".  
Sur les conseils de Jackson, Boswell, Notary et les comédiens ont mis au point des techniques de combat propres à chaque personnage. Si certains Nains sont déjà des combattants aguerris au début de l'histoire, qu'en est-il du pacifique Bilbon ? "Martin, tout comme Bilbon, n'était pas habitué aux armes et au combat, si bien que nous nous sommes servis de son lent apprentissage, surtout au début où il n'a pas  vraiment besoin de savoir manier l'épée", affirme Boswell. "Mais comme il a rapidement progressé, il a fallu ensuite se souvenir qu'il était censé être plus ou moins habile en fonction du moment de l'histoire".  Les grands pieds de Bilbon déterminent sa démarche. "Les Hobbits tirent leur force de leurs genoux", souligne Notary. "Ils sont costauds dans les bras et les jambes, ce sont de bons marcheurs et ils se déplacent avec énergie".  
Les Nains se déplacent par quatre, ont du cran et n'aiment rien tant que le plancher des vaches. "Ils me font penser à de petits chars Sherman qui avancent coûte que coûte", reprend Notary. "Malgré leur taille, ils ne se voient pas du tout comme petits".  
Les Elfes, racés et élancés, sont aux antipodes. "Pour eux, c'est la réflexion qui prédomine", ajoute Notary. "Ils ne se déplacent pas avec lourdeur, mais avec une grâce et une délicatesse infinies. Ce sont des êtres profondément spirituels, en communion avec la nature, si bien que contrairement aux Nains, ils ne laissent derrière eux aucune trace de leur passage".  "Les Gobelins sont de petites boules de nervosité", indique-t-il encore. "Vivant en bandes, ils se fient à leur intellect et sont constamment sur leurs gardes. Ils courent furtivement dans tous les sens, se retournent et tressautent dès qu'ils sentent le danger, et vivent dans un état permanent d'angoisse, de tension et de rivalité. Si leurs cousins légèrement plus sophistiqués, les Orques, sont des tyrans, eux avancent le torse bombé et sont obsédés par leur égo et leurs muscles et ont un vrai esprit de rivalité".  Tout au long de cet entraînement, les comédiens ont non seulement développé leurs aptitudes physiques, mais ils ont créé des liens très forts. "Nous avons eu beaucoup de chance car les rapports entre les comédiens, les doublures et les cascadeurs étaient excellents", souligne Boswell. "Tout le monde s'est donné à fond".  
Pendant le tournage, leurs aptitudes sont justement mises à l'épreuve lorsqu'ils sont pourchassés par les Orques et les Ouargues, attaqués par des hordes de Gobelins, frappés et balancés dans tous les sens par les Géants de Pierre et quasiment rôtis vifs par trois Trolls géants.  
Pendant toutes ces acrobaties, la sécurité est restée un souci constant et a exigé une préparation minutieuse, notamment pour la séquence de la Forêt du Bosquet des Trolls où Bilbon et les Nains sont pris en embuscade par trois Trolls pas très futés… Pour que les Trolls éternuent et que les Nains traversent les airs, la question du timing était cruciale, signifiant par là qu'il fallait tout contrôler, même si les Trolls ont été incrustés par la suite par l'équipe de Weta Digital. Lorsqu'ils sont frappés par la "vague d'éternuements", les cascadeurs sont projetés en arrière par des filins à une vitesse de 30 km/h et finissent par atterrir en toute sécurité sur des tapis d'impact à une distance calculée avec précision.  Dans cette séquence complexe, les comédiens et les cascadeurs se sont aussi retrouvés suspendus au-dessus du tournebroche des Trolls : il a donc fallu leur confectionner des harnais et des plaques de métal personnalisés afin que les cascadeurs puissent les suspendre à cet endroit ou les ramener à bon port en 5 ou 6 minutes seulement. L'efficacité était donc indispensable car il est très perturbant pour quiconque de se retrouver à l'envers perché au-dessus d'un tournebroche…  
Dans le film, le traîneau de Radagast est tiré à travers le paysage accidenté par d'imposants lapins infographiques. Élégamment conçu à partir de branches d'arbres par le département artistique, le traîneau était conduit par le cascadeur Tim Wong, doublant alors le comédien Sylvester McCoy, pour la scène de course-poursuite haletante. Sous l'égide de Serkis, la 2ème équipe a filmé le traîneau qui était tracté par un câble fixé à un treuil pouvant atteindre une vitesse de 40 km/h. Par chance pour McCoy, lorsqu'il s'est retrouvé sur le traîneau, les cascadeurs ont fait office de "lapins" et ont réduit leur vitesse…  

EN ROUTE VERS L’EST : LES LIEUX DU TOURNAGE  

Le tournage en extérieur s’est déroulé sur deux mois et demi dans des lieux situés aux quatre coins des îles du Nord et du Sud qui forment la Nouvelle-Zélande, désormais connue dans le monde entier pour camper la fameuse Terre du Milieu au cinéma. 
Le régisseur général Jared Connon et son équipe ont passé des mois entiers à préparer ce gigantesque tournage censé se dérouler dans plusieurs sites. Il a travaillé en étroite collaboration avec le département artistique pour s’assurer que les lieux repérés et les décors reconstitués en studio seraient concordants, comme par exemple la forêt du Bosquet des Trolls, croisement entre les Mangaotaki Rocks, près de Piopio, et un décor en studio.  
Chaque lieu choisi pour le tournage a fait l’objet d’une autorisation préalable. Connon et son équipe se sont en effet assurés de solliciter – et d’obtenir – les autorisations nécessaires auprès de toutes les personnes concernées, qu'il s'agisse des propriétaires ou des conseils régionaux, ou encore du New Zealand Departement of Conservation et des représentants maori locaux, l’Iwi, et, sur l’île du Sud, la Société de la Couronne. "Tout devait être agréé à l’avance pour ne pas causer le moindre désagrément et pour que les habitants du coin sachent ce qui allait se passer", explique-t-il.  Pour l’équipe des repérages, le critère de sélection principal a été l’accessibilité aux sites. 
Connon remarque : "Par le passé, il est arrivé qu’il faille tracer des routes pour les camions et pour transporter le matériel, et il était donc important de repérer les lieux. Mais nous avons toujours pris grand soin de respecter et de protéger les endroits et l’environnement dans lequel nous travaillions".  
Une telle exigence a permis à la production de tourner exceptionnellement dans le parc national de Fiordland et sur le mont Owen, dans le parc national de Kahurangi.  Le recyclage et l’enlèvement responsable des déchets ont constitué des enjeux importants pour la production. Celle-ci a mis en place ses propres systèmes d’électricité, de canalisation, d'évacuation, et de connexion Internet, quel que soit le lieu investi, ce qui a nécessité l’installation minutieuse d’antennes satellites.  
Beaucoup de scènes du film devaient être tournées dans des lieux reculés et la production a donc eu recours à plusieurs hélicoptères pour véhiculer les acteurs et l’équipe au sommet d’une montagne ou dans un endroit inaccessible, comme, par exemple, Braemar Station dans le bassin de McKenzie. "L’équipe avait certes l’habitude de ces contraintes de logistique liées au décor naturel d’un tournage, mais le climat capricieux de la Nouvelle-Zélande a rendu l’aventure encore plus difficile", souligne Andrew Lesnie. "Une station stéréoscopique portative a été conçue pour nous offrir des unités 3D mobiles dans les endroits seulement accessibles par hélicoptère ou à pied. Il fallait également emporter 2 plateformes de production 3D, 2 systèmes Steadicam avec supports 3D légers, portatifs et parfois utilisés pour la 3D, le double d’objectifs, de caméras, et de systèmes de capteurs stéréo. Sans compter une totale absence de réseau filaire quand nous étions en pleine forêt ou en montagne. Tout ceci a mobilisé une énorme logistique, et il faut ajouter à cela des grues télescopiques acheminées par la voie des airs pour parer à toute éventualité dans des coins reculés".  
Pour la séquence dans laquelle les Nains sont pris en chasse par des Ouargues, le lieu du tournage était assez éloigné et il a donc fallu utiliser des hélicoptères qui étaient basés à plus d’une heure de vol de là, à Klifden Station dans l’Ida Valley. Comme la 2ème équipe, dirigée par Andy Serkis, a supervisé la plupart des prises de vue aériennes, celle-ci s'est surnommée "Le Serkis volant d’Andy".  Plusieurs lieux de tournages enclavés se situent dans la nature néo-zélandaise qui offre des paysages très variés et permet de donner vie à une Terre du Milieu époustouflante telle que Jackson l'imaginait. 
On découvre ainsi notamment Kaihoka Station et Ngarua Caves, à Takaka ; Mangaotaki  Valley, dans la région de King Country ; Middlemarch, dans la vallée de Strath Taieri ; et Treble Cone, père de Wanaka.  Mais rien de tout cela n'aurait été possible sans l’aide et la bonne volonté des habitants. "Nous avons pu compter sur eux partout où nous sommes allés", constate Connon. "Ils déménageaient même de chez eux pour nous arranger, et si nous avions besoin de quelque chose, ils se mettaient en quatre pour nous aider. Ils ont tout simplement été formidables".

DE L’ANGLAIS AU KHUZDUL :  
LES LANGUES ET LES DIALECTES DE LA TERRE DU MILIEU  

J.R.R. Tolkien était passionné par le verbe, ce qui l’a naturellement poussé à créer tout un système de langues diverses et variées parlées par les différentes civilisations de la Terre du Milieu. Pour UN VOYAGE INATTENDU, le linguiste David Salo a donc dû, lui aussi, mettre au point ces langues qui se mêlent au scénario, comme il l’a fait sur la trilogie du SEIGNEUR DES ANNEAUX.  L’une des langues les plus élaborées est celle des elfes. "Tolkien a bien sûr ébauché la structure de cette langue elfique avec quelques détails, mais il n’en a pas dit tant que ça à ce sujet", souligne Salo. "Toutefois le travail sur les dialogues en langue elfique a été plutôt simple : il suffisait de traduire ce que nous avions en comblant les trous à l’occasion".  
Dès le début, la production a décidé que les Nains parleraient anglais, mais en exploitant les nombreux accents britanniques à notre disposition – ce qui englobe tous les dialectes des Midlands, du Nord, d’Écosse, d’Irlande du Nord et de Londres – pour différencier les clans. Pour autant, l’anglais n’est pas la véritable langue des Nains.  Salo a échafaudé une langue nanitique en s'appuyant sur les éléments qu’il trouvait à ce sujet. "Il existe suffisamment de mots de cette langue écrits pour en connaître les sonorités, et Tolkien a pris bien soin d’expliquer le rapport qui existe entre son orthographe et la prononciation dans les annexes du 'Seigneur des  Anneaux'", raconte-t-il. "J’ai veillé à suivre ses directives même si beaucoup de nouvelles structures devaient être inventées".  
Le vrai défi de Salo a consisté à créer une version parlée de la mystérieuse langue nanitique, le Khuzdul. "Tout ce qu’en dit Tolkien tient en une page", explique-t-il. "Mais il indique clairement de quel type de langue il s'agit, et sur quels sons elle repose. Pour créer le Khuzdul, Tolkien s’est inspiré des langues sémitiques, et je me suis donc servi de mes connaissances en la matière pour l’imaginer. Il n’y a pas une seule phrase entière dans la langue, j’ai donc dû faire preuve de créativité pour traduire les dialogues en Khuzdul, et tout inventer, du vocabulaire à la grammaire".  
Le lexique employé par les Orques est très mince, voire quasi inexistant. Là encore, Salo a dû se montrer inventif et curieux, tout en restant fidèle au travail de Tolkien, surtout au niveau de la musicalité des mots. Il remarque : "Vous n’avez pas besoin de connaître la langue en détail, mais vous devez comprendre comment elle résonne dans votre tête ou à vos oreilles, et faire en sorte que ce que vous inventez reste fidèle à cette sensation".  

L’UNIVERS MUSICAL DE LA TERRE DU MILIEU : MUSIQUE ET CHANSONS  

La musique envoûtante de Howard Shore pour la trilogie du SEIGNEUR DES ANNEAUX a remporté de nombreuses récompenses, dont trois Oscars. Les grands thèmes de cet opus musical trouvent un écho dans la bande son évocatrice du VOYAGE INATTENDU qui devient l’expression musicale de cette grande aventure où le danger pointe à l'horizon. "Cela faisait un moment que je voulais me replonger dans le monde imaginaire de la Terre du Milieu", avoue Shore. "Quand j’avais une vingtaine d’années, j’ai dévoré tous les livres de Tolkien, y compris 'Le Hobbit', et son amour pour la nature m’a profondément marqué et m’est toujours resté présent à l’esprit".  
Shore et Peter Jackson ont longuement discuté de l'utilisation de la musique pour chaque scène du film et de leurs intentions artistiques. La partition atteint son paroxysme lyrique lorsque nous sommes dans la Comté adorée de Bilbon Sacquet : le compositeur y utilise des instruments  traditionnels comme le pipeau et le tympanon. Et ce thème accompagne Bilbon tout au long de son aventure et évolue en même temps que le personnage est transformé par cette expérience.  
Pour le personnage de Gandalf, la musique est évocatrice de l’appel de l’aventure et des changements qui vont bouleverser la vie de Bilbon. Shore a aussi développé un thème musical pour les Nains : une mélodie violente et mélancolique marquée par le thème propre à Throlïn, un cor d’harmonie qui rappelle Erebor, leur royaume perdu.  
Le retour chez les elfes à Fondcombe sert de prétexte pour nous faire entendre le thème de Galadriel, soutenu d’un choeur de voix féminines et d’harmoniques. Pendant la réunion au sommet du Conseil Blanc, la musique nous fait pressentir l'évolution de l'intrigue à Dol Guldur. 
Tandis que le voyage progresse, une musique rythmée par les percussions se fait de plus en plus insistante et résonne dans les grottes des Gobelins. On perçoit aussi le thème sous-jacent et lancinant de Gollum.  "Je trouve que le choix de la musique et de ses déclinaisons ressemble au choix des acteurs", affirme Shore. "Il est important de faire coïncider la musique aussi bien avec la nature profonde des personnages qu’avec l’histoire".  Le film permet aussi de restituer certaines chansons du livre. 
Comme les lecteurs du "Hobbit" le savent, les Nains expriment leurs états d’âme et leur vie en chantant. "Il y a énormément de chansons dans le livre", souligne Fran Walsh. "Elles reflètent vraiment leur personnalité et leur identité. C’est pour cette raison que nous tenions à en mettre dans le film, pour ajouter une touche de culture nanitique".  "Emoussez les couteaux" est un parfait exemple de chant où les Nains chantent en choeur, tout en lançant la vaisselle de Bilbon à travers tout Cul-de-Sac et en épuisant le Hobbit. La musique de cette chanson a été écrite par Stephen Gallagher, compositeur installé à Wellington. 
Plus tard dans la soirée, Richard Armitage, sous les traits de Thorïn, commence à chanter la poignante complainte "Les Monts Brumeux", dans laquelle les Nains racontent leur passé autrefois glorieux et les circonstances dans lesquelles ils ont été dépossédés de leur royaume. La musique est une composition de David Donaldson, Steve Roche, Janet Roddick et David Long.  
Le générique de fin est accompagné de la "Chanson de la Montagne Solitaire", interprétée par Neil Finn, artiste néo-zélandais qui s'est produit avec de grands groupes comme Crowded House et les Split Enz. Il a également cosigné la chanson avec Donaldson, Roche, Roddick et Long, d’après la propre chanson des Nains intitulée "Montagnes embrumées".  
La bande originale du film a finalement été enregistrée dans les célèbres studios d’Abbey Road avec l’orchestre philarmonique de Londres, ce qui, note Shore, "confère un son unique et fabuleux qui réussit parfaitement à donner vie à la Terre du Milieu".  
On retrouvera les thèmes du film dans les deux opus à venir : LE HOBBIT : LA DÉSOLATION DE SMAUG et LE HOBBIT : HISTOIRE D’UN ALLER-RETOUR.  Jackson voit un parallèle entre la création de ces films et l’écriture des livres. "'Le Hobbit' raconte un voyage, une quête qui entraîne ses personnages dans une odyssée circulaire qui va durer plus d’une année. D’une certaine façon, travailler sur ces films s'est apparenté à accompagner pas à pas nos comédiens dans leur propre quête", dit-il, pensif. "Je trouve que j’ai de la chance en tant que réalisateur, car j’ai pu faire appel à des techniques de tournage éprouvées ainsi qu’à une technologie des plus avancées, déjà beaucoup plus sophistiquée que pour LE SEIGNEUR DES ANNEAUX et qui place la barre encore plus haut. Je cherche toujours à immerger complètement le spectateur dans les films que je fais. Je ne veux pas que les gens aient l’impression de regarder un film sur grand écran : je veux qu’ils aient vraiment l’impression de vivre cette aventure dans la Terre du Milieu à mes côtés".  

Et l’aventure ne fait que commencer…


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